Exploitant un troupeau de 120 vaches fournissant en moyenne 1 000 l de lait par jour, les 15 cultivateurs du hameau de Sur le Mont demandent au ministère de l'Agriculture, en 1912, l'aide du service des Améliorations agricoles (créé en 1903 et qui deviendra le Génie rural en 1918) afin d'étudier la construction d'une fromagerie. En effet, le lait est alors amené au village, "transport de 3 à 4 kilomètres qui diminue sensiblement sa qualité pendant la saison d'été. En hiver, au contraire, la neige rend le transport à peu près impossible pendant plusieurs mois". L'établissement doit s'inscrire dans la lignée des nombreuses fruitières signalées dans la commune : des chalets sont attestés dès le 18e siècle et le territoire communal comptait 9 fromageries produisant 8,4 t de fromage en 1841 (les 45 fruitières du canton en livrant alors 24,5 t), 6 travaillant le lait de 344 vaches et produisant 48,5 t de fromage en 1859 (canton : 43 établissements, 2 425 vaches et 281,922 t), autant avec 142 vaches et 21,2 t de fromage en 1866, 5 avec 310 vaches, 35,2 t de fromage et 4 t de beurre en 1873 (canton : 33 fruitières, 2 112 vaches et 295,5 t de fromage).

L' "architecte des Améliorations agricoles" Joseph Massaux donne le 25 octobre 1912, à Lyon, le projet d'un "chalet-fruitière". "Le bâtiment comprend deux étages : un rez-de-chaussée occupé entièrement par la fabrication du fromage et un premier étage aménagé comme logement ; ce dernier grâce à la pente du terrain se trouve de plain pied sur la façade ouest. Il a été prévu, en outre, une citerne de 50 m.c. environ destinée à fournir l'eau nécessaire pour le refroidissement du lait et pour les lavages." Mesurant 7 m sur 7, l'atelier de fabrication est équipé d'une chaudière à foyer fixe et potence (avec une écrémeuse Alfa, une baratte et un malaxeur). Dans la chambre à lait, au nord, "un bassin en ciment armé à circulation d'eau peut recevoir 26 bagnolets de 25 litres soit au total 650 litres de lait. La ventilation est assurée par huit soupiraux de 0 m.60 x 0 m.20 qui s'ouvrent au niveau du réfrigérant." L'atelier donne à l'ouest sur la cave, d'une capacité de 300 meules, contre laquelle s'adosse le citerne, voûtée en plein cintre. "L'escalier du premier étage donne accès à un couloir central qui dessert 4 chambres et un petit grenier ; l'une des pièces pourra servir de salle de réunion pour le conseil de la société. La façade nord-est est entièrement occupée par un grenier à bois qui protège les chambres d'habitation du côté le plus froid." Commencés avant la guerre, les travaux ne sont achevés qu'en 1921, par MM Joseph Gagliardi (terrassement et maçonnerie), Alfred Marguet (charpente et second oeuvre) et Burdin Fils (matériel). Leur coût est bien plus important que prévu, passant de 20 000 à 77 500 F du fait de l'augmentation des prix (main-d'oeuvre et matériaux).

Le 1er avril 1921 est créée la coopérative intitulée Fruitière du Mont de la Grand'Combe, qui fait construire une porcherie vers 1925 et, d'après la matrice cadastrale, ferait modifier (agrandir ?) la fromagerie vers 1931 (?). En 1929, avec celle du village, elle transforme en emmental 800 000 litres de lait. Elle est exploitée par différents fromagers : Marcel Petite, le Suisse Hyacinthe Studer, Louis Barthoulot dans les années 1930, Robert Toubin, etc. La fabrication cesse en 1983 et, le 1er janvier 1984, la société fusionne avec celle du village (future Fruitière du Châteleu). Le bâtiment est ensuite converti en habitation (avec transformation de deux fenêtres en portes à l'étage carré et création d'un balcon) ; la porcherie est abandonnée (elle est en ruine).