Dossier d’œuvre architecture IA89002137 | Réalisé par
Lallement Aurélie (Contributeur)
Lallement Aurélie

Chargée de recherche au service Inventaire et Patrimoine - Région Bourgogne-Franche-Comté

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  • opération ponctuelle
église paroissiale Saint-Louis et Saint-Maurice
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bourgogne-Franche-Comté
  • Commune Venoy
  • Adresse rue de l' Église
  • Cadastre 2022 AK 51

D'après l'historien local M. Pignard-Péguet, Venoy appartient au pagus (circonscription) d'Auxerre au 9e siècle, avant de relever de l'évêché d'Auxerre. Venoy fait partie des 11 églises données par Héribert (évêque d'Auxerre de 971 à sa mort) à l'abbaye de Saint-Germain d'Auxerre. Les parties les plus anciennes de l'église sont l'abside et le portail : Quantin précise que l'abside est "conservée de l'église du 12e siècle" et Philippe André date le portail de l'extrême fin du 12e siècle. Le chœur, formant transept, avec ses deux travées voûtées serait construit au 16e siècle (Quantin). Le portail a été remanié dans sa partie supérieure au 18e siècle ("style Louis XIV"). L'inscription "ANNO EPISCOPATUS QUADRAGESIMO SEXTO" qui signifie "dans la 46e année de l'épiscopat", gravée au-dessus du portail, corroborerait cette datation. En effet, seul l'évêque d'Auxerre Charles de Caylus (1669-1754) a un épiscopat suffisamment long (à partir de 1705) pour correspondre à cette inscription. Or, c'est également la date de 1751 que l'on trouve sur la clef de l'arc nord du transept et sur l’inscription commémorant la pose d’une pierre et gravée au bas du pilier nord-ouest du transept : « POSEE PAR MR GERMAIN PAULEVE PR FISCAL ET MARGUILLIER 1751 ». Ce même pilier et son pendant dans la nef ne présentent pas la même base que les autres et ont donc certainement aussi été remaniés à cette époque. La sacristie est construite avant 1778 : elle figure en effet sur un plan dressé à cette date.

D'après les archives, la toiture en ardoises du clocher a été sérieusement dégradée par un orage survenu en septembre 1818, mais la commune n'a pas l'argent nécessaire pour effectuer les travaux. En revanche, deux procès-verbaux d'adjudication font état de travaux de réparation à l'église menés au cours du 19e siècle : en 1838, d'après le projet de l'architecte Baudoin et en 1853, d'après celui de l'architecte Vachey. Ces derniers concernent les postes suivants : dépose et repose de maçonnerie, pierre de taille, charpente en chêne et voûtes en briques simples sur 2 rangs (nef et sanctuaire). Un plan dressé par M. Vachey le 17 août 1850 accompagne le devis : il correspond à celui de l'église actuelle. La réception définitive des travaux a lieu en octobre 1854. Au début du 20e siècle, les architectes Leliêvre et Picard sont chargés de rendre un rapport sur l'état de l'édifice : le premier conclut que seule une réparation générale des toitures est indispensable, alors que pour le second, l'édifice présente un "danger extrême pour la sécurité publique" et sa fermeture s'impose.

La commune de Venoy a récemment entrepris d'importants travaux de réfection de la toiture et des enduits extérieurs (2018-2023).

L'église de Venoy est située au centre du village et communique avec le cimetière. Elle est orientée. Sa façade principale présente un portail percé d'une baie en plein cintre dont la voussure appareillée en rouleaux à ressauts retombe sur deux colonnes engagées aux chapiteaux à feuilles d'eau. L'ensemble est fermé par une corniche en arc segmentaire et crossettes surmontées de pots à feu. Une baie centrale en arc brisé murée, au centre de laquelle est placée une croix en métal, surmonte le portail. Elle est encadrée par trois niches : les deux niches latérales abritent les statues en pierre de saint Jean-Baptiste et de saint Benoit, alors que la troisième, au-dessus, est vide.

On peut également entrer dans l'église par le portail nord. Ce dernier est percé d'une baie en arc segmentaire, en pierre de taille, orné d'une agrafe en console à volutes. Le portail est encadré par deux pilastres doriques et un entablement dont la frise et l'architrave portent l'inscription : "QUE CE LIEU EST TERRIBLE ! C'EST LA MAISON DE DIEU ET LA PORTE DU CIEL" (Genèse, 28,17). Une baie en arc brisé s'ouvre au niveau supérieur et éclaire le transept. Elle est elle-même encadrée par deux niches concaves vides, en plein-cintre, surmontées d'une tête d'ange et décorées d'une coquille. A gauche, le socle de la niche porte l’inscription "St PELERIN" et à droite "St GERMAIN", tous deux évêques d'Auxerre.

L'édifice suit un plan en croix latine : une seule nef à deux travées, épaulée par de solides contreforts (l'un d'eux, sur le mur nord, est surmonté d'un cartouche portant une inscription, probablement une dédicace) ; un transept saillant et un chœur ouvrant sur une abside à chevet plat et deux chapelles latérales. La sacristie se trouve à l'angle de la chapelle sud et du sanctuaire. L'église est construite en moellon enduit ("moellons du pays" d'après les archives). Les encadrements des baies et les chaines d’angle sont en pierre de taille (de Courson, d'après les archives : 2 0 3948). L'église est couverte d'un toit en tuiles plates. Seule la couverture du clocher est en ardoises. Ce dernier surmonte la travée sud du transept, servant d'entrée latérale : il faut descendre plusieurs marches et franchir une porte à encadrement mouluré et à linteau droit pour accéder à l'église. Les baies de la nef sont en plein-cintre, alors que celles qui éclairent le transept sont en arc brisé, avec remplage au niveau des chapelles. Le chevet plat est quant à lui percé d'une baie en plein-cintre murée.

La nef est couverte d'une voûte en berceau brisé renforcée par 4 entraits en chêne. Hormis le transept nord qui présente un plafond plat, le bras sud et les chapelles sont voûtées d'ogives avec nervures en pierre et remplissage en petits moellons d'appareil. La clef de voûte de la chapelle nord porte la date de 1892. D'après les documents d'archives, la charpente de la partie dite "ogivale" est composée de fermes sur tirants avec pannes et chevronnage ; celle du clocher comporte un beffroi pour 4 cloches dont une seule subsiste et une flèche avec enrayures sur plan carré. Deux arcs brisés marquent la croisée du transept (dont l'un porte la date de 1751). Une porte à encadrement mouluré et linteau droit, ménagée dans le mur ouest du transept sud, donne accès à l'escalier en vis conduisant au clocher. Le sanctuaire est légèrement surélevé et ceint d'une grille en fer forgé. Il est recouvert d'un sol en carreau de ciment décoré de motifs alternant losanges et fleurs. Un lavabo liturgique en arc brisé est ménagé dans le mur sud de l'abside. Juste à côté, se trouve la porte qui donne accès à la sacristie, éclairée par deux petites fenêtres rectangulaires.

  • Murs
    • calcaire moellon enduit
  • Toits
    tuile plate, ardoise
  • Plans
    plan en croix latine
  • Couvrements
    • voûte d'ogives
    • voûte en berceau brisé
  • Escaliers
  • Représentations
  • Mesures
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune

Les derniers travaux de restauration ont remporté le troisième prix régional du patrimoine de proximité en 2023.

Documents d'archives

  • Plan de l’église de Venoy et lieux adjacents. Plan et liste des propriétaires, par Barbier-Dumont. 1 juin 1778. 50,5 x 66 cm. Accès internet : https://archivesenligne.yonne.fr/ark:/56431/vta558e120b0aadd [Document numérisé]

    Archives départementales de l'Yonne, Auxerre : H 1186
  • Archives départementales de l'Yonne : 2 0 3948. An XIII-1933.

    Archives départementales de l'Yonne, Auxerre : 2 O 3948

Bibliographie

  • André, Philippe. L’architecture religieuse au XIe et au XIIe siècle dans l’ancien diocèse d’Auxerre. Dans : Bulletin Monumental, tome 68, année 1904. pp. 43-92.

  • Henry, Vaast-Barthélemy. Histoire de l'abbaye de Saint-Germain d'Auxerre. Auxerre : Ch. Gallot, 1853.

  • Pignard-Péguet, Maurice. Histoire de l'Yonne avec un précis de l'histoire de la Troisième République jusqu'au 14 juillet 1912. Paris : Librairie de l'Histoire générale illsutrée des départements, 1913.

    Archives départementales de l'Yonne, Auxerre : US.229
    p. 576.
  • Quantin, Maximilien. Répertoire archéologique du département de l'Yonne. Paris : Imprimerie Impériale, 1868.

    Archives départementales de l'Yonne, Auxerre
    P. 16-17.
Date(s) d'enquête : 2024; Date(s) de rédaction : 2024
(c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
Lallement Aurélie
Lallement Aurélie

Chargée de recherche au service Inventaire et Patrimoine - Région Bourgogne-Franche-Comté

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