Dossier d’aire d’étude IA00141458 | Réalisé par
Poupard Laurent (Contributeur)
Poupard Laurent

Poupard, Laurent. Chercheur au service Inventaire et Patrimoine de la Région Bourgogne-Franche-Comté, 1987-

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  • enquête thématique régionale, salles de spectacle de Bourgogne-Franche-Comté
les salles de spectacle de Bourgogne-Franche-Comté
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  • (c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Dossier non géolocalisé

Repères historiques

Les salles de spectacle pérennes, théâtres compris, sont peu nombreuses au 17e siècle mais la situation change au siècle suivant qui, de plus, voit se multiplier les théâtres à l’italienne dont le prototype est le Teatro Olimpico de Vicence, dessiné en 1580 par André Palladio. Celui qui, peut-être, est le premier en France à en reprendre toutes les caractéristiques est le théâtre du quartier Saint-Clair à Lyon, édifié de 1753 à 1756 sur des plans de Soufflot. Il initie une mode dont l’engouement se traduit par la construction d’une vingtaine d’édifices dans le troisième quart du 18e siècle (Besançon a le sien en 1784). Le mouvement se poursuit au siècle suivant, encore plus dynamique, et les villes de quelque importance veulent toutes leur théâtre (celui de Dijon date de 1828). Théâtre qui accueille divers genres de spectacles : tragédie, comédie, opéra, concert, ballet, etc. Le plus luxueux d’entre eux est le Palais Garnier (l’Opéra Garnier), inauguré le 5 janvier 1875 et modèle à imiter, tant pour son architecture que pour sa machinerie animant la scène. Par ailleurs, alors que le milieu du théâtre était jusque-là étroitement surveillé par le pouvoir, le Second Empire permet de nouveau à l’initiative privée de s’exprimer et le paysage culturel s’enrichit de nombreux cabarets et salles de concert. 

Au 20e siècle apparaît un nouveau type de salle de spectacle - le cinéma -, destiné à un divertissement plus populaire et qui connaît un engouement sans pareil. La première projection cinématographique publique payante a lieu le 28 décembre 1895 au Grand Café de Paris. Ses initiateurs sont les frères Auguste et Louis Lumière, nés (en 1862 et 1864) à Besançon où la première projection date du 6 mai 1896. Les projections ont tout d’abord lieu dans des cirques, cafés, brasseries, théâtres, etc. Lorsque de « curiosité scientifique », le cinéma devient un spectacle à part entière, des salles lui sont dédiées, soit réaffectées (le Pathé à Dijon en 1910 ou en 1913 le Plazza dans l’ancienne église des Dames de Battant à Besançon), soit bâties à cet effet (l’Alcazar à Besançon en 1910 ou le Darcy Palace à Dijon en 1914). Les constructions se multiplient jusque dans les bourgs les plus modestes, revêtant les aspects de la modernité (utilisation du béton, style Art déco, etc.). 

Si le cinéma poursuit son essor après la Deuxième Guerre mondiale, le théâtre « traditionnel » se révèle inadapté aux évolutions de sa discipline - alors qu’est recherchée une plus grande proximité entre les acteurs et le public - ou incompatible avec les nouveaux équipements techniques. D’où ce constat fait en 2015 : « il existe en France plus de 400 théâtres anciens, construits pour la plupart à la fin du XIXe siècle, dans l’élan soulevé par le Palais Garnier. Un peu moins d’une centaine sont en ordre de marche à cause de leur plateau étroit, de leur visibilité réduite et des aménagements techniques dépassés. » (Mazlouman, Mahtab. Les théâtres historiques. AS, n° 204, 9 décembre 2015. Document consultable en ligne : http://www.as-editions.com/2015/12/09/les-theatres-historiques/. Consultation : 28 janvier 2021). Plus généralement, les salles de spectacle doivent se réinventer dans la deuxième moitié du 20e siècle, confrontées aux changements de goûts, aux évolutions de la société et des technologies. Celles qui ne le peuvent pas végètent ou disparaissent. 

En 1946, la sous-directrice aux spectacles et à la musique à la direction générale des Arts et Lettres, Jeanne Laurent, crée dans le cadre de sa politique de « décentralisation dramatique » le réseau des Centres dramatiques nationaux (CDN) ; la même année voit la naissance du Centre national de la cinématographie. Pour sa part, André Malraux inaugure en 1959 le poste de ministre de la Culture et initie une politique d’intervention volontariste de l’Etat (qui sera relayée par les collectivités locales après les lois de décentralisation de 1982). Le ministère lance une commande publique d’envergure, qui se manifeste par la création des maisons de la Culture (Le Havre en 1961, Chalon-sur-Saône dix ans plus tard), des Centres d’action culturelle en 1968, des Centres chorégraphiques nationaux en 1984, des Zénith dans le domaine musical (Paris en 1984, Dijon en 2005), etc. 

La fin du siècle est marquée par un renouvellement des salles dédiées au spectacle vivant. Le nombre des cinémas a diminué en ville du fait de la concurrence de nouveaux médias (télévision puis ordinateur, smartphone, etc.), des évolutions techniques (changement des normes et passage au numérique notamment) et sociétales, mais en parallèle sont apparus les multiplexes, comptant plusieurs salles, souvent édifiés à l’extérieur des villes et dotés de vastes parkings. D’importants chantiers de rénovation des théâtres ou de construction de nouveaux lieux de spectacle sont aussi lancés, avec des programmes ambitieux pour des salles le plus souvent polyvalentes et accueillant indifféremment manifestations culturelles, sportives, politiques, etc.

L'inventaire des salles de spectacle en Bourgogne-Franche-Comté

L’étude concerne l’ensemble de la région Bourgogne-Franche-Comté (soit huit départements : Côte-d’Or, Doubs, Haute-Saône, Jura, Nièvre, Saône-et-Loire, Territoire de Belfort et Yonne), sur une période allant du 18e siècle à 1990 (le 18e siècle car il voit se généraliser la construction de salles permanentes dédiées au spectacle, 1990 afin de disposer du recul suffisant pour distinguer ce qui relève du patrimoine).

Utilisant le thésaurus de l'Inventaire, elle réunit sous l'appellation salles de spectacle auditorium, cinéma, opéra, salle de concert et théâtre. D'autres édifices sont exclus car situé hors des bornes chronologiques (l'amphithéâtre), représentant d'une catégorie d'établissements fixes disparue (le cirque), d'établissements dans lesquels le public est acteur du divertissement (établissement de danse, etc.) ou dont la polyvalence est telle que le spectacle culturel n’est qu’une activité parmi d’autres (palais des congrès par exemple). Ne seront pas non plus - à quelques exceptions près - retenues les salles des fêtes et les salles paroissiales, où ont pu avoir lieu représentations théâtrales ou projections de films mais qui, excessivement nombreuses, mériteraient une étude à elles seules. Les éléments de mobilier jugés intéressants (décors, mobilier, machines, etc.) pourront faire l'objet de dossiers.

Un premier inventaire sommaire réalisé en 2019, concernant essentiellement les théâtres et les cinémas, a permis de dénombrer à l’échelle de la région 466 salles (existantes ou disparues) : 325 cinémas, 91 théâtres et 50 salles multifonctionnelles. Le Doubs est le mieux loti (104 salles) devant la Saône-et-Loire (100), la Côte-d’Or (76), la Nièvre (50), le Jura (43), l’Yonne (40), la Haute-Saône (34) et le Territoire de Belfort (19). Le corpus semble donc large même si nombre de ces lieux ont certainement disparus et si une partie d'entre eux doit être écartée car n'entrant pas dans les limites fixées pour l'étude.

(Rédaction : janvier 2022)

Documents d'archives

  • Compagnie générale de Travaux d'éclairage et de Force (Anciens Ets Clémençon). Appareillages électriques pour théâtre [catalogue]. Paris : Office d'Editions d'Art, s.d. [années 1940-1950]. Plusieurs fascicules assemblés.

    Archives municipales, Auxerre : BN 701

Bibliographie

  • 1895-1995, 100 ans de cinéma en Bourgogne. Dijon : Conseil régional de Bourgogne, 1995. 168 p. : ill. ; 26 cm.

  • Annuaire du cinéma Bellefaye. Paris : Bellefaye, 1948-2015.

    Titres :

    Annuaire du cinéma. [1948]-1963.

    Annuaire du cinéma et télévision. 1964-1985

    Annuaire du cinéma, télévision, vidéo. 1986-2005.

    Annuaire du cinéma et de l'audiovisuel. 2006-2015.

    Numérique à partir de 2016.

    1950, 1960, 1970, 1980, 1990
  • Hugonnet-Berger, Claudine ; Maulmin, Pascale de ; Sonnet, Bernard. Théâtres en Bourgogne : architectures du spectacle 1800-1940 / Service régional de l'Inventaire général, Direction régionale des Affaires culturelles de Bourgogne ; photogr. Michel Rosso ; carte Alain Morelière. Dijon : Direction régionale des Affaires culturelles, 1996. 28 p. : ill. ; 23 cm. (Itinéraires du Patrimoine ; 124).

  • Lagrée, Michel. Religion et modernité : France, XIXe -XXe siècles. Rennes : PUR, 2003. 314 p. : cartes ; 24 cm.

    P. 191-202 : Les trois âges du cinéma de patronage.
  • Pougnaud, Pierre. Théâtres de châteaux - Théâtres de société. La Demeure historique, n° 53, 1979, p. 21-24 : ill.

  • Poupard, Laurent. Le Kursaal de Besançon. Doubs / collab. Fabien Dufoulon ; photogr. Jérôme Mongreville ; cartogr. Aline Thomas. Milan : Sylvana Editoriale, 2024. 47 p. : ill. ; 23 cm. (Parcours du Patrimoine ; 429).

  • Poupard, Laurent. Le théâtre d'Auxerre. Yonne / collab. Sylvain Aumard, Claire Clément, Laura Delauney, Yorick Eustache, Pierre Kechkéguian ; photogr. Pierre-Marie Barbe-Richaud ; cartogr. Aline Thomas. Lyon : Editions Lieux-Dits, 2024. 47 p. : ill. ; 23 cm. (Parcours du Patrimoine ; 430).

Documents figurés

  • [Besançon. Hôtel des bains. Scène de théâtre]. Dessin (plume, aquarelle), par Marcel Boutterin. Août 1888. 37,5 x 48,5 cm, sans échelle. Mention au crayon : « Union artistique août 1888 ».

    Bibliothèque municipale, Besançon : Yb.32
  • Papier à en-tête de la Maison Diosse, à Paris (119 rue Bolivar), 22 septembre 1898. (Archives départementales de la Nièvre : 11 J 51)

    Archives départementales de la Nièvre, Nevers : 11 J 51
  • Compagnie générale de Travaux d'Eclairage et de Force (Anciens Etablissements Clémançon). Projecteurs de lumière [catalogue]. Paris : impr. Haymann, s.d. [1re moitié 20e siècle]. [26] p. : ill. ; 22,5 x 27,5 cm.

    Archives municipales, Dole : 1 M 157
  • Beaune - Monument Jules Marey, membre de l'Institut, professeur au Collège de France (1830-1904). Carte postale, s.n. S.d. [1er quart 20e siècle, entre 1904 et 1917]. Ronco Aîné éd. à Beaune. Porte la date 2 avril 1917 (manuscrite) au verso.

    Archives municipales, Beaune : 4 Fi 14
  • Théâtre de verdure [de Beaune]. Projet d'aménagement paysager. Dessin (photocopie couleur), par la Direction Espaces Verts et Cadre de la Vie. 2002. 21 x 30 cm.

    - [Vue paysagère].

    - [Plan]. Par Roy, Direction des Espaces Verts et Cadre de la Vie. 29 janvier 2002. 1/200

    - [Vue paysagère].

    Archives municipales, Beaune : 261 W 189
  • [Projet de cirque]. Dessin (plume, lavis), par Marcel Camuzat. 13 août 1903.

    - Plan. 49,5 x 33,5 cm, 1/200.

    - Coupe. (lavis sépia). 33,5 x 32,5 cm, 1/200.

    - Elévation. (lavis sépia). 47 x 65 cm, 1/100.

    Inscription : « Rendu du 13 août 1903. M[arc]el Camuzat at[elier]. Godefroy »

    Archives départementales de la Nièvre, Nevers : 11 J 61/1

Documents multimédia

  • Centre national du cinéma et de l'image animée. Géolocalisation des cinémas actifs en France [en ligne]. Paris : CNC, 2019 [consultation : 3 juin 2021]. Accès internet : https://www.cnc.fr/cinema/etudes-et-rapports/statistiques/geolocalisation-des-cinemas-actifs-en-france

Annexes

  • Arrêté réglementant les établissements cinématographiques, par le maire d'Auxerre, 17 mai 1920.
Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
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Poupard, Laurent. Chercheur au service Inventaire et Patrimoine de la Région Bourgogne-Franche-Comté, 1987-

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