Cahier des clauses scientifiques et techniques
-------------
La Saône navigable en Bourgogne-Franche-Comté
Guillaume GEZOLME ; Aurélie LALLEMENT ; Philippe MAIROT ; Virginie MALHERBE
Octobre 2018
Mis à jour le 14 octobre 2019
PREAMBULE :
Le présent CCST a pour objet de fusionner les deux anciennes études d’inventaire liées à la Saône en Bourgogne et en Franche-Comté (dont les CCST sont joints en annexe).
Pour rappel, en Franche-Comté l’opération s’est inscrite dans le schéma régional de développement du tourisme 2011-2015 qui soutenait les itinéraires fluviaux, cyclistes et pédestres appelés à devenir des points forts d’attractivité de son territoire.
L’étude avait ainsi pour objectif de :
- réaliser un inventaire du patrimoine le long de la rivière, itinéraire touristique (fluvial et cyclotourisme via la vélo-route européenne aménagée sur l’ancien chemin de halage) et enrichir les connaissances notamment sur l’architecture rurale et urbaine (le patrimoine industriel ayant déjà été inventorié sur la totalité du parcours) avec la présence de cités de caractère (Gray, Jussey, Ray-sur-Saône et Scey-sur-Saône-et-Saint-Albin) ;
- présenter aux voyageurs sous forme de synthèses des éléments forts ou récurrents de ce linéaire ;
- fournir une expertise et un support documentaire à de futurs aménagements qui renforceraient l’attractivité touristique.
L’étude avait donc deux volets principaux :
- l’inventaire des ouvrages techniques liés à la Saône navigable
- l’inventaire topographique des communes limitrophes de la voie d’eau (59 communes).
Préparée en concertation avec le Comité régional du Tourisme de Franche-Comté ainsi qu’avec le Comité départemental du Tourisme de Haute-Saône, elle a commencé en 2015 et devait se terminer en 2017 (mobilisant 1.5 ETP chercheur).
Côté Bourgogne, l’opération a débuté en 2016 (CCST rédigé en décembre 2015, 0,8 ETP chercheur) et portait prioritairement sur les ouvrages techniques et les témoins de l’anthropisation de la rivière.
Les objectifs de l'opération étaient de :
- mieux connaître le rôle de la rivière au fil du temps au travers d’un inventaire des vestiges matériels ;
- disposer d’une expertise et d’une documentation détaillée qui répondent aussi bien à des besoins d’aménageurs qu’à des besoins touristiques.
L’étude avait deux volets principaux :
- l’inventaire de tous les ouvrages techniques liés à la canalisation
- la prise en compte du patrimoine de co-visibilité (aménagements des rives).
Le point commun de ces deux opérations réside dans l’inventaire des ouvrages et équipements techniques du linéaire de la Saône navigable. Voies Navigables de France (VNF), qui les gère, est un partenaire précieux au cours de cette enquête, tant pour la recherche de documentation que sur le terrain.
1. Contexte institutionnel
1.1 En interne
A la suite de la fusion des deux anciennes régions Bourgogne et Franche-Comté au 1er janvier 2016 et des services régionaux d’inventaire fin 2016, il a été décidé de regrouper en une seule et même étude ces deux opérations qui portent sur le même sujet : la canalisation de la Saône.
1.2 En externe
Les enjeux en matière de développement touristique liés aux voies navigables et à leur valorisation demeurent des axes forts dans le cadre de la nouvelle région (véloroutes européennes notamment). Cf. le Schéma Régional de Développement du Tourisme et des Loisirs 2017-2022.
2. Enjeux et objectifs
2.1 Objectifs de l'opération
Étudier les témoins de l’anthropisation de la rivière :
- le façonnage du cours d’eau : canalisation et autres aménagements de la voie d’eau ;
- le façonnage des abords/rives : aménagements portuaires, points de franchissement, impacts et conséquences de la canalisation de la rivière sur les communes et bourgs limitrophes.
2.2 Le choix de l’aire d’étude
La Saône navigable présente plusieurs caractéristiques qui ont motivé son choix comme aire d’étude :
- elle constitue une sorte de « colonne vertébrale » et de trait d’union entre les deux anciennes régions de Bourgogne et de Franche-Comté ;
- elle a eu un rôle de passage et de frontière tout au long de l’histoire ;
- elle fait partie d’un territoire partiellement étudié par le service Inventaire et Patrimoine aussi bien en Haute-Saône qu’en Côte-d’Or et en Saône-et-Loire.
2.3 Les enjeux scientifiques
Les enjeux sont multiples :
- faire le lien avec les études d’inventaire sur les canaux en Bourgogne (notamment le canal de Bourgogne, le canal du Centre et la Seille canalisée), le canal de l’Est et le canal du Rhône au Rhin qui débouchent tous dans la Saône ;
- poursuivre la collecte de données de synthèse sur la construction des territoires en Bourgogne-Franche-Comté ;
- contribuer à l’inventaire du patrimoine des rivières et voies navigables « piloté » au niveau national (cf. le projet de synthèse nationale porté par la Mission de l’Inventaire général du patrimoine culturel au ministère de la Culture).
La problématique principale consiste à déterminer les conséquences architecturales et paysagères de la canalisation de la Saône (impacts sur la voie d’eau, activité industrielle et développement des bourgs en bordure de la rivière, prise en compte du paysage).
3. Descriptif de l’opération
3.1 Délimitation de l’aire d’étude
La carte de l’aire d’étude est à consulter en annexe.
Configuration géographique du territoire, situation et site
La Saône fait près de 480 km de long :
- elle prend sa source en Lorraine, à Vioménil dans les Vosges ;
- « la Petite Saône », se trouve principalement en Franche-Comté ;
- à partir de Verdun-sur-le-Doubs en Bourgogne, elle devient la « Grande Saône » ; elle prend ce qualificatif après sa confluence avec le Doubs, son principal affluent ;
- sa confluence avec le Rhône se situe à Lyon en Auvergne-Rhône-Alpes.
En Bourgogne-Franche-Comté, elle suit un axe nord-sud et traverse trois départements (Haute-Saône, Côte-d’Or et Saône-et-Loire) et plus de 140 communes.
L’aire d’étude porte principalement sur la Saône navigable et ses aménagements liés.
Elle débute à Corre au PK 407 et se termine au PK 62 (barrage-écluse de Dracé), soit près de 350 kilomètres de linéaire.
La présente étude ne portera pas sur les parties non canalisées de la rivière, comme par exemple celle située en amont de Corre, dans le département de la Haute-Saône.
Par contre, pour étudier l’ensemble des voies navigables de la région, la portion du canal de l’Est située en Haute-Saône sera prise en compte, soit entre Ambievillers et Corre, cette dernière commune correspondant au point de jonction entre la Saône (navigable) et ce canal.
Par ailleurs, l’aire d’étude intégrera quelques kilomètres du linéaire de la Saône navigable situés dans le Rhône : en effet, le long bief de Dracé, dernier bief concerné par l’étude, se termine dans le département du Rhône, mais la majeure partie de son tracé est bien en Saône-et-Loire.
3.2 Cadre chronologique
La canalisation organisée des rivières commence à partir du 18e siècle et se poursuit tout au long du 19e siècle avec un changement de gabarit (1879), qui entraîne la modification de nombreux sites.
Plusieurs lois sont votées pour améliorer la navigabilité de la Saône. Les lois du 19 juillet 1837 et du 8 juillet 1840 sont déterminantes pour les premiers grands travaux à exécuter entre Verdun-sur-le-Doubs et Port-sur-Saône. Celle du 24 mars 1874 prescrit l’achèvement des travaux et entérine la construction du canal de l’Est.
L’étude portera sur la totalité des ouvrages significatifs, mettant en lumière les projets et réalisations successifs du 18e siècle jusqu’à nos jours. De nombreux ouvrages liés à la navigation ont été automatisés depuis une vingtaine d’années. La dernière dérivation de Mâcon a été réalisée de 1989 à 1991.
Il est à noter que de nombreuses études et recherches archéologiques donnent des jalons précis sur les installations très anciennes (Âge du Fer, Antiquité, Haut Moyen Âge), c’est le cas par exemple du pont de Chalon-sur-Saône.
3.3 Méthodologie
Approche thématique et étude du linéaire
Le recensement systématique des ouvrages liés à la canalisation se fera avec comme « échelle d’étude » le bief : fraction d’une voie navigable entre deux chutes (entre deux écluses à sas, entre une écluse et un barrage, etc.).
La Saône navigable en Bourgogne-Franche-Comté compte 24 biefs, de l’écluse de Corre (70) au barrage-écluse de Dracé (01 - Auvergne-Rhône-Alpes).
Les ponts et ponceaux de halage, qu’ils soient antérieurs, contemporains ou postérieurs à la canalisation, seront repérés, étudiés et mentionnés dans les dossiers des biefs.
Les aspects liés à la question de la batellerie ne seront pas abordés.
Un schéma de l’organisation documentaire prévue pour cette étude est annexé au présent CCST.
Outre les dossiers de présentation générale (dossier d’opération et dossier d’aire d’étude) et les dossiers d’œuvre, il sera possible de créer, suivant les besoins, des dossiers de synthèse : dossiers collectifs (portant sur des œuvres de même dénomination comme les maisons d’éclusier et/ou de barragiste, les ponts…) et des dossiers individuels de synthèse comme sur le chemin de halage, etc.
Un dossier thématique « conséquences du passage de la rivière dans la commune de X » pourra être créé au niveau communal, en fonction de la pertinence des informations sur le territoire concerné. Il permettra de regrouper des informations historiques et descriptives sur les aménagements liés à la rivière sur cette commune (ports, ouvrages de franchissement, passages à gué, etc.).
Le canal de l’Est sera étudié comme un bief (sous la forme d’un dossier d’ensemble), auquel seront attachés tous les ouvrages liés (sites d’écluse, pont-tournant…). Ce dossier d’ensemble sera lui-même lié au dossier d’aire d’étude (la Saône navigable en Bourgogne-Franche-Comté).
3.4 Déroulement de l’opération
- Organisation de comités de projet et partenariat avec VNF
Dans le cadre de la mise en place de la gouvernance de l’inventaire, il est prévu de réunir plusieurs fois par an les acteurs locaux en lien avec l’étude (élus, associations, etc.) pour leur présenter son état d’avancement et envisager des actions de partenariat et de valorisation futures.
Un partenariat naturel (non conventionné) existe depuis plusieurs années avec Voies Navigables de France : celui-ci se traduit par l’accès aux archives des subdivisions concernées, la circulation des véhicules de la Région sur les chemins de halage ou la participation à des manifestations ponctuelles (prêt de bateau, etc.).
· Recherches documentaires
Elles se feront prioritairement aux archives départementales des trois départements concernés : séries C et S, cadastres napoléoniens et série Fi qui permet d’accéder aux fonds des cartes postales ou autres plans.
Une attention particulière sera également portée aux archives encore conservées dans les subdivisions de VNF : Port-sur-Saône, Gray, Chalon-sur-Saône et Mâcon.
· Enquête de terrain
Etude du linéaire de la Saône
- Phase de recensement/sélection
- Phase d’étude des sélectionnés
· Restitution
Cette étude fera l’objet d’une saisie dans le logiciel Gertrude au fil de l’eau ; ce qui permettra une mise en ligne régulière des dossiers sur le portail patrimoine de la Région.
Les données feront également l’objet d’un versement dans les bases de données nationales du ministère de la Culture via la Plateforme Ouverte du Patrimoine.
3.4 Calendrier prévisionnel
2018-2019 : poursuite de l’étude des biefs et des ouvrages du linéaire
2019-2020 : fin de l’étude et archivage des dossiers
2020 : valorisation
4. Moyens scientifiques et techniques
Personnel et compétences
- 4 chercheurs : Guillaume Gézolme (0.5 ETP), Aurélie Lallement (0.3 ETP), Virginie Malherbe (0.1 ETP) et Philippe Mairot (0.7 ETP) soit è 1.6 ETP ;
- 2 photographes : Thierry Kuntz (0.4 ETP) et Sonia Dourlot (0.5 ETP) soit è 0.9 ETP ;
- cartographie : 0.2 ETP (en interne plus prestations extérieures) ;
- prises de vue aériennes : pour rendre plus pertinentes les actions de valorisation et la prise en compte du paysage à l’échelle de la rivière ; prestation à externaliser si possible.
Sur ce point, il pourra être utile de se rapprocher de VNF (LIDAR, vues depuis la voie d’eau).
5. Valorisation
- Diffusion des données sur le portail Patrimoine de la Région et sur la Plateforme Ouverte du Patrimoine (au niveau national)
- Actions de valorisation et de sensibilisation : conférences, visites guidées, expositions, etc ;
- Rédaction d’un ouvrage de synthèse sur la problématique de la canalisation de la rivière en Bourgogne-Franche-Comté associé (ou non) à l’organisation d’un colloque ou d’une journée d’étude sur les enjeux territoriaux de la rivière (historiques, géographiques, touristiques) à l’échelle de la nouvelle grande région ;
6. Suivi et évaluation
Le suivi méthodologique sera effectué en concertation avec la Mission de l’inventaire général du patrimoine culturel au ministère de la Culture.
L’organisation des comités de projet/de suivi participera également au suivi et à l’évaluation de l’étude.
Chargée de recherche au service Inventaire et Patrimoine - Région Bourgogne-Franche-Comté