Dossier d’œuvre architecture IA21000125 | Réalisé par
Inguenaud Virginie
Inguenaud Virginie

Inguenaud, Virginie. Chercheur au service de l'Inventaire de Bourgogne.

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Gézolme Guillaume (Contributeur)
Gézolme Guillaume

Guillaume Gézolme, chercheur. Région Franche-Comté puis Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2014-

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  • étude d'inventaire
  • enquête thématique régionale, fortifications royales et nationales en Bourgogne-Franche-Comté
château fort
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Beaune centre
  • Commune Beaune
  • Adresse rue du Château , rempart Saint-Jean , boulevard Jules Ferry
  • Cadastre 2024 AC 316, 449, 450  ; 1826 O 814-825 bis
  • Dénominations
    château, château fort
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante
  • Parties constituantes non étudiées
    bureau, chai, orangerie, demeure, tour

A la mort en janvier 1477 de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, le roi de France Louis XI décide d'envahir la province, revendiquant les terres de sa filleule Marie de Bourgogne, fille du Téméraire, alors seule héritière. Les principales places fortes du duché, dont Beaune, restent fidèles à Marie. La ville se révolte ce qui entraîne Louis XI à l'assiéger en mai 1478 pour mater ce soulèvement. Une brèche est rapidement percée par les troupes royales au niveau de la porte Bataillée, point faible de l’enceinte. La capitulation des Beaunois intervient le 2 juillet 1478. Louis XI ordonne la construction d’un château pour assoir son pouvoir et contrôler la population en cas de nouvelles insurrections, à l'instar des citadelles bâties à Auxonne et Dijon.

Un château construit en plusieurs étapes

Ce fort voulu par le roi est situé à l'endroit de la brèche percée par les soldats royaux. Jean Blosset de Saint-Pierre, chambellan du roi et grand sénéchal de Normandie, est chargé du chantier. Les travaux consistent à renforcer la porte (située sur l'enceinte orientale) qui correspond au point de départ de deux routes importantes, une vers Seurre (en direction du Comté) et une vers Dijon. Cette porte est protégée par les tours Blondeau et Renard. L'élaboration de cette citadelle s'échelonne en trois phases comme le démontre Nicolas Faucherre.

Première campagne

Ce premier château a pour dessein de contrôler les Beaunois. Ce fort est alors constitué de trois tours à bossage tournées vers la ville tandis que la porte Bataillée était uniquement défendue par un boulevard de terre et un pont-levis. De forme triangulaire avec une tour en saillie dirigée vers le beffroi, il semble avoir été bâti rapidement afin de parer à toute rébellion. Jean Sandouville en assure le commandement militaire dès 1483. De ce premier édifice, il ne subsiste que les élévations inférieures (casematées) des tours du Diable et Saint-Nicolas adossées à l'enceinte médiévale. Nicolas Faucherre le prouve par l’architecture des ouvertures de tirs "celles tournées vers la ville à l'ouest sont au contraire des arbalétrières-canonnières à double ébrasement ouvrant dans des niches triangulaires sans évents couvertes en arc surbaissé datables de la fin du règne de Louis XI". Il est donc certain que ce château est bien avancé à la mort du roi en 1483.

Seconde campagne

Charles VIII n'apporte pas de grandes modifications dans un premier temps : seuls quelques travaux de réparation sont mentionnés dans les registres des comptes sur la construction des châteaux royaux en Bourgogne vers 1492. Il faut attendre 1494 pour que de nouveaux chantiers de renforcement vers la campagne soient réalisés : couverture du pont et du boulevard devant la porte Bataillée. Toutefois, les améliorations apportées sont toujours davantage concentrées côté ville avec le creusement d'un fossé sec maçonné, franchissable par un pont dormant. Mais dès cette année, une extension vers la campagne s'annonce.

Troisième campagne

En cette année 1494, le registre des comptes indique des dépenses importantes qui portent sur l'agrandissement du château vers l’extérieur. La raison principale est la récente ratification du traité de Senlis en mai 1493 qui entérine la perte du Comté de Bourgogne (future Franche-Comté) au profit de l'Empire : Beaune devient ville frontière. Ce nouveau statut concrétise le projet d’édifier deux nouvelles tours, Madeleine et Saint-Jean. La tour Saint-Jean est la première à sortir de terre. Le registre dit que "maçons et ouvriers" œuvrent à sa construction dès l'été 1494. Jacques de Dinteville est chargé par Charles VIII de mener les travaux, en plus d'avoir été nommé précédemment par le roi capitaine des villes et du château de Beaune. L'édification de la seconde tour Madeleine débute en 1496 ; on conserve dans un premier temps la porte Bataillée tant que le fort n'est pas clos. La tour Saint-Jean est réalisée au cours du règne de Charles VIII. L’achèvement du château est proche lorsque Louis XII lui succède sur le trône : le quinzième compte tenu par Jean Saumaire indique qu'en 1501, il est toujours en cours de construction. Les remparts reliant les tours côtés ville et campagne sont commencés en 1502 sous l'égide du gouverneur de la province, Louis de la Trémouille, d'où la présence du symbole de cette famille (roue armée de faux) sur un des murs. Courtines et tours seront également décorées par les emblèmes royaux, comme les porcs-épics couronnés et les hermines.

Les historiens locaux s'accordent à dire que la finition du château-fort date de 1527, pendant le règne de François 1er. Le travail de Nicolas Faucherre a permis de montrer que ce château fut bien construit en plusieurs temps notamment grâce une étude minutieuse des registres et des formes des ouvertures de tirs, ce qui remit en cause les théories de J. Délissey ou d'A. Gandelot évoquant une construction entreprise par le roi Louis XII.

Depuis le 17e siècle : démolition et transformation

Le plan de Saint-Julien de Baleure en 1575 est la première représentation connue du château, alors doté de ses cinq tours et de la porte Bataillée (non conservée). Les routes vers Dijon et Seurre sont repoussées vers les portes Saint-Nicolas et Madeleine. En 1531, la garnison se compose de 35 hommes d’armes. La citadelle est cédée en 1585 par Henri III à Charles de Lorraine, duc de Mayenne, un des principaux chefs de la Ligue. Subissant des sévices et mauvais traitements (la population doit fournir les vivres à la garnison), la ville se soulève contre les hommes de la Ligue réfugiés au sein de la forteresse. Avec l'aide du maréchal Biron du parti royaliste, elle organise un siège en règle afin de déloger les soldats de la Ligue menés par Edme Regnier de Montmoyen. Leur capitulation a lieu le 26 mars 1595. Henri IV confirme la victoire de la population par la signature de lettres patentes, qui actent aussi la démolition des tours et remparts côté ville par Roger Bellegarde, gouverneur de la province. Le site est démoli entre 1602 et 1606. Malgré l'amputation de sa partie ouest, le château fait partie du programme de restaurations et réparations entrepris en 1609 (suite au procès-verbal dressé par M. Bretagne, lieutenant criminel du bailliage de Beaune, sur l'état des murailles et fortifications de la ville, dans lequel il mentionne les réparations nécessaires à faire). En 1614, la porte extérieure est murée.

Un projet établi par Quinard, architecte-voyer, pour la construction d'une résidence avec jardins et loger le gouverneur en 1737 sur l'esplanade intérieur, est envisagé, mais non réalisé. Au cours de la seconde moitié du 18e siècle, une allée de marronniers est plantée jusqu'à la porte murée, servant de promenade à la population (les portes de ville étant fermées la nuit). Cette esplanade, aliénée du domaine royal en 1778, est adjugée à Jean et Louis Moyne en 1780, avec pour seule contrainte de laisser libre l'allée. En 1793, la réouverture de la porte murée contrarie les commerçants qui craignent de perdre une clientèle préférant passer par ce nouvel accès. A partir de 1820, les parcelles de l'ancien château sont progressivement achetées par Bernard Bouchard. Les deux grosses tours orientales sont aménagées en caves destinées à accueillir des fûts de vin, tandis que les fossés adjacents sont transformés en jardins. En 1869, il obtient l'autorisation de relier les deux "bastions" par une galerie sous la rue du Château. Vers 1880, la famille Bouchard est donc propriétaire du château et de son foncier. La ville a conservé en 1824 deux parcelles (par voie d’expropriation) au bout de la rue pour y installer deux bureaux d'octroi (actuelles parcelles AC 314 et 315 du cadastre). Un pavillon, appelé "petit château", est bâti vers 1830 sur l'esplanade.

La maison Bouchard Père et fils est rachetée en 1995 par la maison de champagne Henriot, groupe établi à Reims depuis 1808, qui entreprend une grande campagne de travaux avec notamment la construction d'une orangerie en 1998.

La population de Beaune se révolte suite à l'invasion de la Bourgogne par Louis XI. Le roi assiège la ville en mai 1478 pour mater ce soulèvement. Les Beaunois capitulent le 2 juillet. Le roi ordonne la construction d'un château pour assoir son pouvoir et contrôler la cité en cas de nouvelles insurrections, à l'instar des citadelles bâties à Auxonne et Dijon. Un premier château est établi, constitué d'une grosse tour et de deux demi-tours à bossage tournées vers la ville, tandis que la porte Bataillée (côté campagne) est renforcée par un boulevard de terre et un pont-levis. il est fort probable que ce château soit bien avancé ou achevé à la mort du roi en 1483. Charles VIII s'attelle à renforcer les tours déjà élevées et fait faire quelques travaux de réparations. Le règne de Louis XII marque l'extension du château vers la campagne, tel qu'il est représenté en 1575 sur le plan de Saint-Julien de Baleure. Les historiens locaux s'accordent à dire que l’achèvement du château-fort date de 1527 lors du règne de François 1er. Aux mains de la Ligue à la fin du 16e siècle, le château est assiégé par les Beaunois, réclamant leur départ. Aidés par le duc de Biron, la cité est victorieuse le 26 mars 1595. Henri IV signe des lettres patentes actant la démolition par Roger Bellegarde, gouverneur de la province, des tours et remparts côté ville. Le site est démoli entre 1602 et 1606, et la porte vers l'extérieur murée en 1614. L'esplanade du château, aliénée du domaine royal en 1778, est adjugée à Jean et Louis Moyne en 1780. Les deux grosses tours orientales sont transformées en caves à vin au début du 19e siècle et les fossés adjacents aménagés en jardins par la famille Bouchard.

Château de forme pentagonale dont le sommet se trouvait du côté de la ville. Il était constitué de cinq tours (deux grosses dominant la campagne, trois plus petites du côté de la ville) d'environ 17 m de hauteur, montées en très grand appareil à léger bossage et reliées par des courtines avec de larges fossés. Aujourd’hui seules les tours tournées vers la campagne sont intactes, celles côté ville ont été arasées au début du 16e siècle, ne conservant qu'un niveau pour la tour Saint-Nicolas et deux niveaux pour la tour du Diable. Toutes ces tours renfermaient des salles voûtées devenues aujourd'hui des caves à vin. On entrait dans le château par un pont dormant, côté campagne, et par un pont-levis, côté ville. L'accès vers la campagne occupait le milieu de la courtine entre les deux grosses tours : c'est là que passe aujourd'hui la rue du Château. Plusieurs bâtiments s’élèvent à l’intérieur de la forteresse : logements, réserves, écurie, forge, four, moulin, magasin à sel, grenier à munitions pour la garnison.

  • Murs
    • pierre
    • grand appareil bossage
  • État de conservation
    vestiges
  • Statut de la propriété
    propriété privée
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections
    inscrit MH, 1937/09/10
  • Précisions sur la protection

    [...] Deux tours de l'ancien château et parties de rempart y attenant [...] : inscription par arrêté du 10 septembre 1937.

  • Référence MH

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Côte-d'Or : C 884. Extraits du registre des délibérations du conseil municipal de la ville de Beaune, séance du 22 février 1776 (plantation de tilleuls sur "la levée qui a été faite l'année dernière dans le château").

    Archives départementales de la Côte-d'Or, Dijon : c 884
  • Archives départementales de la Côte-d'Or : C 2135 bis fol 90, verso 91. Autre portant concession à la ville de Beaune d'une portion de l'ancien château (1778).

    Archives départementales de la Côte-d'Or, Dijon : C 2135 bis
  • Archives départementales de la Côte-d'Or : C 882. Vente de terrains concédés par le roi à la ville sur le bastion Bretonnière et sur le château. 1780.

    Archives départementales de la Côte-d'Or, Dijon : c 882
  • Archives départementales de la Côte-d'Or : L 661. Administration de l'époque révolutionnaire, affaires par communes (1790-an VIII).

    contenu : octrois : refus des cafetiers de payer les droits, 1790-1791 ; projet de rétablissement, an VIII ; - biens communaux : autorisation à la commune de vendre des cloches pour le produit être employé « à des actes d'utilité et de bienfaisance », 1792 ; diminution sur le prix de son bail accordée à l'amodiataire des halles en raison de la suppression de droits féodaux, an VI ; - travaux communaux : destruction d'une « Montagne » érigée en l'an II au milieu de la promenade des grandes buttes, an IV ; construction d'une tribune au temple, ci-devant église Notre-Dame, an VI ; etc., 1790-an VIII ; - voirie, ans VI-VIII.

    Archives départementales de la Côte-d'Or, Dijon : L 661
  • Archives municipales, Beaune : carton 31, n° 55. Procès-verbal dressé par M. Bretagne, lieutenant criminel du bailliage de Beaune, de l'état des murailles et fortifications de la ville, dans lequel il mentionne les réparations nécessaires à faire. 4 mars 1609.

    Archives municipales, Beaune : carton 31, n° 55
  • Archives municipales, Beaune. Carton 28, n° 25. Ordonnance de Charles de Lorraine Duc de Mayenne lieutenant général de l’Etat et couronne de France, par laquelle il fixe l’état des vivres à fournir par la ville à trois cents soldats de la garnison. Suivent des copies d’ordres du même à ce sujet, et états (7 décembre 1594).

    Archives municipales, Beaune : Carton 28, n°25
  • Archives municipales, Beaune. Carton, 11 n° 23. Copie du procès-verbal d’adjudication faite par la subdélégation de Beaune aux sieurs Moyne père et fils de l’emplacement du château de Beaune moyennant la somme de cinq mille deux cent vingt livres (24 juin-13 août 1780).

    Archives municipales, Beaune : Carton 11, n° 23
  • Archives municipales, Beaune. carton 89, n° 42. Expédition des procès verbaux de vente et adjudication des démolitions à faire au bastion de la Bretonnière au château tranchée par la ville aux sieurs Moine et Fromageot, moyennant 10 420 livres. Suit un plan desdits lieux (24-25 juin et 13 août 1780).

    Archives municipales, Beaune : carton 89, n° 42
  • Archives municipales, Beaune. carton 89, n° 36. Arrêt du conseil d’Etat rendu en suite de la requête de la ville de Beaune, par lequel S. M. concède à ladite ville l’emplacement des bastions de la Bretonnière et de l’ancien château à la charge de payer annuellement au trésor la somme de trois deniers par toise carrée et de ne pouvoir les aliéner. Parchemin. (29 septembre 1778)

    Archives municipales, Beaune : carton 89, n° 36

Bibliographie

  • Collet, Brice ; Faucherre, Nicolas. Les remparts de Beaune au temps des Valois. Beaune : Association des Amis des Remparts, 1998.

  • Delissey, J. Le vieux Beaune. Beaune, 1941 (réimpr. 1981).

    P. 12-15.
  • Faucherre, Nicolas. Les citadelles du roi de France sous Charles VII et Louis XI. Centre de Castellologie. 2019.

    P. 380-401.

Documents figurés

  • Plan et vue de l’enceinte des murailles et fortifications de la ville de Beaune. Dessin, s.n. S.d [17e siècle]. Rouleau de papier de 6 mètres de long sur 46 centimètres de hauteur.

    Archives municipales, Beaune : carton 31, cote 64
  • Les ruines du château, depuis le faubourg Saint-Jean. Gravure, par J.B. Lallemand. S.d [milieu du 18e siècle].

    Musée des Beaux-Arts, Beaune : inv. 44.363
  • Projet d'édifier un logement pour le gouverneur sur l'esplanade du château ( non réalisé). Plan aquarellé sur papier, par Quinard. S.d [vers 1738].

    Archives municipales, Beaune : Carton 56, cotes 23 à 26
  • Plan de l'ancien château de la ville de Beaune [...] Plan aquarellé, par Quinard. 22 juin 1780.

    Archives municipales, Beaune : carton 93, cote 46
  • Plan en feuilles de la ville de Beaune. Atlas dessiné, par Denis Quinard II. 1783.

    Archives municipales, Beaune : carton 88, cote 37
    le château
Date(s) d'enquête : 1997; Date(s) de rédaction : 2000, 2024
(c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
Inguenaud Virginie
Inguenaud Virginie

Inguenaud, Virginie. Chercheur au service de l'Inventaire de Bourgogne.

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Gézolme Guillaume
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Guillaume Gézolme, chercheur. Région Franche-Comté puis Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2014-

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Articulation des dossiers
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