Ce bastion, situé sur le front nord du corps de place et en bordure de la Saône, s'appuie sur une tour médiévale (qui était en forme de fer à cheval) dite du Béchot ou Boichot. Un passage voûté, encore visible, laissait la petite Saône traverser l’édifice sur toute sa longueur avant de ressortir à l’intérieur de la ville. Quand d'Aspremont s’attelle à fortifier cet espace, il décide de conserver une partie de la tour et ce passage. Le bastion établi jouit d'une position stratégique car il contrôle la Saône et sa digue, ainsi qu'une prise d'eau pouvant alimenter une partie des fossés du front nord. En janvier 1679, Vauban reprend la direction du chantier suite au décès d'Aspremont. Pour le bastion du Béchaux, l’ingénieur demande "d’achever le terre plein et y faire les parapets comme d'ordinaire avec une batterie à la pointe, faire une autre grille à l’entrée d'eau dont les barreaux soient en fer avec un petit hangar au-dessus [...] faire une porte de sortie et bien la murer pour rester jamais ouverte que dans les extrêmes besoins". Au projet de son prédécesseur, Vauban ajoute une tenaille et un autre dehors, un redan, nommé "demy-contregarde du Bechau" et qui a pour fonction de contrôler les prises d'eaux.
En 1700, un plan de Robert montre que la "demy-contregrade" est construite tandis que la tenaille n'a pas été réalisée, bien que toujours proposée par Vauban. En 1789, profitant du ruisseau coulant sous l'édifice, un moulin est construit.
Vers 1820, l'ensemble des revêtements sont restaurés "en pierre de taille neuve". En 1825, la poterne, qui permet de communiquer avec les dehors, est reconstruite et revêtue en brique. En 1843, un batardeau est bâti au saillant du bastion, avec une dame dans laquelle le mécanisme d'une vanne est installé. C'est à cette même époque que la prise d'eau pour alimenter le canal de la Petite Saône est modifiée : un aqueduc souterrain conduit ce bras de la Saône jusqu’aux anciens abattoirs depuis une nouvelle entrée située au pied du bastion du Béchaux et à l'angle de la courtine. L'érection du batardeau entraine la destruction de la demi-contregarde, remplacée par un redan élevé en terre.
Le démantèlement de la place suite à son déclassement à la fin du 19e siècle a pour conséquence la suppression de la courtine reliant les bastions du Béchaux et celui dit "plat". Un port de commerce est aménagé dans un premier temps avant de laisser place à des immeubles construits dans les années 1960 (toujours présents). L'aménagement du port de plaisance n'a pas entrainé de modifications sur le bastion. La demi-contregarde en avant a probablement été supprimée à cette occasion. Aujourd'hui, un établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) occupe le terre-plein vide du bastion ainsi que l'ancien moulin.
Guillaume Gézolme, chercheur. Région Franche-Comté puis Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2014-