Dossier d’œuvre architecture IA39002040 | Réalisé par
Dufoulon Fabien (Contributeur)
Dufoulon Fabien

Fabien Dufoulon, chercheur. Région Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2018-

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  • enquête thématique régionale, thermalisme en Bourgogne-Franche-Comté (le)
établissement thermal du Puits salé
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bourgogne-Franche-Comté
  • Commune Lons-le-Saunier
  • Adresse 2 rue du Puits salé
  • Cadastre 2022 AB 876  ; 1872 C 683-684  ; 1809 B 280, 282
  • Dénominations
    établissement thermal

Constructions antérieures

Le mythe de la présence de thermes antiques à Lons-le-Saunier apparaît dans le Guide de l’étranger aux eaux minérales salines de Lons-le-Saunier (1849). Il est sans doute forgé pour donner un certain prestige au nouvel établissement à construire : "Aux eaux minérales de Lons-le-Saunier, dont la réputation est ancienne, puisque l'on trouve les bains que les Romains y firent construire lors de leur conquête par Jules César, l'on y en joindra probablement d'autres par suite de forage de puits et de la grande quantité de sources que renferme la localité". Couturier (1935) évoque quant à lui les fouilles d'un balneum de l'époque romaine à l'emplacement du site du Puits Salé. Cette hypothèse n'a jamais été reprise par la suite, et aucune fouille n'a permis de confirmer la présence d'un tel établissement.

Le site est l'un des lieux d'exploitation du sel à Lons-le-Saunier sous l'Ancien Régime. Il est supplanté par la saline royale de Montmorot, fondée par arrêt du conseil d'État du 17 octobre 1743. L'état de section du cadastre ancien dit napoléonien (1809) mentionne les bâtiments du Puits Salé (B 282) accompagnés d'une maison (B 280). Ils appartiennent alors à la saline de Montmorot. Il semblerait qu'une partie des bâtiments aient été aménagés en bains avant même la création d'un établissement thermal en 1849. C'est en tout cas que l'on semble comprendre à la lecture du Guide de l'étranger aux eaux minérales salines de Lons-le-Saunier (1849) : "À Lons-le-Saunier, on n'a pas toujours le choix de l'heure pour les bains, le nombre de cabinets étant trop petit, comparativement au chiffre des baigneurs. C'est une défectuosité à laquelle l'amodiateur remédiera par la construction de nouveaux cabinets. [...] Lorsque l'on établira de nouvelles baignoires, on devra avoir soin de les faire plus larges, car, lorsqu'on prend des bains frais, il faut pouvoir s'y donner un peu de mouvement."

Création de l'établissement thermal (1849)

À la suite de l'adoption de la loi du 21 avril 1840 qui généralise le principe des concessions des salines nationales, Jean-Marie de Grimaldi acquiert celle de Montmorot ainsi que le site du Puits salé de Lons-le-Saunier. D'après le Guide de l'étranger aux eaux minérales de Lons-le-Saunier (1849), le Puits salé a été abandonné "par suite de l'extraction du sel gemme en dissolution, faite dans d'autres puits que M. de Grimaldi a fait forer depuis son acquisition". Le site est confié à Dumalanède, amodiateur, qui fait analyser l'eau. Celle-ci se révèle être riche en chlorure de sodium, et on la compare alors à celles de Bourbonne-les-Bains et de Wiesbaden. Une activité industrielle subsiste sur le site : "Chez M. Dumalanède, l'on trouvera, dans l'établissement même des eaux minérales, une scierie de marbres du pays et étrangers, un atelier de sculpture où se font toutes sortes de cheminées, mausolées, et enfin tout ce qui concerne les décors funéraires."

Le Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes du Jura évoque les nouveaux bâtiments des bains fondés en 1849 : "Les bâtiments, construits avec goût, au milieu d'un jardin couvert d'arbres, d'arbustes et de fleurs, renferment 27 cabinets, dont un est spécialement consacré aux indigents." L'eau est utilisée à la fois en boisson et en bain : "On peut y boire l'eau minérale à la source, prendre des bains à vapeur, des bains ordinaires, des bains d'eau salée, des douches ascendantes et saillantes." Malgré la modestie des installations, la qualité des eaux laisse alors présager un avenir exceptionnel au site : "L'intensité de minéralisation de ces eaux, et l'énergie de leur action dans certains cas morbides, leur permettent de prendre l'un des premiers rangs parmi les eaux minérales en France".

En 1863, l'établissement est vendu par Grimaldi à Passard. Toutefois, pour ne pas en faire un concurrent de l'établissement thermal de Salins-les-Bains que Grimaldi inaugure en 1854 et 1858, il est fait interdiction à Passard d'utiliser une source que celle du Puits salé, et notamment l'eau de la saline de Montmorot. Dans l'état de section du deuxième cadastre (1872), Louis-Emmanuel Passard, commissaire priseur à Lons-le-Saunier, possède sur le site une maison à 43 ouvertures (C 684) qui doit être l'établissement thermal, une maison à 2 ouvertures (C 681) et des jardins (C 680, 683, 685). Bonjean (1988) indique une fréquentation croissante : 720 bains ou douches par an en 1870, 1 560 en 1871 et 5 210 en 1875. En 1874, Albert Challan publie ses Essais sur les eaux salines-ferrugineuses de Lons-le-Saunier. L'eau a une concentration en chlorure de sodium de 11 grammes par litre. L'exploitation de l'eau est officiellement autorisée par l'État, après avis favorable de l'Académie de Médecine, le 23 novembre 1876. Auguste Dumoulin, médecin-inspecteur de l'établissement thermal concurrent de Salins-les-Bains, proteste auprès de Jules Grévy.

Le plan du deuxième cadastre (1870) montre que l'établissement a un plan en T : il correspond à celui du bâtiment actuel. Une publicité dans le Courrier du Jura du 28 avril 1877 pour les "eaux minérales de Lons-le-Saunier" est illustrée avec une vue extérieure de l'établissement (façade ouest). Le rythme des baies de l'étage a été modifié ultérieurement, à une date inconnue : réunion des trois premières baies au nord, suppression de la quatrième et de la septième baie. À la veille de la Première Guerre mondiale, le bâtiment n'a déjà plus que 36 ouvertures. Guichard (1893) donne des précisions sur l'équipement de l'établissement thermal à la fin du 19e siècle. Sont donnés dans l'établissement "des bains minéraux d'eau de la source, des douches variées, des bains de natation dans deux vastes piscines, dont l'une est remplie d'eau salée pure et l'autre d'eau douce".

Création (vers 1900) et rénovation (vers 1933) de la piscine extérieure

Dans les années 1880, la propriété de l'établissement thermal passe à Charles Monnot, puis à Paul Monnot qui est "maître des bains". Une piscine est créée à l'emplacement d'un jardin (C 683) autour de 1900. À la veille de la Première Guerre mondiale, l'établissement thermal et la piscine sont "en ruine" dans la matrice cadastrale, mais des publicités et des photographies du Puits salé se trouvent encore dans un guide touristique de 1927.

Couturier (1935) est la principale source d'informations sur les travaux effectués dans les années 1930 : "Depuis deux ans, un gros effort a été fait pour reconstituer les bains du Puits Salé tels qu'ils pouvaient être au temps de leur splendeur". Les travaux semblent avoir principalement concernés la piscine : "Pour le moment, les bains sont pris dans une piscine qui a été, cette année encore, l'objet d'importants aménagements, et il faut bien reconnaître que l'intérêt qu'elle offre est d'ordre aussi sportif que médical." L'établissement thermal lui-même paraît en revanche délaissé : "L'ancien établissement des bains, avec ses cabines séparées, n'a pas pu encore être remis en état." L'auteur précise que "l'eau du Puits salé jaillit dans une faille entre deux rochers de gypse, sur lesquels on a construit un puits carré de 11 mètres de profondeur et de 4 mètres de côté". Elle a une température de 18°C. Deux pompes servent à alimenter la piscine en continu (débit : 100 mètres cubes par heure). L'eau peut également être prise en boisson "au griffon qui se trouve dans le parc" dont l'accès est libre.

L'établissement thermal est créé en 1849, mais des bains pourraient avoir été donnés dans les bâtiments préexistants. Il est complété par une piscine extérieure autour de 1900. Celle-ci est rénovée vers 1933. L'édifice sert aujourd'hui de salle polyvalente. De la piscine, seul subsiste un mur d'entrée portant l'inscription "Bains minéraux et de natation" (actuel parc de stationnement).

L'édifice est construit en moellon calcaire. Il s'élève sur un étage de soubassement et un rez-de-chaussée. Il est couvert d'un toit à longs pans et à croupes. L'aile perpendiculaire au corps de bâtiment principal est doublé par une construction récente à revêtement métallique. Sur le flanc oriental de l'édifice se trouve une fontaine à bassin de plan octogonal portant l'inscription "LEDO SALINARIUS". La fontaine qui se trouvait à l'angle sud-ouest de l'édifice, visible encore il y a deux ou trois décennies, se trouve à l'intérieur d'un coffrage en béton.

  • Murs
    • calcaire moellon
  • Toits
    tuile plate
  • Étages
    étage de soubassement, rez-de-chaussée
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune

Documents d'archives

  • Archives départementales du Jura. Cadastre de la commune de Lons-le-Saunier. [1809-1969].

    - Atlas parcellaire, cadastre ancien dit napoléonien (1812) : 3 Pplan 6992-6996

    - Atlas parcellaire, deuxième cadastre (1870) : 3 Pplan 3334-3352

    - État de sections, cadastre ancien dit napoléonien (1809) : 3 P 2177

    - État de sections, deuxième cadastre (1872) : 3 P 2178

    - Matrices cadastrales des propriétés bâties et non bâties (début du 19e siècle-fin du 19e siècle) : 3 P 2179-2184

    - Matrice cadastrale des propriétés bâties (1882-1969) : 3 P 2185-2191

    - Matrice cadastrale des propriétés non bâties (3 P 2192-2199) : 3 P 2192-2199

    Archives départementales du Jura, Montmorot

Bibliographie

  • S. E. Guide de l’étranger aux eaux minérales salines de Lons-le-Saunier et dans les environs. Lons-le-Saunier : F. Gauthier, 1849.

    P. 5, 54.
  • Rousset, Alphonse. Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes [...] du Jura. - Besançon : Bintot ; Lons-le-Saunier : Robert, 1853-1858. 6 t. en 6 vol.

    T. III, p. 481-482.
  • Challan, Albert. Essais sur les eaux salines-ferrugineuses de Lons-le-Saunier. Lons-le-Saunier : H. Damelet, 1874.

    P. 34-48.
  • Courrier du Jura, 28 avril 1877, p. 4.

  • Guichard, Henri. Lons-le Saunier (Jura) (Ledo Salinarius) : Station balnéaire saline : Eaux minérales bromo-chlorurées sodiques fortes de la saline de Lons-le-Saunier. Lons-le-Saunier : Declume, 1893.

    P. 29-41.
  • Lons-le-Saunier-les-Bains. Guide. Lons-le-Saunier : Agence Fournier, 1927.

    P. 16-17.
  • Couturier, Henri. Le Puits salé. Le Pays comtois, n°67, 5 juillet 1935, p. 425-426.

  • Bonjean, Jean-Michel. La station thermale de Lons-le-Saunier. Société d'émulation du Jura : travaux présentés en 1986 et 1987. [Besançon] : [s.n.], [1988], p. 239-254.

  • Bonjean, Jean-Michel. Lons-le-Saunier, station thermale aux XIXe et XXe siècles. In : Cercle Girardot, section d’archéologie de la Société d’émulation du Jura. Lons, ville d’eaux. Dir. Marie-Jeanne Roulière-Lambert, Jean-Luc Mordefroid. Lons-le-Saunier : impr. Billot, 1988. 110 p. ISBN 2-905854-03-0. p. 87-95.

  • Clot, Daniel. Gachet, Frédéric, De Salins du Jura à Salins-les-Bains. Salins-les-Bains : Pays du livre, 2011. 139 p. ISBN 978-2-9530380-5-7.

    P. 24.
Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
Dufoulon Fabien
Dufoulon Fabien

Fabien Dufoulon, chercheur. Région Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2018-

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