Dossier d’œuvre architecture IA71003559 | Réalisé par
Mairot Philippe (Contributeur)
Mairot Philippe

Philippe Mairot, chercheur. Région Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2011-

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  • opération ponctuelle, architecture rurale du Charolais-Brionnais
Demeure et ferme à Maringues
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Charolais-Brionnais - Charolles
  • Commune Saint-Julien-de-Civry
  • Lieu-dit Maringue
  • Cadastre 2019 A 783
  • Dénominations
    ferme
  • Parties constituantes non étudiées
    remise agricole, fenil, étable, logis, cour, four, pigeonnier, puits, mur de clôture, colombier

Datation des bâtiments

Une grande partie des bâtiments du domaine peut être datée de la seconde moitié du XVe siècle. Ils correspondent en effet aux constructions d’un dénommé Pierre Fultin, décrites dans une transcription (rédigée en 1782) du terrier de Maringues de 1499. L'emplacement des constructions, qui joignent au sud le « chemin tenant de Maringue au Bois-Sainte-Marie » (sic) et à l’ouest la propriété de Pierre Burtin, elle-même délimitée à l’ouest par le « chemin tendant de Maringue à Charolles » (sic) , correspond en effet à celui des bâtiments actuels. Par ailleurs, le texte précise que la maison en laquelle Pierre Fultin « fait sa résidence » est « couverte à tuilles plattes, grandes contigues à icelle [à une autre maison] couverte à tuilles creuses ». Or, la demeure actuelle se compose bel et bien de deux parties mitoyennes, comme en atteste la présence d’une chaîne d’angle et d’une rupture de maçonnerie au milieu des façades antérieures et postérieures. L'édifice a donc été construit en deux phases, sans doute assez proches chronologiquement. Il est peu probable que les bâtiments aient été conçus indépendamment l'un de l'autre puisqu’il n’existe qu’un seul accès à l’étage par l’escalier à vis de la tour hexagonale.

La maison présente également de nombreux éléments architecturaux caractéristiques du XVe siècle, notamment des baies à chanfrein arrêté en biais par un congé, dont certaines couronnées d’un linteau à accolade, et des fenêtres à coussièges à l'étage. Dans l’architecture rurale, ces éléments proviennent souvent d’autres bâtiments et sont utilisés en remploi. Ici, leur présence dans l'ensemble de l'édifice, aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur, et leur nombre permettent d'attester qu'ils sont contemporains de la construction et réalisés spécifiquement pour cette dernière. Seule la cheminée de la grande chambre à l’étage, aujourd'hui partiellement détruite, est peut-être un remploi, sa taille monumentale étant disproportionnée par rapport à celle de la pièce. A l’origine, le manteau de la cheminée n’était d’ailleurs pas visible, masqué par un plancher qui séparait la chambre des combles. L’existence de ce plancher est attestée par la présence de corbeaux en pierre qui en soutenaient les solives.

Cette architecture, assez exceptionnelle dans un contexte rural, surtout au XVe siècle, peut s’expliquer par le statut de son propriétaire. Le terrier de 1499 désigne Pierre Fultin comme « clerc notaire public » et « homme franc et justiciable de Noble homme Guillaume de Marcilly, écuyer, seigneur dudit lieu ». Il est donc affranchi, sans doute grâce à sa profession, de certains impôts seigneuriaux et bénéficie d’un statut privilégié – celui de notable ou bourgeois – comparé aux autres habitants du lieu.

Quant aux dépendances agricoles décrites en 1499, « une étable couverte à paille, une autre étable couverte à tuilles creuses », elles peuvent correspondre aux deux petits bâtiments situés aux extrémités de la maison, contre le mur-pignon ouest et à l’angle sud-est de celle-ci. Le bâtiment ouest, avec la toiture la plus pentue, était probablement couvert « à paille », c’est-à-dire d’un toit de chaume. En revanche, rien n’indique à l'époque l’existence de la grange qui forme aujourd’hui une aile en retour d’équerre sur la cour.

Evolution des bâtiments

Depuis le XVe siècle, de nombreuses évolutions ont été apportées aux bâtiments. Deux phases de travaux ont pu être identifiées, grâce à trois inscriptions : la date de 1758, gravée sur le linteau d’une cheminée au premier étage de la maison, celle de 1757 sur le linteau de la cheminée de la cuisine et une seconde date (18 ??), pas entièrement lisible, sur une des consoles de la même cheminée, indiquant des travaux au XIXe siècle. Les transformations du XVIIIe siècle incluent également le percement d’une fenêtre à linteau cintré (devenue porte) sur le pignon est de l’habitation et d’une fenêtre de même style, côté cour, pour éclairer une des chambres. C’est probablement à cette époque qu’est construite la grande aile de dépendances dans la cour, abritant une étable, une remise, un hangar sur deux niveaux ouverts sur la cour (l’étage ayant été muré par la suite), une cave et un grenier au-dessus de cette dernière, éclairé côté jardin, par une grande lucarne avec une baie également cintrée.

Au XIXe siècle, une des pièces, au rez-de-chaussée de la maison, accessible par une porte chanfreinée, décorée d’une accolade, est transformée en étable. Plusieurs percements sont réalisés à cette époque, notamment la porte d’entrée sur la cuisine, côté cour, couplée avec une fenêtre.

Au XXe siècle, un gros contrefort est construit sur la façade postérieure pour consolider le bâtiment. Récemment, la couverture de la maison a été entièrement refaite. Elle présente aujourd’hui un aspect unifié, alors qu’à l’origine les deux parties étaient couvertes différemment.

La dynastie Furtin-Mommessin

En 1499, le propriétaire des lieux, Pierre Fultin est notaire. Ses descendants – dénommés ensuite Furtin – ont continué à résider à Maringues et se sont tournés vers l’agriculture, apparaissant comme des laboureurs-propriétaires aisés. Au milieu du XVIIIe siècle, ils s’orientent vers l’embouche. Dans le procès-verbal d’une visite générale des feux du comté de Charolais de 1751, un des agents de la fiscalité royale précise qu’il y a à Maringues : « des prés clos de bonne nature, pour la nourriture des bestiaux qui servent à la culture des terres et même pour engraisser des bœufs et les mettre en embouche ». Il ajoute toutefois que « ces derniers sont en très petites quantités. »

Un état des facultés, commerce et industrie des contribuables au rolle des impositions de la communauté de Maringues de 1771 (Arch. dép. 21, cote C 7457) donne une vision précise des fermes du village. A cette époque, le hameau compte un charpentier, deux manœuvres ou ouvriers agricoles avec « une très petitte propriété », un métayer, exploitant « pour autruy » et six laboureurs-propriétaires avec des exploitations de tailles variées. Parmi eux, Marie Aupècle, veuve de François Furtin, bienfaitrice de l’hôpital de Paray-le-Monial, possède un domaine important de 50 boisselées de semence en froment avec plusieurs prés « de l’assiette de dix huit chars de foin », un pré d’embouche de 12 bœufs, des vignes « pour faire six tonneaux de mauvais vin » et une brosse (bois) de trois boissellées. Hercule-Mériadec Mommessin et son fils « demeurant l’un et l’autre avec la ditte Marie Aupècle » sont par ailleurs fermiers de deux domaines à Giverdier, dans la paroisse de Saint-Symphorien-des-Bois. Deux autres habitants de Maringues exploitent des prés d’embouche : Antoine Mommessin, propriétaire de trois prés de « vingt quatre à vingt bœufs », et Laurent Mommessin qui « jouit à titre de fermier de deux prés et d’un pâquier dont le Sr Claude Mommessin, son père, s’est réservé la jouissance pendant sa vie, qui peuvent engraisser vingt bœufs ». Ainsi, la pratique de l’embouche est alors loin d’être généralisée. Elle concerne une poignée d’individus qui sont membres d’une seule et même famille.

En effet, la famille Furtin et la famille Mommessin, de Prizy, ont formé une alliance à la fin du XVIIe siècle. Jehan Furtin, dit « le Jeune », aîné de la famille, unit son fils Nicolas (1670-v. 1740) à une fille d’Antoine Mommessin, et donne en mariage 3 de ses filles (Charlotte, Jeanne et Nicole), ainsi qu’une nièce (également prénommée Nicole), aux fils Mommessin. Plusieurs ménages cohabitent dans les bâtiments du domaine. Au XVIIIe siècle, de nouvelles bâtisses sont construites dans le village par certains membres de la famille. En 1771, le vieux domaine abrite encore Marie Aupècle, veuve de François Furtin, avec qui elle n’a pas eu d’enfant, et Hercule-Mériadec Mommessin, cousin de ce dernier issu de germains. A sa mort en 1826, Hercule-Mériadec n’est plus propriétaire des lieux et vit chez une de ses filles et son gendre à Charnay. Le domaine a été transmis à un autre cousin, Claude Mommessin (1765-1850). Au cadastre de 1823, il possède 33 ha dont plus de 73 % en prés et pâtures. Ses descendants ont continué à pratiquer l’embouche, même si le domaine s’est réduit au fil des partages. L’activité s’est arrêtée dans les années 1980.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 15e siècle
    • Secondaire : 3e quart 18e siècle
    • Secondaire : 19e siècle
  • Dates

L'ensemble occupe une parcelle triangulaire au sud-ouest du hameau. Les bâtiments sont disposés autour d'une cour. Leur disposition forme un U tronqué. Le logis occupe le fond de la cour et présente sa façade antérieure au sud. Edifié en moellons de calcaire enduits, aujourd'hui couverts d'un toit à deux pans en tuiles canal, le logis est un bâtiment de forme quadrangulaire, flanqué d'un appentis et d'une tour hexagonale abritant un escalier à vis et un pigeonnier. Extérieurement, plusieurs baies présentes un chanfrein et des linteaux à accolade. A l'intérieur, une grande cuisine est équipée d'une cheminée et de placard, aménagés dans l'épaisseur du mur. L'étage comprend un grenier et deux chambres, également équipées de belles cheminées. L'une porte la date de 1758 et l'autre, partiellement démantelée, conserve une allure monumentale. L'une des chambres est éclairées de baies à coussièges.

L'ensemble comprend également trois bâtiments; une étable à l'angle sud-est de la maison, une autre (destinée aux chèvres et moutons) dans son prolongement à l'ouest. Enfin, une aile en retour d'équerre abrite une étable à bovins, une remise, un hangar, surmonté d'un fenil, dont le plancher est en partie soutenue par une pile hexagonale en calcaire jaune et à bases prismatiques, ainsi qu'une cave et un grenier à grains accessibles par quelques degrés. Cette aile est couverte d'un toit à longs pans en tuiles plates.

  • Murs
  • Toits
    tuile plate, tuile creuse
  • Étages
    sous-sol, 1 étage carré, 2 étages carrés
  • Couvrements
  • Couvertures
    • toit polygonal
    • toit à longs pans noue
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier en vis en maçonnerie
    • escalier dans-oeuvre
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3P 433/1. Cadastre de la commune de saint-Julien-de-Civry. 1824-1965.

    - 3P 433/1 MA : Registre des états de sections. 1824.

    - 3P 433/1 MA : Matrice cadastrale des propriétés bâties et non-bâties. 1824-1882 (propriétés bâties), 1824-1914 (propriétés non-bâties).

    - 3P 433/1 MR : Matrice cadastrale des propriétés bâties. 1911-1965.

    - 3P 433/1 MR : Matrice cadastrale des propriétés non-bâties. 1914-1965.

    Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon
  • Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3E 5938/4. Minutes de l'étude notariale de N. Prudon (Charolles). 1850 (n°346-443).

    Inventaire après le décès de M. Claude Mommessin, en son vivant demeurant à Maringues, commune de Saint-Julien-de-Civry. 21 août 1850.

    Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon
  • Archives départementales de la Saône-et-Loire: 3Q 10831. Mutations par décès (Bureau de Charolles). Mars 1850 - juillet 1851.

    Déclaration de succession de Claude Mommessin. 22 janvier 1851.

    Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon
  • Archives départementales de la Côte d'Or : C 7457. Rôles de taille de la paroisse de Saint-Julien-de-Civry. 1551-1789.

    Archives départementales de la Côte-d'Or, Dijon
  • Collection particulière. Transcription du terrier de Maringues de 1499. 1782.

    Collection particulière

Bibliographie

  • SANDRE, Joseph. Essai de monographie locale : simples notes sur Saint-Julien-de-Civry. [s.l.] : Académie de Mâcon, 1896.

Date(s) d'enquête : 2019; Date(s) de rédaction : 2019
(c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
(c) PETR du Pays Charolais-Brionnais
Mairot Philippe
Mairot Philippe

Philippe Mairot, chercheur. Région Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2011-

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