Dossier d’œuvre architecture IA39000568 | Réalisé par ;
Gézolme Guillaume (Contributeur)
Gézolme Guillaume

Guillaume Gézolme, chercheur. Région Franche-Comté puis Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2014-

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  • inventaire topographique
  • enquête thématique régionale, fortifications royales et nationales en Bourgogne-Franche-Comté
fort des Rousses dit fort Henry-Martin
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Morez
  • Commune Les Rousses
  • Adresse R.N. 5
  • Cadastre 1980 E 961
  • Dénominations
    fort
  • Appellations
    fort Henry-Martin, fort des Rousses
  • Parties constituantes non étudiées
    cour, caserne, enceinte, fossé, ouvrage avancé, ouvrage d'entrée, poudrière, bastion, demi-lune

En 1816, la construction du fort des Rousses est décidée par le Général Haxo, ciblant la défense des cols de Saint-Cergues et de la Faucille. Mais la Commission de défense n'engage aucune décision officielle. En 1840, le renforcement du secteur des Rousses est à nouveau évoquer. Le comité de défense évoque l'implantation d'une petite place forte de dépôt avec pour objectif d’approvisionner le front est du territoire. Mais ce projet est mis en attente. Ce n'est qu'en 1841 que le Ministère des Finances vote un crédit pour la construction d'un fort. L'emplacement du Cernois est choisi, permettant de commander les communications en direction de la frontière helvètique ainsi que de contrôler le défilé de Morez. Le terrain de 93 hectares est acquis par l'Etat en 1842 (sur expropriation pour cause d'utilité publique). Sous la direction du capitaine de génie Bichot puis du colonel de génie Boutauld, les ingénieurs travaillent aux plans. Le projet final est décidé le 18 juillet 1842 et se veut bien ambitieux : le fort disposera d'une capacité de loger 2 500 à 3 000 soldats. Un budget de 5 000 000 de francs est voté pour sa construction, loi du 25 juin 1841. L’édifice aura des fronts bastionnés et les escarpes taillées dans le roc, hautes de 9m. Plusieurs bâtiments sont prévus dont quatre casernes qui se feront face autour de la place d'armes, ainsi qu'un arsenal et deux magasins à poudres (une seul sera édifié en 1849). Deux portes desservent cette forteresse. Les travaux débutent en 1843. Une grande parte de la main d’œuvre est d’origine d’Italie, de la région du Piémont, habituée à travailler le roc pour creuser les souterrains nécessaires au fort. Enfin, la localité comporte des carrières de calcaire facilitant l'acheminement du matériau pour ce chantier.

En 1849, une réduction des projets est adoptée ce qui conduit à amputer la construction de la quatrième caserne (faisant à celle appelée Quitry) et du pavillon des officiers. La principale raison est la détérioration des rocs entourant la forteresse car il est très gélif. Pourtant les mémoires préparatifs prevoyaient une forte résistance malgré la rigueur des hivers dans ce secteur. Cela nécessite d’allouer dans l'urgence un budget supplémentaire pour revêtir les escarpes et aussi garantir la maçonnerie par des terrassements. Les travaux se poursuivent, le fort arborant même la date de 1848 sur le porche d'entrée (mais il est considéré comme prêt à entrer en service en 1862-1863), années qui correspondent à l achèvement des portes et du bâtiment A, seule la demi-lune est encore en cours d’exécution. Une brigade prend ses quartiers. Vers 1868, Les derniers travaux sont apportés sur les fronts 3-4 et des réorganisations comme au bastion 3 avec la construction d'une traverse et du passage couvert. La même année, 81 pièces d'artillerie y sont installées. Au moment de la guerre franco-prusienne, le fort est occupé par 300 mobilisés du Jura et sert de refuge à un corps de l’armée de l'est du général Clichant en janvier 1871. A la fin du conflit, le site est inscrit en 3e classe : le système et l' architecture du fort sont dépassés avec l’apparition du canon rayé. Les murs d'escarpes sont trop hauts ainsi que les deux casernes situées autour de la cour d'honneur. Un avis en date de 1871 propose l’établissement d'un cavalier général qui surplomberait tous les ouvrages du fort ainsi que les deux casernes, et, aussi de doter le fort de trois magasins à poudres supplémentaire en cas de guerre. A partir de 1879, pour améliorer la résistance du fort en cas d'attaque, les fronts est sont équipés de traverses-abris. Des travaux importants de réparations et de modernisations sont entrepris en 1886-87 qui consistent à "épaissir les parapets exposés au feu de l'ennemi [de 6 à 8 m], recharger les terrassements des abris existants; construire de nouvelles traverses en vue de défiler l’armement des hauteurs dangereuses ; construire des magasins à poudre en arrière des diverses parties de la fortification ; compléter le casernement du temps de siège, lequel ne comprend actuellement que les locaux du cavalier 12 [...]". En 1887, deux batteries sont construites pour disposer de positions de tirs autre qu'au fort (elles seront vendues aux enchères vers 1959). En 1888, un procès-verbal d’adjudication est attribué pour des travaux de réparations aux escarpes. Un décret en date du 22 mars 1898 autorise une extension du polygone de tir dans la première zone des servitudes du fort, le bornage initial avait été effectué en 1852.

Le fort est utilisé par les militaires jusqu'en 1919 puis abandonné. En 1925, et de 1930 à 1938, le fort abrite des colonies de vacances. En 1934, les toits couverts de terre sont remplacés par des toits en tuiles. Au cours de cette décennie le fort retrouve un usage militaire dans le cadre de son intégration au secteur fortifié du Jura, une des portions de la Ligne Maginot, bien que le Jura ne soit pas une zone stratégique. Les Allemands l'occupent de 1940 à 1944. Entre temps, un tremplin à ski est implanté sur le glacis vers 1941. Les unités françaises en reprennent possession en 1944. Le fort devient un centre d'entraînement commando jusqu'en juin 1997. Un bâtiment permettant d'abriter les officiers et leur famille est construit après la seconde guerre. En 1997, l'Etat le vend à la commune des Rousses. Il est alors restructuré pour abriter les caves d'affinages des fromageries Arnaud et l'entreprise de lunetterie Comotec, et plus récemment les services des la Communauté de communauté de la Station des Rousses et de la société Sogestar (gestionnaire du domaine alpin) dans le bâtiment Saint-Germain.

La forteresse porte également le nom fort Henry Martin, général qui fut lieutenant au 133e régiment d’infanterie des Rousses et général de corps d'armée libérateur de la Corse en 1943. Une plaque commémorative est déposée sur la place d'armes.

  • Période(s)
    • Principale : 2e moitié 19e siècle
    • Principale : 3e quart 20e siècle
    • Secondaire : 4e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1843, daté par travaux historiques
    • 1848, porte la date
    • 1886, daté par travaux historiques
    • 1934, daté par travaux historiques
  • Auteur(s)

Disposant d'une enceinte dont le périmètre est estimé à plus de trois km, l'ouvrage fortifié des Rousses est le second plus grand fort en France après celui du mont Valérien. Il comporte 10 bastions et autant de fronts bastionnés : les bastions sur le front est, sont de forme pentagonale alors que les autre sont asymétriques. Les murs d'escarpes, taillés dans le roc, sont revêtus d'arceaux en décharge. L’enceinte est bordée de fossés et d'un glacis. Deux portes donnent accès au site. La principale, la porte de Suisse, protégée par une demi-lune, et par un pont-levis du système Poncelet (disparu) donne l'accès direct à la cour d'honneur via un long passage couvert. La seconde, porte de France, située au nord ouest de la forteresse, devancée par une tenaille et flanquée de deux bastions avait un pont-levis à bascule. A l’intérieur, les bâtiments de la fortification s'organisent autour de la cour d'honneur avec les deux casernes, appelées Quitry et Saint-Germain et le bâtiment d'entrée, nommé Cavalier. ces casernes ont des murs appareillés en pierre calcaire et s’élèvent sur 2 étages carrés et un étage de comble. Le bâtiment d'entrée, nommé "cavalier 12" a un étage carré et s'appuie sur le talus de la courtine. Toutes les pièces des casernes sont couvertes par des voûtes successives en berceau segmentaire. Trois poudrières sont présentes sur le site. Celle située à l’extérieurement a des murs épais (4 m?), une voûte en berceau et percée par plusieurs fentes qui permettaient d'aérer la salle. Les deux autres magasins à poudre sont souterrains. Des ouvertures sur chaque mur pignon sont présentes et destinées à l’aération et à l'éclairage (celles-ci disposaient de vitres) des salles. Un vaisseau en arc rampant est construit de chaque côté des bâtiments pour jouer le rôle de galeries d'assèchement. La poudrière dite de dégustation a conservé son plancher d'origine non clouté.

  • Murs
    • calcaire
    • moyen appareil
    • pierre de taille
  • Toits
    métal en couverture
  • Plans
    système bastionné
  • Étages
    1 étage carré, 2 étages carrés
  • Couvrements
    • voûte en berceau plein-cintre
    • voûte en berceau segmentaire
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • croupe
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour en charpente
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Référence Patriarche
    POP : versé le 05/09/2024

Bibliographie

  • [Exposition. Besançon. 1980]. Vauban et ses successeurs en Franche-Comté : trois siècles d'architecture militaire : exposition organisée par la Délégation régionale à l'architecture et à l'environnement et la Direction régionale des affaires culturelles de Franche-Comté. Besançon : Délégation régionale à l'architecture et à l'environnement, 1981. 248 p. : ill. ; 30 cm.

    p.211-212
  • Le Hallé, Guy. Histoire des fortifications en Franche-Comté et pays de l'Ain. Amiens : Martelle, 1991. 223 p.

    p.148
  • Vercez, Muriel. Notes complémentaires, dans le dossier Fort des Rousses dit fort Henry-Martin (rubrique Annexe). 1999.

Périodiques

  • Le Fort des Rousses, dans les Rousses. Bulletin municipal, n°3, p.2 à 6, p.9.

    p.2 à 6, p.9.
  • A propos du fort des Rousses, dans les Rousses. Bulletin municipal, n°7 (janvier 1999 p.5), n°8 (juin 1998 p.15), n°9 (janvier 2000 p.28).

Documents figurés

  • Jura-Touriste - Fort des Rousses. Carte postale, s.n. S.d [1ère moitié 20e siècle].

    Archives départementales du Jura, Montmorot : 7 Fi 378
  • Colonie Départementale du Fort des Rousses (Jura), alt. 1150 m. - Bâtiment de la colonie. Carte postale, 1ère moitié 20e siècle.

    Archives départementales du Jura, Montmorot : 7 Fi 384
  • Colonie Départementale du Fort des Rousses (Jura), alt. 1150 m. - Réfectoire. Carte postale, 1ère moitié 20e siècle, par George, photographe.

    Archives départementales du Jura, Montmorot : 7 Fi 386
  • Colonie Départementale du Fort des Rousses (Jura), alt. 1150 m. - Un dortoir. Carte postale, 1ère moitié 20e siècle par George.

    Archives départementales du Jura, Montmorot : 7 Fi 387
  • Colonie Départementale du Fort des Rousses (Jura), alt. 1150 m. - Cuisine.

    Archives départementales du Jura, Montmorot : 7 Fi 385

Annexes

  • Notes complémentaires
  • Dossier d'origine
Date(s) d'enquête : 1999; Date(s) de rédaction : 2000, 2021
(c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
Gézolme Guillaume
Gézolme Guillaume

Guillaume Gézolme, chercheur. Région Franche-Comté puis Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2014-

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