Salins (devenue Salins-les-Bains en 1926) est une localité connue pour sa production de sel. Elle est aussi la seconde ville la plus importante du comté de Bourgogne au Moyen-Age. Située dans une vallée où coule la rivière la Furieuse, le bourg est partagé en 943 en deux concessions accordées aux fils d'Aubry de Bourgogne. L’enceinte urbaine, fortifiée, s'organise en deux parties separées : le Bourg-dessus et le Bourg -dessous. En 1497, sous le règne de Philippe 1er dit le Beau, les deux bourgs sont réunis. La majeure partie des fortifications urbaines encore en place date de cette époque. Pour assurer la protection de la ville, des châteaux sont érigés au 13e siècle sur les collines surplombant le village, formant une "ceinture de forts". Certains allaient devenir les futurs forts de la place forte de Salins : le site de Bracon, le "châtel Belin" et le donjon ou tour de vigie (futur fort Saint-André).
Lors de la seconde invasion de la Franche-Comté par Louis XIV en 1674, Salins est la dernière place forte conquise par les troupes royales. Le duc de La Feuillade prend successivement les trois forts en huit jours avant de s'emparer du bourg. Le roi, conscient de l'intérêt économique de la cité, confie à son ingénieur militaire, Vauban, la reconstruction des forts. Les forts Belin et Saint-André sont équipés de fronts bastionnés et le site de Bracon est doté d'une lunette, ouvrage fortifié. Vauban ne semble pas, dans un premier temps, avoir donné de consignes pour la défense de ville. Néanmoins, les remparts de la ville sont restaurés et modernisés, des redoutes sont ajoutées. Vauban revient en 1679 pour inspecter l’achèvement des forts. Il a pour ambition de construite une enceinte bastionnée au niveau du bourg ainsi que d'agrandir la ville par la même occasion. Ce projet est refusé par le roi, qui opte pour des travaux d'entretien et restauration de l’enceinte médiévale.
Dès le 18e siècle, l’éloignement de Salins de la frontière et donc du front, est pointé, sa positon devenant moins stratégique pour la défense du royaume. La fonction militaire des forts diminue, l'objectif étant de les entretenir en cas d’invasion, mais non de les améliorer. A la veille de la Révolution, les forts Bracon et Belin sont dans un état "pitoyable" tandis que Saint-André dispose encore de son front bastionné capable de résister à une attaque. Au contraire du bourg qui malgré la présence de tours et d'un mur d'enceinte, tomberait facilement aux mains de l’ennemi.
Lors de l'invasion de la Franche-Comté par les troupes autrichiennes en 1814, le fort Saint-André échappe à la destruction totale au contraire du fort Belin. Sous la Restauration, le général Haxo, qui les avait personnellement inspecté en 1814, donne la consigne de restaurer le premier et de reconstruire le second. Des projets de relier les trois par des murs crénelés sont envisagés mais finalement abandonnés. Quant au bourg fortifié, une partie des tours assurant sa protection est démantelée (leur base est conservée) avant de disparaitre en partie avec l'incendie de 1825. La caserne du bourg, ancien couvent des Clarisses, cédée à la ville et dont l'usufruit revenait au Génie militaire, est totalement incendiée en 1825. Celle-ci est reconstruite en 1838. L'année suivante, le conseil municipal fait une demande auprès du ministre de la Guerre pour installer une garnison permanente.
Après l’armistice de 1871, l'importance militaire de Salins décline et l'administration de la Troisième République privilégie des sites plus frontaliers (Les Rousses). Une pétition demande le 26 janvier 1886 le maintien de la batterie d’artillerie en garnison à Salins, une seconde en 1889 le maintien du classement des forts. Bien que déclassée à la fin du 19e siècle, la place forte conserve des troupes. L'après guerre 1914-1918 annonce le déclin militaire définitif de la localité, avec notamment la vente des forts à la commune en 1921. Ceux de Belin et Saint-André sont utilisées à des fins de loisirs (colonies de vacance, projet de création d'un camping). Leur valeur historique et architecturale est reconnue : le fort Belin est classé au titre des Monuments historiques en 1984 et le fort Saint-André en 1993. Enfin, sur la trentaine de tours médiévales, seules cinq subsistent.
Guillaume Gézolme, chercheur. Région Franche-Comté puis Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2014-