L’ancienneté supposée de la construction est rappelée par la date 1583 restituée sur une croix en façade. Vraisemblablement reconstruit par la suite, le bâtiment est dessiné sur le plan cadastral de 1832 (lieudit Clos au Cournot). Il est divisé en trois parcelles appartenant à deux propriétaires : François Joseph Renaud [A 85] d'une part et d'autre part la veuve de Claude Joseph Renaud (1766-1824), née Marie Agnès Généreuse Jeannerot (1760-1849) [A 87 et 88]. La propriété du premier passe vers 1861 à Victor Renaud (1796-1861), du Russey, puis vers 1894 à la veuve d’Auguste Cuenin : il s'agit vraisemblablement d'Anne Euphrasie Romain (1819-?) qui, mariée avec Renaud en 1840, s'est remariée après son décès en 1861 avec Auguste Joseph Cuenin (1834-1879). Ses biens sont repris vers 1897 par le négociant Louis Renaud (Louis François Xavier, 1870-1930), épicier de son état puis premier garagiste du canton, qui deviendra vers 1927 propriétaire de la deuxième partie du site.

Cette dernière a été transmise par la veuve de Claude Joseph à ses enfants Jean-Baptiste (1801-1865) et Célestine (1798-1872). Elle passe au milieu des années 1860 à un fils de Jean-Baptiste, Léon (Joseph Léon, 1843-1915), dont le frère Victorin (1836-1908) exploite la ferme de Pagnot des Près (acquise vers 1838 par sa grand-mère), dans laquelle il a créé une petite fonderie de pompes à eau manuelles. Forgeron et mécanicien, Léon Renaud agrandit aussitôt la maison (date 1865 portée au-dessus de l’entrée). Henry-Louis Belmont décrit ainsi, en 1984, son atelier : "une très grande pièce ; un long établi est installé devant la fenêtre, des outils de toutes sortes tapissent les murs noircis par la fumée de la forge", qui comprend un foyer, un soufflet et une "auge en pierre remplie d’eau". Renaud est le constructeur d’une machine à ébaucher les dentures des roues de cylindre, qu’il réalise pour son oncle par alliance Léopold Glasson. Ce dernier en dépose le 17 juin 1869 la demande de brevet, accordé le 17 juillet suivant (brevet n° 85712). La machine produit 12 douzaines d’ébauches de roues en 20 minutes contre 8 à 12 douzaines par journée de 12 heures auparavant. Après le décès de Léon, l’atelier est repris par son frère Justin (Justin Joseph, 1854-1930), qui se cantonne à l’entretien et la réparation ; Justin et un autre frère, Emile François (1856-1894), avaient acheté en 1881 l’usine des Calots, à Sancey-le-Grand, dans laquelle deux fils de Justin, Marcel (1893-1936) et Albert (1900-?), fabriquent des pompes à eau manuelles. Louis Renaud devient donc vers 1927 propriétaire de l’ensemble du site, repris vers 1932 par ses enfants (Victorin, Paul, Michel et Alice) puis par le seul Victorin, garagiste à Maîche. Le bâtiment n’abrite actuellement plus que des logements.