Dossier d’œuvre architecture IA71003561 | Réalisé par
Mairot Philippe (Contributeur)
Mairot Philippe

Philippe Mairot, chercheur. Région Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2011-

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  • opération ponctuelle, architecture rurale du Charolais-Brionnais
Ferme à Giverdier
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Charolais-Brionnais - Chauffailles
  • Commune Saint-Symphorien-des-Bois
  • Lieu-dit Giverdier
  • Cadastre 2019 C 332
  • Dénominations
    ferme
  • Parties constituantes non étudiées
    remise agricole, fenil, étable, logis, cour, four, toit à porcs, mur de clôture, puits, portail, porte

Un domaine attesté dès le XVIIe siècle

Les archives de la famille Fricaud, dont plus de 450 pièces allant de 1597 à 1864 ont été conservées, attestent de l’existence du domaine depuis le milieu du XVIIe siècle au moins. Le premier propriétaire connu est Catherin Fricaud, marchand, qualifié d’« honneste » dans les sources. Le 2 juin 1663, sa veuve, Claudine Desholmes, vend la propriété à Benoît Delapraye, procureur fiscal de la seigneurie de Dyo. La maison présente des caractéristiques architecturales qui permettent de la dater du milieu du XVIIe siècle, à savoir un débord de toit soutenu par le dépassement du mur-pignon sur la façade principale et protégeant une galerie (accessible par un escalier extérieur à l’origine), ainsi que plusieurs baies chanfreinées au rez-de-chaussée et à l’étage. Le pigeonnier à l'est, qui soutient la galerie, est probablement contemporain du reste de la construction, tout comme le cuvier à lessive conservé dans l’ancien fournil, sous l’appentis à l’arrière de la maison. La présence d’un pigeonnier, à une époque où la possession de ce type de bâtiment était un privilège seigneurial, indique que le propriétaire du lieu bénéficiait d’un statut social élevé au sein de la communauté rurale. L’exploitation comprenait une dépendance, à l’est, au fond de la cour, abritant vraisemblablement remise et étables, présente sur le plan cadastral de 1825 et aujourd’hui disparue.

Un domaine d’embouche au XVIIIe siècle

Le 9 juillet 1752, le domaine est acquis par Claude Fricaud (1711-1768), dont la filiation avec Catherin Fricaud, probable, n’a pu être établie. A la date de l’acquisition, Claude réside dans un domaine aux Rondets, paroisse de Curbigny, qui lui a été apporté par sa seconde épouse, Elisabeth Perreaud, en 1733, et qu'elle avait hérité de son premier mari, Jean Ducarre. En 1752, Claude est ainsi propriétaire de trois domaines, les Rondets (Curbigny), Giverdier et les Chebots (Saint-Symphorien-des-Bois), ce dernier étant le berceau de sa famille. L’ensemble couvre environ 80 hectares. Désigné comme marchand dans les rolles de taille, à partir du milieu du XVIIIe siècle, Claude Fricaud est l’un des premiers gros emboucheurs du Brionnais. Chacun de ses trois domaines comprend des prés d’embouche : le pré de la Vernelle aux Rondets, le pré dit le Mépuit aux Chebots, le pâquier Solin et le pré de Mangues à Giverdier. Claude transmet la propriété de Giverdier à son fils cadet, Jean Claude (1740 - ?), qui obtient le 11 décembre 1759 son émancipation pour « faire un commerce séparé et jouir des biens qui luy sont échus par le décès de sa mère […] et de ceux qui peuvent luy échoir d’ailleurs ». Il conserve toutefois la gestion des trois domaines après avoir obtenu la tutelle de ses neveux suite au décès prématuré de son frère aîné, Antoine, en 1764.

Le père et le fils commerçaient essentiellement avec Lyon, comme en attestent quelques documents d’archives : une vente de 14 bœufs au prix de 160 livres au sieur Godemard, boucher de Lyon, le 9 juillet 1757, et surtout les pièces du procès qui oppose Jean-Claude à la veuve Degenne, bouchère aux hospices de Lyon, en 1775, suite au non-paiement d’une somme de 210 livres pour 12 bœufs gras vendus à la foire d’Oyé au fils de cette dernière.

Quelques transformations sont apportées à la maison pendant cette période où l’activité d’embouche semble florissante. L’ensemble des baies du rez-de-chaussée, sur la façade principale et le mur-pignon ouest, couvertes d’arcs fragmentaires, montrent des traces de reprise vers le milieu du XVIIIe siècle.

Le domaine aux XIXe et XXe siècles

A la mort de Jean-Claude, la propriété de Giverdier est transmise à son fils, Claude (1772-1830), qui la transmet à son tour à son aîné, également prénommé Claude (1802-1849). En 1825, date de l’établissement du cadastre de la commune, ce dernier possède 15 hectares dont plus de la moitié en herbe (8,15 hectares). La superficie de l’exploitation a diminué, suite au partage effectué avec ses frères. Ainsi, le pré de Mangues, divisé en deux parcelles (de 2,4 hectares et de 2,1 hectares), est-il toujours rattaché à Giverdier. En revanche, le pré Solin (3,2 hectares) a été transmis à François (1804-1882), le cadet, qui réside à la Fosse Purcher.

Décédé prématurément en 1849, à l’âge de 47 ans, Claude transmet le domaine à sa veuve, Claudine Catherine Corneloup (1817- ?), native de Varennes-sous-Dun. En 1854, leur fille aînée, Françoise (1834- ?) épouse Jean-Marie Jugnet, marchand de blé, originaire de Saint-Maurice-les-Châteauneuf. Le couple s’installe à Giverdier et prend la tête de l’exploitation. Leur fils, Antoine (1856- ?), quitte les lieux au début du XXe siècle pour s’installer à la Maladière, dans la commune de Saint-Martin-du-Lac, dans une propriété dont sa femme, Françoise Merle, a hérité. Il revend le domaine de Giverdier en 1921 à des petits-cousins : Claudine Page (1871 - ?), elle aussi descendante des Fricaud par sa mère, et son époux, Antoine Ducarre (1859-1935), propriétaires à Saint-Georges, hameau également situé dans la commune de Saint-Symphorien-des-Bois. N’ayant pas eu d’enfant, ils cèdent leurs biens à leur neveu et filleul, Antoine-Claude Bajard (1908- ?), dont les descendants sont encore aujourd’hui les propriétaires. L’activité agricole a cessé dans les bâtiments de Giverdier dans les années 1970.

Les bâtiments du domaine ont connu des évolutions. L’ancienne dépendance, encore existante en 1825, a été détruite, probablement dans la seconde moitié du XIXe siècle, et remplacée par un nouveau bâtiment, construit dans le prolongement de la maison. Un espace couvert, à usage d’hangar à bois, a permis de réunir les deux bâtiments, alors que le domaine présentait à l’origine des constructions isolées les unes des autres.

  • Période(s)
    • Principale : milieu 17e siècle
    • Secondaire : milieu 18e siècle
    • Secondaire : 2e moitié 19e siècle
  • Dates

La cour de la ferme est délimitée par un muret, comportant un puits, et fermée par une porte flamande et une porte piétonnière, ouvrant à l'ouest sur la route. L’alignement de bâtiments, édifié en moellons de calcaire, est orienté perpendiculairement à la voie. De gauche à droite, il se compose des espaces suivants :

- une maison d’habitation à galerie enduite, haute d'un étage carré et couverte d'un toit à longs pans en petites tuiles (la partie postérieure du toit comporte deux pentes différentes avec une arête rentrante, formant un long égout retroussé, couvert en tuiles mécaniques)

- un colombier composé d'un rez de chaussée et de deux étages, enduit et surmonté d'un toit à pavillon, couvert en ardoises

- un ancien hangar, transformé aujourd'hui en bibliothèque (fermée d'une baie vitrée) et couvert d'un toit en longs pans en petites tuiles,

- un petit appentis en parpaing de béton, couvert en tuiles mécaniques, qui prolonge le précédent bâtiment au nord

- les anciennes grange, fenil et étables, formant la partie est, sans enduit, couvert d'un toit à longs pans en tuiles mécaniques et prolongé d'un appentis à l'est.

Un bâtiment, avec un toit à longs pans en tuiles mécaniques et à usage de garage, fait face à l'ensemble.

  • Murs
    • calcaire moellon
    • béton parpaing de béton
    • calcaire moellon enduit
  • Toits
    tuile mécanique, tuile plate
  • Étages
    1 étage carré
  • Couvertures
    • toit à plusieurs pans
    • toit à longs pans
    • appentis massé
    • toit à longs pans brisés
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier droit en charpente
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3P 483/1. Cadastre de la commune de Saint-Symphorien-des-Bois. 1828-1965.

    - 3P 483/1 MA : Registre des états de sections. 1828.

    - 3P 483/1 MA : Matrice cadastrale des propriétés bâties et non bâties. 1828-1882 (propriétés bâties), 1828-1904 (propriétés non bâties).

    - 3P 483/1 MR : Matrice cadastrale des propriétés bâties. 1911-1965.

    - 3P 483/1 MR : Matrice cadastrale des propriétés non bâties. 1914-1965.

    Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon
  • Collection particulière. Acquest d'un domaine à Giverdier par Mre Benoid Delapraye, procureur fiscal de Dio, de dame Claudine Desholmes, veuve et héritière d'honneste Catherin Fricaud, marchand de Bois-Sainte-Marie. 2 juin 1663.

    Collection particulière
  • Collection particulière. Vente de bestiaux à la foire d'Oyé par sieur Claude Fricaud, marchand des Rondets, au sieur Godemard, boucher à Lyon. 9 juillet 1757.

    Collection particulière
  • Collection particulière. Émancipation de Jean-Claude Fricaud par Claude Fricaud, marchand du village des Rondets. 11 décembre 1759.

    Collection particulière
  • Collection particulière. Procès entre Jean-Claude Fricaud, demandeur, et la veuve du sieur Degenne, bouchère à Lyon, à propos d'une vente de boeufs non-payée. 11 mai 1775.

    Collection particulière
  • Collection particulière. Vente par M. et Mad. Ducarre-Page à Mr. C. Bajard. 14 mars 1932.

    Collection particulière

Bibliographie

  • DURIX, Pierre. Les structures économiques et sociales dans le Brionnais oriental aux XVIIe et XVIIIe siècles. 1 vol. Th. 3e cycle : Lettres et sciences humaines : Dijon : 1983.

Date(s) d'enquête : 2019; Date(s) de rédaction : 2019
(c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
(c) PETR du Pays Charolais-Brionnais
Mairot Philippe
Mairot Philippe

Philippe Mairot, chercheur. Région Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2011-

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