Patrimoine en Bourgogne-Franche-Comté
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Lumière sur

Les modifications que l’architecte Paul Guadet doit apporter à son projet pour tenir compte des restrictions budgétaires touchent jusqu’à l’emplacement de l’horloge.

Ainsi, le 11 mars 1931, le directeur de l’école Octave Prélat s’inquiète de sa position : « Cette horloge qui était prévue au-dessus du bâtiment B, pouvait se voir d’assez loin quand ce bâtiment avait trois étages. Actuellement, nous avons supprimé un étage et j’ai peur qu’en laissant l’horloge où elle avait été prévue, le cadran ne soit complètement caché et ne serve pas à grand’chose, étant donnée la hauteur des maisons voisines qui se trouvent en avant, c’est-à-dire en bordure du quai. Ne serait-il pas préférable de placer cette horloge au-dessus de la terrasse du bâtiment D [internat] ? Le cadran serait visible de loin et surtout de la cour de récréation, des ateliers, des salles de cours et de presque partout, et je crois qu’il serait mieux là que d’être caché presque entièrement par le toit des maisons voisines. Je tiens à avoir votre avis à ce sujet, car il est absolument nécessaire qu’une Ecole nationale, qui fait de la grosse horlogerie, ait au moins une horloge sur l’une de ses façades, d’autant plus que l’horloge m’est offerte gratuitement. » (Cité de l’Architecture et du Patrimoine, Centre d’Archives d’Architecture du XXe siècle, Paris : fonds Paul Guadet).

Le 14 avril, Prélat indique les dimensions nécessaires à son placement : « En ce qui concerne l’horloge, voici les dimensions minimales qui seront nécessaires :

Longueur de la cage du mouvement .............. 2 mètres

Largeur --------- id ------------------------ .............. 0 m 50

Hauteur de la cage ............................ 1 m 50

Il faut compter un passage de 0 m 80 pour circuler derrière et sur les côtés de la cage de l’horloge. Les cloches sur lesquelles seront frappées les heures, demis et quarts, pourront être placées au-dessus de la cage, les unes à côté des autres ; il faut compter une hauteur de 0 m 80 pour la plus haute cloche. Ces dernières peuvent être placées dans un compartiment à claire-voie, avec abat-son comme cela se fait ordinairement.

Le cadran pourra être dans le genre de celui de l’Ecole de Besançon, c’est-à-dire en mosaïque à trous, et avoir un diamètre de 3 mètres environ ; je crois que cela sera suffisant. Il pourra être légèrement en retrait sur la terrasse, de manière à profiter du bord de la terrasse, et être quitte d’échafauder pour placer les aiguilles, ou pour une réparation quelconque. » (Cité de l’Architecture et du Patrimoine, Centre d’Archives d’Architecture du XXe siècle, Paris : fonds Paul Guadet).

L’horloge sera finalement installée sur la terrasse du bâtiment B en juin 1933. Son cadran est positionné à l’aplomb du mur de façade mais fixé sur un bâti mobile qui permet de le reculer à l’intérieur de l’édicule qui l’abrite, implanté lui sur la terrasse. Lorsque le bâtiment sera doté en 1954 d’un étage supplémentaire, retrouvant ainsi le volume initialement voulu par Guadet et Prélat, l’horloge et son cadran seront transférés dans le comble qui le coiffe.

Cette horloge est un don de la fabrique L.-D. Odobey Cadet, dirigée par Albert Odobey alors inspecteur départemental de l’Enseignement technique.

Louis-Albert Odobey (10 juillet 1876 - 15 septembre 1946) est le fils de Louis-Delphin Odobey (15 août 1827 - 30 janvier 1906), cultivateur et horloger à Foncine-le-Haut, qui s’est installé en 1852 à Morez où il a fait construire, en 1858, une fabrique d’horloges d’édifice aux 5 et 6 quai de l’Hôpital (actuel quai Jobez). Il est aussi le frère de Paul (28 avril 1851 - 30 novembre 1923), fondateur en 1880 de la fabrique d’horloges Paul Odobey Fils. Albert a repris l’affaire familiale avec son frère Jules (né en 1867 ou 1868) qui, inspecteur de l’Enseignement technique avant lui et membre du comité de l’Ecole pratique de Commerce et d’Industrie de Morez, meurt le 24 septembre 1915.

Devenu inspecteur de l’enseignement technique, Albert œuvre pour la transformation de l’école pratique en école nationale professionnelle et pour la construction de bâtiments adaptés. Il dépose en 1922 un brevet pour un système de remontage automatique des poids du mouvement, adaptable aux horloges existantes. Lui succèdera en 1946 son fils Georges, qui devra fermer l’entreprise en 1964 (il deviendra alors professeur au lycée Victor Bérard). L’usine sera démolie en 1989.

La plaquette éditée pour les manifestations organisées à Morez du 16 au 20 juin 1933 – l’inauguration officielle de l’école et le 6e Congrès des Opticiens de France - présente l’horloge et en détaille les caractéristiques :

« Sonneries [:] Quarts à 3 coups sur cloches Si, Do dièse, Fa dièse [et] Heures sans répétition sur cloche Si » ;« Remontage automatique système Albert Odobey, breveté S.G.D.G. – Cylindres, roues premières, vis sans fin et tous les mobiles des sonneries et du mouvement montés sur roulements à billes. – Echappement à force constante. – Balancier tige Invar. – Volants silencieux. – Dispositif automatique d’injection d’huile dans les carters de remontage. – Engrenages à développante. – Taillage par génération. »

Le mouvement dans sa caisse en chêne.