Implantée au centre de la Porte de Bourgogne et d’Alsace, Montbéliard se situe entre deux cultures. De langue française, elle est tournée vers la Franche-Comté, région à laquelle elle appartient aujourd’hui. Possession wurtembergeoise de 1397 à 1793, elle a néanmoins été fortement imprégnée de culture germanique au point que le patrimoine de son centre ville s’apparente en majorité à celui d’une ville rhénane.
Défendue par un château dominant le confluent des vallées de l’Allan et de la Lizaine, Montbéliard connaît, malgré de nombreuses calamités aux XIVe et XVe siècles, une prospérité certaine dont témoigne la construction de la plupart de ses édifices publics et religieux dans la seconde moitié du XVe siècle. Le siècle suivant et le début du XVIIe siècle constituent son âge d’or, marqué par une importante expansion administrative et économique, et une vie artistique brillante. En effet, les princes Frédéric de Wurtemberg (régnant de 1558 à 1608) puis Jean-Frédéric (de 1608 à 1617) savent s’entourer d’artistes et de savants : le botaniste Jean Bauhin, l’orfèvre François Briot, les architectes et ingénieurs Heinrich Schickhardt, Jacques Gentillâtre, Claude et Jean Flamand… L'abolition du culte catholique en 1538 entraîne, outre la construction du temple Saint-Martin (le plus ancien temple luthérien conservé en France), une grande affluence de réfugiés protestants, provoquant la reconstruction ou l’agrandissement de la plupart des maisons. Interrompu à partir de 1633 par plusieurs périodes d’occupation par les Français, ce mouvement ne reprend qu’au siècle suivant, qui voit aussi l'édification d'un nouvel hôtel de ville.
Annexée à la France en 1793, la ville n’est promue au rang de sous-préfecture qu’en 1816. Le plus urgent est alors de la raccorder aux voies de communication principales, qui jusque là l’évitaient. Cette mesure favorise un développement industriel - dans le textile notamment - qui, dans un premier temps, reste malgré tout mesuré. Illustrées par les noms des architectes Jean-Frédéric Fallot (auteur de la spectaculaire église Saint-Maimboeuf), Eugène Rees et Jean Walter, les constructions nouvelles ne se développent réellement qu’après la guerre de 1870.
La création en 1910 de la Société anonyme des Automobiles et Cycles Peugeot, issue du regroupement des différentes sociétés de la famille Peugeot, s’accompagne d’une formidable expansion sur les communes de Montbéliard et de Sochaux. La population de Montbéliard passe ainsi de 10 063 habitants en 1911 à 31 836 en 1982, formant le cœur d’une agglomération de 130 000 habitants. Toutefois, le centre ville est alors délaissé pour la banlieue, occasionnant une dégradation de son habitat ancien, encore accentuée par l’essor de la circulation automobile qui entraîne la couverture des canaux et rivières, la suppression des promenades, la transformation de places en parkings… Dans les années 1980, alors que l'étude de son patrimoine était menée par le service de l'Inventaire général, la municipalité a cherché à inverser ce mouvement, créant une Zone de protection du patrimoine architectural et urbain, favorisant les restaurations des édifices publics et des habitations privées, encourageant la mise en couleur des façades… Ses efforts se sont vus récompensés par l'attribution du label Ville et pays d'art et d'histoire en 1992.
Jérôme Mongreville, photographe. Région Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 1983-