Le développement du thermalisme à Bourbon-Lancy
L'utilisation ancienne des sources chaudes de Bourbon-Lancy est confirmée par la présence de vestiges de thermes antiques à l'emplacement de l'établissement thermal.
Le premier essor à la Renaissance
Les bains de Bourbon-Lancy sont cités dans le Catalogus Gloria mundi (1529) de Barthélemy de Chasseneuz, humaniste originaire de la ville voisine d'Issy-l'Évêque : "Sed tandem sciamus que sint balnea excellentiora in Gallia, & licet sint plurima, pauca tamen referam. Primò in nostro balliuatu Heduensi ad muros, seu in suburbijs vurbis Borbonij Ancerici, quod distat à loco natalitio meo dicto Issiacum octo milliaribus, sunt Balnea antiquissima & excellentissima à Iulio Cæsare, ut fertur, constructa, in quibus sunt plures fontes calentes, & quod mirum est, non cum tetro odore sulphuris : & inter alios, fons est ita calidus & feruens, ut vix manus contineri posset, & si viuum caderet & mergeretur in eo per tempus, quo vix dici possit, Aue Maria, à morte cum difficultate liberaretur : & aqua illius vtuntur pistores & incolæ, pro pane cõficiendo, & pluribus alijs actibus & vsibus necessarijs. Locus autem aptus ad balneum, in quo aquæ calentes cadunt & recipiuntur, est prope fontes calidos, & circundatur muro ex magnis lapidibus quadratis cõposito sub forma orbiculari, in quo vitra quinquies centum homines contineri possint." Les informations sont ensuite reprises par Andrea Bacci, qui consacre lui aussi un passage aux bains de Bourbon-Lancy ("Balnea ad Borbonium Ancerici") dans son traité De Thermis (1571). Signe de leur renommée, les bains de Bourbon-Lancy ["Bourbonensy"] sont également mentionnés dans la liste des "bains chaulx" du chapitre XXXIII ("Comment Pantagruel fut malade et la façon comment il guérit") du deuxième livre de Rabelais (vers 1530) : "Lesdits bains sont chaulx parce qu'ilz sont issus de la chaulde pisse du bon Pantagruel".
La gestion des sources
La baronnie de Bourbon-Lancy est acquise par Anne de France, épouse de Pierre de Beaujeu, duc de Bourbon et d'Auvergne, par un arrêt du Parlement de Bourgogne de 1511. La succession de sa fille Suzanne est l'objet d'un conflit entre le connétable Charles de Bourbon et Louise de Savoie. Cette dernière entre définitivement en possession de la baronnie à la mort du connétable en 1527. Elle la transmet à son fils, le roi François Ier : les bains de Bourbon-Lancy relèvent ainsi de la Couronne à partir de cette date. L'intervention du pouvoir royal à la fin du 16e siècle et au début du 17e siècle marque un temps fort dans l'histoire de l'établissement thermal, célébré dans la dédicace d'Aubery (1604) à Henri IV en 1604 : "À qui mieux dois-ie voüer ces ruines qu'à Vostre Maiesté, à laquelle elles appartiennent par succession, et par droict de conqueste : le ciel confirme en vous la sacrée suitte des Roys vos devanciers, la conqueste de vostre Estat vous les acquiert, et vostre Nom Auguste recognu pour génie tutellaire du Bourbonnois [...] vous les approprie, avec le succez merveilleux de vostre Valeur qui seule a relevé les mazures de ce Royaume Ruiné, pour en former la plus entière et puissante Monarchie du monde".
L'établissement thermal relève des États de Bourgogne au XVIIIe siècle. Il devient la propriété de l'hôpital de Bourbon-Lancy par l'article 108 de la loi du 16 ventôse an XII (7 mars 1804). L'hôpital le gère d'abord en régie directe avant d'adopter le principe de l'affermage dans une délibération du 28 septembre 1817. Le mode des gestion par un concessionnaire subsiste jusqu'à nos jours.
Les lieux d'hébergement
Les lieux d'hébergement des baigneurs sous l'Ancien Régime sont mal connus. Le développement du quartier thermal, caractérisé par ses hôtels de voyageurs et ses maisons de villégiature, débute du milieu du 19e siècle. Il est évoqué notamment par Rérolle (1849) : "Des logements nombreux et en rapport avec toutes les positions de fortune entourent l'établissement. Depuis quelques années, pour répondre à la progression croissante des malades, de nouveaux hôtels ont été bâtis, d'autres restaurés [...]." Le Guide aux eaux thermales de Bourbon-Lancy (1880) en donne une liste indicative.
Les moyens de transport
Sous l'Ancien Régime, la ville se situe sur la route reliant Autun au Fourneau, au bord de la Loire. De là, une première route permet de rejoindre Moulins (à l'Est) ; une seconde, Decize, Nevers et Paris (au Nord).
La commune de Bourbon-Lancy est connectée relativement tardivement au réseau ferré français. Jusqu'en 1884, la gare la plus proche est celle de Gilly-sur-Loire, sur la ligne reliant Moulins à Paray-le-Monial ouverte en 1869. D'après le Guide aux eaux thermales de Bourbon-Lancy (1880), il faut alors 13h30 pour rejoindre Gilly-sur-Loire depuis Paris. Le 19 juin 1884, la Compagnie Paris-Lyon-Méditerranée met en service la ligne reliant Gilly-sur-Loire à Cercy-la-Tour. Une gare est construite au Fourneau, à un peu plus de 3 km du centre. Le 16 mai 1900, la Compagnie des Chemins de Fer départementaux met en service la ligne reliant Le Fourneau à Toulon-sur-Arroux. Une gare de voyageurs est alors construite au centre-ville de Bourbon-Lancy. Elle est desservie par des trains jusque dans les années 1950.
Fabien Dufoulon, chercheur. Région Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2018-