Dossier d’œuvre architecture IA21005860 | Réalisé par
Gézolme Guillaume (Contributeur)
Gézolme Guillaume

Guillaume Gézolme, chercheur. Région Franche-Comté puis Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2014-

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  • enquête thématique régionale, fortifications royales et nationales en Bourgogne-Franche-Comté
arsenal
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Service historique de la Défense

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bourgogne-Franche-Comté - Auxonne
  • Commune Auxonne
  • Adresse rue des Halles , rue Carnot , rue Vauban , rue Ledeuil
  • Cadastre 2023 BL 141, 768, 800, 801  ; 1824 J 125

Les halles d'Auxonne, entourées de boutiques, sont probablement reconstruites après le grand incendie de 1424. Au 16e siècle, elles servent de dépôt de munitions et de provisions pour les troupes royales. En 1673, Colbert souhaite établir un arsenal dans les places fortes situées aux frontières du royaume. Dès 1674, le bâtiment des halles est réquisitionné par Faultrier, secrétaire général de l’Artillerie de France et commandant dans ladite Comté et sur la Saône, et il est transformé et adapté à la construction d'affûts. Le marquis de la Frézelière, lieutenant-général de l'artillerie, en a la charge.

L'arsenal : une commande royale

En 1687, le site devenu trop petit, le marquis de Louvois, secrétaire d’État à la guerre, confie à Vauban la construction d'un nouvel arsenal, toujours destiné à la confection d'affûts pour équiper les canons. La provenance de ces derniers n'est pas connue : une fonderie existe à Besançon à cette époque mais l'établissement arrête sa production en 1684 ; les canons auraient pu transiter via la Saône depuis Lyon ou via des granges de l'Arsenal à Paris. Pour réaliser cet édifice, le roi achète plusieurs parcelles contenant des maisons qui seront démolies ainsi que l'hôtel de la Croix (au 2 bis rue Carnot) afin d'y installer le directeur de l'artillerie, et une maison pour y placer un corps de garde (à l'angle des actuelles rues Carnot et du Capitaine Landolphe). L'ingénieur élabore un premier projet qui consiste à conserver les halles, transformées en hangar (ou magasin) militaire, bâtir un grand bâtiment parallèle à l'actuelle rue Vauban et établir des forges dans d'anciennes écuries voûtées, ainsi que deux petites forges dans des bâtiments attenants. Vauban dessine ce premier projet en 1687 et le décrit dans une lettre rédigée depuis son château de Bazoche (Nièvre) : "cet arsenal sera très bien disposé et presqu'isolé par les rues de Saône (N), du Sabat (R S) et par les jardins (K:h:K), la ruette (Q) et ne touchera qu'au bâtiment dont il sera séparé par un grand pignon (KK) fort élevé et le hangard par un bout à la suite de (G) dont il sera aussi séparé par son pignon, et du jardin de l’arsenal par un petit mur fait exprès (20)". L'ingénieur poursuit la description :"il sera d'ailleurs très bien situé pour la réception des bois et des fers qui viendront par eau et qui n'auront qu'un pas à faire pour estre mener du port dans l’arsenal. Très bien dégagé par toutes ses portes et fort comode [sic] pour les ouvriers, sa grande cour et capable de recevoir quantité de bois et charrois. Les forges isolées et justement sur le chemin qu'il faudra que les roues et affuts fassent pour aller du chantier de leur fabrique dans l’arsenal ou magasin (A) qui est l'endroit qui parait le plus propre à les mettre en réserve après qu'ils seront ferrer". Vauban conclut sa lettre en expliquant que cet arsenal est très bien localisé : "Pour conclusion il me parait que ce lieu est parfaitement bien choisy, que l’arsenal y sera très comode et en capacité suffisante pour pouvoir employer environ 200 ouvriers [...] il est encore très bien situé à l'égard de la ville qui est un lieu caché où l'on ne s'avisera jamais de deviner qu'on fasse là des équipages d'artillerie pour la Catalogne, l'Italie, l'Allemagne et la Franche-Comté [...] Pour conclure je ne crois pas qu'il y ait lieu dans le royaume mieux trouvé que celui-là pour l'usage auquel vous l'avez destiné". Vauban, aidé par le marquis de la Frézelière, modifie en 1688 le projet initial, déplaçant les forges dans le bâtiment parallèle à l'actuelle rue Ledeuil et agrandissant le hangar (les halles actuelles) en lui ajoutant une travée. Il opte finalement en 1689 pour un projet intermédiaire moins onéreux, en conservant deux travées pour le hangar, ouvert sur deux cours fermées par des portails symétriques, une grande halle et les grandes forges voutées avec 16 feux. L'ensemble donne sur une vaste cour centrale fermée par un troisième portail, rue de Saône (rue Vauban), identique aux deux autres. Le bâtiment des grandes forges disposait d'une voûte qui reposait sur d’importants piliers. Le chantier semble être achevé vers 1690. L'établissement, toujours dirigé par le marquis de la Frezelière, s’attelle à la fabrication d'un matériel robuste et de qualité destiné aux champs de bataille de l'est du royaume et d'Italie. 200 ouvriers oeuvrent sur le site où cohabitent plusieurs corps de métiers : forgerons, serruriers, charrons et charpentiers. Surirey de Saint-Rémy, commissaire provincial de l'Artillerie en 1692, auteur des Mémoires d'artillerie (1697), cite en exemple l'arsenal.

Le 18e siècle : agrandissement de l'arsenal et confirmation de son rôle

Vers 1762, deux nouveaux bâtiments sont édifiés : un premier perpendiculaire aux grandes halles, pour y installer un atelier de menuiserie, et un second pour les petites forges, implantées dans les jardins de l'hôtel de la Croix. La production de l'arsenal est telle au cours de cette seconde moitié du 18e siècle qu'il est nécessaire vers 1764 de construire un grand magasin doté d'une cour intérieure (bâti par l’entrepreneur Caristie) à proximité de la petite Saône, entre les bastions de France et du Béchaux, pour y stocker le matériel en vue de son embarquement. La même année, l'installation d'un nouveau corps de garde est également projetée entre les portes d’entrée de l’arsenal. Celui en place était alors transformé en fourneau. Ce projet est probablement ajourné. Enfin, vers 1781, un autre hangar est implanté le long de la courtine entre le bastion du Béchaux et celui Royal pour y déposer les affûts. Le 23 pluviose an VI (11 janvier 1798), le Directoire promulgue un arrêté supprimant l'arsenal d'Auxonne en condamnation du manque d’autorité du directeur en place. Une grande partie des ouvriers est envoyée à Rennes. L'administration communale exprime son mécontentement en adressant plusieurs mémoires au pouvoir en place. Napoléon, alors Premier Consul, rétablit l’arsenal et son école d'artillerie le 19 nivôse An VIII (9 janvier 1800).

Fermeture de l'établissement et acquisition par les pouvoirs publics

La fermeture définitive de l'arsenal intervient en 1830. Une ordonnance royale en date du 31 janvier transfère l'établissement et son activité à Besançon pour être au plus proche de la frontière du royaume. L’arsenal bisontin étant en construction, l'établissement fonctionne jusqu’en 1846, produisant toujours des affûts. L'armée reste propriétaire des lieux mais elle prête les halles à la ville à partir de 1851 puis lui vend en 1902. Les autres bâtiments servent ensuite d'annexes et de magasins à l'Artillerie jusqu’en 1952, lorsque le site est cédé en totalité à la municipalité. Son inscription au titre des Monuments historique en 1968 le sauve d'une démolition programmée. Les anciennes halles sont restaurées et accueillent le marché. Dans le cadre du projet de rénovation du lycée Prieur de la Côte-d'Or, l'ancien arsenal retrouve une seconde vie en 1993 avec l'installation du réfectoire, de cuisines et du Centre d'Information et de documentation (dans l'ancienne halle parallèle à la rue Vauban). En 2003, c'est au tour des anciennes forges d'être restaurées pour accueillir des salles de cours du lycée. Actuellement, la municipalité mène un projet de restauration et de réaffectation des anciennes petites forges.

En 1687, le marquis de Louvois, secrétaire d’État à la guerre, confie à Vauban la construction à Auxonne d'un nouvel arsenal, destiné à la confection d'affûts. L'ingénieur militaire élabore un premier projet qui consiste à conserver les halles existantes, déjà transformées en hangar (ou magasin) militaire, bâtir un grand bâtiment parallèle à l'actuelle rue Vauban et établir des forges dans d'anciennes écuries voûtées, ainsi que deux petites forges dans des bâtiments attenants. Après avoir étudié plusieurs possibilités, Vauban opte finalement en 1689 pour un projet intermédiaire moins onéreux. Le chantier semble achevé vers 1690. Surirey de Saint-Rémy, commissaire provincial de l'Artillerie en 1692, auteur des Mémoires d'artillerie (1697), cite en exemple l'arsenal d'Auxonne. Vers 1762, deux nouveaux bâtiments sont édifiés : un premier perpendiculaire aux grandes halles pour installer un atelier de menuiserie et un second pour les petites forges, implantées dans les jardins de l'hôtel de la Croix. La fermeture définitive de l'arsenal intervient en 1830. Une ordonnance royale en date du 31 janvier transfère l'établissement et son activité à Besançon pour être au plus proche de la frontière du royaume. L’arsenal bisontin étant en construction, l'établissement fonctionne jusqu’en 1846, produisant toujours des affûts. L'armée reste propriétaire des lieux mais prête les halles à la ville à partir de 1851 puis lui vend en 1902. Les autres bâtiments servent d'annexes et de magasins à l'Artillerie jusqu’en 1952, lorsque le site est cédé en totalité à la municipalité. Dans le cadre du projet de rénovation du lycée Prieur de la Côte-d'Or, l'ancien arsenal retrouve une seconde vie en 1993 avec l'installation du réfectoire, des cuisines et du Centre d'Information et de Documentation (ancienne halle parallèle à la rue Vauban). En 2003, c'est au tour des anciennes forges d'être restaurées pour accueillir des salles de cours du lycée.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 17e siècle , daté par travaux historiques
    • Principale : 3e quart 18e siècle , daté par travaux historiques
    • Principale : 15e siècle , daté par travaux historiques
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Le Prestre Sébastien , dit(e) Vauban
      Le Prestre Sébastien

      Le Prestre, Sébastien (1633 - 1707) dit Marquis de Vauban. Ingénieur et architecte militaire. Né le 15 mai 1633 à Saint-Léger de Fougeret (Yonne) devenu Saint-Léger-Vauban en 1667, mort à Paris le 30 mars 1707. il est nommé ingénieur du roi en 1653. En 1668, alors maréchal de camp, Louvoie lui confie l’organisation des places fortes. Il est nommé commissaire des fortifications du royaume en 1678, lieutenant général en 1688 et maréchal de France en 1703.

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      ingénieur militaire attribution par travaux historiques
    • Personnalité :
      Frézeau de La Frézelière François
      Frézeau de La Frézelière François

      Frézeau de La Frézelière, François (1623-1702). Lieutenant d’artillerie délégué pour l’Est de la France, il devient marquis de la Frézelière en 1655. Il est nommé gouverneur de Salins vers 1684. Lors de la construction de l'arsenal d'Auxonne, il est lieutenant-général de l'artillerie de France.

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      personnage célèbre attribution par travaux historiques

L'arsenal s'articule sur un plan en L délimité par les rues des Halles, Vauban et Ledeuil. Trois portails permettent d'accéder au site : deux symétriques rue Carnot, et un rue Vauban.

La rue des Halles étant devenue une artère publique (et non plus une cour intérieure dépendant de l’arsenal), le bâtiment (hangar) est fermé au sud par un mur de maçonnerie composite (pierre et brique). La cour au nord, pavée, est encore ouverte sur l'ancien hangar. En rez-de-chaussé et à deux étages de comble, cet édifice mesure 60 m de long et 12 m de large et comporte 18 piliers en bois formant deux travées. Le mur pignon, encadré rue Carnot par les deux portails, est en moellon calcaire enduit. Le toit à longs pans et croupe a une couverture en tuiles. Un lanternon en bois est présent à l’extrémité est du toit.

A l'ouest se situe le bâtiment des halles (actuellement réfectoire et CDI du lycée) qui repose sur trois rangées de 17 piliers formant trois travées. Mesurant 60 m de long sur 20 m de largeur, l'édifice est ouvert (baies vitrées) sur la cour et fermé par un mur en briques sur la façade postérieure. Il dispose de deux niveaux de combles (10 m de hauteur jusqu'au faîtage). Le toit à longs pans et croupe a une couverture en tuiles. Le premier étage de comble est percé par une série de lucarnes au niveau des deux façades. En retour d'équerre se situe un corps de bâtiment ajouté ultérieurement (atelier des menuisiers).

Le bâtiment de la rue Ledeuil, appelé les "Grandes Forges", est en rez-de-chaussée avec un niveau de comble. Disposant de murs épais et percé de fenêtres, il repose sur neuf piliers en pierre de taille prévus, à l'origine, pour supporter une voûte. On y accède par une entrée avec arc en plein-cintre encadré d'un chaînage harpé et de claveaux en pierre. Le toit à longs pans et croupe a une couverture en tuiles. Une passerelle en bois le relie, au niveau des combles, aux anciennes halles.

Les "petites forges" ont des murs en moellons calcaire. En rez-de-chaussée avec un étage de comble en surcroit (accessible par une trappe), l'édifice a conservé son couvrement en voûte d’arêtes. Le toit à longs pans et croupe a une couverture en tuiles. Des chasses-roues d'époque sont encore en place à l'entrée.

  • Murs
    • calcaire pierre de taille
    • calcaire moellon enduit
    • brique
    • bois
  • Toits
    tuile plate
  • Étages
    1 étage carré, 2 étages de comble, étage en surcroît
  • Couvrements
    • voûte d'arêtes
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
    • toit à longs pans pignon couvert
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier droit en charpente
    • escalier dans-oeuvre : escalier en équerre en charpente
  • Statut de la propriété
    propriété de la région
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections
    inscrit MH, 1968/03/08
  • Précisions sur la protection

    Ensemble des bâtiments constituant l'ancien arsenal et le sol de la cour (cas. BL142): inscription par arrêté du 8 mars 1968.

  • Référence MH

Documents d'archives

  • Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 153-162. Projets des travaux à effectuer aux fortifications et aux bâtiments militaires de la place. Mémoire, états, correspondance, cartes, plans. 1673-1874.

    - 1 VH 153 : 1673-1781

    - 1 VH 154 : 1782-1818

    - 1 VH 155 : 1819-1823

    - 1 VH 156 : 1824-1826

    - 1 VH 157 : 1827-1829

    - 1 VH 158 : 1830-1834

    - 1 VH 159 : 1835-1842

    - 1 VH 160 : 1843-1846

    - 1 VH 161 : 1847-1852

    - 1 VH 162 : 1853-1874

    Ministère de la Défense, Service historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 153-162
    1 VH 153
  • Archives départementales de la Côte-d'Or : C 207. Plan d'un corps de garde projeté entre les deux portes de l'arsenal. 1764.

    Archives départementales de la Côte-d'Or, Dijon : C 207

Bibliographie

  • Amanton, C.-N. Recherches biographiques, sur le professeur d’artillerie, Lombard. Dijon : impr de L.N Frantin, 1802.

    P. 38 (note 10).
  • Camp, Pierre. Guide illustré d'Auxonne. Dole : Imprimerie Chazelle, 1969.

  • Speranza, Martine. Les fortifications d'Auxonne et Vauban. Dans : Mémoires de la Société d’Émulation du Doubs. Histoire et Patrimoine comtois n° 50, 2008, p. 111-131.

  • [Exposition. Besançon. 1980]. Vauban et ses successeurs en Franche-Comté : trois siècles d'architecture militaire : exposition organisée par la Délégation régionale à l'architecture et à l'environnement et la Direction régionale des affaires culturelles de Franche-Comté. Besançon : Délégation régionale à l'architecture et à l'environnement, 1981. 248 p. : ill. ; 30 cm.

Documents figurés

  • Plan du nouveau projet de l'arsenal d'Auxonne. Dessin (plume, lavis), par le marquis de la Frézelière. 1688. Échelle graphique de 20 toises.

    Ministère de la Défense, Service historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 153
  • Plan de l'arsenal d'Auxonne à exécuter. Dessin (plume, lavis), par Vauban. 10 janvier 1689.

    Ministère de la Défense, Service historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 153

Annexes

  • Amanton, C.-N. Recherches biographiques, sur le professeur d’artillerie, Lombard. 1802.
Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2024
(c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
Gézolme Guillaume
Gézolme Guillaume

Guillaume Gézolme, chercheur. Région Franche-Comté puis Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2014-

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Articulation des dossiers
Parties constituantes
Dossier d’ensemble