Dossier d’œuvre architecture IA71003551 | Réalisé par ;
Mairot Philippe (Contributeur)
Mairot Philippe

Philippe Mairot, chercheur. Région Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2011-

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
;
Favereaux Raphaël (Contributeur)
Favereaux Raphaël

Raphaël Favereaux, chercheur. Région Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 1995-

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • opération ponctuelle, architecture rurale du Charolais-Brionnais
Ferme au Vieux-Changy
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Charolais-Brionnais - Charolles
  • Commune Changy
  • Lieu-dit le Vieux Bourg
  • Cadastre 2019 C2 290
  • Dénominations
    ferme
  • Parties constituantes non étudiées
    remise agricole, fenil, étable, logis, puits, toit à porcs, écurie, fournil, abreuvoir, mur de clôture

Historique à partir de 1823, date de l’établissement du cadastre à Changy

En 1823, les bâtiments de la ferme sont existants. La propriété appartient alors à Casimir-Florimond Perrin (1784-1844), marquis de Cypierre, résidant à Paris, réputé dans les milieux artistiques, grand collectionneur de la peinture du XVIIIe siècle, mais aussi grand propriétaire dans le Charolais, avec plus de 1600 hectares, comprenant le château de Cypierre à Volesvres. Ses ancêtres paternels sont attestés depuis le XVIe siècle dans la région. Ses propriétés de Changy couvraient 137,6 hectares et se divisaient en plusieurs exploitations : la ferme qui nous intéresse, à côté de la chapelle du vieux-bourg de Changy (ancienne église paroissiale), une seconde, plus importante, à 350 m de la précédente en direction des Ronzières, une troisième au lieu-dit « En Naudin ». Ces exploitations pratiquaient la polyculture. Les terres du marquis comprenaient 35,2 hectares en herbe (soit 25 %) et 88,7 hectares en cultures (soit 64,5 %). Cette répartition est représentative de celle de la commune, dont la superficie était alors couverte à 32 % par des prés et pâtures.

A la mort du marquis en 1844, ses possessions charolaises sont léguées à sa fille aînée, Louise-Adrienne-Marguerite Perrin de Cypierre (1812-1861), épouse d'Armand-Alexandre-Joseph-Adrien (1815-1896), marquis de Caulaincourt et duc de Vicence, sénateur sous le Second Empire. Suite à la mort de sa femme, ce dernier vend en 1866 les trois exploitations de Changy (avec 105,3 ha) à Louis Prost (1816- ?), fermier et emboucheur au Troncy (Nochize), Philibert Prost (1826-1907), fermier et emboucheur à Martigny (Poisson), frère du précédent, et François Gondard (1825-1908), ancien fermier du château de Cypierre, installé au Petit Baronnet (Martigny-le-Comte). L’année suivante, François Gondard quitte l’association et récupère à son compte 31,5 hectares. Les frères conservent près de 75 ha en commun, à l’exception des bâtiments, situés au lieu-dit « en Naudin », revendus en 1871. Philibert devient l’unique propriétaire des lieux en 1882 et s’installe dans le principal domaine au bourg de Changy.

Les bâtiments près de l’église, jusque-là occupés par un fermier, accueillent par la suite un vacher, chargé de la conduite des troupeaux au pâturage. L'exploitation est en effet mentionnée sous le terme de "tènement de vacher" en 1887 dans la déclaration de succession de l'épouse de Philibert Prost, Françoise Furtin (1827-1887) (Arch. dép. 71, cote 3Q 10857). Ce vacher avait vraisemblablement un statut d’employé, le même document précisant que les propriétés de la famille Prost à Changy étaient « non-affermées », gérées d’un seul tenant, directement par le propriétaire.

Après la mort de sa femme, Philibert Prost réside à Changy avec sa fille, Anne-Marie-Louise (1860-1947), et son gendre, Benoît Gey (1856-1942), qui prend la tête des affaires en 1892. Ce dernier fait de multiples acquisitions à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle portant la superficie de l’ensemble de ses biens sur la commune à 147,3 ha. Les frères Prost, puis Benoît Gey, ont surtout contribué à transformer leur exploitation en véritable domaine d’embouche. En 1914, Benoît Gey possède 109,8 hectares de prés, qui couvrent 74,5 % de ses fonds.

En 1947, à la mort d'Anne-Marie-Louise Prost, la majeure partie de la propriété est transmise à son neveu, Louis Prost, propriétaire à Langlure (commune de Vaudebarrier). La ferme près de l’église est quant à elle cédée à Claude Dumont, qui la revend en 1953 à Louis-Antonin Roillet, dont un des descendants est l'actuel propriétaire. La ferme est toujours en activité, spécialisée en élevage bovin allaitant. La maison a été modernisée, sans que son aspect soit modifié de manière significative. Quelques ouvertures ont été ajoutées au nord et au sud, tandis que l’ancien four à pain, à l’ouest de la bâtisse, a été remplacé par un appentis. Des stabulations modernes ont été construites à l’arrière des anciens bâtiments dans les années 1980 et plus récemment.

Hypothèse sur l’origine des bâtiments

Faute de source, l'origine des bâtiments ne peut être établie de manière certaine. Il est néanmoins possible d’émettre l’hypothèse selon laquelle ils ont pu être édifiés dans le troisième quart du XVIIIe siècle sur la volonté du comte de Lévis, alors seigneur de Lugny-lès-Charolles. Les rôles de taille de la paroisse, avant la Révolution, mentionnent en effet à plusieurs reprises un domaine au bourg de Changy ayant appartenu à divers propriétaires nobles : le seigneur de Marcilly, puis la veuve Joleaud de Saint-Maurice et, à partir de 1770, le comte de Lévis, Marc-Antoine (1739-1794), colonel au régiment de Picardie, puis maréchal de camp et chevalier de l’ordre de Saint-Louis. Ce domaine pourrait être un de ceux possédés par le marquis de Cypierre en 1823. Il aurait pu en faire l'acquisition après la mort du fils de Marc-Antoine de Lévis, Antoine-Louis, en 1808.

Par ailleurs, les bâtiments sont construits en grande partie avec des matériaux de remploi. Plusieurs pierres portent en effet des marques de tâcherons et proviennent d’un édifice construit antérieurement. Or, en 1770, Marc-Antoine de Lévis confie la reconstruction de son château de Lugny dans un style « à la moderne » à l’architecte bourguignon, Edme Verniquet. Il est donc possible que le comte, peu après avoir acquis le domaine de Changy, ait décidé d’en reconstruire les bâtiments en utilisant les matériaux provenant de son ancien château. L'ordonnancement régulier des constructions, qui forme un ensemble symétrique autour de la cour de la ferme, et leurs imposants volumes (avec leurs toits à croupes) pourraient également confirmer cette hypothèse, dans le sens où l'on aurait cherché, par l'architecture, à refléter le statut particulier du propriétaire des lieux.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 18e siècle , (incertitude)

Située au nord-ouest du village de Changy, le Vieux Bourg jouxte l'Arconce. La ferme est bâtie à coté de l'ancien cimetière et de l'ancienne église. L'ensemble est disposé en retrait de la route, autour d'une vaste cour. Les bâtiments, qui occupent trois des côtés, sont construits en moellons de calcaire enduits. Les trois toits sont à longs pans et à croupes et égout retroussé, couverts en petites tuiles, ponctuellement remplacées par des tuiles mécaniques. Tous les encadrements des baies sont en pierre de taille jaune. Selon les propriétaires actuels, toutes les charpentes sont réalisées à partir de pièces en remploi. Les deux surfaces symétriques de part et d'autres de l'entrée sont délimitées par des murs de pierre et engazonnées. Elles étaient sans doute auparavant des jardins potager. La dépendance de droite abrite une ancienne écurie à chevaux, une remise et le poulailler. Un puits la jouxte à droite. Au centre, face à l'entrée, une seconde dépendance est occupée par une remise et des étables. A gauche, la maison n'a plus qu'une entrée, les autres ayant été occultées. Trois pièces sont en enfilade en rez-de-chaussée. Un appentis la prolonge à l'ouest. Les murs portent de nombreuses marques de tâcherons. A l'ouest, un bâtiment de stabulation (charpente métallique et tôles) est accolé à l’arrière de la grange. Un hangar fenil (charpente métallique et tôles) de grande dimension s'étend au sud-ouest.

  • Murs
    • calcaire moellon enduit
  • Toits
    tuile plate, tuile mécanique
  • Étages
    en rez-de-chaussée
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3P 086/1. Cadastre de la commune de Changy. 1824-1965.

    - 3P 086/1 MA : Registre des états de sections. 1824.

    - 3P 086/1 MA : Matrice cadastrale des propriétés bâties et non bâties. 1824-1882 (propriétés bâties), 1824-1914 (propriétés non bâties).

    - 3P 086/1 MR : Matrice cadastrale des propriétés bâties. 1911-1965.

    - 3P 086/1 MR : Matrice cadastrale des propriétés non bâties. 1914-1965.

    Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon
  • Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3E 5944/4. Minutes de l'étude notariale de N. Prudon (Charolles). 1856 (n°300-399).

    Contrat de mariage entre M. Philibert Prost, de Martigny-Bornat, commune de Poisson, et Mlle Françoise Furtin, demeurant à Bizy, commune de Lugny-les-Charolles. 23 septembre 1856.

    Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon
  • Archives départementales de la Saône-et-Loire : 6M 3448. Dénombrements de population de la commune de Changy. 1836-1936.

    Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon
  • Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3Q 10857. Mutations par décès (Bureau de Charolles). Août 1887 - avril 1888.

    Déclaration de succession de Françoise Furtin, épouse de Philibert Prost. 20 août 1887.

    Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon
  • Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3Q 23153. Mutations par décès (Bureau de Charolles). 10 janvier - 18 septembre 1908.

    Déclaration de succession de Philibert Prost. 13 avril 1908.

    Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon
  • Archives départementales de la Côte d'Or : C 6800. Rôles des tailles de la paroisse de Changy. 1648-1789.

    Archives départementales de la Côte-d'Or, Dijon

Bibliographie

  • MICHEL, Aurélien. Châteaux en Charolais-Brionnais : du Moyen Âge à la grande propriété du XIXe siècle. Préf. Claude-Isabelle Brelot ; collab. Dominique Fayard, Jean-Marie Jal, Michel Maerten. Doyen éditeur, 2016.

Date(s) d'enquête : 2018; Date(s) de rédaction : 2019
(c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
(c) PETR du Pays Charolais-Brionnais
Mairot Philippe
Mairot Philippe

Philippe Mairot, chercheur. Région Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2011-

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
Favereaux Raphaël
Favereaux Raphaël

Raphaël Favereaux, chercheur. Région Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 1995-

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
Articulation des dossiers