Dossier d’œuvre architecture IA39002162 | Réalisé par
Favereaux Raphaël (Contributeur)
Favereaux Raphaël

Raphaël Favereaux, chercheur. Région Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 1995-

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  • inventaire topographique
noviciat de jésuites, puis collège, puis école
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton communauté de communes Arbois Poligny Salins-les-Bains
  • Commune Salins-les-Bains
  • Adresse place Émile Zola
  • Cadastre 1831 J 822, 823  ; 2025 AP 316, 438, 439
  • Précisions
  • Dénominations
    noviciat, collège, école
  • Genre
    de clercs réguliers de la compagnie de Jésus
  • Parties constituantes non étudiées
    chapelle

Une implantation difficile

En 1592, la Compagnie de Jésus demande l’autorisation de fonder un collège de jésuites à Salins. Le magistrat s’y oppose, de même qu’il refuse de leur confier en 1610 la direction du collège de la ville. En 1619 de nouveau, les pères jésuites postulent face aux oratoriens pour obtenir la charge du collège, en vain. Par testament du 9 mars 1621, le seigneur d’Aresches institue pour héritiers universels les pères jésuites de Dole, à charge pour eux d’implanter une maison de mission de leur ordre à Salins. Ce legs incite le magistrat de la ville à autoriser en 1623 leur installation, d’autant que Billard de Raze, reçu " habitant de Salins " et anobli en 1618, lègue aux jésuites la maison dite de la Charité et une dotation en nature de 4000 florins. Pourvu de dépendances, cet ancien hospice de l'abbaye cistercienne de Neuvelle-lès-la-Charité est situé au centre de la ville, au nord de l’église Saint-Jean. Les jésuites y implantent peu après un noviciat, une " maison de probation pour les profès de 3e année de la congrégation ", qui ne sera jamais élevée au rang de collège.

En 1661, les pères Jésuites, prétextant que leur église est trop petite et mal appropriée, demandent l’autorisation d’occuper la chapelle Notre-Dame-Libératrice, ce que la ville leur refuse. En 1663, le père Witt, jésuite et fondateur d’une importante confrérie d’artisans de la ville, formule le vœu d’implanter un hôpital dans la maison du Temple, appartenant à l’ordre de Malte, requête également repoussée.

 Un nouveau noviciat

En 1683, le magistrat de la ville cède aux jésuites une petite ruelle conduisant à la tour Dorée afin qu'ils puissent construire une nouvelle chapelle, qui aurait été achevée à l’été 1691. C’est également à la fin du 17e siècle que sont construits les bâtiments du nouveau noviciat, au sud du nouveau sanctuaire, vraisemblablement achevés en 1701. Le dénombrement des habitants de Salins de 1687 atteste la présence de cinq pères jésuites. Un arrêt du conseil d’Etat du 27 août 1700 autorise les jésuites à démolir la partie de l’ancienne enceinte longeant leurs jardins et vignes, à condition qu’ils reconstruisent " à leurs frais un nouveau mur de clôture suivant les plans et profils de Vauban et les alignements qui leur seraient donnés par les ingénieurs ". Joignant Châtel-Guyon à l’église Saint-Michel, le tracé prévoit un bastion avec fossé, justement renommé bastion des jésuites. Les travaux se poursuivront jusqu’en 1707.

Expulsion des jésuites : un nouveau collège pour la ville

Un édit royal de novembre 1764 prononce l’expulsion de la communauté jésuite. En 1766, l’assemblée de la ville vote à l’unanimité l’acquisition de la maison des jésuites pour y établir le collège tenu par les oratoriens, dont les bâtiments sont en mauvais état. Début 1767, le noviciat de jésuites est acquis par la ville pour la somme de 36 000 livres, et les bâtiments du collège cédés à Richard Chaudouet, officier du présidial, pour 15 000 livres. Les Frères de l’oratoire dirigent le collège jusqu’à la Révolution française. Dressé en 1790, l’inventaire des biens mentionne l'église, comprenant deux chapelles dédiées à Saint François Xavier et Saint-Nicolas, la sacristie, le réfectoire, la cuisine, les meubles des chambres (10 lits et 50 chaises) et une bibliothèque (1258 volumes).

L’enseignement secondaire

Le collège fonctionne pour l’année 1790 avec une dotation de 1200 livres, et emploie un supérieur, un préfet des études et professeur de philosophie, un professeur de rhétorique et d’humanité, et deux régents pour les classes de 3e-4e et 5e-6e. Arrêté peu après, l’enseignement y reprend en 1797 avec six enseignants. Le décret napoléonien du 13 mai 1803 affecte au collège les mêmes locaux. L’établissement accueille 110 élèves externes en 1803 et 157 élèves en 1810. Une chaire de philosophie est instituée en 1821. En 1823, la toiture de la chapelle subit quelques travaux (" réparation de la couverture des voûtes derrière le cul de lampe "). Cette chapelle est occupée dans le premier quart du 19e siècle par une salle de spectacle, avant d’être rendue (avant 1831) à sa destination première. Elle sert ensuite pour les besoins de l’école Normale, implantée à Salins en 1835. Sa chaire à prêcher est vendue en 1848. En 1843, la ville vote un budget de 11 920 francs pour la dépense annuelle du collège. A partir du 1er janvier 1846, la ville décide d’annexer au collège son école primaire supérieure, qui était auparavant confiée à la société des Frères de Marie. Divers devis sont fournis par l’architecte Perrard en 1845 et 1847 pour des projets d’agrandissement et d’appropriation dans le collège. Après le départ de l’école Normale en 1850, l’ancienne chapelle est convertie (en 1855 ?) en musée, et un étage est construit (niveau des hautes baies en plein-cintre) pour accueillir la bibliothèque municipale et les archives. En 1873, le collège compte 89 collégiens (10 enseignants en 1880), ainsi que 55 élèves du cours primaire. Le collège de garçons de Salins est baptisé "Collège Considerant" en 1930.

La reconversion

Des salles de classe sont aménagées après la Seconde Guerre à l’étage de la chapelle. Le collège est transféré en 1966 dans un nouveau bâtiment construit au nord de la ville, et les locaux restent une dizaine d’années sans affectation. En 1977, l’architecte Michel Raclot, qui avait travaillé à la réhabilitation du couvent de la Visitation, présente un avant-projet pour la conversion de l’ancien collège. Le programme, exécuté au tout début des années 1980, prévoit l’installation d’une école primaire et maternelle (école Voltaire), comprenant une construction ex nihilo entre l’aile sud et l’ancien couvent des clarisses, avec cantine et logement de fonction, et l’aménagement de logements sociaux dans le bâtiment du noviciat. Une loge (conciergerie ?) située contre le mur sud de la chapelle a été suprimée à cette période. La chapelle a servi de local associatif (salle de gymnastique) et est aujourd’hui occupée par une compagnie de théâtre de rue. Son étage de soubassement a également servi aux activités associatives dans les années 1980.

  • Période(s)
    • Principale : 15e siècle , daté par source, daté par travaux historiques
    • Principale : 16e siècle , daté par source, daté par travaux historiques

La maison

De plan massé, construite en moellon de calcaire, la maison mesure 16 mètres de profondeur pour 14 mètres de largeur. L’élévation du mur pignon ouest comprend un rez-de-chaussée (anciennes écuries), deux étages carrés et un étage de comble. Les ouvertures du rez-de-chaussée comprennent une fenêtre protégée d’une grille, une porte couverte d’un arc en plein cintre (écurie), une porte piétonne à coussinets. Tous les angles de ces baies sont chanfreinés. Une niche a été aménagée en hauteur, à droite de la façade. Couverte d’un arc en accolade, elle est ornée de piédroits à base prismatique, d’un blason portant la croix de l’ordre de Saint Jean de Jérusalem (en bas au centre) et d’un blason non identifié (en haut à gauche).

 

La chapelle

L’état sanitaire de la chapelle n’a pas permis d’y entrer. Orientée et adossée à la pente, elle est construite en moellon de calcaire et couverte d’un toit à longs pans en tuile mécanique. Elle comprend deux travées couvertes de voûtes d’ogives reposant sur des colonnes polygonales. Le profil des croisées, ainsi que celles des arcs doubleaux et formerets, sont chanfreinés. Si le profil des ogives peut être antérieur, les bases et sommets des colonnes et piliers, ainsi que les moulures ne semblent pas antérieures au 14e siècle. Un lavabo couronné d’un arc à intrados trilobé est aménagé dans le mur. Au milieu du chœur se trouvait l’entrée du caveau des commandeurs (accès non visible). Placée sur le mur sud, la porte principale est couverte d’un arc brisé à moulures continues.

  • Murs
    • calcaire moellon enduit
  • Toits
    tuile plate
  • Étages
    2 étages carrés, étage de comble
  • Couvrements
    • voûte d'ogives
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier en vis sans jour en maçonnerie
  • Typologies
  • État de conservation
    mauvais état
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune

Documents d'archives

  • Archives départementales du Jura. Cadastre de la commune de Salins-les-Bains. [1831-1954].

    - Atlas parcellaire (1831) : 3 P plan 6599 (tableau d'assemblage), 3 P plan 5566-5610 (feuilles)

    - État de section (1832) : 3 P 3604

    - Matrices cadastrales des propriétés bâties et non bâties (à partir de 1832) : 3 P 3605 (récapitulatif), 3 P 3606 (folio 1 à 600), 3 P 3607 (folio 601 à 1338), 3 P 3608 (folio 1341 à 2019), 3 P 3609 (folio 2020-2679)

    - Matrices cadastrales des propriétés bâties (à partir de 1882) : 3 P 3610, 3 P 3611

    - Matrices cadastrales des propriétés bâties (à partir de 1911) : 3 P 3912 (folio 1 à 920), 3 P 3913 (folio 921 à 1285)

    - Matrices cadastrales des propriétés non bâties (fin du 19e siècle-milieu du 20e siècle) : 3 P 3614-3622

    Archives départementales du Jura, Montmorot
  • Archives départementales du Doubs, Besançon : 9 D 1-54. Collèges et maisons de Jésuites (1436-1767).

    Archives départementales du Doubs, Besançon : 9 D 1-54
  • Archives départementales du Jura, Montmorot : D 11-23. Collège de l'Oratoire de Salins (1623-1725)

    Archives départementales du Jura, Montmorot : D 11-23
  • Archives municipales, Salins-les-Bains : 1343-1345. Collège Considerant. Ancien établissement (1828-1961)

    Archives municipales, Salins-les-Bains : 1343-1345
  • Archives départementales du Jura, Montmorot : 1 Op 2462 bis. Ecoles (1914-1930)

    Archives départementales du Jura, Montmorot : 1 Op 2462 bis
  • Fonds ancien, Salins-les-Bains. Ms 414. Histoire chronologique de Salins, d’après Babey, l’abbé Robin, complétée par le capitaine Pinault, s.d. [début 20e siècle], 568 f.

    Fonds ancien, Bibliothèque municipale, Salins-les-Bains : Ms 414
    p. 73-74, 97 et 164
  • Fonds ancien, Bibliothèque municipale, Salins-les-Bains : MS 247. Histoire de Salins. [inventaire titres propriété Jésuites à Salins, 1766].

    Fonds ancien, Bibliothèque municipale, Salins-les-Bains : MS 247
  • Fonds ancien, Bibliothèque municipale, Salins-les-Bains. Ms 400F : Histoire de Salins de 1801-1899, extraits des délibérations des Conseils municipaux et à partir de 1840 extraits du Salinois. Salins-les-Bains, 1er avril 1939, Chambellan.

    Fonds ancien, Bibliothèque municipale, Salins-les-Bains : Ms 400
    1843-1884
  • Les Annales de la Ville de Salins, ancienne Capitale du Comté de Bourgogne, depuis son origine jusqu'en 1800 par l'Abbé Robin, 6 tomes.

    Fonds ancien, Bibliothèque municipale, Salins-les-Bains : MS 380 I-VII
    Tome IV : 1610-1654 ; t. V : 1661-1663 ; t. VI : 1683-1768
  • Fonds ancien, Bibliothèque municipale, Salins-les-Bains. Ms 388 : Les églises de Salins.

    Fonds ancien, Bibliothèque municipale, Salins-les-Bains : Ms 388
    p. 177-180
  • Fonds ancien, Salins-les-Bains. Ms 383. Notes sur Salins extraites des Archives du Jura et de celles de la ville de Salins, par Edouard Toubin, s.d. [fin 19e ou début 20e siècle], 359 p.

    Fonds ancien, Bibliothèque municipale, Salins-les-Bains : Ms 383
    p. 105-130
  • Archives municipales, Salins-les-Bains. Registres des délibérations du conseil municipal 18-61 (1790-1982)

    Archives municipales, Salins-les-Bains : ACS 18-61
  • Archives municipales, Salins-les-Bains. Registres des arrêtés du maire (71-84) (1806-1981)

    Archives municipales, Salins-les-Bains : ACS 71-84
  • Archives départementales du Jura, Montmorot. Vente des Biens nationaux (1790-1800) : 1 Qp 81.

    Archives départementales du Jura, Montmorot : 1 Qp 81

Bibliographie

  • Babey, Etienne. Grands faits de l'histoire de Salins et en Franche-Comté (1675 à 1805), manuscrit,

    Fonds ancien, Bibliothèque municipale, Salins-les-Bains : Ms 419
    p. 14, 24, 28, 52, 90, 130, 130-133, 140
  • Blondeau Georges. Ch. J. Quirot bienfaiteur de la ville de Salins et ses portraits peints par Wyrsch. - Lons-le-Saunier : [Declume], [1917], 18 p.

    p. 14
  • Coindre, Gaston. Le vieux Salins, promenades et causeries. Besançon : Impr. de Jacquin, 1904

    p. 247-250
  • Perrod, Maurice. Les écoles et le collège de Salins jusqu’en 1820. - Besançon, impr. Paul Jacquin, 1899, 60 p.

  • Rousset, Alphonse. Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes de la Franche-Comté et des hameaux qui en dépendent : département du Jura. Tome VI : [Salins-Saint-Ylie]. - Paris : F.E.R.N., Guénégaud, 1969. 594 p. ; 20 cm. Fac-similé de l'édition de Besançon : Bintot, 1858.

    p.525, 551, 570-572
Date(s) d'enquête : 2024; Date(s) de rédaction : 2025
(c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
Favereaux Raphaël
Favereaux Raphaël

Raphaël Favereaux, chercheur. Région Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 1995-

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