Dossier collectif IA00141436 | Réalisé par
Lallement Aurélie (Contributeur)
Lallement Aurélie

Chargée de recherche au service Inventaire et Patrimoine - Région Bourgogne-Franche-Comté

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Gézolme Guillaume (Contributeur)
Gézolme Guillaume

Guillaume Gézolme, chercheur. Région Franche-Comté puis Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2014-

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  • enquête thématique régionale, Saône navigable en Bourgogne-Franche-Comté (la)
Les maisons de la Saône navigable en Bourgogne-Franche-Comté
Auteur
Copyright
  • (c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    maison
  • Aires d'études
    Bourgogne-Franche-Comté

L'étude systématique des biefs et des dérivations de la Saône a permis de dresser une typologie des maisons repérées et étudiées. Ces typologies sont liées aux contextes et époques de constructions des écluses et barrages auxquels elles sont rattachées. Les matériaux utilisés sont principalement moellon et pierre de taille calcaire, les murs étant enduits. La brique est utilisée au niveau des encadrements d’ouvertures et chaines d’angle par exemple. La couverture est en tuile mécanique.

En amont de sa confluence avec le Doubs, la canalisation de la Saône, et par conséquent l’édification des maisons, s’échelonne en deux grandes phases :

- à partir de 1838 et jusqu’à 1845, avec notamment la construction des deux souterrains en Haute-Saône et des dérivations en Côte-d’Or et en Saône-et-Loire ;

- et de 1876 à 1882, coïncidant avec le raccordement du canal de l’Est à la Saône pour la Haute-Saône et à l’exhaussement et à la transformation des barrages mobiles de la petite Saône.

Ces maisons sont bâties sous la responsabilité des ingénieurs du canal de l’Est pour la partie comprise en amont de la porte de garde de Port-sur-Saône, et par les ingénieurs du Service spécial de la Saône en aval de Port-sur-Saône.

1) Les modèles développés dans la première moitié du 19e siècle

Un premier modèle conçu sur un plan rectangulaire, avec un rez-de-chaussée surélevé et un étage de comble à surcroit, est le plus répandu. Dès les années 1840, les sites d’écluses et de barrages sont équipés de maisons conçues sur ce plan et généralement accompagnées d’un étage de soubassement, car positionnées sur un remblai. La façade antérieure est percée de deux fenêtres encadrant la porte d’entrée. Les murs pignons disposent de deux baies en plein-cintre ou rectangulaire. L'encadrement des baies est en pierre de taille et la maison est couverte d’un toit à deux pans à pignons couverts.

Ce modèle regroupe les maisons d’éclusiers construites vers 1840 sur les sites suivants : Scey-sur-Saône, Rupt-sur-Saône, Charentenay, Vereux, Apremont, Heuilley-sur-Saône, Poncey-les-Athée et Auxonne. Ces édifices sont contemporains de l’ouverture des premières dérivations comme l’attestent les dates portées gravées sur le linteau de la porte d’entrée.

Un second modèle "à étage carré" se retrouve en amont des deux souterrains présents sur le parcours : à Scey-sur-Saône-et-Saint-Albin et à Savoyeux pour la Haute-Saône. Ces maisons sont construites conjointement aux dérivations souterraines dans les années 1840. L’ingénieur Lacordaire, responsable du service de la Saône, décide de surélever d’un étage ces maisons comme le montre un plan réalisé de 1841 et conservé aux archives départementales de Haute-Saône (241 S 5). Bâties sur un étage de soubassement, elles s’élèvent sur un niveau de rez-de-chaussée surélevé, un étage carré et un étage de comble à surcroit. La façade est rythmée par trois travées. Les murs pignons sont percés de deux baies rectangulaires et d'une troisième, en plein-cintre, éclairant le comble.

Ce modèle de maison à étage est présent sur les sites d’écluse de Saint-Jean-de-Losne, Seurre, Lechâtelet, Charnay-lès-Chalon et Verdun-sur-le-Doubs (datée 1840 sur le linteau). Un projet de maison éclusière non daté et conservé aux archives départementales de Saône-et-Loire en livre les plans, coupes et élévations (3 S 27).

2) Les maisons de la seconde moitié du 19e siècle

Sur la grande Saône dans la seconde moitié du 19e siècle, les travaux d’amélioration comprennent la construction de cinq barrages-éclusés. Les maisons associées suivent un même type, en l’occurrence celui défini pour le barrage de l’île Barbe, « auquel on n’apportera que les différences exigées par les circonstances locales » selon les propos de l’ingénieur Jacques Louis Thiollière, en 1867. La maison se compose d'un étage de soubassement comprenant à l'origine une étable pour six vaches, un rez-de-chaussée surélevé, un étage carré comprenant le logement de l'éclusier, la cuisine et la chambre et un comble (greniers) éclairé par de petites ouvertures dans les pignons. Les façades sont rythmées par trois travées et percées de six baies, trois à chaque niveau. Trois portes en arc segmentaire s’ouvrent sur l’étage de soubassement. Une grande porte cochère couverte d’un arc en plein-cintre est créée dans le mur-pignon aval pour accéder au soubassement (magasin). La maison de l'ancien barrage de Gigny répond à ce modèle.

Après 1874 et la loi qui entérine l’achèvement des travaux de canalisation de la Saône, un modèle relativement proche de celui conçu vers 1840 apparait. Des chaines d'angles en pierre sont ajoutées pour accroitre la résistance des maçonneries. Cette maison est utilisée au barrage et site d'ecluse de Chemilly, ainsi que sur les sites de Cubry-lès-Soing, Soing (variante), Ferrières-lès-Ray et Rigny.

Un dernier modèle regroupe les maisons présentes sur le tronçon géré par les ingénieurs du canal de l’Est : barrage et écluse d’Ormoy, barrage et écluse de Cendrecourt, écluse de Montureux-les-Baulay et barrage éclusé de Conflandey. Elles sont édifiées entre 1876 et 1882. Elles se différencient par l’ajout d’un corps de bâtiment en appentis sur la façade postérieure.

Un modèle caractérisé par des encadrements de baies en brique et pierre est construit vers 1880. Ces édifices sont exclusivement liés aux barrage de Montureux-lès-Baulay, d'Apremont, d'Heuilley, de Saint-Lean-de-Losne, du chatetelet, de Seurre et de Charnay. Un devis et cahier des charges du 27 décembre 1879, lié à l’exhaussement et à la transformation des barrages mobiles de Saint-Jean-de-Losne, Le Châtelet et Seurre, décrit la maison comme suit :

- un soubassement : deux caves voutées dont une servira de magasin ;

- au rez-de-chaussée : une chambre à coucher, une chambre principale pouvant servir à la fois de cuisine et de chambre à coucher, un cabinet ou bureau pour le télégraphe et un évier placé dans la cage d’escalier ;

- un grenier sur le tout.

Les deux corps latéraux de bâtiment nommés "annexe" par le service de la navigation comprennent fournil et lieux d’aisance dans l'un, et écurie dans l'autre. Les maisons de barragiste de Saint-Jean-de-Losne et de Charnay n'existent plus aujourd'hui. C'est le même que celui rencontré sur l'embranchement de Vermenton (Yonne), sur le canal du Nivernais. La maison de type "canal d'Accolay" a été construite à partir de 1878, comme les autres ouvrages de cet embranchement ; ce qui coïncide exactement avec la période de construction des maisons de barragiste de la Saône.

Le cas de Gray : un unicum

Une première maison est établie vers 1818 d’après les plans de l’ingénieur Bardonnaut, constituée d’un logement pour l’éclusier et d’un entrepôt pour l’outillage, appelé magasin. La maison subit des transformations en 1874 (date portée sur le corps de bâtiment en RDC) et elle est agrandie en 1883 (corps avec l’étage carré). Les plans réalisés en 1883 par l’ingénieur A. Hemardinquer pour l’agrandissement de la maison donnent une indication précise de la distribution du logement et annexe.

Les deux écluses de Verdun : un cas particulier

Contrairement aux ouvrages précédents sur la petite Saône, ce dernier barrage n'était pas lié à une dérivation. Les travaux se sont échelonnés de 1837 à 1841 et le premier site d'écluse se trouvait donc dans le prolongement direct de l'ancien barrage des Bordes. La maison éclusière, toujours visible rive droite, suit le modèle "à étage carré" (décrit ci-dessus) et son linteau gravé porte la date de 1840. Dès la fin du 19e siècle, la petite écluse associée au barrage des Bordes n'est plus adaptée et on décide d'en construire une plus grande. Le projet d'une écluse de 167 m de long sur 16 m de large et 3,50 m de profondeur, établi en décembre 1928 par l’ingénieur en chef Pascalon, est retenu. En 1934, la nouvelle écluse est terminée : elle est alors la plus grande de la Saône pouvant contenir 12 péniches (3 rangs de 4). Il n'y a pas eu d'autre maison d'éclusier mais la construction d'un édicule pour abriter le poste de commande pour le fonctionnement des portes. Depuis la mise à grand gabarit de la Saône, cette écluse sert de garage à bateaux.

3) La grande Saône et les écluses à grand gabarit

La mise en place du grand gabarit jusqu’à Saint-Jean-de-Losne a généré la construction de nouvelles écluses : Seurre, Ecuelles, Ormes et Dracé (sur le territoire concerné par l'étude). Ces grands sites d’écluse suivent un même modèle et ne présentent plus de maison éclusière. Un lotissement est conçu à proximité pour loger le personnel de VNF.

Les maisons d'éclusier ou de barragiste sont associées aux dérivations qui ont été aménagées sur la petite Saône à partir de l'allocation des crédits autorisée par les lois du 19 juillet 1837 et du 8 juillet 1840. L’ouverture des canaux de Bourgogne (1832) et du Rhône au Rhin (1834), débouchant dans la Saône, a contribué à rendre indispensable la canalisation de cette dernière. Un service spécial fut d’ailleurs créé en 1835 visant à améliorer les conditions de navigabilité.

La loi du 24 mars 1874, relative au rétablissement sur le territoire français des voies navigables interceptées par la nouvelle frontière (à la suite à la guerre franco-prussienne de 1870), a prescrit l’exécution de travaux destinés à assurer sur toute la Saône un mouillage de 2 m au moins et a affecté à leur exécution un crédit de 9 millions de francs applicable à la partie entre Port-sur-Saône et Lyon ; ce qui correspond à la deuxième phase de construction des maisons. La loi entérine également la construction du canal de l’Est et de sa branche sud, d’Épinal (Vosges) à Port-sur-Saône, avec une dépense estimée à 65 millions de francs.

Les plans de ces maisons sont livrés par les ingénieurs des Pont et Chaussées qui travaillent à la construction des ouvrages auxquels elles sont liées. Construites en série, elles sont souvent plus facilement repérables que les ouvrages d'art qui ont pu être modifiés ou détruits. Aujourd'hui, certaines maisons sont habitées par le personnel de VNF, d'autres sont louées ou vendues.

Sur la Saône à grand gabarit, les sites d'écluse ne présentent plus de maison éclusière à proprement parler mais d'un lotissement destiné à loger le personnel de VNF.

  • Période(s)
    • Principale : 19e siècle , daté par travaux historiques
    • Principale : 20e siècle , daté par travaux historiques

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3 S 24-25. Barrages, écluses et dérivations. Barrages et écluses de Saint-Jean-de-Losne, le Châtelet et Seurre. 1851-1895.

    Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon : 3 S 24-25
    3 s 24
  • Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3 S 23. Barrages, écluses et dérivations. Généralités. 1805-1914.

    Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon : 3 S 23
  • Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3 S 32. Barrage de Gigny. 1865-1912.

    Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon : 3 S 32

Documents figurés

  • Archives départementales de la Haute-Saône : Achèvement du bief d'Apremont - Maison du barragiste (1882). 274 S 10. Dessin

    Archives départementales de la Haute-Saône, Vesoul : 274 S 10
Date(s) d'enquête : 2018; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
Lallement Aurélie
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Gézolme Guillaume
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Guillaume Gézolme, chercheur. Région Franche-Comté puis Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2014-

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