Philippe Mairot, chercheur. Région Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2011-
- opération ponctuelle, architecture rurale du Charolais-Brionnais
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Barbe-Richaud Pierre-MarieBarbe-Richaud Pierre-Marie
Pierre-Marie Barbe-Richaud, photographe. Région Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2008-
- (c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Charolais-Brionnais - Chauffailles
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Commune
Amanzé
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Lieu-dit
La Grange Plassard
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Cadastre
2018
B
250
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Dénominationsferme
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Parties constituantes non étudiéesdépendance, mur de clôture, puits, toit à porcs, poulailler, logis, cour
Un des plus anciens ensembles conservés en Brionnais
Une inscription sur le linteau en pierre d’une cheminée, à l’étage de la maison d’habitation de cette ancienne ferme, indique : « Jean Plassard a bâti cette maison en l’année 1438 ». Cette date est également gravée dans le linteau en bois de la grande cheminée du rez-de-chaussée. Enfin, le nom de Jean Plassard est inscrit, bien qu’en partie effacé, sur le linteau d’une porte du rez-de-chaussée, menant aujourd’hui à une cave en appentis, à l’arrière de la maison. Ces inscriptions ne datent pas de 1438, mais ont été ajoutées plus tardivement, sans doute par les descendants de Jean Plassard, dans un but de mémoire, pour fixer et transmettre la date de construction de ces bâtiments et le nom de leur bâtisseur.
Quelques éléments d’architecture permettent toutefois de confirmer cette datation du XVe siècle. Le linteau de la cheminée du rez-de-chaussée de la maison est en effet soutenu par deux piédroits, en forme de colonne, reposant sur des bases prismatiques caractéristiques de cette période. La façade arrière conserve également à l’étage deux baies constituées d’un linteau orné d’une accolade et de chambranles présentant un chanfrein terminé en pointe sur congé. Ce type d’ornementation est souvent utilisé en remploi dans les bâtiments ruraux aux XVII-XVIIIe siècles. Mais ici, le linteau d’une des baies, bien qu’il n’ait pas été réalisé dans le même matériau que le reste des pierres d’encadrement, est parfaitement adapté à la largeur de l’ouverture, avec des moulures en parfaite continuité avec celles des montants. S’agit-il d’un ensemble réalisé spécifiquement pour ce bâtiment ou constitués d’éléments récupérés indépendamment les uns des autres et réassemblés ? L’hypothèse du remploi ne peut pas être totalement écartée, car la seconde baie ne présente pas la même cohérence.
Le caractère ancien des bâtiments est enfin attesté par le débord des murs-pignons de la maison et de la grange, dont la hauteur dépasse d’une cinquantaine de centimètres de celle des toits. Ce type de débord indique que les bâtiments étaient à l’origine couvert d’un toit de chaume et avait pour objectif de protéger le chaume du vent et des intempéries. Or, grâce aux visites générales des feux des communautés du baillage de Semur (Cote C4844 et C4845, Arch. dép. 21), on sait que ce type de couverture était le plus répandu dans le Brionnais, avant d’être progressivement abandonné pour la tuile à partir du XVIIIe siècle. Une des pièces de la charpente actuelle de la grange porte d’ailleurs l’inscription « 1722 », qui indique vraisemblablement la date de sa reconstruction dans le but de recevoir un nouveau type de couverture en tuiles. Il est probable que ces transformations aient été réalisées au même moment sur la maison et le petit bâtiment, daté de 1685, qui lui fait face et qui abritait le four à pain.
En plus du changement des couvertures, les différents bâtiments ont connu d’autres évolutions : une reprise des ouvertures sur la façade principale de la maison, sans doute au XVIIIe siècle, la reconstruction de la galerie en bois dans les années 1960, sans l’escalier permettant à l’origine l’accès à l’étage (aujourd’hui à l’intérieur de la maison) et avec l’ajout de pierres remployées dans la maçonnerie pour la soutenir. Le XXe siècle a également apporté des modifications sur la façade postérieure de la maison : ajout d’un appentis et percement d’une nouvelle porte pour accéder à l’extérieur. Un gros contrefort est aménagé à la même époque pour soutenir le mur arrière de la grange. Le fournil a lui aussi été transformé par la suppression du volume qui abritait la chambre du four et, à l’inverse, par l’ajout d’un volume annexe (un garage en appentis) sur un autre côté du bâtiment. A l’est de la cour, une petite dépendance a été ajoutée au XIXe siècle, postérieurement au cadastre de 1826. Elle abritait les soues à cochons.
L’exploitation aux XVIIIe et XIXe siècles
La ferme a appartenu à la famille Plassard jusqu’au début du XIXe siècle, soit pendant presque 400 ans. D’après les différents terriers de la seigneurie d’Amanzé, elle appartient en 1610 à Michel Plassard, en 1702 à Jean Plassard et en 1782 à un autre Jean Plassard (petit-fils du précédent). Ils sont tous qualifiés de marchands. C’est Antoine Plassard (1772-1831), fils de Jean, fortement endetté, qui perd le domaine le 5 août 1806 au profit d’Alexis Prudhon, propriétaire, agent forestier, habitant à Charolles. Sur les 13 988 francs et 30 centimes du prix de vente, Plassard ne touche que 1036 francs, le reste étant directement utilisé pour rembourser plusieurs créances, dont une de 9400 francs à Alexis Prudhon lui-même, « qu’il lui a prêtée en espèces métalliques » (Cote 3E5890/3, Arch. dép. 71) sans que la raison en soit connue. L’acte de vente (Cote 3E5891/2, Arch. dép. 71) laisse toutefois à Antoine Plassard la possibilité pendant 3 ans de redevenir propriétaire de ses biens, « comme s’il ne les avait jamais vendus », à condition de payer en un seul versement le prix total de la vente à l’acquéreur, ce qu’il ne parvient pas à faire. Il meurt en 1831 avec pour seul bien un mobilier d’une valeur de 100 francs (Déclaration de succession d’Antoine Plassard, Cote 3Q4635, Arch. dép. 71).
En 1702, la ferme fait partie du village du Carron (aujourd’hui Le Carouge). A l’origine, plusieurs autres bâtiments existaient dans son voisinage. Ainsi, le terrier de 1702 indique que les Plassard possèdent autour de leur maison, avec « grange, estable, cave, cour, aysances, jardin et verger », une chenevière (culture du chanvre) « devant ladicte maison, où il y avoit un puy et où fut autrefois une maison », une verchère (verger ou potager) « du costé de matin où fut aussy une maison », une vigne « du costé de bize », et un pré, un pâquier (pâture) et une terre « du costé de soir, où il y a encore une maison en ruines ». Les Plassard sont donc devenus les seuls habitants du lieu au début du XVIIIe siècle, ce qui explique sans doute que celui-ci soit ensuite rebaptisé « Chez Plassard » dans le terrier de 1782.
En 1702, la tenure des Plassard donne l’image d’une exploitation de polyculture et se compose en majorité de terres destinées aux cultures (moitié froment ou blé et moitié seigle sur la paroisse d’Amanzé), mais aussi d’une vigne au vignoble de Gland, de 5 petites parcelles de prés et d’un pâquier (pâture). Toutefois, en 1768, Jean Plassard constitue un pré plus conséquent sur les bases d’un pré « qui fut partie en vigne » et d’une terre au même lieu (appelé « En Roy » en 1702), auxquels il adjoint plusieurs parcelles échangées avec le comte d’Amanzé (Cote 3E29821, Arch. dép. 71) : « un pré appelé pré Ducroux, contenant environ 3 chars de foin », « environ deux boisselées de terrain [à prendre] dans le pasquier dudit seigneur de son domaine Plassard, appelé paquier du Lac » et « 3 couppes dans la terre du Crot du Lac ». Ce nouveau pré, baptisé le pré Rouin, d’une superficie de 4 ha (soit d’une capacité à produire « 22 chars et quart de foin »), est vraisemblablement destiné à l’engraissement de quelques bovins.
En 1806, au moment de l’acquisition par Alexis Prudhon, l’exploitation s’étend sur 16,2 ha dont 9,4 ha de prés, soit la majorité des parcelles (57 %), ce qui témoigne d’une évolution de l’activité. En 1831, la propriété est rachetée par Jean-François James (1786-1849), natif de Luneau (Allier), qui s’y installe et l’exploite en faire-valoir direct. L’activité agricole cesse après la Seconde Guerre mondiale et la mort de Joanny James, petit-fils du précédent en 1946.
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Période(s)
- Principale : 2e quart 15e siècle
- Secondaire : 4e quart 17e siècle, 1ère moitié 18e siècle
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Dates
- 1438, porte la date
- 1722, porte la date
- 1685, porte la date
L'ensemble est constitué du logis, d'une grange (avec deux étables) accolée à l'est, d'une autre dépendance - à usage vraisemblable de soue et de poulailler - orientée perpendiculairement à l’angle sud-est (toit à longs pans couvert en petites tuiles plates, sans chéneau) et d'une dernière dépendance, en rez-de-chaussée, qui fait face au logis. Comme les autres bâtiments, celle-ci est édifiée en moellons, enduite, et une date est portée sur le linteau massif de la porte : 1685 (?) Son toit à deux pans, sans chéneaux, est couvert en petites tuiles plates et ses pignons sont découverts, saillants par rapport au niveau du toit et surmontés de pierres plates posées à l'horizontal. L'entrée se trouve sur le pignon, par une unique et étroite porte piétonnière. Une baie ouverte sous le niveau du comble donne de la lumière à l’étage. Sur la façade postérieure du pignon, une baie dans le comble est délimitée sur les quatre côtés par quatre pierres plates faisant saillie sur la surface. Un appentis prend appui sur le mur oriental, couvert en tuiles creuses.
La façade antérieure du logis (sud) porte un balcon en charpente bois prenant appui sur les pignons saillants abrités par un toit débordant et égouts retroussés. Des modillons en remploi ornent la façade. Les pignons dépassent également du niveau du toit et sont surmontés de pierres plates posées à l'horizontal. La façade postérieure des parties agricoles est soutenue par un contrefort. Les linteaux des deux baies de l'étage sont à accolade. Sur le couvrement de pierre du manteau de la cheminée engagée de l'étage, on lit l'inscription suivante : Jean Plassard a bâti cette maison en l'année 1438. Sur le couvrement de bois inclus dans le manteau de pierre de la cheminée engagée du rez-de-chaussée, est gravée la date suivante : 1438. Les piédroits ont des bases prismatiques.
La signature d'un charpentier ("François Charpentier") et une date sont gravées sur une des poutres de la grange. Deux poteaux soigneusement dressés (chapiteaux à pans coupés) dans l’étable de gauche soutiennent le plancher du fenil. La cloison maçonnée à mi-hauteur séparant remise et étable est percée par des ouvertures (dites localement feurons) comportant encadrements et linteaux de pierre, pour nourrir les bêtes depuis la grange. Des emplacements pour les échelles y sont ménagés, pour permettre l'accès aux greniers. Dans l’ancien fournil, se trouvent les traces de deux fours successifs et une cuve de pierre (pour le lavage du linge).
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Murs
- pierre moellon enduit partiel
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Toitstuile plate, tuile creuse
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Étages1 étage carré, comble à surcroît, en rez-de-chaussée
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Couvrements
- charpente en bois apparente
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Couvertures
- toit à longs pans pignon découvert
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Escaliers
- escalier dans-oeuvre
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Statut de la propriétépropriété privée
- (c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
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- (c) Archives départementales de Saône-et-Loire
Documents d'archives
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Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3P 006/1. Cadastre de la commune d'Amanzé. 1828-1965.
- 3P 006/1 MA : Registre des états de sections. 1828.
- 3P 006/1 MA : Matrice cadastrale des propriétés bâties et non-bâties. 1828-1882 (Propriétés bâties), 1828-1914 (propriétés non-bâties).
- 3P 006/1 MR : Matrice cadastrale des propriétés bâties. 1911-1965.
- 3P 006/1 MR : Matrice cadastrale des propriétés non-bâties. 1914-1965.
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Archives départementales de la Saône-et-Loire : E 62. Terrier de la seigneurie d'Amanzé. 1702.
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Archives départementales de la Saône-et-Loire : E 73. Terrier de la seigneurie d'Amanzé. 1782.
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Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3E 5890/3. Minutes de l'étude notariale de François Garnier (Charolles). 1805 (prairial - jours complémentaires an XIII).
Reconnaissance de dettes d'Antoine Plassard, d'Amanzé, pour un montant de 9400 francs auprès d'Alexis Prudhon, de Charolles. 1805.
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Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3E 5891/2. Minutes de l'étude notariale de François Garnier (Charolles). 1806 (n°200-399).
Vente d'un domaine à titre de remise moyennant la somme de 13988 f. et 30 cen. par Antoine Plassard d'Amanzé au profit de Sr Alexis Prudhon de Charolles. 5 août 1806.
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Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3E 29821. Minutes de l'étude notariale de Jean Dubois fils (Palinges). 1767-1768.
Échanges d'héritages entre Mr le Marquis de la Queille, seigneur comte d'Amanzé, et sieur Jean Plassard, marchand. 23 décembre 1768.
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Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3Q 4685. Registre de déclaration des mutations par décès (bureau de la Clayette). 1829-1832.
Déclaration de mutation par décès d'Antoine Plassard. 3 avril 1832.
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Archives départementales de la Côte d'Or : C 4844. Procès-verbal dressé par B. Palamedes Baudinot de Selorre, ancien conseiller au Parlement, maire de la ville de Dijon, Élu du Tiers-État, de la visite des feux dudit bailliage, ordonnée par délibération des Élus. 1675.
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Archives départementales de la Côte d'Or : C 4845. Procès-verbal dressé par A. Bernard-Bernardin, président à la Chambre des Comptes, député en celle des Élus des États, de la visite des feux dudit bailliage, ordonnée, par une délibération des Élus. 1690.
Documents figurés
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Vue de la ferme de la Grange Plassard à Amanzé. Photographie (noir et blanc), par Raymond Oursel, vers 1970.
Raphaël Favereaux, chercheur. Région Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 1995-
Philippe Mairot, chercheur. Région Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2011-
Raphaël Favereaux, chercheur. Région Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 1995-