Dossier d’œuvre architecture IA21000002 | Réalisé par
Hugonnet-Berger Claudine
Hugonnet-Berger Claudine

Hugonnet-Berger, Claudine. Chercheur au service de l'Inventaire de Bourgogne.

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Poupard Laurent (Contributeur)
Poupard Laurent

Poupard, Laurent. Chercheur au service Inventaire et Patrimoine de la Région Bourgogne-Franche-Comté, 1987-

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  • enquête thématique régionale, théâtres de Bourgogne
  • enquête thématique régionale, salles de spectacle de Bourgogne-Franche-Comté
remise agricole puis communs et théâtre de société
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bourgogne - Beaune
  • Commune Chevigny-en-Valière
  • Adresse 23 rue Mercey
  • Cadastre 2022 D 144  ; 1826 D 326
  • Dénominations
    remise agricole, communs, théâtre
  • Précision dénomination
    théâtre de société
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante
  • Parties constituantes non étudiées
    écurie, remise, sellerie, logement, salle des fêtes, chai, pressoir à vin

Si le bâtiment d'exploitation dépendant de la ferme date comme elle du 17e siècle, il en suit les changements de propriétaires dont certains nous sont connus : Philippe de la Mare puis en 1743 Philippe Bénigne Bouhier de Versalieu, sa fille Catherine puis en 1766 son mari Melchior Cérice François de Vogüé, la famille Terrand dont Anne Flavie et en 1818 son époux Noël Mathurin Brossard, avocat à Dijon puis juge au tribunal de Chalon-sur-Saône. Les propriétaires suivants sont leurs enfants : Louis et sa soeur Louise, épouse Verneau.

Louis Brossard (1819-1907), Parisien marié à Marie Rose Caroline Durand du Paisseau, qui se dit "possédé par le démon de la construction", entreprend de 1870 à 1905 environ de transformer la propriété en "château des Tourelles". Le bâtiment à usage de remise agricole et pressoir est converti en communs et Brossard le fait surélever vers 1882 "pour en faire le pendant de l'aile droite constituée par l'habitation". De 1885 à 1893, il y fait aménager un théâtre, à l'étage, récupérant les décors d'un théâtre parisien qu'il avait achetés pour ses nièces. Il explique ainsi sa démarche : "L'exécution commença en 1885. Les charpentiers avaient entassé poutres sur poutres et je me suis heurté à des difficultés extraordinaires pour transformer ce grenier en salle de spectacle. De ce fait, si la salle se présente fort bien, la scène laisse beaucoup à désirer et les dégagements destinés aux acteurs sont très insuffisants. Cela n'avait pas grande importance car, dans mon esprit, on ne jouerait peut-être qu'une seule fois sur ce théâtre, le jour de la pendaison de crémaillère, après l’achèvement définitif de mes travaux. Or je sentais fort bien que ces travaux ne seraient jamais terminés et par conséquent qu’il n’y aurait jamais de pendaison de crémaillère... Mais comme j’avais la passion de la décoration, je me suis plu à faire de ce théâtre une véritable bonbonnière, non pas pour y faire jouer un jour la comédie, mais pour le seul plaisir de donner libre cours à mes penchants artistiques." Il fait réaliser une loge centrale, tendue de satin blanc : "Le style de l’ensemble est assez étrange qui rappelle l’égyptien, le persan et le chinois." La salle est accessible par cinq portes de style Louis XV provenant de l'hôtel du marquis de Canisy à Paris (rue Lafayette), et le foyer du public réutilise les lambris peints d'un hôtel de la place des Victoires (vraisemblablement celui qui fut démoli en 1885 lors du percement de la rue Etienne Marcel) ; son plafond à caissons est dessiné par Brossard lui-même tandis que "les menuiseries destinées à recevoir les vitraux proviennent du Pavillon de l’Amérique du Sud, à l’Exposition Universelle de 1878." L'escalier est censé rappeler celui de l'Opéra de Paris, avec des marches en marbre blanc et des balustres et un décor de stuc. Dernier aménagement en 1893 : un luxueux "salon des actrices", "car ces charmantes personnes, gâtées par tout ce qui leur est prodigué à Paris, sont très exigeantes sur ce point". Finalement, le théâtre sera utilisé pour des représentations données par "quelques jeunes ménages des environs" de 1897 à la fin de 1900. Louis Brossard fait aménager contre ce bâtiment une écurie dotée de mangeoires en marbre issues "de la démolition du palais Bonne-Nouvelle à Paris" ("la magnificence de cette écurie, digne d'un palais, est telle qu'on n'a jamais rien vu qui puisse rivaliser avec elle"), et une "grosse tour dite le Donjon", avec remise et sellerie au rez-de-chaussée, salle des fêtes et fumoir au 1er étage, chambres à coucher au 2e (avec un escalier en bois à doubles révolutions rappelant celui du château de Chambord), toit terrasse surmonté d'un petit belvédère. Il précise que la terrasse "a été construite contre l'avis des architectes les plus compétents et notamment de M. Charles Garnier, constructeur de l'Opéra de Paris" car "beaucoup trop lourde pour les médiocres bâtiments qui la supportent" (si la terrasse est toujours là, le belvédère a été détruit).

Vendu par les descendants de Louis Brossard, le bâtiment se dégrade. Le nouveau propriétaire, M Jordanson, entreprend des rénovations à partir de 1976. Il fait refaire la charpente et la toiture de la partie centrale, entérinant la disparition du salon des actrices et du "passage des panoramas", et le foyer, dans lequel interviennent Michel de Haese en 1995 (date et nom inscrits près de la cheminée) et Caroll Roughol, qui signe le décor de la coupole du théâtre. Le pressoir signalé en 1980 a disparu depuis.

  • Remplois
    • Remploi provenant de Commune : Paris
  • Période(s)
    • Principale : 1ère moitié 17e siècle , daté par source , (incertitude)
    • Principale : 4e quart 19e siècle , daté par source, porte la date
  • Dates
    • 1890, porte la date
    • 1995, porte la date
  • Auteur(s)

Les communs sont composés de trois corps de bâtiment : au nord le chai surmonté du théâtre (et prolongé vers l'est par le foyer du public), au centre l'écurie et au sud le corps appelé "le Donjon" par Brossard, réunissant remise et sellerie au rez-de-chaussée, salle des fêtes au 1er étage et logement au 2e. Les murs sont en briques, laissées apparentes pour l'écurie côté cour et pour le foyer (restauration du 4e quart du 20e siècle), ou masquées par un enduit (avec imitation brique pour le mur nord du chai, et faux appareil de pierre de taille pour son mur ouest et ceux du corps sud). Le corps nord comporte un étage carré et un étage de comble, l'écurie est en rez-de-chaussée avec étage de comble à charpente apparente, le corps sud a deux étages carrés. Les deux premiers corps sont protégés chacun par un toit à longs pans (à croupes sur le théâtre) et des tuiles plates (émaillées pour le théâtre au nord) ou du zinc sur l'appentis du foyer, le troisième est coiffé d'une terrasse en béton. Aménagé à l'étage et desservi par un escalier tournant à retours, en marbre et stuc, le théâtre associe donc foyer du public (côté jardin) et salle à balcon unique, de plan en U, couverte d'une fausse coupole à ouverture zénithale. Le balcon, accueillant une loge centrale, ouvre sur la salle par des arcs d'inspiration orientale portés par 12 colonnettes. La salle des fêtes et l'ancien logement au sud sont desservis par des escalier tournants à retours en bois, la terrasse par un escalier vis à doubles révolutions.

  • Murs
    • brique enduit partiel
  • Toits
    tuile plate, béton en couverture, zinc en couverture, tuile plate plombifère
  • Étages
    1 étage carré, étage de comble
  • Couvrements
    • fausse coupole
    • charpente en bois apparente
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
    • pignon couvert
    • appentis
    • terrasse
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours en maçonnerie
    • escalier hors-oeuvre : escalier de type complexe en charpente
    • escalier dans-oeuvre : escalier en vis avec jour en charpente
  • État de conservation
    restauré, mauvais état
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Bibliographie

  • Hugonnet-Berger, Claudine ; Maulmin, Pascale de ; Sonnet, Bernard. Théâtres en Bourgogne : architectures du spectacle 1800-1940 / Service régional de l'Inventaire général, Direction régionale des Affaires culturelles de Bourgogne ; photogr. Michel Rosso ; carte Alain Morelière. Dijon : Direction régionale des Affaires culturelles, 1996. 28 p. : ill. ; 23 cm. (Itinéraires du Patrimoine ; 124).

    P.12-13, 16 : ill.
  • M., G. de. Extraits des mémoires de Monsieur Louis Brossard. 30 novembre 1975. 12 p. dactyl. : ill.; 30 cm.

  • Vignier, Françoise. Dictionnaire des châteaux de France : Bourgogne, Nivernais. Paris : Berger-Levrault, 1980.  337 p. : ill., 1 carte dépl. ; 31 cm.

    P. 107.

Annexes

  • Le théâtre de Chevigny-en-Valière, par Claudine Hugonnet-Berger, 1996.
  • La construction du théâtre et l'aménagement du bâtiment racontés par Louis Brossard dans ses mémoires.
Date(s) d'enquête : 1996; Date(s) de rédaction : 1996, 2021
(c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
Hugonnet-Berger Claudine
Hugonnet-Berger Claudine

Hugonnet-Berger, Claudine. Chercheur au service de l'Inventaire de Bourgogne.

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Poupard Laurent
Poupard Laurent

Poupard, Laurent. Chercheur au service Inventaire et Patrimoine de la Région Bourgogne-Franche-Comté, 1987-

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