Dossier de présentation du mobilier IM39002341 | Réalisé par
Poupard Laurent (Rédacteur)
Poupard Laurent

Poupard, Laurent. Chercheur au service Inventaire et Patrimoine de la Région Bourgogne-Franche-Comté, 1987-

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  • inventaire topographique
le mobilier de la maison de l'Email
Auteur
Copyright
  • (c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Morez
  • Parties constituantes non étudiées
    plaque décorative, plaque de rue, insigne

L'émaillerie morézienne se distingue par son support - une tôle de fer dont l'épaisseur dispense de réaliser un contre-émail (le revers est donc seulement peint, en noir) -, l'utilisation d'émaux industriels et de pochoirs pour le dessin, une fabrication sur le modèle des cadrans"treize pièces"(cadrans d'horloge) où les lettres sont en relief du fait de la fixation des oxydes métalliques sur la plaque à l'aide d'huile de pépins de coing, qui évite que l'émail ne s'étale à la cuisson. Cette dernière, qui ne dure que quelques minutes (temps encore réduit dans le cas d'objets en cuivre), s'effectue à 800-850° C.

La collection de la maison de l'Email est née de la volonté d'une personne, Michel Coignoux, à l'origine en 1993 des premières Rencontres internationales de l'émail - réunissant amateurs, professionnels et artistes -, du Groupe international de Réflexion et d'Action pour l'Email et la formation des Emailleurs l'année suivante et de la maison elle-même, ouverte par la ville de Morez en 1999. Elle vise, comme l'ensemble de ces manifestations, à rendre compte de l'existence à Morez d'une activité émaillère autrefois très importante et à essayer de la relancer. En effet, l'essor de l'industrie horlogère, introduite vers 1660 dans la région Morbier - Morez, y entraîne la création dans la deuxième moitié du 18e siècle d'une industrie de l'émaillerie, destinée à fournir aux horlogers les cadrans émaillés provenant jusqu'alors de Suisse. Formés (dès 1765 ?) par des émailleurs suisses, les artisans moréziens et morberands créent leurs entreprises avant la fin du siècle. Deux d'entre eux (Claude-François Navand et Pierre-Célestin Chavin) envoient des cadrans émaillés à l'exposition nationale de 1806 à Paris : avec 36 personnes, ils en fabriquent alors 7000 par an, dont les deux tiers sont utilisés par les horlogers locaux. Leur demande : connaître le secret de la fabrication de l'émail, qui provient de Venise via la Suisse. Morez compte 11 émailleurs et 3 apprentis en 1791 ; en 1857 les sociétés Jacquemin et Renaud emploient à elles deux 90 personnes. Les entreprises se multiplient alors que la baisse des commandes pour l'horlogerie conduit, dans la deuxième moitié du 19e siècle, à une diversification de la production, élargie à la confection des plaques de rue, plaques funéraires (les"coeurs de Morez"avec, le cas échéant, un portrait photographique du défunt), lettres pour enseignes, plaques publicitaires, panneaux de signalisation routière, etc. Occupant près de 400 personnes dans une vingtaine d'entreprises durant l'entre-deux-guerres, l'émaillerie entre par la suite dans une logique de concentration : les petits ateliers de peintres sur émail se raréfient et le nombre des sociétés passe à moins d'une demi douzaine. La plus importante est celle de la famille Girod, fondée rue Pasteur par Arsène Girod en 1905, reprise par son fils Marceau en 1915 et qui déménage pour Bellefontaine en 1970 (où, sans renoncer à sa spécialité, elle est devenue l'un des leaders européens dans les domaines de la signalisation routière et électronique). Cette rue est d'ailleurs la rue des émailleurs puisque s'y dressaient côte à côte les ateliers Caire et Bourgeat, Rupe (devenue Rupe-Ganeval dans les années 1960 puis Emaillerie du Haut-Jura en 1971 et transférée à Saint-Laurent-en-Grandvaux en 1980) et Forestier. Créée en 1891 sous le nom d'Herman et Paul Forestier puis devenue vers 1968 Forestier Père et Fils, cette dernière est représentative de la dualité des émailleries moréziennes : relevant à la fois du milieu industriel ou semi industriel - entre les deux guerres, elle compte une vingtaine de personnes (dont un certain nombre à domicile) - et du milieu artistique - elle emploie avant la seconde guerre mondiale Charles-Eugène Forestier, cousin des dirigeants, qui est l'un des maîtres reconnus des émaux peints au 20e siècle. L'entreprise fermera en 1983 et l'usine sera démolie par la suite. La maison de l'Email rassemble un échantillon des productions locales afin de conserver le nom d'industriels, d'artisans et d'artistes tels Renaud, Chavin, Jacquemin, Eugène Durlat, Perrad (Albin Perrad est l'introducteur à Morez de la technique des plaques émaillées avec photographie, inventée en 1854 par les Français Millet et Pierre-Michel Lafon de Camarsac), Malfroy, Bourgeois, Caire, Buffard, etc. Plus largement, elle présente des pièces prêtées par Michel Coignoux et par divers artistes contemporains, présents lors des Rencontres internationales de l'émail ou acteurs dans le cadre du pôle d'excellence rurale"Emaillerie du Jura, excellence et innovation industrielle". Morez a d'ailleurs obtenu le label Ville Métiers d'Art pour l'émail et la lunetterie.

  • Auteur(s)
Date(s) d'enquête : 2010; Date(s) de rédaction : 2010
(c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
Poupard Laurent
Poupard Laurent

Poupard, Laurent. Chercheur au service Inventaire et Patrimoine de la Région Bourgogne-Franche-Comté, 1987-

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