Dossier thématique IA71002400 | Réalisé par ; ;
Lallement Aurélie
Lallement Aurélie

Chargée de recherche au service Inventaire et Patrimoine - Région Bourgogne-Franche-Comté

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  • enquête thématique régionale, canaux de Bourgogne
synthèse sur les ponts et passerelles du canal du Centre (canal du Centre)
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  • (c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Bourgogne

93 franchissements existent aujourd’hui sur le canal du Centre, dont 89 ponts et 5 passerelles. Les ponts se répartissent en 10 ponts ferroviaires, 1 pont-levis, 1 pont basculant (IA71002547), 54 ponts routiers isolés, 22 ponts routiers sur écluse. On constate aujourd’hui que la plupart des ouvrages existants possèdent toujours leurs piles anciennes en moellon. Les tabliers sont souvent en béton, nouvellement refaits pour répondre au développement des routes (IA71002195, pont sur écluse de Fragnes). Néanmoins, il reste quelques spécimens (IA71002469, pont du Montceau, à Palinges) témoignant des standards des modifications de la fin du 19e siècle : les tabliers sont en métal sur piles en moellon rehaussées. Les parapets, en métal également, adoptent le modèle avec balustre aux extrémités, comme sur le canal de Bourgogne (18 exemplaires). Les ouvrages les plus exceptionnels sont sans doute les ponts ferroviaires, mais ce sont aussi les moins visibles. Seul le chemin de halage permet de voir le pont ferroviaire Jeanne-Rose (IA71002346), ainsi que le beau pont du TGV (IA71002341), sur le bief de partage.

1° Un ensemble cohérent et normalisé dès la conception du canal (1782-1807).

Dès la construction du canal, Emiland-Marie Gauthey prévoit un ensemble de franchissements du canal. Plusieurs ponts en pierre ou en charpente sont prévus, ainsi que des ponts tournants en bois. On peut en avoir une idée sur une représentation générale du projet du canal du Charolais de la Saône à la Loire, en quatre feuilles, de Paray-le-Monial à Saint-Julien et de Chagny à Chalon-sur-Saône, dressé par Gauthey, ratifié par les Etats de Bourgogne et daté de 1782 (Archives départementales de Saône-et-Loire, C SUP CC 368). Un pont tournant en bois est clairement représenté dans les marges du plan, ainsi que des ponts en pierre. Un imprimé, le « devis des ponts à construire sur le canal du Charollois », en date du 22 mai 1783, dressé par Gauthey et approuvé par les élus généraux (Archives nationales, F14 6876) permet de constater à quel point les modèles de ponts sont normalisés et hiérarchisés dès cette époque. «Art 1er : « les ponts seront de plusieurs espèces ; ceux qui seront construits pour les grand’routes, auront 24 pieds de longueur d’'une tête à l’'autre ; ceux qui serviront pour les chemins finérots, n’'auront que 18 pieds de longueur d’'une tête à l’'autre ; les uns les autres auront au surplus les mêmes dimensions, quelques uns seront conduits sur les murs des écluses, les autres sur le cours du canal.» La taille du pont est normalisée selon la catégorie du chemin considéré. Mais leur construction l’'est aussi. La pierre de taille, issue de carrières locales, est utilisée pour les têtes (voussoirs), les angles des pieds-droits des culées, les angles des murs de quai et abouts, les parapets et cordons. Le reste est en « parements apparents en moellons piqués ». Les ponts sur écluse sont placés en tête aval, avec une rampe pour monter sur chemin de halage sur la route. Ils sont pavés, les talus semés de graines de foin, ou de gazon en terrain sablonneux. « Les ponts de desserte des héritages » sont placés en tête amont des écluses, ils sont tournants et en bois. Les portes d'’écluse liées à ces ponts sont différentes des autres : elles doivent s'’ouvrir davantage. Au début du 19e siècle, il y avait sur le canal «[…] 62 ponts en pierre de taille, dont plusieurs sont remarquables par leur forme ou l’'élégance de leur construction […]» (p. 502, Camille Ragut, Statistique du département de Saône-et-Loire, T. 1 Imprimerie de Dejussieu, Mâcon, 1838). De ce premier ensemble, ne demeure que le pont de Parisenot (IA71002369) sur l’'étang du même nom.

2° Evolution au cours du 19e siècle (1807-1890).

Au fil du temps, les ponts très normalisés de la construction sont refaits en matériaux plus variés. Par exemple, lors du remplacement des tabliers des ponts du Creusot et du pont oblique sur le bief de partage, en date du 26 novembre 1867 (Archives nationales, F14 6879), des voûtes en brique creuses sont substituées aux planches de bois. La charpente métallique est modifiée, elle est composée d’'entretoises reliées par les voûtes en briques creuses. Les poutres en fer laminé sont commandées au Creusot. Une photographie de la fin du 19e siècle de l'’échelle d’'écluses d'’Ecuisses (Les travaux publics de la France, Reynaud Léonce et Lucas Félix, 1883, T. 3 Rivières et canaux) montre le pont sur l’'écluse VII vers 1880, c’est-à-dire avant les grands travaux d'’amélioration Freycinet. Le pont est en pierre de taille avec remplissage de briques. Tous les ponts ont été rehaussés lors de l'’amélioration des biefs liés à la loi Freycinet, après 1880 (Archives départementales de Saône-et-Loire, 3S P. et C. 6 à 15). Ils présentent une image semblable : piles en moellon qui portent souvent des traces du rehaussement, tablier métal supportant un trottoir en pierre, garde-corps en métal à balustre, sur un modèle que l'’on trouve également sur le canal de Bourgogne à la même période et pour les mêmes raisons. Quelques nouveaux franchissements sont créés, qui témoignent du développement du réseau ferré dans la seconde moitié du 19e siècle. Deux intéressants exemples, dont un désaffecté, demeurent sur le canal du Centre. L’'un, sur le bief de partage, accueillait une ligne locale (Saint-Gengoux/ Montchanin) fermée depuis 1942 (IA71002346), l’'autre sur une rigole du réservoir de Montaubry (IA71002316), est toujours utilisé. Ces deux ponts sont en pierre de taille et leurs arches élégantes enjambent gracieusement le canal et la rigole.

3° Les modifications du 20e siècle.

Les ponts sont souvent élargis pour faire face à l’'augmentation du trafic routier. Le béton devient le matériau le plus employé en réfection. Il faut noter que dans beaucoup de cas, les piles anciennes en moellon sont conservées pour accueillir un nouveau tablier en béton. Des garde-corps modernes viennent se substituer aux modèles à balustre des ponts Freycinet (ponts routiers du centre de Paray-le-Monial : IA71002493 et IA71002494). Quelques ponts nouveaux (en béton) viennent témoigner du développement des réseaux : le pont du TGV d’'Ecuisses (IA71002341), sur la tranchée du bief de partage, le pont de la RCEA/N79 (IA71002481) à Volesvres.

4° Le cas particulier des passerelles.

Ces ouvrages très légers sont prisés des villes coupées en deux par le canal. On en trouve mention depuis les années 1850, officiellement, avec la passerelle de Montceau (IA71002396). Elles sont souvent vues comme des ouvrages à visées aussi esthétiques que pratiques par les villes et témoignent d’'efforts louables de construction/reconstruction. Le canal du Centre en possède de toutes les époques depuis la fin du 19e siècle jusqu’'à celle de Saint-Léger-sur-Dheune, en 2003 (IA71002398).

Date(s) d'enquête : 2012; Date(s) de rédaction : 2012
(c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
Lallement Aurélie
Lallement Aurélie

Chargée de recherche au service Inventaire et Patrimoine - Région Bourgogne-Franche-Comté

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