Dossier d’œuvre architecture IA70000772 | Réalisé par
Gandini Julie (Contributeur)
Gandini Julie

Élève conservateur à l'Institut national du patrimoine. Stagiaire au service Inventaire et Patrimoine de la Région Bourgogne-Franche-Comté de juillet à décembre 2016.

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  • enquête thématique régionale, val de Saône
Villa Kielwasser
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Val de Saône - Scey-sur-Saône-et-Saint-Albin
  • Commune Chemilly
  • Cadastre A 5
  • Précisions
  • Dénominations
    maison
  • Précision dénomination
    maison de villégiature

Les plans, schémas et maquettes figurant en illustrations de ce dossier sont tous de la main de l'architecte André Maisonnier (1923-2016).

Cette villa moderne construite en 1965 sur un îlot, au confluent de la Saône et du Durgeon, est le fruit d'une commande à l'architecte André Maisonnier. Ce dernier a travaillé pendant treize ans dans l'agence de Le Corbusier, de 1946 à 1959. Parmi ses contributions aux projets de Le Corbusier, on peut mentionner la Cité Radieuse de Marseille, des projets en Inde (le musée d'Ahmedabad, le palais de justice et la "main" de Chandigarh) et surtout la conception et le suivi du chantier de la chapelle Notre Dame-du-Haut à Ronchamp (70).

Le propriétaire de la maison de Chemilly est Henri Kielwasser, le gérant de l'hôtel du Nord à Vesoul. Kielwasser et Maisonnier se connaissent et s'apprécient depuis des années puisqu'en 1954-1956, le même architecte, travaillant alors encore dans l'agence de Le Corbusier, a construit pour Kielwasser une villa moderne à Vesoul.

Issus de la théorie des cinq points d’une architecture moderne établis par Le Corbusier, on retrouve le principe de la maison sur pilotis, les fenêtres en longueur, le toit-terrasse, le plan et la façade libres. De plus, cette maison semble s'inspirer de plans pour une "maison rurale à Chessy", de construction métallique et sur pilotis, dessinés de façon autonome par André Maisonnier, le 28 février 1956, mais que Le Corbusier a du voir, alors que Maisonnier était encore dans l'agence de ce dernier à cette date-là. Ces plans sont également à rapprocher des dessins, en plan et axonométrie, issus de l'atelier Jean Prouvé et signés par Prouvé, représentant une construction de petites dimensions sur pilotis. Cependant, la maison de Chemilly, construite neuf ans après cette date, s'émancipe quelque peu de ces projets antérieurs. Si le bâtiment peut se lire comme l'incarnation de l'architecture moderniste en pleine campagne, certaines particularités et notamment sa situation insulaire, confèrent une personnalité unique à cette villa. Ainsi, un fort parti-pris sculptural se lit dans cette architecture, à travers le rejet des pilotis latéraux au profit d'un soubassement-socle, ainsi qu'à travers la prouesse de l'escalier flottant, liaison immatérielle entre le sol et cette architecture-sculpture.

En 2012, la villa, qui appartient à Antoine Kielwasser, le fils d'Henri Kielwasser, est devenue un gîte confié à un gestionnaire privé.

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 20e siècle , daté par source
  • Dates
    • 1965, daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Maisonnier André
      Maisonnier André

      André Maisonnier est un architecte, né à Dijon le 24 janvier 1923, qui a travaillé pendant treize ans au sein de l'agence de Le Corbusier, de 1946 à 1959. Il a notamment collaboré à la Cité Radieuse de Marseille, à des projets indiens et a été le chef du chantier de Notre-Dame-du-Haut, à Ronchamp, de 1950 à 1955 (l'importance de son rôle dans l'élaboration de la chapelle ayant été sous-estimée). Parallèlement à cet engagement auprès de Le Corbusier, il a mené une carrière indépendante, réalisant deux villas d'esprit moderniste à Vesoul en 1954 et à Chemilly en 1965, pour Henri Kielwasser et une pour les Malitchenko à Frottey-les-Vesoul en 1963. André Maisonnier entre en 1960 à l’agence architecturale de la SMCI, société de promotion immobilière fondée par Pierre Pagès à Besançon. Il participe à de nombreux projets d'immeubles pour cette société dont l'immeuble dit Le Président à Besançon. En 1980, l’agence architecturale de la SMCI devient la société d’architecture ARTE dont André Maisonnier prend la direction. Il conçoit notamment un ensemble de 700 logements dans le quartier du Tonkin à Lyon.

      En 1985, André Maisonnier prend sa retraite et, revenant à ses passions artistiques de jeunesse, se consacre pendant 31 ans à la peinture et à la sculpture.

      Il décède le 7 juillet 2016, trois jours avant l’annonce de l’inscription de 17 œuvres de Le Corbusier au patrimoine mondial de l’UNESCO. André Maisonnier a été en charge de trois d’entre celles-­ci.

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      architecte attribution par source

De plan rectangulaire, la maison est située à l'extrémité d'une petite île, au confluent de la Saône et du Durgeon. En position de surplomb, comme une proue de navire, elle domine le paysage aquatique qui l'entoure. Situé sur un terrain inondable, le bâtiment prend appui sur un support ayant la forme d'une pile de pont, aux six côtés inégaux. Ce support est fondé sur des puits circulaires coffrant des pieux rapportés aux graviers alluvionnaires, afin d'ancrer les fondations dans la roche, à plusieurs mètres de profondeur. Cette pile à plan hexagonal porte un plateau en béton armé coffré à nervures de raidissement pour supporter la fine dalle, construite en porte-à-faux de la pile. Une chambre à coucher et une chaufferie sont aménagées à l'intérieur de la pile en béton.

Comme en lévitation sur son socle, la maison est un volume métallique blanc percé de fenêtres en bandeau (surtout sur la façade Ouest), posé sur une massive plateforme de soubassement en béton armé. Sous la plateforme, des alvéoles aménagées dans les nervures des consoles accueillent une installation électrique qui permet un éclairage sur la terrasse donnant sur un quai d’appontage. On accède au volume de l'habitation par un escalier extérieur en béton muni d’un seul garde-corps métallique et qui demeure indépendant du reste du parallélépipède de l'habitation. Supporté par un voile béton, cet escalier flotte au dessus du sol. En léger surplomb sur sa base de béton, on observe un mince décrochement par rapport au sol. La structure de cet escalier est un jeu de contrastes qui oscille entre équilibre et instabilité. Bien que massif, le mur en béton qui supporte le balcon est évidé, ce qui crée une sorte de fenêtre carrée, à la fois brute et raffinée, ouverte sur le paysage. Des pare-soleil, structures métalliques tubulaires sont fixées horizontalement, en porte-à-faux, au-dessus des fenêtres en bandeau situées à l'Ouest. Les ouvertures donnent principalement sur le paysage, la maison est largement ouverte sur l'eau et la végétation.

La distribution intérieure est conçue sur un seul niveau. Une grande pièce centrale rassemble un salon-salle à manger et une cuisine, avec des systèmes de rangements et de casiers plafonnant. L'espace est continu, sans aucun cloisonnement. Seule une poutre métallique soutient la structure. Trois chambres parentales, aux angles du rectangle, offrent l'intimité nécessaire grâce à des cloisons coulissantes. En plus des salles de bain des chambres, il existe une cabine de douche "bateau", le sol et les murs ont un revêtement en céramique. La maison est conçue comme une coquille sobre mais confortable répondant aux besoins humains. Baignée par la lumière naturelle, elle laisse pénétrer le paysage à l'intérieur de l'espace de vie, la nature est l'élément immatériel qui participe pleinement à l'architecture de cette villa.

  • Murs
    • métal pan de métal mur-rideau
    • béton pan de béton armé
  • Toits
    métal en couverture
  • Plans
    plan centré
  • Couvrements
  • Couvertures
    • terrasse
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur : escalier droit en maçonnerie
  • Techniques
    • miroiterie
    • mosaïque
  • Représentations
    • représentation non figurative
  • Précision représentations

    A l'intérieur de la maison, sur le mur Nord, se trouve un cache-ampoule mural en bandeau, des incrustations de mosaïque de verres colorés forment un décor non figuratif.

  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée, Le gîte de France est géré par une société privée depuis 2012.
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Deux autres villas modernistes construites dans la Région par le même architecte, André Maisonnier, entre 1954 et 1964, à Vesoul et Frotey-les-Vesoul, sont labellisées "patrimoine du XXe siècle".

En octobre 2016, la villa de Chemilly est en phase de labellisation.

Bibliographie

  • Galli, Roland ; Sancey, Yves. Patrimoine du XXe siècle en Franche-Comté. - Besançon : Néo Editions, 2009. 177 p. : ill. ; 27 cm.

  • Étude de l’œuvre et des influences de l'architecte Le Corbusier et de ses disciples en Région Bourgogne-Franche-Comté, chargé d'études: Jochen F. Klein, Avril 2005, 49 p.

    Direction régionale des affaires culturelles de Franche-Comté, Besançon : Et/70/NDdH

Documents figurés

  • Maquettes, plans et photographies anciennes relatifs à la Villa Kielwasserde Chemilly :

    - maquettes, 1965

    - schémas, croquis, plans, coupes et élévations d'André Maisonnier, 1965

    - photographies anciennes, s.d. ca. 1965-1970.

    Archives privées
Date(s) d'enquête : 2016; Date(s) de rédaction : 2016
(c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
Gandini Julie
Gandini Julie

Élève conservateur à l'Institut national du patrimoine. Stagiaire au service Inventaire et Patrimoine de la Région Bourgogne-Franche-Comté de juillet à décembre 2016.

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Articulation des dossiers