Cette ferme a été bâtie dans la première moitié du XVIIIe siècle pour Toussaint Combier (1682- ?), laboureur, originaire du village de Sarre, dans la paroisse de Curbigny. Sa présence à Frâgne est attestée à partir de 1717. La construction a donc pu être réalisée quelques temps avant son installation ou dans les années qui ont suivi, en remplacement de bâtiments plus anciens. La ferme se composait alors uniquement de la maison, à l’est de l’ensemble actuel, et d’une dépendance, alors détachée de l’habitation et abritant une remise au centre et deux étables. La maison comportait une galerie, aujourd’hui disparue, et un escalier extérieur à l’angle nord-est, détruit et remplacé par un escalier intérieur en 1928.

Une seconde habitation est ensuite construite, en extension de la grange, à l’ouest, probablement à la fin des années 1720 pour abriter le jeune ménage formé par Louis Combier (1704-1781), fils aîné de Toussaint, né d’une première union avec Jacqueline Corneloup (+ 1712), et Jeanne Aupècle. Le couple s’est marié le 15 janvier 1726 à Saint-Symphorien-des-Bois, d’où est originaire la jeune femme. Toussaint a également un autre fils, Pierre (1720-1785), né d’une seconde union avec Catherine Joly (1683-1753). La propriété finit donc par être scindée en deux parties :

- une à l’ouest abritant le couple Combier/Aupècle, comprenant la nouvelle maison et une partie de la grange,

- une à l’est, abritant Pierre Combier, marié en 1744 à Pierrette Gelin, de Saint-Racho, et comprenant la première maison, une partie de la grange (l’étable de droite) et une remise, construite entre les deux précédents bâtiments.

L’ensemble forme dès lors un bel alignement le long de la route menant au bourg de Colombier-en-Brionnais (à 3km de distance, au nord).

A sa mort, Louis Combier transmet sa propriété à Jeanne (1739- ?), sa fille unique, qui épouse en 1766 Claude Gelin (1742-1813), natif de Saint-Racho. Ils ont un fils Jacques (1768-1856). Quant à la part de Pierre, qui n’a pas eu d’enfant, elle est vendue vers 1785 à un dénommé Claude Raquin (1748-1801), originaire de Curbigny. D’après la matrice cadastrale de Colombier-en-Brionnais, établie en 1826, la propriété de Jacques Gelin s'étend sur près de 16,7 hectares et celle de Hyacinthe Raquin (1780-1832), fils de Claude, sur 10,3 hectares. Les deux exploitations sont dominées par la polyculture (près de 10 ha de terres cultivées pour le premier, un peu plus de 5 ha pour le second). A cette date, la commune, qui s’étend sur 1304 hectares, est couverte à 38 % de cultures, 36 % de prés et pâtures et 23 % de bois et broussailles. La proportion en herbe des exploitations de Jacques Gelin (3,7 ha) et Hyacinthe Raquin (2,9 ha) est assez faible et couvre environ un quart de leurs superficies.

Le fils de Jacques Gelin, Jean (1798-1884), va ensuite développer l’activité d’embouche. Il est désigné comme marchand de bétail dans le recensement de population de 1856 et comme marchand de bœufs, dans celui de 1876. Vers 1840, il fait entièrement reconstruire sa maison, en incluant dans l’habitation l’étable, à gauche de la vieille grange, reconvertie en cuisine. Une nouvelle dépendance est également édifiée dans la cour. En 1913, son fils, Philibert (1839- ?), possède 19,6 hectares, dont 53 % en prés (soit 10,4 ha). A la même époque, l’exploitation d’Antoine Raquin, le petit-fils de Hyacinthe, avec ses 14,3 hectares, est à l'inverse toujours principalement couverte de terres cultivées (68 %). Les deux fermes sont à nouveau réunies pour former une seule et même propriété dans la seconde moitié du XXe siècle. L’activité agricole cesse dans les années 1980.