Dossier d’œuvre architecture IA25001719 | Réalisé par
Favereaux Raphaël (Contributeur)
Favereaux Raphaël

Raphaël Favereaux, chercheur. Région Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 1995-

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  • patrimoine industriel, patrimoine industriel du Doubs
usine d'horlogerie (usine de montres) Utinam, puis Bijasson, puis usine d’aiguilles pour l’horlogerie Universo, imprimerie Eblé, actuellement Centre Européen du Service Horloger
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Besançon industriel
  • Commune Besançon
  • Lieu-dit
  • Adresse 10, 14 rue des Villas
  • Cadastre 2017 CW 50
  • Précisions anciennement région de Franche-Comté
  • Dénominations
    usine d'horlogerie, imprimerie, usine de mécanique de précision
  • Précision dénomination
    usine d’aiguilles pour l’horlogerie, usine de montres
  • Parties constituantes non étudiées
    bureau, atelier de fabrication, magasin industriel

Auparavant subdivisée, l'actuelle parcelle n°50 (section CW) donne sur les numéros 10 et 14 de la rue des Villas. Elle a été occupée par deux entreprises horlogères, dont les parcelles ont été réunies après la Seconde Guerre mondiale par la société Universo.

Fabrique d'horlogerie Utinam

En 1905-1906, l’ingénieur centralien Georges Meyer fait bâtir une usine de montres de précision dite "Fabrique Utinam" à l’angle de la rue des Villas. Construite en béton armé et équipée de machines-outils actionnées à l’électricité, l’usine doit embaucher 250 personnes, mais cet objectif ne sera jamais atteint. L’origine de cette affaire remonte à l’année 1880, où Hector Lévy fonde son "fonds de commerce de montres en gros", 139 boulevard de Sébastopol à Paris. Son beau-frère Georges Meyer entre dans l'affaire en 1892. Une fabrique de montres Hector Lévy, située au 41 rue Battant à Besançon, apparaît dans une publicité parue en 1906 dans la revue mensuelle L’Horloger.

Inaugurée en mai 1907, l’usine de la rue des Villas fabrique des montres pour hommes et femmes ("joaillerie de haut luxe"), des chronomètres et des chronographes sous la marque Uti. Vers 1910, elle emploie 48 personnes, dont cinq de nationalité suisse. Une partie de la fabrication de la société Meyer est effectuée dans les ateliers de l'entreprise suisse Couleru-Meuri (58 rue Léopold Robert, La Chaux-de-Fonds). En 1912, la société présente des réveils utilisant le radium, permettant de rendre luminescentes les aiguilles et le cadran. L’activité s’arrête vraisemblablement à la veille de la Première Guerre mondiale. Le 23 décembre 1918 est fondée la SA des Ets Georges Meyer, dont le siège social est toujours établi 139 boulevard de Sébastopol à Paris, mais qui poursuit son activité horlogère - plutôt à vocation commerciale - à Besançon, dans une demeure située 14 ter rue des Villas (IA25001720). Les locaux de la fabrique d'horlogerie Utinam (ou une partie) sont peut-être utilisés par la société Emile Bijasson et Kessler à la fin de la guerre. Fondée en 1917 et attestée aux Villas bisontines, elle a pour objet "la fabrication d’obus et autres munitions de guerre". Elle disparaît assez rapidement à l'issue du conflit.

Fabrique d'horlogerie Clerc, Rentchler et Cie

Le 22 août 1911 est constituée la société Clerc, Rentchler et Cie, ayant pour objet la fabrication de boîtes de montres en or et en argent, précédemment installée 23 rue Gambetta à Besançon (IA25001709), et dont le siège social est fixé à "Besançon-Mouillère – Villas bisontines". Elle avait obtenu le 2 février 1911 le permis de construire de son usine, d'après les plans, datés du 15 novembre 1910, d'un architecte bisontin (non identifié). L'usine est bâtie entre la fabrique Utinam, au nord, et une parcelle au sud où sera construite, en 1912-1913, la demeure de M. Sauzay (14 ter rue des Villas, IA25001720). La fabrique Clerc, Rentchler et Cie emploie 69 ouvriers en 1912. Dans l'annuaire départemental de 1921-1922, la société, devenue Rentchler et Cie, est mentionnée au n°11 (?) de la rue des Villas bisontines, mais elle semble disparaître peu après.

Fabrique d’aiguilles pour l’horlogerie Universo

En 1923, la société suisse Universo (La Chaux-de-Fonds) acquiert les locaux de l'usine précédemment occupés par la société Jules Bijasson et Cie, situés au n°10 rue des Villas. Pourtant, d'après l’annuaire du Doubs (1921-1922), cette société, répertoriée comme Fabrique générale de boîtes d’argent, est localisée au n°12 de la rue. Dans le milieu de l’année 1924, la société Universo ouvre dans ce bâtiment un atelier de fabrication d’aiguilles pour l’horlogerie. En novembre 1945, la fabrique d’aiguilles, qui emploie alors 33 personnes, est endommagée par un incendie. Son directeur-administrateur, Laurent Dietrich, demande l’autorisation de "faire réfectionner le bâtiment à usage d’atelier (charpente, couverture, planchers, plafonds et cloisons)". Datés d’octobre 1946, les plans "d’aménagement après incendie" sont signés par l’architecte bisontin Léon Tock.

Vers 1956, l’usine Universo est complètement reconstruite et agrandie, d'après des plans datés de mai 1956 et signés de l'architecte bisontin Armand Jaboeuf. La société a acquis et annexé l'ancienne usine Utinam, puisque la fabrique d'aiguilles s’étend désormais de l’angle de la rue des Villas au n°14 bis (soit l'actuelle parcelle n°50). Les vastes locaux vont abriter plusieurs sociétés :

-dès 1934, et jusqu'au départ en 1973, les locaux situés sur la partie arrière de l'ancienne usine Clerc, Rentchler sont occupés par l'imprimerie Eblé. Fondée en 1931 au n°19 rue de Villas (IA25001721), la SARL Imprimerie Franc-Comtoise avait été reprise peu après par Albert Eblé, directeur d’imprimerie à Champigneulles (54).

-en 1966, la société Mécadec, qui fait partie du groupe Universo, déclare l’ouverture d’un atelier de décolletage employant 5 ouvriers dans les locaux de la société.

-en 1949, la manufacture d’horlogerie Stéphane Boullier et Cie (marque Vixa), installée n°25 rue Gambetta (usine aujourd’hui disparue) transfère son activité au n°14 de la rue des Villas, jouxtant au nord l’atelier Universo.

-entre 1951 et 1954, la société Cryla s'installe dans une partie des locaux au n°14. Fondée par Gérard Langel et spécialisée dans la fabrication des pièces et composants pour la micro-mécanique, elle déménage ensuite dans une usine nouvellement construite au n°51 rue Fontaine-Ecu (aujourd’hui détruite). En 1955, un atelier d’horlogerie de la société Kelton, fondée par la firme américaine Timex, s’installe dans les locaux 14 rue des Villas. Un ouvrier assemble des montres avec des pièces détachées en provenance d’une usine écossaise (Dundee) et des ébauches du Haut-Doubs. Cet atelier est transféré en 1956 rue de l’Avenir avant de déménager en 1961 dans une usine construite 1 rue Denis Papin.

En 1956, Universo emploie 115 personnes et fabrique des aiguilles pour montres, horloges et tableaux de bord. Elle utilise 59 presses, 12 tours outilleurs, deux perceuses, deux appareils projecteurs, huit balanciers, sept fraiseuses, un touret, une planeuse, une coupeuse à bande, une coupeuse manuelle, deux affûteurs, une machine à biller, une machine à limer, un four de trempe, une mécanique pour tonneaux de polissage, deux cabines de vernissage, un appareil à dégraisser et une enrouleuse de feuillard. Elle effectue des travaux de perçage, découpage, frappe, polissage, nickelage, dorage ou vernissage. Dans les années 1970, une partie du bâtiment est louée à une société d’exportation de pièces de montres. La société Technidis, spécialisée dans l’assemblage de pièces pour l’optique et la lunetterie, lui succède en 1981. En 2000, l’usine emploie 75 personnes et fabrique des aiguilles pour l’horlogerie (montres, pendules) et appareils de mesure (compteurs, manomètres). Cette même année, Technidis est repris par le groupe Swatch, qui poursuit la production jusqu’en 2010. En 2011, l’usine devient le Centre Européen du Service Horloger (CESH), qui effectue le service après-vente pour la marque Tissot (propriété de Swatch). L’atelier emploie aujourd’hui une quarantaine de personnes.

Construit en parpaing de béton, béton armé et enduit, le bâtiment comprend un rez-de-chaussée surélevé (pour la partie basse de la rue) et deux étages carrés. Il est couvert de toits à longs pans, croupe et tuile mécanique. Les ateliers sur cour (ancienne imprimerie), en rez-de-chaussée, sont couverts d'appentis en tôle.

  • Murs
    • béton parpaing de béton enduit
    • béton béton armé enduit
  • Toits
    tuile mécanique, fer en couverture
  • Étages
    rez-de-chaussée surélevé, 2 étages carrés, en rez-de-chaussée
  • Couvrements
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
    • appentis
  • Énergies
    • énergie électrique achetée
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • Archives communales, Besançon, 2 F 11 Commerce et industrie (1802-1939)

    Archives municipales, Besançon : 2 F 11
    Universo SA (1923)
  • 50 J 21 Syndicat de fabricants d'horlogerie de Besançon. Correspondance avec les fabricants, 1948-1962

    Archives départementales du Doubs, Besançon : 50 J 21
    SARL Boullier Stéphane et Cie (1948-1956)
  • Archives départementales du Doubs, Besançon, M 3085 Travail et main d’œuvre (1912)

    Archives départementales du Doubs, Besançon : M 3085
  • 3 P 57 Cadastre de la commune de Besançon, 1835-1976

    - 3 P 845/1-9 : Atlas parcellaire (1833-1834)

    - 3 P 57/1-3 : Registre des états de sections (1835)

    - 3 P 57/4-18 : Matrice cadastrale des propriétés bâties et non bâties (1835-1914)

    - 3 P 57/32-41 : Matrice cadastrale des propriétés bâties (1882-1910)

    - 3 P 57/76-116 : Matrice cadastrale des propriétés bâties (1911-1965)

    Archives départementales du Doubs, Besançon : 3 P 57
  • 1 T 19 Autorisations d'occupation du sol (permis de construire, etc.) (1946)

    Archives municipales, Besançon : 1 T 19
  • Archives départementales du Doubs, Besançon, 4 U 5/229 Justice de paix de Besançon Nord. Actes de société (1911-1930)

    Archives départementales du Doubs, Besançon : 4 U 5/229
    Société Bijasson et Kenler (1917)
  • Archives départementales du Doubs, Besançon, 6 U/277 Dossiers de faillites et liquidations judiciaires (1934-1945)

    Archives départementales du Doubs, Besançon : 6 U/277
    Imprimerie Franc-comtoise (1934)
  • Archives départementales du Doubs, Besançon : 6 U/483 Tribunal de commerce. Actes de société (1872-1937)

    Archives départementales du Doubs, Besançon : 6 U/483
  • Archives départementales du Doubs, Besançon, 6 U/485 Tribunal de commerce. Actes de société (1872-1939)

    Archives départementales du Doubs, Besançon : 6 U/485
    Clerc, Rentschler, Bijasson et Cie (1880-1919)
  • Archives départementales du Doubs, Besançon : 56W12 Services chargés de l’évaluation et du règlement des dommages de guerre (1944-1946)

    Archives départementales du Doubs, Besançon : 56 W 12
  • Archives départementales du Doubs, Besançon, 170 W 6 Établissements classés (1952-1964)

    Archives départementales du Doubs, Besançon : 170 W 6
    Ets Cryla (1954)
  • Archives départementales du Doubs, Besançon, 312 W 25 Établissements classés (1964-1967)

    Archives départementales du Doubs, Besançon : 312 W 25
    Mecadec (1966)
  • Archives départementales du Doubs, Besançon, 312 W 27 Etablissements classés (1964-1966)

    Archives départementales du Doubs, Besançon : 312 W 27
    Universo
  • Archives communales, Besançon, 659 W 8 Les sociétés industrielles à Besançon (décembre 1975)

    Archives municipales, Besançon : 659 W 8
  • Archives communales, Besançon : 958 W 72. Casier sanitaire. Immeuble rue des Villas bisontines (1911-1912)

    Archives municipales, Besançon : 958 W 72
  • Annuaire Paris-Bijoux, publiant dans un seul volume toutes les adresses de Paris et de la province (Suisse en partie). - Paris : Paris Bijoux.

    1957

Bibliographie

  • Indicateur Fournier du Doubs 1926.

  • Gagnieux Alain. Étrangers de chez nous : l'immigration dans le Doubs et à Colombier-Fontaine, 1850-1950. - [Besançon] : Service éducatif des Archives départementales du Doubs : Conseil général du Doubs, 2008, 167 p.

    p. 150
  • La France horlogère, journal bi-mensuel.

    n°416, novembre 1980, p. 205-206
  • L'Horloger, n°11, mars 1906, p. 429.

  • L’horloger, n°16, août 1906, p. 152, 215.

Date(s) d'enquête : 2017; Date(s) de rédaction : 2017
(c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
Favereaux Raphaël
Favereaux Raphaël

Raphaël Favereaux, chercheur. Région Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 1995-

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