L'actuelle route départementale, axe important de la communication en Saône-et-Loire, est née d'une modification du projet initial du canal du Centre. Il est une réponse à un besoin général de communication dans la deuxième moitié du 18e siècle. Le chemin de halage était certes prévu dans le projet initial de Gauthey, mais il a été modifié par les Etats de Bourgogne, ce qui a entraîné une dépense supplémentaire : «au lieu de faire un simple chemin de halage, on avait ordonné que l'on ferait un grand chemin dans la plus grande longueur du canal []». (Mémoires sur les canaux de navigation et particulièrement sur le canal du Centre, Emiland-Marie Gauthey, publiés par Navier, Editions Firmin-Didot, Paris, 1816, p. 360). Dans la deuxième moitié du 18e siècle, l'ensemble des voies de communication est en expansion. L'étude a fait ressortir l'existence, à Ecuisses et dans la vallée de la Dheune, de tentatives d'industrialisation, au château de la Motte-Bouchot et au château de la Motte. Ces initiatives privées aujourd'hui oubliées, ainsi que celles, plus couronnées de succès de Montchanin, avec la découverte de plusieurs gisements de houille, dont Gauthey, parmi d'autres, pressentait déjà qu'elle allait révolutionner les modes de production. A sa réalisation, au début du 19e siècle : «Le chemin de hallage qui, depuis le pont de Bord, servait de grand chemin, et avait 6, 5 mètres de largeur, n'a plus, depuis Saint-Léger à Châlon, que 2, 92 m.» (Appendice aux Mémoires sur les canaux de navigation et particulièrement sur le canal du Centre, Emiland-Marie Gauthey, publiés par Navier, Editions Firmin-Didot, Paris, 1816, p. 386). Dans une région où les routes sont rares et peu praticables, le chemin de halage du canal devient un axe de développement au même titre que la voie d'eau, d'autant plus que les industries situées le long du canal se développent également. S'y installent des industries (Ciry-le-Noble, Ecuisses, Montceau-les-Mines, Chalon-sur-Saône), mais aussi des logements liés aux industries : cités ouvrières et logements patronaux. Ainsi à Ecuisses, on peut voir le long du canal, les maisons ouvrières, l'usine Perrusson-Desfontaines, et un peu à l'écart, le château-Perrusson, logement de la famille dirigeante. La ville de Montceau-les-Mines est toute entière conçue à partir de cet axe double de communication : canal et route. Le 20e siècle, surtout la deuxième moitié, voit clairement une prédominance de la route sur le canal. La route du canal devient dans les années 1960 route nationale 79 et va jusqu'à empiéter sur le territoire du canal. A Montchanin, son élargissement entraîne la complète transformation du bief de partage, avec suppression du port de Bois-Bretoux et modification du linéaire du canal. A Chalon-sur-Saône et Digoin, le canal est déplacé et remblayé pour laisser la place à de grands boulevards d'accès. Aujourd'hui, si la Route Centre-Europe Atlantique (RCEA) longe toujours en partie le canal, elle s'est parfois déplacée à l'écart pour avoir davantage de possibilités d'élargissement, ce qui était impossible sur un chemin de halage bordé à la fois par la voie d'eau et les constructions. Sa construction a délesté la route du canal d'une grande partie de la circulation. Elle a également entraîné la construction de ponts pour franchir le canal, à Volesvres par exemple. Le chemin de halage joue aujourd'hui un rôle de desserte des centres-villes des communes.
Pour en savoir davantage : Itinéraire numérique des canaux de Bourgogne.
Chargée de recherche au service Inventaire et Patrimoine - Région Bourgogne-Franche-Comté