Liste des chronogrammes de la commune de Gy :
- 1576
- 1587
- 1613
- 1615
- 1622
- 1630
- 1667
- 1686
- 1703
- 1755
- 1779
- 1785
- 1793
- 1821
- 1844
- 1870
Dans la région, les effets de la Guerre de Dix Ans et de la Conquête de la Franche Comté par Louis XIV sont marquants et provoquent la destruction de nombreux édifices.
L’habitat antérieur au 18e siècle est pour cette raison relativement rare dans ce canton. A Gy, quelques constructions partielles remontent toutefois au 17e siècle, voire à la fin du 16e siècle, ainsi qu'en témoignent certaines dates portées.
Ces quelques constructions antérieures à la Guerre de Dix Ans attestent d’ailleurs un certain âge d’or de la Haute-Saône correspondant à la période comprise entre la fin du Moyen Age et la Guerre de Trente Ans. Cette période est qualifiée par certains historiens de « renaissance rustique ». Les constructions ne sont alors pas encore stéréotypées et, contrairement à la période postérieure à la conquête de la France Comté par Louis XIV, ne présentent pas encore de partition tripartite (travée centrale pour le logement et travées latérales pour la grange et l’étable). Ces constructions sont parfois couvertes en « laves », plaques de calcaire très lourdes supposant des murs et des charpentes robustes.
Dans les villages de Haute-Saône, comme à Gy, commune située dans une zone de collines où la vigne prospérait, il existe de nombreuses maisons de notables qui n’exerçaient pas d’activité agricole hormis le stockage de leur vin. Ces "maisons de vignerons", se caractérisent par un décor abondant porté sur les encadrements de baies, la présence d'une cave voutée d’arêtes, d’ogives ou en berceau dont l'accès se fait par une porte en plein cintre à plusieurs ressauts , l’existence d’un escalier à vis, localement appelé « viorbe ». Ce type de maisons est très fréquent dans la partie haute du village de Gy (2 place de l'Eglise par exemple).
Quelques inventaires après décès du 18e siècle permettent de connaitre les dispositions internes des maisons à cette époque. Ainsi, la maison d’un manouvrier est décrite comme étant composée d’une cuisine, d’un « poêle », d’un grenier et d’une « cuverie ». Parfois, il existe également une cave et certains vignerons possèdent en plus une écurie et une grange. Chez les propriétaires les plus aisés, l'habitation est précédée d’une cour. Quelques maisons, plus rares, possèdent un étage carré avec des pièces aménagées à l'étage (cheminées, boiseries...).
Les maisons et fermes de la commune de Gy présentent des caractéristiques communes :
- gros œuvre en pierre calcaire locale,
- couverture en tuiles plates rouge foncé ou jaune fabriquées localement (Oiselay),
- souci d’organisation et de confort,
- organisation des bâtiments autour d’une cour,
- décor porté sur les entrées de logis.
Dans la commune, l’habitat est groupé, il existe peu de fermes isolées.
Le village de Gy est une agglomération originellement formée autour de son château fort. Toutefois, au 19e siècle, de nombreux magasins de commerce s’implantent le long de la route départementale et font éclater cette organisation primitive comprise dans une enceinte autour du château.
Les matériaux de construction :
La couverture :
Il subsiste encore des couvertures en tuile plate, toutefois, la tuile mécanique la remplace petit à petit. Il existait une tuilerie à Oiselay en 1837 qui a fabriqué des tuiles plates puis mécaniques d’une couleur jaune pâle très caractéristique. Elle a cessé son activité après la première guerre mondiale mais cette tuile est encore présente sur certaines toitures.
La matière première utilisée est l’argile. En 1835, il existe 114 carrières d’argile et 109 fours à tuiles en activité dans le département. Les tuileries apparaissent dans les années 1830.
Le gros-œuvre :
Le matériau de construction est le calcaire blanc ou blanc veiné de rouge ou de bleu. Il existait de nombreuses carrières d’extraction au 19e siècle, principalement au sud-est du canton où le calcaire affleure et notamment à Gy.
Les grandes typologies :
En matière d’architecture domestique, dans la commune, deux grandes typologies coexistent, il s’agit de la maison de polyculteur et de la maison vigneronne. Ces constructions remontent principalement aux 18e et 19e siècles.
La maison est généralement composé d’une cuisine qui sert à la vie domestique et de pièce d’accueil et d’un «poêle» : chambre ou pièce plus intime qui accueille les veillées. Le mur de séparation entre la cuisine et le poêle est souvent percé d’une ouverture fermée par une plaque foyère qui chauffe le poêle par diffusion.
La maison de polyculteur comprend des sous-types en fonction des activités qu’elle abrite :
- La maison-bloc dans laquelle toutes les fonctions sont regroupées sous un même toit (logis, grange, écurie). L’étage est réservé au stockage des récoltes : foin au-dessus de l’étable, grains au-dessus de la grange et du logis parfois. En général, ce type est cloisonné perpendiculairement au faitage et les ouvertures sont pratiquées dans les murs gouttereaux, pourtant, dans certains cas, les ouvertures peuvent être pratiquées sur les murs pignons.
- La maison en retour d’équerre dans laquelle un bâtiment perpendiculaire à la rue abrite le logis alors que la grange et l’étable se trouvent dans un bâtiment en retrait, perpendiculaire au logis et donc parallèle à la rue. Cette disposition peut ne pas être celle d’origine et être le fruit de l’ajout postérieur d’un bâtiment répondant à une volonté
d’agrandissement du logis.
La maison vigneronne correspond généralement à la propriété d’un vigneron dont la production reste destinée à une consommation familiale. Toutefois, à Gy, les proportions importantes et le soin de certaines caves laissent supposer qu’il existait dans certains cas une production destinée à la vente. De plus, la réputation du vin produit permettait une commercialisation au-delà du département.
La maison vigneronne est une maison assez haute, construite sur une cave voutée. Le plus souvent, le rez-de-chaussée est divisé en deux pièces à vivre surmontées d’un grenier. A Gy, il existe le plus souvent une cour devant ces maisons vigneronnes. Par ailleurs, on y trouve une pièce supplémentaire au rez-de-chaussé, appelée « cuverie », dans laquelle on fabriquait le vin avant de le descendre à la cave.
10 typologies différentes ont été identifiées dans la commune :
La maison avec local commercial ou artisanal :
A Gy, ces maisons correspondent à l'installation de commerces le long de la route départementale par exemple (Grande rue).
La ferme dissociée :
Ces fermes sont composées de bâtiments répartis autour d’une cour fermée et dont l’habitation est autonome. Elles sont assez peu nombreuses à Gy.
La ferme blocs à travées :
Il s'agit d'un type très fréquent dans le canton soit composée de 2 travées : habitation/grange au fond de laquelle se trouve l’écurie, soit composée de 3 travées : habitation/grange/écurie.
La ferme bloc à travées divisées :
Le plus souvent, organisation en deux travées : une occupée essentiellement par l’habitation et l’autre divisée en deux en profondeur (grange et écurie).
La ferme avec habitation débordante :
L’habitation est en retour d’équerre par rapport aux parties agricoles. L’organisation de l’espace permet d’avoir une cour ouverte ou fermée.
Les édifices avec cour ouverte ou fermée :
La cour est fermée par une grille ou un mur plein percés d’une porte piétonne et d’une porte cochère. Parfois, la cour est fermée par un bâtiment regroupant des dépendances (poulailler, bucher, fournil, remise, porcherie…), lui-même percé d’un passage.
Les édifices avec cave
Les édifices avec cellier :
Ils sont peu nombreux car, en général, il existe plutôt des caves.
Les édifices avec escalier extérieur :
Ils correspondent aux édifices possédant un cellier. Cependant, dans certains cas, l’habitation se trouve à l’étage alors que le rez-de-chaussée est occupé par un poulailler, un bucher ou une petite porcherie.
A Gy, il existe principalement des fermes blocs à travées et des édifices à cour fermée et cave, alors que les édifices avec cellier et à escalier extérieur sont rares.
Jérôme Mongreville, photographe. Région Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 1983-