Dossier d’œuvre architecture IA39002096 | Réalisé par
Favereaux Raphaël (Contributeur)
Favereaux Raphaël

Raphaël Favereaux, chercheur. Région Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 1995-

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  • inventaire topographique
demeure, puis couvent de carmélites
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton communauté de communes Arbois Poligny Salins-les-Bains
  • Commune Salins-les-Bains
  • Adresse 79 rue de la République
  • Cadastre 1831 J 988-992, 1006  ; 2023 AN 129, 130, 181, 460, 478
  • Précisions
  • Dénominations
    demeure, couvent
  • Genre
    de carmélites
  • Parties constituantes non étudiées
    cour, terrasse en terre-plein

La demeure figurait à la fin du 18e siècle au n°327 de l’ancienne numérotation (rue du Bourg-Dessus), et s’étendait alors aux actuels n°79 à 83. Les éléments sculptés de la façade antérieure font penser, pour les trois premiers niveaux, à une construction du 12e ou du 13e siècle. Les troisièmes et quatrièmes étages ont vraisemblablement été ajoutés au 15e ou 16e siècle. Les modifications de baies sur la façade postérieure témoignent de remaniements successifs jusqu’à la fin du 18e siècle. Propriété en 1501 de Thomas de Plasne, chancelier de Maximilien, la demeure échoit à Charles de Poupet, seigneur de La Chaux.

Elle aurait été occupée en 1578 par l’hôtel du Chapeau Rouge, puis serait passée entre les mains des familles Cécile et Duprel avant d’être acquise en 1632 par l’ordre des carmélites. Il s’agit du troisième couvent de l’ordre fondé dans le Comté de Bourgogne, après Dole en 1614 et Besançon en 1616. L’établissement salinois est doté par Charles de Montfort, chevalier au Parlement de Dole, et sa femme Louise, née de Bauffremont. La communauté s’établit, vraisemblablement en 1627 et pour quelques années, dans l’ancien hospice appartenant à l’abbaye de Goailles, dans le bourg-Dessous. Si le magistrat de la ville est favorable à cette installation, l’archevêque de Besançon s’y oppose et c’est le Saint-Siège qui accorde un bref papal (autorisation) en 1627 pour l’implantation monastique. Les carmélites s'installent en mai 1633 dans leur nouvelle maison du Bourg-Dessus, même si la translation officielle de la communauté n’a lieu qu’en mai de l’année suivante. Elle entreprend d’importants travaux d’aménagement du lieu, notamment la construction de logements pour les cellules des moniales (à l’est) et d’une église (au nord). En 1664, la communauté signale la déclaration d’une importante dépense (14 000 livres) pour la construction de logements (elle accueillera 21 sœurs professes en 1689). L’inventaire des biens nationaux dressé en 1790 précise que, outre la " maison conventuelle avec le jardin et le verger y attenant ", la communauté religieuse possède une maison voisine amodiée au sieur Ventrillon et une petite boutique près de l’église, amodiée à Gaillemain, tailleur, ainsi que deux jardins aux faubourgs, un domaine à Cernans (82 journaux de terre) et 151 ouvrées de vignes. Le total des intérêts des 60 rentes et des propriétés rapporte 4505 livres. En outre, la cave renferme cinq tonneaux de 25 muids, un vaisseau de 16 muids et 16 tonneaux de deux à dix muids ; l’écurie abrite deux vaches et une génisse. Le couvent possède 22 cellules habitables et compte 20 religieuses.

Les bâtiments sont vendus le 4 janvier 1793 à des particuliers. L’église est rasée et laisse la place à un immeuble (actuel n°77). En février 1830, Jean-Claude Baudin demande l'autorisation d’établir " dans la cour supérieure de sa maison sise Grand rue et dite les Carmélites une scierie et une huilerie à un seul tournant qui aurait pour moteur le trop plein des eaux de la fontaine Saint-Anatoile ". Après l’opposition des voisins les plus proches, Baudin limite sa demande à " une petite scierie pour bois de placage " mais il ne semble pas que le projet ait été mis à exécution. En juillet 1848, M. Billon, " tenancier de bains publics ", est autorisé à prélever la nuit les eaux des fontaines Saint-Martin et du Quai, et celles de " la source descendant de Saint-Anatoile ". Exploité par sa veuve en 1868, l’établissement est autorisé à prélever la nuit l’eau de la fontaine du Lion. En 1873, Irénée Auguste Devaux, tanneur de son état, achète la maison sur rue lors de la succession Billon et y implante un commerce de cuirs. Vers 1900, Ernest Boistot, gendre de Devaux, transforme le magasin en " Droguerie Produits Chimiques Cuirs et Crepins " et acquiert la maison sur cour. Le magasin de droguerie a fermé ses portes dans les années 1980.

  • Remplois
    • Remploi provenant de Commune : Salins-les-Bains Adresse : 77 rue de la République
    • Oeuvre déplacée
  • Période(s)
    • Principale : 13e siècle, 15e siècle , daté par source , (incertitude)
    • Principale : milieu 17e siècle , daté par source

La maison sur rue

Construite en moellon et pierre de taille calcaire, elle est couverte d’un toit à longs pans et à croupe. Les quatre étages étaient desservis par un escalier en vis situé à l’angle nord-ouest, via une porte couverte d’un arc en plein-cintre ouverte sur la façade antérieure. Les deux premiers étages sont ajourés par des deux fenêtres rectangulaires et deux étroites lancettes, de hauteur inégale (premier niveau) et par quatre fenêtres couvertes en arc brisé, cantonnées de colonnettes engagées, et dont les chapiteaux et les bases ont été bûchés (second niveau). Les arcs brisés sont rehaussés d’une moulure torique, dont les retombées entre chaque fenêtre sont ornées de têtes sculptées (humain, lapin (?) et cerf). Ces ouvertures sont surmontées de cinq consoles, laissant deviner un élément de couverture aujourd’hui disparu. Les deux étages supérieurs, ajoutés postérieurement, sont percés de baies rectangulaires basses. Elles sont flanquées de colonnettes engagées, à base prismatique, qui semblent être des remplois (absence de chapiteau). Outre la modénature de ces colonnes (leur profil est caractéristique de la fin du Moyen-Âge), l’escalier en vis atteste l’ajout des deux derniers étages. Les parties inférieures des marches présentent un profil à angle droit pour les deux premiers étages, alors que les parties inférieures des marches sont taillées en oblique dans les étages supérieurs. Une bretèche (ou latrine ?) et une construction saillante en encorbellement flanquent le mur nord. La façade postérieure a été fortement remaniée, notamment les ouvertures. Un élément de décor (niche surmontée d’un fronton triangulaire, lui aussi modifié), provenant de l’ancienne chapelle des carmélites, a été inséré dans la maçonnerie du premier étage. Situé à l’angle sud de cette façade, un escalier hors-œuvre, à charpente en bois, desservait également les étages de la maison.

 

Le couvent de carmélites

Il se compose de trois ailes, chacune à deux étages, formant un U, et dont la cour est fermée à l’ouest par la maison médiévale. Les ailes latérales (nord et sud) sont ouvertes au rez-de-chaussée par de grandes baies en plein-cintre formant des espaces de travail et de stockage. L’aile sud a été supprimée mais les fenêtres murées sont encore visibles. L’aile nord est couverte d’un appentis. Le corps de bâtiment central, à deux étages carrés et couvert d’un toit à longs pans, abrite l’escalier hors-œuvre qui desservait le couvent. Cette aile est adossée à la pente, son premier étage débouchant sur une cour donnant accès aux jardins. Dans le mur de la terrasse maçonné prend place un vivier alimenté par une source, et dont le captage est voûté en berceau. Dans ce même mur, un linteau couvrant une ouverture, décoré d’une niche, portait une inscription, aujourd’hui illisible. Seule la date figurant dans un cartouche peut être déchiffrée : 1782. C'est à l'étage de ce bâtiment qu'étaient installés l'établissement de bain Billon. A l’intersection de l’aile nord et de la maison médiévale prend place une tour polygonale abritant un escalier en vis, couverte d'un toit polygonal. Sa porte est surmontée d’un blason sculpté (non identifié). Toutes les maçonneries sont en moellon et pierre de taille calcaire, à l’exception de deux faces de cette tour qui sont couvertes d’un enduit.

  • Murs
    • calcaire moellon enduit partiel
    • calcaire pierre de taille
  • Toits
    tuile plate
  • Étages
    4 étages carrés
  • Couvrements
    • voûte en berceau
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans demi-croupe
    • appentis
    • toit polygonal croupe
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier en vis sans jour en maçonnerie
    • escalier hors-oeuvre : escalier tournant à retours sans jour en maçonnerie
    • escalier hors-oeuvre : escalier tournant à retours sans jour en charpente
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    maison, couvent
  • Protections
    inscrit MH partiellement, 1989/07/07
  • Précisions sur la protection

    Les façades et les deux escaliers en vis du bâtiment sur rue 15e siècle, sauf travée 19e siècle ; ensemble des façades sur cours et sur jardin des bâtiments 17e siècle, y compris le mur Sud de la cour principale ; ensemble des toitures (cad. AP 130 à 132) : inscription par arrêté du 7 juillet 1989.

Documents d'archives

  • Archives départementales du Jura. Cadastre de la commune de Salins-les-Bains. [1831-1954].

    - Atlas parcellaire (1831) : 3 P plan 6599 (tableau d'assemblage), 3 P plan 5566-5610 (feuilles)

    - État de section (1832) : 3 P 3604

    - Matrices cadastrales des propriétés bâties et non bâties (à partir de 1832) : 3 P 3605 (récapitulatif), 3 P 3606 (folio 1 à 600), 3 P 3607 (folio 601 à 1338), 3 P 3608 (folio 1341 à 2019), 3 P 3609 (folio 2020-2679)

    - Matrices cadastrales des propriétés bâties (à partir de 1882) : 3 P 3610, 3 P 3611

    - Matrices cadastrales des propriétés bâties (à partir de 1911) : 3 P 3912 (folio 1 à 920), 3 P 3913 (folio 921 à 1285)

    - Matrices cadastrales des propriétés non bâties (fin du 19e siècle-milieu du 20e siècle) : 3 P 3614-3622

    Archives départementales du Jura, Montmorot
  • Archives départementales du Jura, Montmorot : 47 H. Couvent des Carmélites de Salins (1578-1790).

    Archives départementales du Jura, Montmorot : 47 H 1-34
  • Fonds ancien, Bibliothèque municipale, Salins-les-Bains. Liste d'acquisition des Biens nationaux (1790)

    Fonds ancien, Bibliothèque municipale, Salins-les-Bains : Ms 396
  • Archives départementales du Jura, Montmorot. Vente des Biens nationaux (1790-1800) : 1 Qp 81.

    Archives départementales du Jura, Montmorot : 1 Qp 81
    Les carmélites
  • Fonds ancien, Salins-les-Bains. Ms 414. Histoire chronologique de Salins, d’après Babey, l’abbé Robin, complétée par le capitaine Pinault, s.d. [début 20e siècle], 568 f.

    Fonds ancien, Bibliothèque municipale, Salins-les-Bains : Ms 414
    p. 97, 174-175, 179, 191, 194, 202.
  • Fonds ancien, Bibliothèque municipale, Salins-les-Bains. Ms 388 : Les églises de Salins.

    Fonds ancien, Bibliothèque municipale, Salins-les-Bains : Ms 388
    f. 199-200
  • Fonds ancien, Bibliothèque municipale, Salins-les-Bains : Ms 387/2. Rues et maisons de Salins, s.d.

    Fonds ancien, Bibliothèque municipale, Salins-les-Bains : Ms 387/2
    f. 30-31
  • Archives municipales, Salins-les-Bains. Registres des délibérations du conseil municipal 18-61 (1790-1982)

    Archives municipales, Salins-les-Bains : ACS 18-61
    33 (9/02/1830), 36 (20/07/1848) et 41 (16/06/1868)
  • Archives municipales, Salins-les-Bains. Registres des arrêtés du maire (71-84) (1806-1981)

    Archives municipales, Salins-les-Bains : ACS 71-84
    76 (20/07/1848 et 7/07/1859)

Bibliographie

  • Rousset, Alphonse. Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes de la Franche-Comté et des hameaux qui en dépendent : département du Jura. Tome VI : [Salins-Saint-Ylie]. - Paris : F.E.R.N., Guénégaud, 1969. 594 p. ; 20 cm. Fac-similé de l'édition de Besançon : Bintot, 1858.

    p. 528
  • Coindre, Gaston. Le vieux Salins, promenades et causeries. Besançon : Impr. de Jacquin, 1904

    p. 149-150
  • Direction régionale des affaires culturelles de Franche-Comté, Besançon. Dossier de protection Monuments historiques : maison 79 rue de la République (1979-1989).

    Direction régionale des affaires culturelles de Franche-Comté, Besançon
  • Michel, Valérie. Les carmélites salinoises aux XVIIe et XVIIIe siècles, dans Société d’émulation du Jura, travaux 2002, Edition 2003, p. 209-223.

Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2025
(c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
Favereaux Raphaël
Favereaux Raphaël

Raphaël Favereaux, chercheur. Région Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 1995-

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