Piscine (à partir de 1844)
Bourbon-Lancy disposait sous l'Ancien Régime d'une célèbre piscine d'eau thermale dite "Bain royal". Elle était située dans la cour de l'actuel établissement thermal. Elle disparaît entre 1804 et 1807. La création d'une nouvelle piscine n'est semble-t-il pas une priorité, puisqu'elle n'est programmée ni lors de la construction d'un nouvel établissement (1807) ni lors de la première campagne de modernisation et d'agrandissement de celui-ci (1836-1841). François Agnéty, architecte départemental de l'Allier, élabore le projet d'une "piscine découverte" et "à eau courante". Le projet est examiné par son confrère, l'architecte départemental de Saône-et-Loire, en décembre 1843. Il est approuvé par le préfet, sous réserve d'en compléter le devis. Le 18 février 1844, Guillaume Fraty, fermier de l'établissement thermal, signe un bail concernant "une piscine à eau courante nouvellement construite dans le jardin de l'établissement thermal" d'une durée de cinq années, pour un montant annuel de 600 francs. Il ne peut toutefois l'exploiter la première année. Les travaux commencés sans doute à l'hiver 1843-1844 semblent en effet avoir été suspendus, puisqu'une nouvelle adjudication en faveur de l'entrepreneur Delinière est prononcée le 18 avril 1844. Ce dernier doit à son tour justifier un retard dans l'achèvement des travaux, lié à "divers changements faits au devis". L'édifice est connu par une gravure publiée dans l'ouvrage de Tellier (1844) qui précise ses dimensions ("une vaste piscine à eau courante de soixante-quatre pieds de long sur cinquante de large [...] dans un vaste jardin anglais"). L'édifice est inspiré de l'architecture antique. Le bassin est entouré de portiques de colonnes et encadré par deux corps de bâtiments dotés de grandes fenêtres thermales. La gravure montre également une abside ("hémicycle") sur le côté ouest.
Comme le "Bain royal" de l'Ancien Régime, la piscine de 1844 est découverte jusqu'à la fin du 19e siècle. Un devis du 20 février 1890 prévoit sa couverture ("charpente composée de dix fermes et de treize rangs de pannes [...] sur les poteaux en bois existant"). Cette charpente est visible sur plusieurs photographies anciennes. La toiture est alors couverte de tôle galvanisée. L'édifice est encore en activité à l'époque de Piatot (1903) : "magnifique pièce d'eau thermo-minérale, véritable école de natation, de 17m50 de long et 9m50 de large, contenant 190 mètres cubes d'eau [...] alimentée par le trop plein des sources".
Usine de mise en bouteilles (autour de 1908-1910) et salle des fêtes (à partir de 1914)
Le 9 novembre 1880, l'exploitation de cinq sources de Bourbon-Lancy est autorisée par l'Académie de Médecine : la Reine, le Lymbe, Saint-Léger, Marguerite et Descures. Par arrêté ministériel du 7 décembre 1880, cette exploitation est confiée à la Société anonyme des Thermes de Bourbon-Lancy, au capital de 1.000.000 francs, constituée à Mâcon le 23 septembre 1879. La société commercialise l'Eau de la Reine-Bourbon (eau minérale) et l'Eau du Lymbe (eau de table gazéifiée). Le premier site d'embouteillage n'est pas localisé. Il se situait peut-être à l'intérieur même de l'établissement thermal. Autour de 1908-1910, des machines d'embouteillage sont installées dans le bassin de la piscine qui a donc été désaffectée. D'après les matrices cadastrales, un dépôt de bouteilles et un hangar sont construits à proximité à cette époque. Le bâtiment change une nouvelle fois de destination avant la Première Guerre mondiale : un plancher est posé au-dessus du bassin de la piscine pour créer une salle des fêtes, qui est inaugurée le 31 mai 1914.
Fabien Dufoulon, chercheur. Région Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2018-