Dossier d’œuvre architecture IA71003558 | Réalisé par
Mairot Philippe (Contributeur)
Mairot Philippe

Philippe Mairot, chercheur. Région Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2011-

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  • opération ponctuelle, architecture rurale du Charolais-Brionnais
Demeure et ferme du Haut de Rouy
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Charolais-Brionnais - Chauffailles
  • Commune Briant
  • Lieu-dit Haut de Rouy
  • Cadastre 2019 OA 725, 727
  • Dénominations
    ferme
  • Parties constituantes non étudiées
    remise agricole, fenil, étable, logis, cour, toit à porcs, poulailler, cuvage

Constitution du domaine

Le domaine a été constitué par une des nombreuses branches de la famille Bordat, attestée à Briant depuis la seconde moitié du XVIe siècle. Cette branche du Haut de Rouy a connu une ascension sociale au XVIIIe siècle grâce à l'embouche. Le domaine s’est développé progressivement, au fil de 3 générations, avec Lazare Bordat (v. 1677-1747), premier du nom, Denis Bordat (1708-1777), son fils, et Lazare Bordat (1740-1818), deuxième du nom, son petit-fils. Le fondateur de la lignée est né au village de l'Escluse (nommé ensuite la Rivière), situé au bord de la Belaine, avant de s’installer vers la fin de sa vie à Rouy, à peine 1 km plus à l’ouest, au sommet du coteau dominant le ruisseau. Il est mentionné pour la première fois à Rouy, dans le rolle de taille de l'année 1730. Il est alors laboureur et paie un impôt de 42 livres. L'ascension de la famille est perceptible par l'augmentation continue du montant de leur impôt au fil des années, proportionnel à leurs possessions et leurs revenus. Les rolles de taille mentionnent en effet plusieurs acquisitions, un héritage, ainsi que des biens exploités en fermage. En 1789, Lazare Bordat, deuxième du nom, paie un impôt de 147 livres pour ses biens de Briant (108 livres), ceux qu’ils possèdent à Avrilly (19 livres), dans le Bourbonnais, pour le pré de Launay (11 livres) et pour un domaine à Launay, également situé à Briant et dont il est fermier (8 livres). Cette ascension s’explique sans doute par la pratique du commerce du bétail, attestée par le qualificatif de marchand, attribué à Denis Bordat, puis à son fils, à partir de 1755, et les mentions de prés acquis ou loués dans les rolles de taille.

Constructions des bâtiments

La construction des bâtiments intervient dans le dernier quart du XVIIIe siècle. Faute d’inscriptions, le seul élément permettant une datation approximative est la présence d’un monogramme, « LB », dans le garde-corps en fer forgé de l’escalier de la maison. Ce chiffre est celui de Lazare Bordat, deuxième du nom, maire de la commune de 1793 à 1815. Les constructions ont possiblement été érigées entre 1777 et 1781, période ayant suivi le décès de son père, survenu en juin 1777, pendant laquelle il est absent des rolles de taille de la paroisse de Briant, et semble avoir résidé à Avrilly, probablement au domaine des Simonins (que l’on retrouve parmi les biens de ses descendants). Il s'y est remarié, suite au décès de sa première épouse (Marie Mommessin, de Prizy, le 14 juillet 1779), avec Jeanne-Marie Gallay (1759-1801), fille d’un bourgeois de cette paroisse bourbonnaise, le 11 janvier 1780.

Les bâtiments comprenaient à l'origine une maison de maître (avec un appentis au nord-ouest pour la bassie et le four à pain), une grange avec remise et écuries, un petit bâtiment dans le prolongement du précédent, abritant poulailler et hangar à bois, une seconde grange avec remise, cuvage et grenier à grains, un colombier, aujourd’hui disparu, et des petites écuries, sans doute des soues à cochons..

Il est vraisemblable que la ferme, située de l'autre côté du carrefour et dont les Bordat était également propriétaires, correspond au premier lieu d'habitation de la famille sur place.

Le domaine après Lazare Bordat

Lazare Bordat a 5 enfants de ses deux mariages, mais une seule de ses filles lui survit : Jeanne (1791-1834), qui épouse en 1808 Louis Croizier-Beaufort (1779-1854). Ce dernier est issu d'une famille de grands propriétaires des Basses-Marches du Bourbonnais, attestée depuis le XIIIe siècle et possédant de nombreux biens sur les communes de Montcombroux-les-Mines, Sorbier et Châtelperron, notamment. Le nom de Beaufort, qu'une des branches de la famille a ajouté à son patronyme, est celui d'une de leurs propriétés, située dans cette dernière commune. Le couple, qui réside d'abord à Avrilly, s'installe à Briant après le décès de Lazare en 1818. Louis Croizier-Beaufort, qui est à son tour maire de la commune de 1830 à 1834, est désigné dans l'annuaire de Saône-et-Loire de 1829 (Imp. Dejussieux, Mâcon) comme marchand de bétail.

En 1845, Louis, veuf, fait abandon de ses biens à ses enfants, trois filles, Anne (1810-?), Cécile (1813-1881), et Julie (1822-1909). A cette époque, ses biens à Briant s'étendent sur 91 hectares, constitués de « vignes, prés d'embouche et de fauche, patûres, terres et bois taillis » (Arch. Dép. 71, cote 3E 9275/2), la superficie en herbe atteignant plus de 60 % (avec notamment le pré Chauveton de 10 ha). Cet ensemble est complété par quelques parcelles, situées dans les communes voisines (Oyé, Saint-Didier-en-Brionnais, Semur-en-Brionnais et Varenne-l'Arconce). Son exploitation est répartie entre le domaine principal, appelé « la réserve », un autre domaine (dont la ferme voisine est le siège) et 3 locateries. Croizier-Beaufort possède également des propriétés sur Baugy, Vindecy et Anzy-le-Duc, et de nombreux biens dans l'Allier, qu'il a hérité de ses parents ou obtenu par son mariage avec Jeanne Bordat. Les propriétés de Briant, dont il se réserve l'usufruit jusqu'à sa mort, sont léguées à la cadette, Cécile, épouse de Jacques-Adolphe Massin (1806-1848), propriétaire terrien, éleveur et marchand de bovins dans la Nièvre (Montagny-sur-Canne). Après la mort de son père, cette dernière loue la réserve et les autres exploitations à des fermiers. C'est peut-être pour abriter la famille de l'un d'eux qu'une seconde maison, plus modeste, inexistante sur le plan cadastral de 1825, est construite à côté de la maison de maître. Madame Massin vend toutes ses propriétés de Briant au milieu des années 1870. Les bâtiments sont acquis, avec un peu plus de 16 ha de terres, par François Bernadet, de Saint-Christophe-en-Brionnais, qui s'y installe. D'autres changements de propriétaires interviennent par la suite. L'activité agricole s'y est maintenue jusqu'à aujourd'hui. Une stabulation moderne a été installée, à l'arrière de l'ancien cuvage, dans les années 1980.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 18e siècle
    • Secondaire : 2e moitié 19e siècle
  • Dates

Les différents bâtiments qui composent l’ensemble sont disposés autour d'une cour, bordée de murets de pierre. Tous sont bâtis en moellons de calcaire et portent des toits à longs pans. Trois constructions agricoles conjointes prennent place perpendiculairement à la voie et limitent cette cour au nord. Un appentis s'appuie à l’arrière de la plus grande d'entre elles, qui abrite, conformément aux usages locaux, grange, étables (avec abreuvoir à niveau constant) et fenils. Sous l'appentis, se trouve une cave à vin. L'édifice, qui le prolonge à l'ouest, abrite un hangar à bois et des anciennes écuries de chèvres et de chevaux. En face, délimitant la cour au sud, un édifice est occupé par l'ancienne cuverie. Une écurie de cochons le jouxte perpendiculairement, sur son pignon est, le long de la route.

Deux maisons occupent le fond de la cour sur laquelle s'ouvrent leurs entrées. Des jardins potagers sont disposés à l'arrière. Les habitations sont couvertes de toits à croupes en tuiles plates, à égout retroussé, percés de lucarnes. Elles sont construites en moellons de calcaire. Les encadrements des baies et les chaines d'angle, sont en moellons équarris, d'un calcaire jaune très répandu localement. La maison, dite des fermiers, n'est pas enduite, contrairement à la maison de maître qui l'est entièrement. Cette dernière possède un appentis, à l'ouest, abritant un fruitier et un four à pain. Elle est organisée autour d'un vestibule traversant et d'un escalier, situé dans l'axe de l'entrée. Son garde-corps en fer forgé est décoré, à l'étage, des initiales "LB".

  • Murs
    • calcaire moellon enduit
  • Toits
    tuile plate, ciment amiante en couverture
  • Étages
    sous-sol, 1 étage carré
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
    • appentis
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3P 060/1. Cadastre de la commune de Briant. 1827-1965.

    - 3P 060/1 MA : Registre des états de sections. 1827.

    - 3P 060/1 MA : Matrice cadastrale des propriétés bâties et non bâties. 1827-1882 (propriétés bâties), 1827-1914 (propriétés non bâties).

    - 3P 060/1 MR : Matrice cadastrale des propriétés bâties. 1911-1965.

    - 3P 060/1 MR : Matrice cadastrale des propriétés non bâties. 1914-1965.

    Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon
  • Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3E 9275/2. Minutes de l'étude notariale de Denis Marie Alexandre Bergerand (Saint-Christophe-en-Brionnais). Juillet-août 1845.

    Partage anticipé par M. Louis Gilbert Croizier-Beaufort, propriétaire demeurant à Briant, entre

    1°. Mme Anne Croizier-Beaufort, épouse de M. Charles Reignaud, propriétaire demeurant à Monétay-sur-Loire,

    2°. Mme Pierrette Cécile Croizier-Beaufort, épouse de M. Jacques Adolphe massin, d'Autun,

    3°. et Mme Magdeleine Julie Croizier-Beaufort, épouse de M. Antoine Clayeux, propriétaire à St-Léon.

    2 octobre 1845.

    Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon
  • Archives départementales de Saône-et-Loire : 3E 9291. Minutes de l'étude notariale de Claude Moraillon (Saint-Christophe-en-Brionnais). 1808.

    Contrat de mariage de Mr Louis Gilbert Croizier-Beaufort, demeurant en la commune de Saint-Didier, et Demoiselle Jeanne Bordat, de Briant. 12 décembre 1808.

    Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon
  • Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3E 9299. Minutes de l'étude notariale de Claude Moraillon (Saint-Christophe-en-Brionnais). 1817-1818.

    Inventaire des meubles et effets délaissés par Mr Jean-Baptiste Bordat, décédé à Briant. 27 novembre 1817.

    Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon
  • Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3E 9388/1. Minutes de l'étude notariale de N. Sivignon (Saint-Christophe-en-Brionnais). 1762-1763.

    Contrat de mariage de Sr Lazare Bordat, demeurant à Rouy, paroisse de Briant, et de Demoiselle Marie Mommessin, demeurant à Prizy. 6 février 1762.

    Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon
  • Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3Q 3560. Mutations par décès (Bureau de Marcigny). 1817-1820.

    Déclaration de succession de Lazare Bordat. 12 octobre 1818.

    Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon
  • Archives départementales de la Saône-et-Loire : 3Q 11460. Mutations par décès (Bureau de Marcigny). Décembre 1853 - juin 1855.

    Déclaration de succession de Louis Gilbert Croizier-Beaufort. 1er juin 1854.

    Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon
  • Archives départementales de la Côte d'Or : C 7426. Rôles des tailles de la paroisse de Briant. 1552-1789.

    Archives départementales de la Côte-d'Or, Dijon

Bibliographie

  • Annuaire de la Saône-et-Loire. Mâcon : Imprimerie Dejussieux, 1829.

  • BORDAT, Claude (Abbé). Généalogie des Bordat de Briant. Marcigny : Imprimerie-librairie J.-B. Derost, 1913.

Date(s) d'enquête : 2019; Date(s) de rédaction : 2019
(c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
(c) PETR du Pays Charolais-Brionnais
Mairot Philippe
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Philippe Mairot, chercheur. Région Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2011-

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