Dossier d’œuvre architecture IA21005864 | Réalisé par
Gézolme Guillaume (Contributeur)
Gézolme Guillaume

Guillaume Gézolme, chercheur. Région Franche-Comté puis Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2014-

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  • enquête thématique régionale, fortifications royales et nationales en Bourgogne-Franche-Comté
château-fort
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Service historique de la Défense

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bourgogne-Franche-Comté - Auxonne
  • Commune Auxonne
  • Adresse 1 rue du Château
  • Cadastre 2023 BK 3, 4, 5, 8  ; 1824 J non cadastré Domaine public

Un premier château dit "la Motte de la Vieille" est cité au 12e siècle à l'emplacement de l’hôpital actuel. A la mort de Charles le Téméraire en janvier 1477, Louis XI s'empare du duché et du comté de Bourgogne. En 1479, il décide de fortifier Auxonne une fois cette conquête assurée en construisant une citadelle et ainsi d'enrayer de potentielles rebellions de la ville, principe aussi appliqué à Beaune et Dijon avec l'élévation de châteaux.

Construction

Construite au sud-ouest, cette forteresse s'appuie sur une partie de l'enceinte médiévale datant du 14e siècle et des remparts bâtis au 15e siècle le long de la Saône. Une premier tour, Notre-Dame, est édifiée au nord du château puis une seconde, la Tour Haute des Moulins est érigée en lieu et place d'une précédente, la tour des Moulins, démolie. Au nord est ajoutée une porte contrôlant l'entrée de la citadelle depuis la ville, accessible via un pont-levis et defendue par un redan. Le front sud utilise trois tours de l’enceinte existante : la tour de Soone (tour Beauregard), la tour Au Chault et la tour Maître-Jehan qui est agrandie et renforcée (puis nommée tour du Pied-de-Biche). Des courtines sont bâties, reliant les cinq tours du château pour forme, un pentagone. De larges fossés entourent le site. Une seconde porte dite de secours est installée à la tour du Chesne (précédemment tour Au Chault), dotée d'un pont-levis et protégée par un ravelin en forme de fer à cheval (l'équivalent d'une demi-lune). Une rampe située à la gorge de la tour Notre-Dame permettait d'accéder au chemin de ronde. Dans la cour, un bâtiment est construit pour loger le gouverneur de la ville, représentant du roi sur place, des casernes, une prison ainsi qu'un magasin à poudre. Une chapelle est aménagée dans le bâtiment destiné à stocker le sel. Telle est la physionomie du château en 1491. Un registre de comptes tenu par Jean Saumaire, commis aux paiements des châteaux de Dijon, Beaune et Auxonne en 1493, permet de suivre les travaux engagés : "Auxonne. Plancher en bois du grenier de la tour du Moulin. - Réparations aux ponts-levis. - Démolition d'une vieille et antique maison étant audit château pour y établir quatre voûtes en façon de cave et, sur ces voûtes, un corps de maison pour servir de grenier. - Logis faits sur les quatre porteaulx de la ville". Louis XII, au début du 16e siècle, donne l'ordre de renforcer l'enceinte de la ville ainsi que le château. Les courtines de la forteresse sont consolidées, les quatre principales tours dotées de parapets et revêtues d'un toit. Le front faisant face à la ville est renforcé par l'édification d'un nouvel ouvrage : la tour basse des Moulins (angle nord-ouest). Ces travaux entrepris répondent au progrès constant de l'artillerie, nécessitant d’épaissir les murs des ouvrages (6 à 7 m pour la tour Notre-Dame) et de les équiper d'un bossage défensif. En 1637, un ouvrage à corne est aménagé, complétant le système défensif de la porte en direction de la campagne. Vers 1669, la tour basse des Moulins menace de s'effondrer sur les moulins en contrebas. L'ingénieur de Clerville est chargé par Colbert de dresser un plan et prodiguer les instructions pour éviter sa destruction.

Le château et les fortifications construites par Aspremont et Vauban

En 1673, les travaux de modernisation des fortifications auxonnaises projetés par le comte d'Aspremont intègrent le château, le solidarisant aux nouveaux ouvrages conçus. L'ingénieur militaire crée un front bastionné côté campagne. L'ouvrage à corne aménagé en 1637 est remplacé par une demi-lune à parapets maçonnés et remplie de terre. Le plan relief d'Auxonne montre qu'un pont permet d'enjamber le fossé situé entre le ravelin et la demi-lune. Parallèlement à la Saône, un demi-bastion est établi. En 1679, Vauban prend la direction du chantier après la mort d'Aspremont. Il améliore le projet de son prédécesseur, le tout annoté dans un mémoire en février 1679. il décide d'ajouter un batardeau dans l'avant fossé du demi-bastion, équipé d'une porte de sortie, d'un corps de garde en son centre et d'une batterie "en barbe" à sa pointe. Vauban demande aussi de terminer au plus vite les parapets, le terre-plein, et de creuser davantage le fossée de la demi-lune et d'y édifier un corps de garde et une montée à un ou deux canons pour la batterie " en barbe". Le ravelin est restauré : les deux faces déblayées pour installer des contreforts, le terre-plein et les parapets refaits et un petit corps de garde aménagé. En 1688, l'ingénieur militaire fait restaurer l'ensemble des chemises des tours et fondations des courtines du château ainsi que les parapets (plan conservé au Service Historique de la Défense). Il a pour projet d'établir une nouvelle chapelle ainsi qu'une caserne dans les bâtiments de la cour. Seul cette dernière sera réalisée. La chapelle, d'après des plans conservés par le service du Génie, a pu être installée dans un ancien magasin à poudre, au centre de la cour. Par contre, ni le comte d'Aspremont ni le marquis de Vauban ne préconisent de construire une courtine entre le demi-bastion et celui du Moineau. L'annexion de la Franche-Comté en 1678 fait perdre à Auxonne son statut de ville frontière et entraîne un arrêt des travaux des fortifications de la cité, seuls les ouvrages entamés devant être finis. Au 18e siècle, aucune amélioration n'est apportée au château. Vers 1762, la direction du Génie décide néanmoins de restaurer l'ensemble des casernes car elles sont dans un état de délabrement avancé.

19e siècle : les dernières transformations

En 1826, une courtine casematée est construite sur le front sud du château et permet de relier le bastion du Moineau au demi-bastion. Le projet initial prévoit l'installation d’écuries adossées à la galerie de la courtine, option non retenue. De cette proposition, seule une ouverture est conservée, donnant accès à la porte de secours de la forteresse. Un autre projet , sans suite, envisage de détruire l'ensemble des bâtiments au sein de la cour pour y installer des écuries et des hangars pour l'artillerie. En 1831, la tour du Chesne est détruite ainsi que le petit mur (ancienne braie) qui doublait ce front. La chapelle Sainte-Barbe est également démolie. Avec cette transformation, le rempart est repris pour qu'il soit parallèle à la courtine casematée. Le fossé est comblé. Des caveaux voûtés en pierre sont mis en œuvre aux tours Beauregard et des Moulins en 1832. L'entrée principale est remodelée avec la suppression en 1833 du redan défendant l’accès au château, remplacé par une levée de terre de 6 m. Un pont en bois sur des piles en maçonnerie est aussi édifié. Le rempart attenant à la poterne d’entrée est modernisé : le haut du mur est crénelé et trois embrasures à grand angle sont créées. En 1834, la tour Beauregard est intégrée dans un bastion à l'image de celle du Cygne. La tour du Pied-de-Biche est arrasée d'un étage. Enfin, le directeur du Génie autorise "de placer la machine d'un manège pour moudre" au rez-de-chaussée dans la tour haute des Moulins. Au front ouest, une galerie voutée est construite (adossée au bâtiment des casernes), reliant la tour basse des Moulins au bastion de la tour Beauregard (réalisée en 1838 comme l'indique la date gravée).

Ces derniers travaux donnent au château sa configuration actuelle. Après le déclassement de la ville d'Auxonne, les casernes de la cour accueillent une garnison. Un hôpital provisoire est installé entre 1914 et 1918. En 1926, la forteresse est protégée au titre des Monuments historiques. La municipalité achète les lieux en 1961 et décide quatre ans plus tard de faire démolir les anciennes écuries dans la cour du château. A partir de 1970, la tour Notre-Dame est transformée en musée dédié à Bonaparte, figure emblématique de la cité. Ce musée ferme en 2013 dans l'attente d'un nouveau lieu plus approprié.

A la mort de Charles le Téméraire en janvier 1477, Louis XI s'empare du duché et du comté de Bourgogne. En 1479, il décide de fortifier Auxonne en construisant une citadelle. Édifiée au sud-ouest, cette forteresse s'appuie sur une partie de l'enceinte médiévale datant du 14e siècle et des remparts construits le long de la Saône au 15e siècle. Des courtines sont bâties, reliant les cinq tours du château formant un pentagone. De larges fossés entourent le site. A l'intérieur, un bâtiment est construit pour loger le gouverneur de la ville, représentant du roi sur place, des casernes, une prison ainsi qu'une chapelle dédiée à Sainte-Barbe. Telle est la physionomie du château en 1491. En 1673, les travaux de modernisation des fortifications auxonnaises projetés par le comte d'Aspremont englobent le château, le solidarisant aux nouveaux ouvrages conçus. L'ingénieur militaire crée un front bastionné côté campagne et l'ouvrage à corne aménagé en 1637 est remplacé par une demi-lune. Après la mort du comte d'Aspremont, Vauban est appelé pour poursuivre les travaux de cette place forte. Il a pour projet d'y établir une nouvelle chapelle ainsi qu'une caserne mais seul le second édifice est réalisé. Au 18e siècle, la forteresse n'est pas modifiée. En 1833, l'entrée principale est remodelée avec la suppression du redan défendant l’accès au château, remplacé par une levée de terre de 6 m. Un pont en bois sur des piles en maçonnerie est alors édifié. Le rempart attenant à la poterne d’entrée est modernisé : le haut du mur est crénelé et trois embrasures à grand angle sont créées. En 1834, la tour Beauregard est intégrée dans un bastion à l'image de celle du Cygne. Après le déclassement de la ville, les casernes de la cour accueillent une garnison. En 1926, la forteresse est protégée au titre des monuments historiques. La municipalité achète les lieux en 1961 et décide quatre ans plus tard d'en faire démolir les anciennes écuries. A partir de 1970, la tour Notre-Dame est transformée en musée dédié à Bonaparte, figure emblématique de la cité.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 15e siècle, 3e quart 17e siècle , daté par travaux historiques
    • Secondaire : 19e siècle , daté par travaux historiques
    • Principale : 4e quart 17e siècle , daté par travaux historiques
  • Dates
    • 1838, porte la date
  • Auteur(s)

Situé au bord de la Saône, le château a la forme d'un quadrilatère irrégulier long de 400 m et flanqué à chaque angle de tours reliées par des remparts. Les fossés des façades est, nord et sud sont désormais comblés, dissimulant quasiment toutes les embrasures au niveau de la chemise des tours hormis, celle parfaitement visible de la tour du Pied-de-Biche. Les courtines et tours sont maçonnées en pierre de taille. Seule la tour Notre-Dame est coiffée d'un toit semi-conique, les autres couvertes d'un terrasse à murs crénelés.

Au nord, l'entrée principale comporte une porte et deux passages piéton et charretier insérés dans un pavillon rectangulaire. Un corps de garde, voûté et avec cheminée complète l'espace du rez-de-chaussée. Côté cour, l'étage est en brique. Ce pavillon est adossé à la tour Notre-Dame, haute de 22 m et munie de murs épais de 6 m. Elle a trois étages voûtés, dotés de cheminées et éclairés par des baies au niveau de sa gorge. L'accès à la tour du Pied-de-Biche s'effectue par un couloir voûté menant à un étage également voûté. La tour Beauregard, transformée en bastion, dispose d'une vaste salle voûtée à deux embrasures orientées vers la Saône. A l'angle nord-ouest, deux tours complètent le système défensif du château. La tour basse des Moulins, demi-circulaire, à soubassement voutée et au rez-de-chaussée percé d'embrasures, a conservé son revêtement en bossage. La tour haute des Moulins dispose d'un étage voûté. Une porte dite de secours s'ouvre en direction de la courtine casematée.

La cour du château comprend plusieurs bâtiments en mauvais état, à commencer par la caserne dite Vauban, qui se compose d'un corps central à six travées flanqué de deux pavillons saillants à ses extrémités. La caserne s’élève sur un étage carré et un étage de comble à brisis recouvert de tuiles. Un ancienne salle de garde abrite une cheminée à décor sculpté à l'effigie du roi François 1er. D'autres décors d'architecture sont également visibles sur la façade antérieure du bâtiment parallèle à la courtine ouest.

  • Murs
    • calcaire moellon
    • calcaire pierre de taille
    • brique enduit partiel
    • grès
  • Toits
    tuile
  • Plans
    système bastionné
  • Étages
    sous-sol, 1 étage carré, 2 étages carrés, étage de comble
  • Couvrements
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon couvert
    • toit conique
    • toit à longs pans brisés
  • Escaliers
    • escalier intérieur : escalier tournant
    • escalier de distribution extérieur
    • escalier dans-oeuvre : escalier droit
    • escalier dans-oeuvre : escalier en équerre
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections
    inscrit MH partiellement, 1926/07/05
  • Précisions sur la protection

    Tours, courtines, bâtiment de la porterie : inscription par arrêté du 5 juillet 1926.

  • Référence Patriarche
    PA00112082, POP : versé le 05/09/2024

Des trois châteaux construits par Louis XI lors du rattachement du duché au royaume, seul celui d'Auxonne est encore en place, ceux de Dijon et Beaune étant (partiellement) détruits.

Documents d'archives

  • Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 153-162. Projets des travaux à effectuer aux fortifications et aux bâtiments militaires de la place. Mémoire, états, correspondance, cartes, plans. 1673-1874.

    - 1 VH 153 : 1673-1781

    - 1 VH 154 : 1782-1818

    - 1 VH 155 : 1819-1823

    - 1 VH 156 : 1824-1826

    - 1 VH 157 : 1827-1829

    - 1 VH 158 : 1830-1834

    - 1 VH 159 : 1835-1842

    - 1 VH 160 : 1843-1846

    - 1 VH 161 : 1847-1852

    - 1 VH 162 : 1853-1874

    Ministère de la Défense, Service historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 153-162

Bibliographie

  • Cinq cents de Colbert 122-125 (cote). Rapports, dépêches, cartes et plans, en originaux et copies, du chevalier Louis-Nicolas de Clerville, ingénieur militaire chargé d'inspecter les frontieres de terre et de mer. 1664, 1669-1671.

    Bibliothèque nationale, Paris
  • Camp, Pierre. Guide illustré d'Auxonne. Dole : Imprimerie Chazelle, 1969.

    P. 93-98
  • Faucherre, Nicolas. Les citadelles du roi de France sous Charles VII et Louis XI. Centre de Castellologie. 2019.

  • Spéranza, Martine. Le château d'Auxonne. 15 février 1985.

  • Speranza, Martine. Les fortifications d'Auxonne et Vauban. Dans : Mémoires de la Société d’Émulation du Doubs. Histoire et Patrimoine comtois n° 50, 2008, p. 111-131.

    P. 124

Documents figurés

  • Eslevation dune façade du chasteau d'Auxone dans laquelle est representée la ruyne de la tour du moulin. Dessin (plume, lavis), par Louis Nicolas de Clerville. 1669.

    Bibliothèque nationale, Paris
  • Plan en grand du chasteau d'Auxonne en 1688. Dessin (plume, lavis), s.n. 1688. Echelle graphique de 30 toises.

    Ministère de la Défense, Service historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 153
  • Plan du chateau d'auxonne. Pour servir aux projets de 1763. Dessin (plume, lavis), par Joblot. 1763. Echelle graphique de 15 toises.

    Ministère de la Défense, Service historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 153
  • Plan d'Auxonne. Plan parcellaire (toile, bois) par Du Borgia, Pierre (copie exécutée par les Autrichiens lors du siège d'Auxonne en 1815. Le plan original date du 12 juin 1810). 1814. 215 x 137 cm.

    Musée Bonaparte, Auxonne
  • 10. - Auxonne. - Caserne du Château. Carte postale, s.n. S.d. [1er quart 20e siècle]. L. V. édit.

    Archives municipales, Auxonne
Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2024
(c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
Gézolme Guillaume
Gézolme Guillaume

Guillaume Gézolme, chercheur. Région Franche-Comté puis Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2014-

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Articulation des dossiers
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