Dossier d’œuvre architecture IA71003553 | Réalisé par ;
Mairot Philippe (Rédacteur)
Mairot Philippe

Philippe Mairot, chercheur. Région Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2011-

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  • opération ponctuelle, architecture rurale du Charolais-Brionnais
Château de Chaumont (Oyé)
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) PETR du Charolais-Brionnais

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Charolais-Brionnais - Chauffailles
  • Commune Oyé
  • Lieu-dit Chaumont
  • Dénominations
    château
  • Parties constituantes non étudiées
    logis, communs, grange, salle, chapelle, escalier, jardin d'agrément

Origines du domaine de Chaumont

Le cartulaire du prieuré de Marcigny conserve des actes relatifs à la donation de deux manses (ou domaine rural) par le seigneur d’Oyé à l’abbaye de Cluny dans les années 1070-1080. Geoffroy III, seigneur de Semur, possède à l’époque la seigneurie d’Oyé, après avoir épousé son héritière, Ermangarde. Les liens entre la famille de Semur et l’abbaye de Cluny sont alors bien établis, puisque l’oncle de Geoffroy III, Hugues (1024-1109), en est l’abbé depuis 1049. L’origine du fief de Chaumont se trouve vraisemblablement dans l’une de ses donations. Cette hypothèse est confirmée par le récit de l’abbé Courtepée dans sa Description générale et particulière du duché de Bourgogne en 1779 : « La seigneurie de Chaumont en Mâconnais a été acquise de l’Abbé de Cluni, par Andrault de Langeron en 1638. » Hector Andrault de Langeron, cadet d’une famille de la noblesse nivernaise, était également propriétaire dans le Brionnais du marquisat de Maulévrier (paroisse de Melay) et de la seigneurie et baronnie d’Oyé, acquise en 1636. Son fils François (vers 1640-1715) revend Chaumont à la fin du XVIIe siècle à Antoine Circaud (1634-1709), bourgeois et marchand du village de Sancenay (également sur la paroisse d’Oyé). Ce dernier est mentionné pour la première fois à Chaumont, dans le registre de la taille (impôt royal) de 1690. A la même date, le registre indique également la présence de Jean Mathieu (1640-1703), également natif de Sancenay, marchand et titulaire de la charge de procureur fiscal de la baronnie d’Oyé. Ce dernier partage avec Antoine Circaud un ancêtre commun, marchand et notaire royal au XVIe siècle. Ils sont également cousins au second degré par leurs femmes et associés dans leurs activités commerciales.

La société Circaud-Mathieu

Les deux familles se partagent vraisemblablement la demeure de Chaumont et sont associées en affaires jusqu’au moins 1760. S’il est impossible de déterminer le moment précis où leur activité se spécialise dans le commerce des bovins, un livre de compte de la « Société Mathieu/Circaud » (conservé à la mairie de Saint-Christophe-en-Brionnais) montre que celle-ci a atteint un niveau sensiblement important entre 1746 et 1760. En 15 ans, Jean Circaud (1688-1765), petit-fils d’Antoine, et Emiland Mathieu (1702-1778), petit-fils de Jean, ont acheté 13 558 bœufs (soit un peu plus de 900 par an en moyenne) pour un montant total de 1 887 260 livres et vendu 13 715 animaux pour un montant total de 2 121 864 livres, dégageant un profit brut de 233 904 livres. Les deux hommes sont d’ailleurs souvent considérés comme les premiers gros emboucheurs et marchands de bestiaux du Brionnais, bien qu’ils n’aient pas été les seuls à développer cette activité à l'époque.

Dans les années 1760, les Mathieu quittent Chaumont, après qu’Emiland ait obtenu la charge de fermier général de la baronnie d’Oyé. Les Circaud de Chaumont poursuivent leur ascension sociale. A la fin du XVIIIe siècle, Jean Circaud de Chaumont (1721-1800), IIe du nom, fils du précédent, accède à la noblesse par l’achat d’une charge de « secrétaire du roi près le parlement de Grenoble ». Il est désigné dans plusieurs actes comme « écuyer ». En 1834, à la mort de son petit-fils, Christophe-Marie Circaud, le domaine de Chaumont est transmis à la fille de ce dernier, Christine-Hélène, et à son mari, Alphonse-Jules-François Michon du Marais (1784-1870), militaire et homme politique, né à Roanne, chevalier puis officier de la Légion d’honneur, député et conseiller général de la Loire sous le Second empire, baron par lettres patentes de Napoléon III en 1869. Albert du Marais (1878-1974), petit-fils des précédents, poursuit le développement du domaine pendant toute la première moitié du XXe siècle, en acquérant de nouveaux bâtiments autour du château (notamment ceux du domaine voisin de Daron en 1925) et en augmentant la surface en herbe de l’exploitation par conversion de terres (env. 23 ha) et acquisition de nouvelles parcelles de prés (env. 14 ha). De 66 hectares avant 1911, cette dernière passe à plus de 100 ha en 1933.

L’architecture du château

Le château actuel est une construction datant principalement du XVIIIe siècle, érigée sur les bases d’un bâtiment de la fin du Moyen-âge et remaniée dans la première moitié du XXe siècle. Une partie du bâtiment primitif est conservée. Trois pièces du rez-de-chaussée (correspondant aux anciennes cuisines) présentent un voûtement sur croisée d’ogives et des ouvertures couvertes d’arc en accolade datant de la fin du XVe siècle ou du début du XVIe siècle. Parmi les bâtiments anciens, la « grange toute couverte à paille […] appelée la grande grange », mentionnée dans un document du 26 mai 1651 (arch. privées du château), est également conservée, bien qu’elle ait été entièrement transformée. Dans le troisième quart du XVIIIe siècle, Jean Circaud fait construire un logis neuf, flanqué de quatre pavillons d’angles et de deux ailes en retour d’équerre au nord. La datation précise de ces travaux n’est pas connue, mais ils sont achevés en 1777 (d’après un autre document conservé dans les archives privées du château). Les travaux engagés par Albert du Marais du XXe siècle s’échelonnent du début des années 1920 (les plans sont fournis en 1922) jusqu’à la fin des années 1950. Le projet est conçu par l’architecte lyonnais Antoine-Louis-Joseph Sainte-Marie Perrin (1871-1927), mais « ne révèle pas tant la personnalité de l’architecte que celle du commanditaire » (Laurent Saccaro, Le goût du Moyen Âge en Bourgogne : La Rochepot et les châteaux néogothiques (1820-1940), Ed. Universitaires de Dijon, 2016, p. 76-77).

La restauration du château s’est surtout concentrée sur l’ajout d’un foisonnant décor sculpté de style néo-gothique et néo-Renaissance sur les différentes façades entourant la cour d’honneur et sur l'aménagement d'une salle de réception, dans l'esprit des salles seigneuriales médiévales, et d'une chapelle dans la "grande grange". De nombreux éléments – lucarnes, tour d’escalier, échauguettes – proviennent de l’ancien château de Moulin-l’Arconce (commune de Poisson), détruit dans le premier quart du XXe siècle. D’autres éléments sont créés pour compléter la composition : médaillons des rois de France dans la cour d’honneur, statues en ronde bosse de saint Louis et Blanche de Castille et Vierge à l’enfant sur la façade sud de l’ancienne grange, etc. A l’intérieur de la grande salle, une fresque, complétant un décor de lambris en plis de serviette, est exécutée en 1956 et 1957 par le peintre-fresquiste Léon Raffin (1906-1996). Elle représente plusieurs épisodes de la vie de saint Louis. Deux pavillons sont également ajoutés en 1924 aux extrémités des ailes encadrant la cour d’honneur. L’intérêt de cette réalisation réside à la fois dans son ampleur et sa mise en œuvre tardive que Laurent Saccaro qualifie d’ « ultime réaction du gothique de fantaisie » et qui donne à la bâtisse un « caractère d’œuvre totale ».

Ouvert à la visite en période estivale, le château est devenu un des sites patrimoniaux majeurs du Brionnais. Les prés du domaine sont désormais loués à divers exploitants.

  • Période(s)
    • Principale : 2e moitié 18e siècle
    • Secondaire : limite 15e siècle 16e siècle
    • Secondaire : 1ère moitié 20e siècle

Le château de Chaumont est situé au cœur d'un parc paysager de près de 7 hectares, fermé au sud par une charmille de 350 m de long. Le château se compose d'un corps de logis principal sur deux niveaux (rez-de-chaussée et un étage carré), flanqué aux angles de pavillons et couvert d'un toit à 4 pans brisés. Deux ailes en retour d'équerre se développent au nord et encadrent une cour. Ces ailes sont constituées de deux parties, une sur deux niveaux couverte d'un toit brisé, une autre en rez-de-chaussée, flanquée d'un pavillon (également couvert d'un toit brisé) à son extrémité. L'ensemble des toitures sont percées de lucarnes. Une autre aile, couverte d'un toit à longs pans, se développe contre le corps de logis principal à l'est. Elle abrite une chapelle, couverte d'une voûte lambrissée, et une grande salle d'apparat décorée de lambris à plis de serviettes et d'une fresque sur trois pans de murs. A l'extérieur, cette aile est flanquée au sud d'une tour d'escalier hors-œuvre et à l'angle sud-est d'une échauguette. Les façades de la bâtisse présentent un abondant décor sculpté : encadrements des ouvertures moulurés, archivoltes, bas-reliefs, médaillons, statues en ronde-bosse.

  • Murs
    • calcaire moellon enduit
  • Toits
    tuile plate
  • Étages
    1 étage carré
  • Couvertures
    • toit à longs pans brisés croupe brisée
    • toit à longs pans
  • Techniques
    • sculpture
    • peinture
  • Représentations
    • personnage profane, Vierge
    • scène historique
  • Précision représentations

    Le décor sculpté comporte notamment des médaillons représentant les rois de France, et trois statues en ronde-bosse dans des niches, sur la façade postérieure de l'aile abritant la grande salle. Ces statues représentent une Vierge à l'enfant, le roi Louis IX (ou saint Louis) et la reine Blanche de Castille, en écho au décor de fresque de la grande salle. Cette fresque, réalisée entre 1953 et 1956 par le peintre Léon Raffin, représente des épisodes de la vie de saint Louis : son sacre en 1226, la conspiration de Corbeil en 1227, son mariage avec Marguerite de Provence, fille du comte de Provence, en 1234, la donation de La Clayette par le comte de Mâcon, Jean de Braine, en 1239, l’acquisition des reliques de la Passion (dont la couronne d'épines), l’entrevue avec le pape Innocent IV à Cluny en 1244, la 7e croisade (1248-1254), le service des pauvres et la justice sous un chêne, l’hommage du roi d'Angleterre en 1259, la construction de l'abbaye cistercienne de Royaumont en Île-de-France, le conseil à ses fils, et enfin le camp de Carthage et sa mort en 1270, au cours du siège de Tunis, lors de la 8e croisade.

  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée
  • Protections
    inscrit MH partiellement, 1990
  • Référence MH

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3P 337/1. Cadastre de la commune d'Oyé. 1826-1965.

    - 3P 337/1 MA. Registre des états de section. 1826.

    - 3P 337/1 MA. Matrice cadastrale des propriétés bâties et non-bâties. 1826-1882 (propriétés bâties), 1826-1914 (propriétés non-bâties).

    - 3P 337/1 MR : Matrice cadastrale des propriétés bâties. 1911-1965.

    - 3P 337/1 MR : Matrice cadastrale des propriétés non-bâties. 1914-1965.

    Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon
  • Archives départementales de la Saône-et-Loire : 6M 3459. Dénombrements de population de la commune d'Oyé. 1836-1936.

    Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon
  • Archives départementales de la Côte-d'Or : C 7452. Rôles des tailles de la paroisse d'Oyé. 1551-1789.

    Archives départementales de la Côte-d'Or, Dijon
  • Collection particulière. Livre de compte de la société "Mathieu-Circaud". 1746-1760.

    Collection particulière

Bibliographie

  • COURTEPEE, BEGUILLET. Description générale et particulière du Duché de Bourgogne. Tome III : Bailliages de Charolles, Montcenis, Semur, Chalon-sur-Saône et Noyers. Avallon : Editions F.E.R.N., 1967 (3e ed.).

  • DURIX, Pierre. La montée en puissance des marchands-emboucheurs du Brionnais aux XVIIe-XVIIIe siècles. Editions du Centre d'études des patrimoines du Pays Charolais-Brionnais, Histoire et patrimoine rural en Bourgogne du sud, 2007, n°3.

  • NICOLIER, Anelise. La construction d'un paysage monumental religieux en Brionnais à l'époque romane. 5 vol. Th. doct. : Histoire de l'art et archéologie : Lyon 2 : 2015.

  • MICHEL, Aurélien. Châteaux en Charolais-Brionnais : du Moyen Âge à la grande propriété du XIXe siècle. Préf. Claude-Isabelle Brelot ; collab. Dominique Fayard, Jean-Marie Jal, Michel Maerten. Doyen éditeur, 2016.

  • SACCARO, Laurent. Le goût du Moyen Âge en Bourgogne : La Rochepot et les châteaux néogothiques (1820-1940). Dijon : Editions Universitaires de Dijon, 2016.

Documents figurés

  • Vue du château de Chaumon (Oyé)t, depuis le Nord. Carte postale. Combier Imprimeur Mâcon (CIM), début du XXe siècle.

    Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon
  • Vue du château de Chaumont (Oyé), depuis le sud. Carte postale. Edit. Marillier, début du XXe siècle.

    Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon
  • Vue du château de Moulin-l'Arconce (Poisson). Carte postale. Digoin : F. Cachet, vers 1900.

    Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon
Date(s) d'enquête : 2018; Date(s) de rédaction : 2019
(c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
(c) PETR du Pays Charolais-Brionnais
Mairot Philippe
Mairot Philippe

Philippe Mairot, chercheur. Région Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2011-

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