Philippe Mairot, chercheur. Région Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2011-
- opération ponctuelle, architecture rurale du Charolais-Brionnais
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Barbe-Richaud Pierre-MarieBarbe-Richaud Pierre-Marie
Pierre-Marie Barbe-Richaud, photographe. Région Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2008-
- (c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Charolais-Brionnais - Paray-le-Monial
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Commune
Poisson
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Lieu-dit
Martigny
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Cadastre
2018
D
4, 12, 13, 591 à 595, 764, 776, 777
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Dénominationsferme, château
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Parties constituantes non étudiéesétable à vaches, remise, cour, puits, logement, logis, jardin, toit à porcs, communs
L’origine du domaine
Le domaine est constitué dans les années 1730 par Claude-Marie Pernot (1699-1775). Descendant d’une famille de gens de robe (son grand-père, Etienne, était procureur au baillage de Montcenis, son père, Henry, au baillage de Charolles), il exerce lui-même la profession de notaire. Ses archives, allant de 1736 (date probable de son installation à Martigny) à 1765, sont d’ailleurs conservées à Mâcon.
Les bâtiments du domaine se composent à cette époque d’une maison de maître (actuel « château » de Martigny), constituée d’un corps de logis principal de forme quadrangulaire, flanqué de deux pavillons carrés, et de bâtiments d’exploitation agricole, séparés de la maison par un chemin et comprenant une habitation pour le granger et une grange encore conservée aujourd’hui. Le plan cadastral napoléonien de 1832 donne une idée de l’ensemble, quelques années avant les transformations apportées par la famille Ducroux.
La présence de Claude-Marie Pernot à Martigny est attestée par les registres de la paroisse de Poisson, qui contiennent les actes de naissance de ses 5 enfants entre 1750 et 1757. Au milieu du XVIIIe siècle, la paroisse semble pauvre. Certains habitants logent dans des « cabannes de bois et de terre ». La mauvaise qualité du terroir limite la production au seigle sur une majeure partie du territoire et la plupart des hameaux « sont dans des fonds au milieu des bois, dans une situation fort sauvage et presque inabordable pour peu qu’il ait plu » (Procès-verbal de la visite générale des feux du comté de Charollais en 1751, arch. dép. 21, Cote C 4815). Martigny, situé dans la vallée de l’Arconce, offre un contexte plus favorable, avec 1/8e de ses terres consacré à la culture du froment et des près « pour la nourriture du bétail ». Il est donc fort probable que le granger du sieur Pernot engraissait déjà quelques animaux à cette époque.
A sa mort, Claude-Marie Pernot lègue la propriété à son plus jeune fils Etienne (1757-1779), qui décède prématurément à 22 ans. Son frère aîné, Pierre-Marie Pernot (1750-1826), avocat en parlement, la revend le 27 novembre 1782 à Agathe Babut (?-1826). Cette dernière, célibataire, réside à cette date chez son neveu, Claude Babut (1752-1786), curé de la paroisse voisine de Busseuil. La famille fait alors partie de la bourgeoisie de Paray-le-Monial (son frère y est maître-menuisier). La maison de Martigny est quelques années plus tard occupée par sa nièce, Marie (1758-1820), qui souffre de problèmes de santé, et Claudine Fusil (1771-1828), sa garde-malade.
La dynastie Ducroux
Le 2 juillet 1810, Agathe Babut, résidant à Paris, revend le domaine à Emiland Ducroux et son associé, François Demôle, propriétaire à Saint-Julien-de-Civry. Ces derniers exploitaient déjà les terres en fermage depuis quelques années. La vente s'élève à 24 000 francs, complétée d’une rente viagère annuelle de 4000 francs (répartie entre Agathe, sa nièce et Claudine Fusil). Le 20 décembre 1826, après la mort d’Agathe Babut, Emiland Ducroux rachète les parts de son associé et devient le seul et unique propriétaire de Martigny.
Emiland Ducroux (1769-1827) descend d’une longue lignée de marchands-fermiers devenus emboucheurs au XVIIIe siècle. Son grand-père Catherin (v. 1700-1767), puis son père Laurent (1743-1788) sont fermiers d’un domaine dans la paroisse de Saint-Didier, appartenant à Claude-Antoine Verchère d’Arcelot, conseiller au Parlement de Bourgogne. En 1769, sans doute à la fin du bail qui le liait à Verchère d’Arcelot, Laurent devient fermier de la seigneurie de Moulin-l’Arconce (paroisse de Busseuil) pour les Le Preste de Vauban, seigneur du lieu depuis le début du XVIIIe siècle. Emiland, qui épouse en 1797 Catherine Merle (1776-1860), native de Chassy, lui succède. La famille est vraisemblablement originaire d’Oyé. Les registres de la paroisse conservent en effet des actes concernant les Ducroux du début du XVIe à la fin du XVIIe siècle. Faute de documents, pour la période allant de 1692 à 1718, la filiation ne peut être établie de façon certaine. Néanmoins, la probabilité que Catherin, le grand-père, ait été le fils de Jean Ducroux, laboureur à Orval (paroisse d'Oyé), est forte.
Au cours de leur mariage, Emiland Ducroux et Catherine Merle acquièrent de nombreux biens et deviennent de grands propriétaires. En plus du domaine de Martigny, ils possèdent d’autres propriétés à Poisson, Marly-sur-Arroux, Saint-Didier-en-Brionnais, Lugny-les-Charolles et Paray-le-Monial, qui forment un ensemble de plus de 480 hectares, ainsi qu’à Jaligny-sur-Besbre dans l’Allier.
Un domaine d’embouche
Le domaine des Ducroux-Merle à Martigny a été constitué en plusieurs phases entre 1810 et 1823. A l’acquisition faite d’Agathe Babut, s'ajoutent d’autres biens acquis notamment d’Antoine le Prestre de Vauban, descendant des anciens seigneurs de Moulin-l’Arconce. En 1832, la propriété s’étend sur un peu plus de 86 ha, dont 50 ha en herbe (soit 58 % du domaine) comprenant 3 grands prés sur le coteau dominant l’Arconce, qui représentent à eux seuls 33,5 ha soit près de 40 % du domaine. En 1835, une terre de 5 ha, aux Echus, est convertie en pâture : la surface en herbe atteint près de 65 % de la superficie de l’exploitation.
Les époux Ducroux-Merle ont six enfants. Certains d’entre eux s’éloignent du monde agricole pour s’orienter vers des professions libérales : les deux fils cadets, Louis-Emiland, dit « Emile » (1802- ?), et Auguste (1803-1875) sont respectivement médecin et avocat. L’aîné de la fratrie, Honoré (1800-1873), poursuit en revanche l’activité paternelle et amène la superficie de l’exploitation à 126,5 ha entre 1835 et 1863. En 1911, son fils Ernest (1834-1915), membre du syndicat des emboucheurs entre 1890 et 1907, possède lui 185,8 ha à Poisson, répartis en 8 exploitations. La surface en herbe reste dominante (+ 37 ha). Néanmoins, Ernest décide au début du XXe siècle de diviser le domaine de Martigny en deux, détachant de celui-ci environ 52 ha pour constituer un second domaine, dit le domaine du Pâquier Colas, destiné à son fils cadet Paul (1871-1936), qui y fait construire une seconde demeure.
Evolution des bâtiments de Martigny
En 1836, le département de Saône-et-Loire décide la création d’un chemin de grande communication reliant Charolles et Marcigny, longeant le coteau nord de la vallée d’Arconce et passant par Martigny. La création de cette route permet à Honoré Ducroux de supprimer l’ancien chemin qui séparait à l’origine la demeure des bâtiments d'exploitation. Il amènage alors un ensemble clos de 15 ha, composé d’une allée arborée marquant l’accès à la propriété, d’un parc d’agrément avec des terrasses offrant une vue sur la vallée, d’un jardin potager et de plusieurs cours de ferme. Les bâtiments d’exploitation sont agrandis. Un bâtiment à cochons est construits. L’ancienne maison du métayer est détruite et remplacée par un long bâtiment avec un nouveau logement et des remises à voitures. Une aile en retour d’équerre, abritant des étables supplémentaires, est ajoutée à la grange d’origine. La maison, bientôt désignée sous le terme de « château », est également agrandie. En 1838 (date portée sur le linteau de la porte d’entrée), un appentis est construit entre les deux pavillons de la façade principale, permettant de créer un vestibule plus vaste à l’intérieur. A la fin du XIXe ou au début du XXe siècle, la maison connaît une nouvelle campagne de décoration : sols en carreaux de grès céram de la manufacture Paul Charnoz (Paray-le-Monial) et vitrail de Claudius Bertrand, maître-verrier de Chalon-sur-Saône, dans l’escalier.
L’exploitation agricole s’est poursuivie sur le domaine de Martigny jusqu’au début des années 1980. En témoigne, la modernisation de l’ancienne grange dans les années 1970, qui a amené le bouchage des anciennes ouvertures, de nouveaux percements sur la façade postérieure et la suppression des divisions intérieures pour créer un seul volume. Dans les années 1980, la propriétaire oriente l’activité du domaine vers la culture et le tourisme.
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Période(s)
- Principale : 2e quart 18e siècle
- Secondaire : 2e quart 19e siècle
- Secondaire : limite 19e siècle 20e siècle
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Dates
- 1838, porte la date
L'ensemble comprend une demeure, localement appelée château de Martigny, et des bâtiments agricoles situés à l'ouest. Délimitée au sud par un parc arboré, la maison est précédée d'un jardin d'agrément auquel on accède par une allée de platanes. Construite en maçonnerie enduite, elle comprend un étage carré et est couverte d'un toit à longs pans et croupes en tuiles plates. Elle est cantonnée de deux pavillons, chacun pourvu de deux étages carrés et couvert d'un toit à croupes en tuiles plates. La date 1838 figure sur le linteau de la porte d'entrée. Le bâtiment des communs, en rez-de-chaussée, est couvert d'un toit à longs pans. Les deux étables sont construites en moellons de calcaire partiellement enduits et sont couvertes de toits à longs pans et à croupes, en tuiles plates. Toutes deux ont été aménagées en salle d'activités et de spectacle, modifiant le volume et entraînant la disparition des fenils. La soue est couverte de tuiles mécaniques.
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Murs
- calcaire moellon enduit partiel
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Toitstuile plate, tuile mécanique
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Étagesen rez-de-chaussée, 2 étages carrés
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Couvrements
- charpente en bois apparente
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Élévations extérieuresélévation à travées
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Couvertures
- toit à longs pans croupe
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Statut de la propriétépropriété privée
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Référence PatriarcheVersé sur POP le 19/07/2023
- (c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
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Documents d'archives
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Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3P 354/1. Cadastre de la commune de Poisson. 1833-1965.
- 3P 354/1 MA : Registre des états de sections. 1833.
- 3P 354/1 MA : Matrice cadastrale des propriétés bâties et non bâties. 1833-1882 (propriétés bâties), 1833-1914 (propriété non bâties).
- 3P 354/1 MR : Matrice cadastrale des propriétés bâties. 1911-1965.
- 3P 354/1 MR : Matrice cadastrale des propriétés non bâties. 1914-1965.
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Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3 E 242. Minutes de l'étude notariale de Claude-Marie pernot (Poisson). 1736-1765.
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Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3E 5912/3. Minutes de l"tude notariale de Pierre Desautels (Charolles). Septembre-décembre 1826.
Echange de biens entre Mr Emiland Ducroux, demeurant à Martigny-Bornat, commune de Poisson, et Mr François Demôle, demeurant à saint-Julien-de-Civry. 20 décembre 1826.
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Archives départementales de Saône-et-Loire : 3E 5913/3. Minutes de l'étude notariale de Pierre Desautels (Charolles). Septembre-décembre 1827.
Donation contenant partage anticipé par Made Catherine Merle, veuve de Mr Emiland Ducroux, propriétaire à Martigny-Bornat, commune de Poisson, à Honoré, Louis-Emiland, Auguste, Ursule, Ursule-Stéphanie et Henri-François Ducroux, ses six enfants. 21 septembre 1827.
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Archives départementales de la saône-et-Loire : 3E 13605. Minutes de l'étude notariale de Charles Jacob (Paray-le-Monial). 1782.
Acquêt de domaine par Agathe Babut de Lurchampré par Mr Pernot, avocat. 27 novembre 1782.
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Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3Q 12399. Mutations par décès (bureau de Paray-le-Monial). 22 juin 1823 - octobre 1828.
Déclaration de succession d'Emiland Ducroux. 25 octobre 1827.
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Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3Q 12414. Mutations par décès (Bureau de Paray-le-Monial). Septembre 1871 - octobre 1874.
Déclaration de succession d'Honoré Ducroux. 2 août 1873.
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Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3Q 25067. Mutations par décès (Bureau de Paray-le-Monial). 27 août 1914 - 9 août 1916.
Déclaration de succession d'Ernest Ducroux. 10 juillet 1915.
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Archives départementales de la Côte d'Or : C 6797. Rôles des tailles de la paroisse de Buxeuil (Busseuil). 1687-1789.
67 pièces.
Bibliographie
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MICHEL, Aurélien. Châteaux en Charolais-Brionnais : du Moyen Âge à la grande propriété du XIXe siècle. Préf. Claude-Isabelle Brelot ; collab. Dominique Fayard, Jean-Marie Jal, Michel Maerten. Doyen éditeur, 2016.
Raphaël Favereaux, chercheur. Région Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 1995-
Philippe Mairot, chercheur. Région Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2011-
Raphaël Favereaux, chercheur. Région Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 1995-