La présence en façade, au rez-de-chaussée, de linteaux délardés en arc segmentaire permet de dater la maison du 18e siècle. En 1830, la municipalité en fait l'acquisition de Joseph Baudy. La propriété comprend alors six chambres au rez-de-chaussée, des greniers à l'étage, une grande cave voûtée d'arêtes (retombant sur de gros piliers centraux), une cuverie, une grange, une écurie et "hébergeages", une cour, un jardin situé au nord et une chènevière à l'ouest. Le bâtiment doit servir de logement à la brigade de gendarmerie. L'architecte Chevillet, de Baume-les-Dames, donne le 14 septembre 1831 un devis pour l'établissement d'une écurie, d'une sellerie, d'une chambre de sûreté et d'un grenier à fourrage dans la grange attenant à l'édifice. Les travaux sont confiés à Pierre Molle, de Rougemont. Une chambre à four est réalisée en 1834 par Perrier, de Marchaux. En 1840-1841, suite au devis du 10 juin 1840, J.-A. Clerc construit l'aile droite, dans le prolongement du logement du brigadier, afin d'y installer une chambre à coucher et crée une porte entre les deux. L'aile gauche est certainement réalisée durant la décennie puisqu'en 1850, Jules Goguely, de Baume-les-Dames, ajoute un étage à chaque aile et reconstruit le mur de clôture en l'alignant sur la rue. Francis Painchaux projette, le 1er octobre 1853, divers travaux pour donner aux différents logements un dégagement sur l'escalier principal, achever l'aile droite, refaire à neuf les planchers et les enduits en mauvais état, et remanier l'escalier conduisant aux greniers. Auguste Voidey en est l'adjudicataire, le 27 décembre, et les travaux sont réceptionnés provisoirement le 4 septembre 1854. En 1859-1860, Goguely fait réaliser différentes interventions de plomberie, plâtrerie, peinture, menuiserie et serrurerie. Il en est de même, en 1875, sous la direction d'Etienne Saint-Ginest, de Besançon. A la date du 1er mars 1895, le crépissage extérieur à la tyrolienne et les enduits intérieurs exécutés par François Pégeot, de Rougemont, sont achevés sous le contrôle de Louis Garin. En 1903-1904 (le devis du 20 octobre 1902 est accepté le 11 novembre, et la réception définitive intervient le 27 mars 1905), la gendarmerie connaît d'importantes modifications, d'après le projet d'Alphonse Burcey : le bâtiment principal est rehaussé d'un étage, la charpente et la toiture sont refaites à neuf, et une fontaine avec abreuvoir est installée dans la cour. Est-ce à cette période que la petite cave à voûtes d'arêtes est transformée en un vestibule et en deux cellules ? En 1922, l'agent-voyer cantonal Jeanningros fait refaire des peintures, badigeons et papiers peints, reconstruire la clôture et remplacer des tuiles et des éléments de zinguerie. Enfin, par la suite, les deux escaliers en bois sont reconstruits en béton, celui de l'aile gauche est déplacé, l'écurie est transformée en garage (les baies sont agrandies), on aménage un appartement dans une partie des combles, et les circulations et cloisonnements intérieurs connaissent d'amples remaniements.