Dossier d’œuvre architecture IA25001127 | Réalisé par
Poupard Laurent (Contributeur)
Poupard Laurent

Poupard, Laurent. Chercheur au service Inventaire et Patrimoine de la Région Bourgogne-Franche-Comté, 1987-

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  • patrimoine industriel, patrimoine industriel du Doubs
usine de petite métallurgie de la Société d’Études et de Constructions industrielles et mécaniques, puis de la Société d’exploitation des Ets L. Farque
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays horloger (le) - Maîche
  • Commune Damprichard
  • Adresse 9 rue du Professeur Grammont , 2 place du 3e Tirailleurs algériens
  • Cadastre 2012 AC 114, 257  ; 2012 AE 15, 230, 231
  • Dénominations
    usine de petite métallurgie
  • Appellations
    usine de la Société d’Études et de Constructions industrielles et mécaniques, puis usine de la Société d’exploitation des Ets L. Farque
  • Parties constituantes non étudiées
    atelier de fabrication, atelier, atelier de réparation, magasin industriel, bureau, transformateur, logement, cour, jardin, pergola

En 1882, le monteur de boîtes de montre Octave Ménans est propriétaire du moulin du Quiot (ou du Gigot, cadastré D 1), disparu depuis, et d'habitations au village, notamment de deux bâtiments à l'angle de l'actuelle rue des Écoles et de la place du 3e Tirailleurs algériens. Ces derniers sont attestés sur le plan cadastral de 1810 (F 196 : maison de l'aubergiste Pierre-François Faivre). Il les cède vers 1891 à l'industriel Léon Péquignot, qui les reconstruit au milieu de la même décennie à la suite d'incendies. Sont alors signalés une bâtisse pour un gazogène et son moteur, une fonderie, un atelier (qui, rapidement agrandi, passe de 14 à 29 ouvertures ordinaires) et une buanderie. Péquignot, qui a une trentaine d'ouvriers, fabrique des boîtes mais aussi des montres entières, utilisant des mouvements achetés à l'entreprise Mougin. Il fait faillite et son usine est reprise en 1904 par la veuve de Césaire Bourgeois, Stéphanie Roch, aussi propriétaire d'un atelier bâti à partir de 1895 au 11 rue du Professeur Grammont. Cette dernière loue les bâtiments Péquignot au même Louis Mougin. Installé à la Rasse (commune de Fournet-Blancheroche), au bord du Doubs pour profiter de l'énergie hydraulique, Mougin transporte alors sa fabrique d'ébauches à Damprichard qui vient d'être desservie par la société des Forces électrique de la Goule (le premier atelier électrifié est, en décembre 1895, celui de la veuve de Jules Bourgeois, un frère de Césaire). Il s'associe à Victor Jeambrun, devenu son gendre en 1911. Tous deux emploient 150 à 200 ouvriers à la fabrication d'ébauches et de montres finies (sous la marque MJ) jusqu'à l'absorption de leur affaire par la société Joseph Jeambrun (frère de Victor) et leur déménagement pour Maîche en 1921. Le site est repris vers 1919 par Paul Bourgeois (1873-1934), fils de Césaire, dit fabricant d’horlogerie puis tourneur par procédés mécaniques. Associé de fait dès 1904 avec son cousin Henri (l'un des fils de Jules) pour la fabrication d’appareils de mesure électrique utilisant des boîtes de montres, celui-ci collabore aussi un temps avec Marcel, un frère d’Henri, notamment pour l’invention en 1921 d’un procédé de plaquage or par électrolyse : le "blindage". Ce procédé sera exploité par la société d’Henri laquelle, par ailleurs, utilise la fonderie de Paul jusqu’à ce qu’elle construise la sienne vers 1920.

En 1920, Paul fonde avec plusieurs industriels lorrains la Société d’Études et de Constructions industrielles et mécaniques (Secim) de Damprichard, transformée en 1921 en SA au capital de 618 000 F, qu'il installe dans ses deux sites. La propriété semble divisée à partir de 1926 : Paul conserve de son usine les corps de bâtiment au nord-est du site de la rue de Grammont, où travailleront 46 ouvriers en 1930 et qui passeront à son fils Étienne en 1937, le reste est repris par la Secim, qu'il préside et qui est dirigée par Léon Farque (68 ouvriers en 1926, 80 en 1930). Le 16 octobre 1927, la Secim demande par la voix de son directeur Léon Farque "l’autorisation d’exploiter une usine comportant 2 corps principaux de bâtiments, l’un servant à la fabrication du graisseur Stauffer et l’autre à la fabrication de porte-foret". Elle produit alors quotidiennement 5 000 graisseurs (en acier et laiton emboutis) pour l'automobile et l’industrie, des goupilles, viroles, tubes métalliques pour filatures et tissages, des perceuses à main et vilebrequins, porte-forets et mandrins "Hélior", etc. L'ancien site Péquignot (agrandi vers 1928) accueille l' "usine des chignoles" et l'unité de la rue de Grammont l' "usine des graisseurs". La première accueille dans deux séries de bâtiments "au rez-de-chaussée : perçage et usinage des pièces de fonte reçues brutes constituant le bâti et l'engrenage du porte-foret, décolletage de toutes les pièces en acier, assemblage du porte-foret, vernissage au four du bâti et de l'engrenage, emballage et expédition ; au 1er étage [de l'atelier au long de la rue] : atelier d'outillage et d'entretien pour l'usine des chignoles et des graisseurs". La deuxième comprend "emboutissage à froid par passes successives sur presses des 2 parties constituant le graisseur, usinage, filetage et emballage des graisseurs", le tout avec 19 presses dont 15 presses à découper Bliss. Elle a un plan en L associant le bâtiment d'origine de la société Bourgeois (qui a perdu son deuxième étage suite à un incendie) à un atelier en retour couvert de sheds. Elle est agrandie au nord, peut-être entre cette date et 1937, par deux corps également en L délimitant une cour ouverte vers l'est.

Farque reprend la Secim en 1937 et supprime dans les deux ans qui suivent les bâtiments Péquignot pour les remplacer par une villa. Après la deuxième guerre mondiale, la société travaille en sous-traitance pour Peugeot, sous la direction du neveu de Farque Jacques Spohr. Elle s'étend dans la cour en 1955 et emploie, au début des années 1960, 130 ouvriers à la fabrication de graisseurs pour automobiles. Nouvelles extensions entre 1968 et 1975 (avec l'aménagement de bureaux et la construction d'un atelier au sud et d'un magasin industriel au nord), entre 1975 et 1980 (doublement en largeur du magasin et atelier de mécanique au sud-ouest) puis entre 1982 et 1988 (3e travée ajoutée au magasin). Au début du 21e siècle, l'usine pratique découpage, emboutissage, usinage et filetage pour l’industrie automobile, vendant ses produits en France ou les exportant vers l'Espagne, la Belgique et la Grande-Bretagne. Tenue par la Société d’exploitation des Ets L. Farque, elle ferme à la fin de 2008, ne comptant alors plus qu'une trentaine de personnes. Les bâtiments sont alors désaffectés, puis les machines enlevées en 2012.

Sur le site de la rue Grammont, le bâtiment d'origine est fort semblable à celui resté propriété de la société Étienne Bourgeois : murs en moellons calcaires enduits, baies à encadrement de briques coiffées d'un arc segmentaire, un étage carré et un comble à surcroît, toit à longs pans et tuiles mécaniques. Il a anciennement été agrandi de deux travées vers le nord-est et son étage en surcroît transformé en comble à surcroît, avec fermeture ou disparition des baies l'éclairant (percées dans ses murs gouttereaux). Il s'appuie au sud-ouest contre l'autre construction attestée en 1927, en rez-de-chaussée et coiffée de sheds, recouverte de tuiles mécaniques tout comme les deux ateliers bâtis entre 1927 et 1937 (toit à longs pans, rez-de-chaussée avec surélévation partielle d'un étage pour celui au nord). Sans tenir compte des extensions mineures (généralement en appentis et à couverture métallique), les bâtiments postérieurs à la deuxième guerre mondiale font appel au pan de fer, associé au parpaing de béton enduit (atelier sud) ou à un essentage de tôle (magasins au nord, atelier de mécanique au sud-ouest). Ils sont en rez-de-chaussée, coiffés de toits à longs pans (à pignons découverts pour la mécanique) ou en appentis (travée nord-est du magasin, datant des années 1980), et protégés par du ciment amiante ou un matériau synthétique (shingle sur la mécanique). La villa a des murs en béton enduit, un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé, un étage carré et un étage de comble. Elle est coiffée d'un toit à croupes, égouts retroussés et noues, recouvert d'ardoises.

  • Murs
    • calcaire moellon sans chaîne en pierre de taille enduit
    • béton parpaing de béton enduit
    • fer pan de fer essentage de tôle
  • Toits
    tuile mécanique, ciment amiante en couverture, matériau synthétique en couverture, métal en couverture, ardoise
  • Étages
    1 étage carré
  • Couvrements
    • charpente métallique apparente
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon couvert
    • pignon découvert
    • croupe
    • noue
    • shed pignon couvert
    • appentis pignon couvert
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre
  • Énergies
    • énergie électrique achetée
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Référence Patriarche
    présent sur POP
  • Sigvart, Guy. Maire, Damprichard

    2012

Documents d'archives

  • Archives municipales, Damprichard : 1 G 4 et 5 Matrice cadastrale des propriétés non bâties de la commune de Damprichard (19e siècle).

    Archives municipales, Damprichard : 1 G 4 et 5
  • Archives municipales, Damprichard : 1 G 7 et 7bis Matrice cadastrale des propriétés bâties de la commune de Damprichard (1882-1910).

    Archives municipales, Damprichard : 1 G 7 et 7bis
  • Archives municipales, Damprichard : 1 G 10 Matrice cadastrale des propriétés bâties de la commune de Damprichard (1911-1962).

    Archives municipales, Damprichard : 1 G 10
  • Archives départementales du Doubs : 312 W 33 Etablissements classés (1965-1975).

    Archives départementales du Doubs, Besançon : 312 W 33
    1969
  • Archives départementales du Doubs : M 1657 Etablissements classés (1927-1928).

    Archives départementales du Doubs, Besançon : M 1657
    Dossier de la Secim à Damprichard (1927).
  • Archives départementales du Doubs : M 3044 Travail et main d’œuvre, 1926-1930.

    Archives départementales du Doubs, Besançon : M 3044
  • Fabrique d'horlogerie Bourgeois Père et Fils [et] Fabrique d'appareils électriques Paul & henri Bourgeois [dessin du bâtiment principal de la rue de Grammont], deux papiers à en-tête, s.n., s.d. [décennie 1890 et 1er quart 20e siècle]. Publiés dans : Vuillet, Bernard. Entre Doubs et Dessoubre. Tome III. Autour de Charquemont et Damprichard. - Les Gras : B. Vuillet, Villers-le-Lac : G. Caille, 1991, p. 182-183.

Bibliographie

  • Chevalier, Michel. Tableau industriel de la Franche-Comté (1960-1961). Paris : les Belles lettres, 1961. 101 p. : cartes ; 24 cm. (Annales littéraires de l’Université de Besançon. Cahiers de géographie de Besançon ; 9).

    P. 31.
  • Narbey, Bernard (dir.). À l'ombre du clocher de Damprichard : la mémoire des siècles passés / Groupes de travail du GHETE « Au Clos du Doubs » et des associations de Damprichard. - Besançon : Groupement d’Études Hommes et Terroirs du Clos du Doubs, 2005. Non paginé [170] p. : ill. ; 30 cm. (Cahier du Clos du Doubs ; n° 6).

  • Simonin, Michel. L'horlogerie au fil du temps et son évolution en Franche-Montagne, sur le plateau de Maîche. - Maîche : M. Simonin, 2007. 143 p. : ill. ; 30 cm.

    P. 45-46, 50 : ill.
  • Vuillet, Bernard. Entre Doubs et Dessoubre. Tome III. Autour de Charquemont et Damprichard, d'après la collection de cartes postales de Georges Caille. - Les Gras : B. Vuillet, Villers-le-Lac : G. Caille, 1991. 243 p. : cartes postales ; 31 cm.

    P. 178-179, 182-185 : ill.

Documents figurés

  • Vue générale de Damprichard [depuis le sud-est], carte postale, par Francis Grux (?), [limite 19e siècle 20e siècle, entre 1895 et 1901 ?], coll. Francis-Grux peintre-éditeur à Maîche. Porte la date 15 décembre 1915 au verso.

    Collection particulière : Henri Ethalon, Les Ecorces
    L'usine Bourgeois est visible à droite.
  • Fabrique d'horlogerie Louis Mougin [dessin de l'usine vue de trois quarts droite], papier à en-tête, s.n., s.d. [décennie 1900]. Publié dans : Vuillet, Bernard. Entre Doubs et Dessoubre. Tome III. Autour de Charquemont et Damprichard. - Les Gras : B. Vuillet, Villers-le-Lac : G. Caille, 1991, p. 178.

  • Damprichard (Doubs) - La place, carte postale coloriée, s.n., [entre 1904 et 1906], Bauer Marchet éd. à Dijon. Porte la date 21 novembre 1906 (tampon) au verso. Le monogramme BM figurant au recto a été utilisé par l'éditeur de 1904 à 1909, puis remplacé de 1909 à 1916 par le tampon rond Bauer Marchet et Cie Dijon.

    Collection particulière : Henri Ethalon, Les Ecorces
    L'extrémité de l'usine Péquignot-Mougin est visible à droite.
  • Damprichard (Doubs) - L'usine L. Mongin [sic], carte postale coloriée, s.n., [entre 1904 et 1909], Bauer Marchet éd. à Dijon. Porte la date 8 juin 1910 au recto et au verso (tampon). Le monogramme BM figurant au recto a été utilisé par l'éditeur de 1904 à 1909, puis remplacé de 1909 à 1916 par le tampon rond Bauer Marchet et Cie Dijon.

    Collection particulière : Henri Ethalon, Les Ecorces
  • Damprichard (Doubs) - Usine Bourgeois, Horlogerie et Appareils électriques, carte postale coloriée, s.n., [entre 1904 et 1909]. Porte la date 4 décembre 1911 au recto. Le monogramme BM figurant au recto a été utilisé par l'éditeur de 1904 à 1909, puis remplacé de 1909 à 1916 par le tampon rond Bauer Marchet et Cie Dijon. Publiée dans : Vuillet, Bernard. Entre Doubs et Dessoubre. Tome III. Autour de Charquemont et Damprichard. - Les Gras : B. Vuillet, Villers-le-Lac : G. Caille, 1991, p. 184.

    Collection particulière : Henri Ethalon, Les Ecorces
  • 1832 - Excursions en Franche-Comté - Damprichard. Une vue d'ensemble [montrant les deux bâtiments de l'usine d'Étienne Bourgeois], carte postale, s.n., s.d. [1er quart 20e siècle]. Publiée dans : Vuillet, Bernard. Entre Doubs et Dessoubre. Tome III. Autour de Charquemont et Damprichard. - Les Gras : B. Vuillet, Villers-le-Lac : G. Caille, 1991, p. 166.

  • S[ocié]té d’Études et de Constructions Industrielles et Mécaniques à Damprichard (Doubs). Plan des environs des usines, dessin (plume, calque), s.n., s.d. [1927], 23,5 x 50,5 cm, 1/1 000.

    Archives départementales du Doubs, Besançon : M 1657
  • S[ocié]té A[nony]me d’Études et de Constructions Industrielles et Mécaniques, Damprichard (Doubs). Usine des chignoles [et] Usine des graisseurs, dessin (tirage), s.n., s.d. [1927], 99 x 84 cm, échelle 1/200. Plan en mauvais état : coupé en 4 (un quart manque : la villa ?).

    Archives départementales du Doubs, Besançon : M 1657
  • Société d’Études et de Constructions Industrielles et Mécaniques de Damprichard. Four à vernir chauffé électriquement. Coupe, dessin (crayon, calque), s.n., s.d. [1927], 27 x 21 cm, sans échelle (coté).

    Archives départementales du Doubs, Besançon : M 1657
  • Ets Farque 25 – Damprichard. Implantation d’une citerne propane de 1000 kg, dessin (tirage), s.n., 11 mars 1969, 31 x 27 cm, 1/200.

    Archives départementales du Doubs, Besançon : 312 W 33
  • Prises de vues aériennes de l'IGN (20e siècle). Consultables en ligne via le site du Géoportail (www.geoportail.gouv.fr).

    Photographies des 6 août 1937, 14 juin 1951, 27 août 1958, 27 septembre 1968, 31 octobre 1975, 25 août 1980, 19 avril 1982, 20 juillet 1988.

Documents multimédia

  • Sirene, base de données de l'Insee consultable sur le site internet Score3.fr.

    Notice de la Sodex des Ets L. Farque (consultation : 4 octobre 2012).
Date(s) d'enquête : 2012; Date(s) de rédaction : 2013
(c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
Poupard Laurent
Poupard Laurent

Poupard, Laurent. Chercheur au service Inventaire et Patrimoine de la Région Bourgogne-Franche-Comté, 1987-

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