Dossier d’œuvre architecture IA58001296 | Réalisé par
Dufoulon Fabien (Contributeur)
Dufoulon Fabien

Fabien Dufoulon, chercheur. Région Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2018-

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  • enquête thématique régionale, thermalisme en Bourgogne-Franche-Comté (le)
bornes du périmètre de protection des eaux de la source Saint-Léger
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bourgogne-Franche-Comté
  • Commune Pougues-les-Eaux
  • Adresse 62 rue du docteur Faucher , 61 rue du docteur Jean Pidoux
  • Dénominations
    borne

Périmètre de protection des eaux de 1890

En France, le décret du 8 mars 1848 fixe arbitrairement un périmètre d'un rayon d'un kilomètre autour des sources autorisées. Il est remplacé par la loi du 14 juillet 1856. Celle-ci prévoit la déclaration d'intérêt public de certaines sources, qui peuvent à ce titre bénéficier d'un périmètre de protection des eaux. La source Saint-Léger de Pougues est déclarée d'intérêt public par le décret du 4 août 1860, mais aucune disposition n'est prise, dans un premier temps, concernant la définition d'un périmètre de protection des eaux. Ce dernier devient un enjeu essentiel pour la Société des Eaux, propriétaire-exploitant, qui risque de voir son monopole de fait peu à peu s'effriter avec la multiplication des forages de particuliers qui peuvent donner naissance à de nouvelles sources. Pour solliciter la création d'un périmètre de protection, la Société met en avant l'hypothèse de l'existence d'une seule nappe d'eau minérale sous-jacente à Pougues. Ainsi, selon elle, tout nouveau forage porte atteinte aux anciennes sources en modifiant leur débit. L'hypothèse est d'abord contredite par le géologue Théophile Ebray, auteur de la Carte géologique du département de la Nièvre, puis par plusieurs ingénieurs des mines (Ichon, Pigeon et Thirria). Selon eux, l'eau minérale remontrait de plusieurs failles distinctes, et par conséquent, l'interdiction de pratiquer de nouveaux forages ne se justifie pas.

À la suite d'une nouvelle demande de protection de la Compagnie des Eaux minérales de Pougues, deux ingénieurs des mines (Laurent et Gauthier) admettent l'existence de nappes souterraines en 1889. Le principe des failles n'est pas pour autant abandonné. Selon l'ingénieur Friedel, l'eau chargée en acide carbonique et sels minéraux qui remontent le long de ces failles s'accumulerait sous la couche de calcaire dur à environ 70 mètres de profondeur, ce qui donnerait naissance à ces nappes. Grâce à ces nouvelles considérations, et peut-être aussi grâce à sa force de persuasion, la Compagnie obtient un périmètre de protection en 1890. Bien plus tard, Édouard Jéramec explique dans sa Note pour la défense de la source Saint-Léger (1892) que l'établissement thermal n'a pas bénéficié de périmètre en 1860 parce qu'il était considéré comme secondaire. Une dizaine d'années après son arrivée à la tête de l'établissement, ce ne semble visiblement plus être le cas. Le décret du 18 juin 1890 définit un périmètre correspondant à une surface de 23 hectares 26 ares. Il s'agit d'un hexagone irrégulier s'étendant approximativement de la pointe nord-ouest du parc, à Bourgneuf (à l'est) et à La Mignauderie (au sud) ; l'avenue de Paris constitue sa limite occidentale. Il n'existe pas, dans les archives et sur le terrain, de traces d'un bornage de ce périmètre qui devient caduc deux ans seulement après sa création.

Périmètre de protection des eaux de 1892

Sur le site du Ponteau, à l'ouest du périmètre de protection des eaux, des sondages permettent de découvrir la source Élisabeth et la source Alice en juillet et octobre 1889. Le propriétaire (Massé) et le concessionnaire (Couturier) obtiennent l'autorisation d'exploiter la source Élisabeth, la plus abondante, en juillet 1890. Un mois après sa signature, le décret du 18 juin 1890 se révèle donc inefficace pour assurer à la Compagnie le monopole de l'exploitation et de la commercialisation des eaux de Pougues qu'elle espérait : le périmètre est trop petit. Les sondages et forages se multiplient rapidement à la bordure extérieure de celui-ci. Du côté ouest, Guérault effectue un sondage au carrefour de l'avenue de Paris et de l'avenue de la Gare, mais il s'avère peu satisfaisant. Du côté nord-est, Trochereau de La Berlière fore la source Jeanne d'Arc (à 290 mètres de la source Saint-Léger) en 1890 et obtient une autorisation d'exploitation en mai 1891. Dans le même secteur, Guérin fore la source Saint-Léon en 1890 et Serrus la Grande Source en 1891. Ils obtiennent tous les deux des autorisations d'exploitation en juin 1893.

La Compagnie des Eaux minérales de Pougues réagit en dénonçant une baisse significative et subite du niveau de l'eau à la source Saint-Léger à la fin du mois d'avril 1891, tout juste un mois après l'exécution de nouveaux travaux de forage à la source Alice située à 800 mètres à l'ouest. Un procès est engagé contre Massé, qui conteste la réalité de cette baisse car elle n'a été constatée que par les employés de la Compagnie. Cette dernière parvient, dans les mois qui suivent, à imposer à tous l'idée d'une seule nappe sous-jacente, pourtant encore contestée par les ingénieurs Genreau (rapport de 1891) et Jacquot (rapport de 1892). Le décret du 30 juin 1892 étend considérablement le périmètre de protection des eaux de la source Saint-Léger. La surface protégée passe en effet de 23 hectares 26 ares à 766 hectares 19 ares. Le périmètre est "d'une étendue telle qu'aucune autre source en France, à aucune époque, n'a été protégée dans un aussi vaste rayon" (Massé). Il mesure 11,041 km. Il est fixé par 23 bornes en pierre érigées sur la voie publique. Certaines d'entre elles sont encore en place.

Les bornes marquent le périmètre de protection des eaux de 1892.

Deux bornes sont encore à leur emplacement initial. Elles sont en pierre calcaire. L'inscription est gravée.

  • Murs
    • calcaire
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune (incertitude)

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Nièvre. 32 J 238-3. Fonds de l’établissement thermal de Pougues-les-Eaux. Plans de Pougues, plans de l’établissement thermal et du parc thermal.

    Archives départementales de la Nièvre, Nevers : 32 J 238-3
  • Archives départementales de la Nièvre. 32 J 239. Fonds de l’établissement thermal de Pougues-les-Eaux. Plans concernant le forage et le captage des sources Saint-Léger, Alice, Saint-Léon, Grande Source, Élisabeth et Saint-Bruno (1891-1893) ; canalisation pour conduire l’eau des sources au Pavillon des Sources (1905) ; plan général du tracé des conduites d’eau douce et d’eau minérale à établir entre l’établissement thermal Saint-Léger et la source Alice (s.d.) ; dispositions générales des conduites du par cet de la place de l’établissement thermal (1910-1939) ; 4 plans (s.d.).

    Archives départementales de la Nièvre, Nevers : 32 J 239

Bibliographie

  • Jéramec, Édouard. Note pour la défense de la source Saint-Léger et de la station thermale de Pougues. Paris : Imprimerie Thivet-Rapide et Reverdot, 1892. 16 p.

  • Massé, Alfred. Monographies nivernaises. Canton de Pougues. Nevers : Ropiteau, 1912. 644 p.

    P. 439-442.
  • Gonzalez, Julien. En Bourgogne, les villes d’eaux oubliées : Pougues-les-Eaux, Fourchambault-Garchizy, Saint-Parize-le-Châtel, Decize-Saint-Aré, Maizières, Saint-Christophe-en-Brionnais. Nevers : Éditions Loire et Nièvre, 2005. 157 p. ISBN 2-9524476-0-8.

    P. 34-41.

Documents figurés

  • [Périmètre de protection de la source Saint-Léger] / [auteur inconnu]. [1892]. Tracé en bleu sur : Carte du département de la Nièvre votée par le Conseil général et dressée par le service vicinal sous la direction du Ministère de l'Intérieur / H. Quaisain, Ph. Catonné, A. Simon. Paris : Becquet, 1878. Série de vingt cartes à l'échelle 1/40 000 (pour les cartes de cantons) et 1/7 500 (pour les plans de villes).

    Archives départementales de la Nièvre, Nevers : 32 J 238-3
  • Eaux minérales de Pougues. Périmètre de protection de la source Saint-Léger. Plan de la position des bornes périmétriques et de leurs abords / A. Martin. 25 octobre 1893. Feuille de papier pliée en accordéon, 14 plis et 15 pages. 30 x 21 cm (pour chaque page). Échelle 1/500. In : Archives départementales de la Nièvre. 32 J 239 : Fonds de l’établissement thermal de Pougues-les-Eaux. Plans concernant le forage et le captage des sources Saint-Léger, Alice, Saint-Léon, Grande Source, Élisabeth et Saint-Bruno (1891-1893) ; canalisation pour conduire l’eau des sources au Pavillon des Sources (1905) ; plan général du tracé des conduites d’eau douce et d’eau minérale à établir entre l’établissement thermal Saint-Léger et la source Alice (s.d.) ; dispositions générales des conduites du par cet de la place de l’établissement thermal (1910-1939) ; 4 plans (s.d.).

    Archives départementales de la Nièvre, Nevers : 32 J 239
Date(s) d'enquête : 2019; Date(s) de rédaction : 2019
(c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
Dufoulon Fabien
Dufoulon Fabien

Fabien Dufoulon, chercheur. Région Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2018-

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