Ce bastion permet de contrôler l’accès de la ville depuis le pont qui enjambe la Saône. Au Moyen Age, le mur d’enceinte longeait la rivière depuis le château jusqu'à la tour du Béchot. A l'emplacement du bastion, une porte existait : la Porte Digenoise (en direction de Dijon). Érigée en 1436, elle avait une fonction défensive (elle était dotée de mâchicoulis).
En 1673, le comte d'Aspremont décide la construction d'un bastion très "massé", donnant ainsi ce nom de bastion "plat". Le plan dessiné en août 1677 pour rendre compte de l'avancée des travaux montre clairement que l'ouvrage est en cours de réalisation et se situe en avant (ou en ressaut) du mur d'enceinte, et qu'il est percé par la porte Digenoise. Lorsque Vauban reprend la direction du chantier des fortifications de la cité en 1679, il indique qu'il est impératif d'achever son terrassement ainsi que ses parapets (déjà bien avancés). Cette porte, à l'instar des autres portes de la ville, est pourvue d'un pont-levis. Cependant, et suite à la demande de Colbert, la préoccupation principale de l’ingénieur du roi se porte sur la reconstruction du pont, quasiment ruiné après les conquêtes de la province. Rebâti en 1684, celui-ci se compose de huit piles de pierre et quatre en bois, deux à chaque extrémité. Un corps de garde est établi à côté de la porte.
La porte Digenoise est finalement détruite en 1786 car entravant la circulation. En 1814, c'est au tour des échauguettes du bastion d’être démolies. Un nouveau corps de garde, commencé en 1833, avec un logement pour le portier consigné, est bâti au plus près du pont (actuellement rue du Rempart de la Côte-d'Or). En effet, le corps de garde alors occupé est dit "dans un état déplorable" et il est urgent de le raser car il est situé sur le terre-plein de la courtine. En 1879, un procès verbal d’adjudication est signé par la municipalité pour l'installation d'un passage à double voie "dans le rempart de la place d'Auxonne, bastion n° 25, porte de France". Ce passage est entouré par deux bâtiments défensifs percés de meurtrières. La porte et le pont sont démolis après la Seconde guerre mondiale. Des échauguettes sont (re)bâties dans les années 1960.
Guillaume Gézolme, chercheur. Région Franche-Comté puis Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2014-