Selon les travaux historiques, cette construction postérieure au cadastre de 1835 serait à l'origine un relais de poste entre Besançon et les Vosges. Avant la première guerre mondiale (dans la seconde moitié du 19e siècle ?), elle est transformée en hôtel de voyageurs avec, peut-être, surélévation du bâtiment (d'après un renseignement oral de la propriétaire, les cloisons du premier étage sont plus larges que celles du second étage). L'hôtel a successivement pour enseigne Bizot (hôtelier et cultivateur à Rougemont), "Chez Séclier" puis hôtel de la Réunion (deux factures datées du 14 juillet 1934 et une autre du 15 juin 1937 signalent que l'hôtel de la Réunion est dirigé par Louis Vuillemot). Peu avant la seconde guerre mondiale, Edmond Mallier (1918-1987) et son épouse en deviennent gérants et installent un cinéma, "L'Espoir", dans un bâtiment en bois situé dans la cour (par la suite transformé en garage puis détruit). En 1951, ils quittent sa direction pour celle de l'hôtel de la Couronne. Le propriétaire des murs, M Saussard, gendre de M Bizot, vend alors la propriété à Albert Christen, fromager de Thann (Haut-Rhin), qui fait modifier la façade : les galeries en fonte soutenues par des piliers reliés par des arcs déprimés sont remplacées par de simples garde-corps métalliques réalisés par l'entreprise Ducroux. Christen collecte depuis 1946 le lait dans les environs d'Esprels, Chazelot, Marast, Cubri et Cubrial pour produire du beurre, de la crème et du munster, qu'il livre dans les villages autour de Rougemont. Il y installe une laiterie-fromagerie, dont il confie la gérance à son cousin Louis Breiner jusqu'en décembre 1966. La vogue des fromages à pâte molle se développant, Breiner part se former à l'école laitière de Mamirolle et à son retour, l'établissement produit des fromages qui ont successivement pour nom Le Gaulois, Le Celte, Mon Désir. Breiner est aidé par deux fromagers et deux aides-fromagers. En janvier 1967, Michel Christen, fils d'Albert Christen, prend la tête de l'entreprise. Il poursuit la fabrication de la crème, de l'emmenthal et du metton, dont le lait est fourni par les agriculteurs de Rougemont et des environs (il fait venir le munster de Thann). Le personnel comprend alors deux fromagers, deux aides-fromagers et un menuisier pour la fabrication des caisses de livraison. Les deux caves d'affinage se situent rue du Vieux Moulin (AL 161) et au 2 rue de la Glacière (AL 128). A la suite de la contamination d'une des deux caves d'affinage par une moisissure (appelée "poil de chat"), le fromager arrête la production de fromages à pâte molle et oriente son activité en direction de la vente de fromages, avec l'aide de son épouse (il installe son magasin dans l'ancienne salle de restaurant). A leur départ en retraite, en 1992, ils cèdent le fonds de commerce à M et Mme Laville, originaires de Dourmois, qui arrêtent à leur tour en 2002. L'immeuble est transformé en maison.