Dossier d’œuvre architecture IA71003565 | Réalisé par
Mairot Philippe (Contributeur)
Mairot Philippe

Philippe Mairot, chercheur. Région Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2011-

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
;
  • opération ponctuelle, architecture rurale du Charolais-Brionnais
Demeure et ferme de la Mollière
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Charolais-Brionnais
  • Commune Anzy-le-Duc
  • Lieu-dit La Mollière
  • Cadastre E 48, 451, 472, 473, 477, 478, 480
  • Dénominations
    ferme, demeure
  • Parties constituantes non étudiées
    remise agricole, fenil, étable, logis, four à pain, toit à porcs, mur de clôture, sous-sol

Un lieu de pouvoir

Malgré l’absence de sources, la construction des bâtiments de la Mollière – tout du moins de l’habitation – peut-être datée du début des années 1670, précédant de peu l’installation de Thomas Lambert et de son épouse Nicole Baratier (ou Barathier) dans les lieux en 1674. Thomas Lambert (?- ?), dit « Noble » ou « Sieur » dans les registres paroissiaux, est le fils de Georges Lambert, capitaine au régiment d’Uxelles, et de Suzanne (ou Jeanne) de Chandon (probablement liée à la famille Chandon, seigneur de Briailles, dans la paroisse d’Iguerande). En l’état actuel des recherches, sa date et son lieu de naissance ne sont pas connus. Le 8 juin 1671, il épouse à Marcigny Nicole Baratier (1644- ?), fille de Nicolas Baratier, notaire royal dans cette ville, qui lui apporte en dot le domaine de la Mollière, mentionné dans un rolle de taille (registre d’imposition) de la paroisse d’Anzy, daté de 1663, sous le nom de domaine « Barathier ». Il est alors exploité par un granger du nom de Benoist Saget.

L’installation du couple à la Mollière en 1674 est attestée par la mention de Thomas Lambert dans le rolle de taille d'Anzy, cette même année, et par les actes de naissance de leurs enfants. Les deux aînés – Guillaume, né en 1672, et Anne, née en 1673 – sont baptisés à Marcigny. Les cadets – Hector, né en janvier 1675, Jehanne, née en 1676, et Pierre, né en 1677 – sont baptisés à Anzy-le-Duc. Cette installation est sans doute le fait de l’obtention par Thomas Lambert d’une charge au sein de la baronnie d’Anzy-le-Duc ; celle de procureur d’office qu’il transmet ensuite à son fils aîné Guillaume. Le procureur d’office est un officier chargé d’exercer au nom du seigneur, le baron et prieur d’Anzy, la moyenne et basse justice dans la seigneurie. Ainsi, les bâtiments de la Mollière reflètent, plus que l’aisance d’un propriétaire terrien, l’influence et le pouvoir d’un personnage sur sa localité : « L’appartenance à la communauté seigneuriale est vécue par les habitants tout particulièrement à travers l’institution des « assises ». Périodiquement, sous l’autorité du procureur d’office, tous les sujets justiciables se rassemblent pour entendre les règlements et recevoir les directives qui touchent à l’organisation de la vie collective dans le cadre de la seigneurie. » (Serge Dontenwill, Du terroir au pays et à la région : les espaces sociaux en Roannais à l’époque préindustrielle (milieu XVIIe siècle-fin du XVIIIe siècle), Université de Saint-Etienne, 1997).

La transmission du domaine

Guillaume Lambert (1672-1749), fils aîné de Thomas Lambert et Nicole Baratier, n’a pour héritier qu’une fille, Catherine (1714-1784), née de son second mariage. Cette dernière épouse en 1732 Philibert Ravier (1701-1783), fils cadet de Michel Ravier, marchand et fermier de la seigneurie voisine de Sarry. Il devient le nouveau propriétaire des lieux et prend en fermage la baronnie d’Anzy. Son fils Philibert (1736-1790) s’installe à Sarry en 1759 après avoir succédé à un cousin comme fermier de cette seigneurie. A sa mort, en 1790, sa veuve, Marie Chabrier (1739-1814) et leurs deux filles mineures retournent à la Mollière. Le XIXe siècle marque le démantèlement progressif du domaine. Un partage des terres est d’abord effectué entre les deux héritières : Philiberte (1783- ?), qui épouse en 1809 Claude Maublanc, notaire à Anzy, et Marguerite-Joséphine (1785-1848), qui épouse en 1812 Claude-Jacques Leclerc (+ 1815), marchand, propriétaire à Baudemont, près de La Clayette. Puis, ce sont les bâtiments eux-mêmes, dont Marguerite-Joséphine avait entièrement hérité, qui subissent un partage à la mort de celle-ci en 1848, entre deux de ses fils, Claude (1824-1898) et François (1826- ?), nés de son second mariage avec Jacques-Claude Desresse (1787-1856), fils d’un ancien capitaine de la maréchaussée, originaire de Charolles. François récupère « la moitié environ du côté du soir de la maison d’habitation » et Claude l’autre moitié « au matin », le tout séparé par « un corridor mitoyen et par l’escalier qui dessert le premier étage et qui sera également mitoyen » (Partage entre les enfants Desresse du 28 août 1848, chez maître Sorlin, notaire à Marcigny, Arch. dép. 71, cote 3E 25041). Les dépendances agricoles et le reste des terres sont également divisées. Les deux frères cohabitent jusqu’au début des années 1870, comme en témoignent les recensements de population. La partie de François est revendue dans la première moitié de cette décennie. La division de la propriété s’est maintenue jusqu’au propriétaire actuel, qui est parvenu, il y a quelques années, à réunir à nouveau la propriété en un seul ensemble.

La composition du domaine

La superficie et la composition du domaine avant le XIXe siècle ne sont pas connues. En 1848, lors du partage entre les enfants Desresse, le domaine s’étend sur près de 25 ha. Si plusieurs parcelles sont groupées autour des bâtiments, le parcellaire du domaine apparaît plutôt dispersé, comprenant notamment 60 ares de vigne à Sarry. Au regard de la nature des parcelles, la propriété apparaît plutôt comme une exploitation de polyculture avec 13 ha de terres cultivées, un peu moins de 10 ha en prés et pâtures, 2,6 ha de bois et un peu plus d’1 ha de vignes. La famille possède également une locaterie (petite exploitation louée à un métayer ou granger) d’une superficie de 6 ha, au lieu-dit Les Augères à Anzy-le-Duc.

L’évolution des bâtiments

En 1848, l’ensemble des bâtiments comprend :

- La maison, qui abrite un vestibule avec un escalier, six pièces au rez-de-chaussée (dont une cuisine et une salle à manger), 5 pièces au premier étage, ainsi qu’un grenier et une cave enterrée, sous une partie du bâtiment, à l’est ;

- Un bâtiment contenant « quatre petites écuries », à l’ouest de la cour,

- Une grande dépendance, constituée de deux ailes disposées en équerre, et contenant une écurie à cochons avec une chambre de domestique au-dessus, un cuvage, un pigeonnier, une écurie de chevaux, une écurie, dite « des vaches », une grange et une dernière écurie, dite « des bœufs ».

La maison de maître a connu peu d’évolution depuis sa construction. Les baies, sauf celles donnant sur le vestibule et l’escalier, ont été reprises dans la première moitié du XVIIIe siècle, avec des linteaux cintrés. Un second four à pain, le four originel se trouvant dans la partie ouest du bâtiment, a été construit contre l’extrémité est de la maison, probablement suite au partage, dans la seconde moitié du XIXe siècle. Aujourd’hui, la moitié ouest a été modernisée intérieurement par le propriétaire actuel, mais l’aspect extérieur a été préservé. Seules deux fenêtres donnant sur l’ancienne cuisine – une côté cour et une côté jardin – ont été transformées en portes. Un appentis a également été ajouté contre l’extrémité du bâtiment, à la place du premier four à pain.

En revanche, les dépendances ne sont que partiellement conservées. La petite dépendance, à l’ouest de la cour, visible sur le plan cadastral de 1839, a disparu. Par ailleurs, l’étable, à l’angle de la grande dépendance (étable, dite « des vaches »), et un bâtiment à cochons, construit dans la seconde moitié du XIXe siècle à l’est de la demeure, sont en grande partie écroulés.

  • Période(s)
    • Principale : 2e moitié 17e siècle
    • Secondaire : 1ère moitié 18e siècle
    • Secondaire : 2e moitié 19e siècle
  • Dates

La cour de la ferme est fermée au sud par l'habitation, qui donne sur un potager à l'arrière, et à l'est par les bâtiments antérieurement voués à l'usage agricole. Ils sont tous édifiés en moellons de calcaire, couverts de toits à longs pans avec des tuiles plates. Un mur de pierre délimite le terrain au sud.

Le logis d'un étage carré, est développé en longueur avec ses huit travées dont les deux parties distales, en avant-corps, font légèrement saillie sur la façade. Elles ont un toit brisé en pavillon et égout retroussé. L'édifice est centré sur un vestibule traversant et son escalier de pierre (très usé, comme dans un bâtiment à usage collectif) rampe-sur-rampe. La porte d'entrée est encadrée par deux piédroits moulurés, surmontée par un arc sculpté d'un cœur, pointe en haut. La porte donnant sur la façade postérieure, avec ses piédroits, n'est pas moins décorée. La clé de l’arc qui la surmonte possède un bas-relief qui pourrait être un ancien blason bûché. La moitié orientale est enduite, tandis que l'autre moitié (occidentale) restaurée, transformée, ne l'est pas. Les fenêtres sont équipées de contrevents. L’accès au sous-sol se fait par quelques degrés ménagés devant l'avant-corps oriental. Chaque pièce a sa cheminée engagée ou adossée, dont les manteaux sont sculptés, et quelques dessus de cheminée. L'ancienne cuisine est équipée d'une grande cheminée, aujourd'hui transformée.

L'appentis accolé à l'est est construit en moellons et briques, partiellement enduit, et conserve un ancien four à pain. Un appentis - sans enduit - prolonge l'édifice à l'ouest.

Granges, étables et fenils occupent deux ailes de bâtiments en L. Une étable, à l'angle des deux bâtiments est aujourd'hui effondrée, rendant les feurons visibles depuis l'extérieur.

Enfin, une rampe donne accès à un garage moderne, enterré, au nord de la façade antérieure de l'habitation.

  • Murs
    • calcaire moellon
    • brique
    • calcaire moellon enduit
  • Toits
    tuile plate, tuile mécanique
  • Plans
    plan centré
  • Étages
    1 étage carré
  • Couvrements
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • appentis
    • toit à longs pans
    • toit brisé en pavillon noue
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours sans jour en maçonnerie
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3P 011/1. Cadastre de la commune d'Anzy-le-Duc. 1839-1965.

    - 3P 011/1 MA : Registre des états de sections. 1839.

    - 3P 011/1 MA : Matrice cadastrale des propriétés bâties et non-bâties. 1839-1882 (propriétés bâties), 1839-1914 (propriétés non-bâties).

    - 3P 011/1 MR : Matrice cadastrale des propriétés bâties. 1911-1965.

    - 3P 011/1 MR : Matrice cadastrale des propriétés non-bâties. 1914-1965.

    Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon
  • Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3E 25041. Minutes de l'étude notariale de Gilbert Marie Sorlin (Marcigny). 1848.

    - Inventaire après décès de Made Marguerite Ravier, veuve en première noces de Sr Claude Jacques Leclerc et épouse de M. Claude Desresse, d'Anzy. 22 février 1848.

    - Démission de biens consistant en mobilier, estimé 4881 francs, et immeubles situés à Anzy et brian, par M. Claude Desresse, d'Anzy, en faveur de : 1° M. Jean-Marie Desresse, de St-Didier, 2° Made Marie Desresse, épouse de M. Claude Royer, de Beaugy, 3° Made Eugénie Desresse, épouse de M. Jean-Marie Circaud, de Sarry, 4° Made Philibert Desresse, épouse de M. Antoine Chanel, de Nandax, 5° M. Claude Desresse, d'Anzy, 6° et M. François Desresse, aussi d'Anzy. 30 juillet 1848.

    - Partage de biens immeubles situés à Anzy et Sarry entre : 1° M. Jean-Marie Desresse, de St-Didier-en-Brionnais, 2° Made Marie Desresse, épouse de M. Claude Royer, de Beaugy, 3° Made Eugénie Desresse, épouse de M. Jean-Marie Circaud, de Sarry, 4° Made Philibert Desresse, épouse de M. Antoine Chanel, de Nandax (Loire), 5° M. Claude Desresse, d'Anzy, 6° et M. François Desresse, aussi d'Anzy. 28 août 1848.

    Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon
  • Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3Q 11454. Mutations par décès (Bureau de Marcigny). Août 1847 - juillet 1848.

    Déclaration de succession de François Bordat (Farges - Briant). 8 novembre 1847.

    Déclaration de succession de Marguerite Ravier (La Mollière - Anzy-le-Duc) - 15 juillet 1848.

    Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon
  • Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3Q 11461. Mutations par décès (Bureau de Marcigny). Juin 1855 - janvier 1857.

    Déclaration de succession de Claude Desresse (père). 16 août 1856.

    Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon
  • Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3Q 11493. Mutations par décès (Bureau de Marcigny). 1899.

    Déclaration de succession de Claude Desresse (fils). 24 mars 1899.

    Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon
  • Archives départementales de la Côte d'Or : C 7422. Rôles des tailles de la paroisse d'Anzy-le-Duc. 1663-1789.

    Archives départementales de la Côte-d'Or, Dijon
Date(s) d'enquête : 2019; Date(s) de rédaction : 2019
(c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
(c) PETR du Pays Charolais-Brionnais
Mairot Philippe
Mairot Philippe

Philippe Mairot, chercheur. Région Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2011-

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
Articulation des dossiers