Dossier thématique IA71003680 | Réalisé par
Lallement Aurélie (Contributeur)
Lallement Aurélie

Chargée de recherche au service Inventaire et Patrimoine - Région Bourgogne-Franche-Comté

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  • enquête thématique régionale, Saône navigable en Bourgogne-Franche-Comté (la)
Les conséquences du passage de la Saône dans la ville de Mâcon
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  • (c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Précisions
  • Aires d'études
    Bourgogne-Franche-Comté

La ville de Mâcon se développe sur la rive droite de la Saône, en amont et en aval du pont Saint-Laurent qui la relie à Saint-Laurent-sur-Saône. La lecture de la traversée de la ville a évolué depuis le 19e siècle : d'amont en aval on note la création d'un port de plaisance en amont de la ville, puis l'aménagement récent des quais (Jean-Jaurès, Lamartine avec son esplanade et des Marans qui se prolonge en aval du pont Mitterrand) et enfin le nouveau port fluvial (darse sud) dont l'emplacement initial, en amont du pont ferroviaire, est toujours visible. Ces aménagements traduisent la volonté de maintenir et de développer un lien avec la rivière que ce soit pour le commerce ou pour le développement, plus récent, du tourisme fluvial.

La traversée de la Saône à Mâcon est également marquée par le contournement du pont Saint-Laurent : en effet, la mise à grand gabarit de la Saône dans les années 1970 s'est heurtée, à Mâcon, au problème du franchissement du pont historique. Plusieurs options ont donc été étudiées :

- modifier partiellement ou démolir le pont : transformer une partie du pont en dos d'âne ou créer une travée levante ou construire un pont moderne parallèle au pont actuel ;

- contourner l'obstacle par un canal de dérivation : 3 tracés ont été étudiés (long, intermédiaire et court). L'option retenue est celle d'un canal de dérivation long de 3 675 m, déclaré d'utilité publique par décret du 24 novembre 1986 et réalisé d'août 1989 à octobre 1991. Ce canal s'étend sur la rive gauche de le Saône dans l'Ain. Il est intercepté par trois ponts qui permettent de rétablir les circulations (non étudiés).

Port fluvial des Éduens, Mâcon (Matisco) est donc très tôt liée à la rivière dont elle colonise progressivement la rive droite. Le pont fortifié franchissant la Saône est attesté par un texte de 1077. A partir du 12e siècle, la ville se dote d'une nouvelle enceinte intégrant les faubourgs : les remparts longent la Saône et forment un arc de cercle. L'étude de B. Léthenet sur les aménagements portuaires du 15e siècle montre qu'il existait déjà des zones identifiées comme telles à la Gravière (entre le Breuil et la tour de Crève-coeur) avec un engin de levage pour le commerce des vins ou au port de la Chevroterie (face aux halles) avec des planches (quai vertical). L'urbanisation médiévale se lit très bien dans la vue cavalière de Rancurel (1581). L'analyse par F. Métrot du plan de Du Bois, dressé au milieu du 18e siècle, montre la ville de Mâcon dans ses aménagements urbanistiques hérités du Moyen Âge : les quais n'existent pas encore alors que les îles de la Réjouissance et des Joncs sont bien présentes. La ville se développe davantage à partir du 18e siècle ; ce qui conduit à des changements urbains, en particulier au niveau des remparts puisqu'en bord de Saône, ils seront remplacés par un quai (sous Louis XV, dans la seconde moitié du 18e siècle).

Les aménagements du 19e siècle sont connus par plusieurs documents d'archives, en particulier le plan de la ville de Mâcon réalisé par Pompanon en 1840. La traversée de la ville par la Saône permet de voir le développement des quais nord et sud. Ce plan mentionne également l'existence d'un barrage à l'aval du quai des Marans dont la construction remonte à quelques années auparavant. En effet, dans la Situation des Travaux, la création d'un barrage à pertuis libre (au niveau de l'actuel pont François-Mitterrand) "doit soutenir les eaux de la Saône à une hauteur suffisante sur le haut-fond qui se trouve en amont de la ville". Il doit donc permettre une hauteur d'eau suffisante (1,2 m durant les plus basses eaux et 1,5 m dans les basses eaux ordinaires). Un barrage éclusé retarderait trop la navigation. Commencés en 1836, les travaux se poursuivent grâce au fonds alloué par la loi du 19 juillet 1837. On sait également qu'à cette même époque un port doit être créé au quartier des Marans. Il est également fait mention des travaux portant sur la commune de Saint-Laurent, sur la rive opposée, consistant notamment à rattacher l'île de la Réjouissance à l’extrémité gauche du port de Mâcon pour établir le chemin de halage et ménager ainsi une vaste gare d'eau ; ce que précise le plan de Pompanon en indiquant "nouveau chemin de halage" le long de l'ancien bras de la Saône, en rive gauche. La Situation des Travaux en 1845 confirme l'exécution de l'ensemble assurant ainsi une navigation plus sûre au passage de Mâcon : dragages dans le prolongement et en aval de l'arche marinière du pont Saint-Laurent, exécution d'un barrage partiel accompagné d'une large passe navigable du côté du halage et établissement d'un nouveau port au quartier des Marans où s'est concentré le commerce. Au milieu du 19e siècle (vers 1854), l'arrivée du chemin de fer vient concurrencer et modifier le trafic fluvial. La carte de la Saône de 1862 permet de suivre l'aménagement des rives d'amont en aval : port du Breuil, port nord de Mâcon, banquette de halage sous le pont Saint-Laurent, port sud de Mâcon, bas-port des Marans et port des Marans prolongé par un perré. C'est à ce dernier niveau que se trouvait le barrage (appuyé sur l'île de la Charité).

Entre les deux guerres, on sait que le commerce de Mâcon est basé sur les produits agricoles : grains, œufs, volaille et surtout le vin. C. Cahen précise en outre qu'une cave coopérative intercommunale vient de se construire au port fluvial (1932). L'implantation d'un port fluvial à Mâcon révèle tout le potentiel commercial de la ville : dès 1929, le trafic atteint 68 000 t, le port étant relié à la voie ferrée et prolongé de l'autre côté, vers le quai des Marans.

  • Période(s)
    • Principale : Antiquité, Moyen Age, Temps modernes, Epoque contemporaine

Documents d'archives

  • Archives départementales de Saône-et-Loire : 3S 114. Administration des Ponts et Chaussées, service spécial de la Saône. Atlas n° 6 entre Tournus et Dracé, PK 113 à 63 : feuilles 20 à 11. 1861-1862.

    Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon : 3S 114
    Feuille n° 14

Bibliographie

  • Ministère des Travaux Publics, Direction générale des Ponts et Chaussées et des Mines. Situation des Travaux au 31 décembre 1836. Paris : Imprimerie Royale, mars 1837.

    Consultable en ligne.

  • Ministère des Travaux Publics, Administration générale des Ponts et Chaussées et des Mines. Situation des Travaux au 31 décembre 1844. Paris : Imprimerie Royale, avril 1845.

    Consultable en ligne.

  • Cahen, C. Mâcon, notes de géographie urbaine. Annales de Géographie, t. 41, n°232, 1932, p.415-419.

    Consultable en ligne.

  • Picabea, Raymond. Le contournement de Mâcon. Annales de l'Académie de Mâcon : Société des arts, sciences, belles-lettres et d'agriculture. Académie de Mâcon, 1984. p. 46 -51

  • Compagnie nationale du Rhône. Elément indispensable de la mise à grand gabarit de la Saône : la dérivation de Mâcon. Revue de la Navigation ports et industries, spécial Rhône-Saône, 25 juin 1988, n°12, p. 346-348.

  • ASTRADE, Laurent. La Saône en Crue. Dynamique d'un hydrosystème anthropisé. Lyon : Presses Universitaires de Lyon, 2005.

  • Raymond, Georges. Mâcon, hier et aujourd'hui. Groupement archéologique du Mâconnais. Mâcon : Le ciel est bleu, 2009.

  • Léthenet, Benoît. Le port de Mâcon dans la première moitié du XVe siècle. Dans : Paysages en mouvement, les paysages du Mâconnais et du Val de Saône de la préhistoire à nos jours, Daniel Barthélemy (dir.), GAM – IRVSM – Musées de Mâcon, 2012.

    Consultable en ligne.

  • Barthèlemy, Daniel. Évolution du paysage urbain : de l'oppidum gaulois à la cité médiévale. Dans : Paysages en mouvement : les paysages du Mâconnais et du Val de Saône de la préhistoire à nos jours, 2012, p. 59-63.

Documents figurés

  • Pourtraict de la ville de Mascon, gravure, Raymond Rancurel, Editeur : N. Chesneau (Paris), 1581.

    Consultable en ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b55004479h/f1.item.r=plan%20M%C3%A2con.

  • Ville de Mâcon par Pompanon, lithographie, par Tournier (Chalon-sur-Saône), 1840.

    Consultable en ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53085007j/f1.item

Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
Lallement Aurélie
Lallement Aurélie

Chargée de recherche au service Inventaire et Patrimoine - Région Bourgogne-Franche-Comté

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