Lors du Congrès archéologique de France (1928), Paul Vitry attire l'attention sur les trois statues. Il repousse la datation jusqu'au temps d'Antoine Le Moiturier (vers 1475) en s'appuyant sur des critères iconographiques (port de l'Enfant sur le bras droit de la Vierge) et stylistiques (lourdeur des plis et complexité du drapé, mais aussi douceur et charme des visages qu'il oppose au "style sévère et grandiose" de Claus Sluter). Il revient à Henri David (1935) de mettre en relation l'acte de fondation de messes et le récit de l'altercation entre Philippe Mâchefoing et Jehan de Drogues, qui, bien que connu par Paul Vitry, n'avait pas été rapproché des statues de Rouvres. L'attribution à Jean de La Huerta et la datation autour de 1448 ont ensuite été reprises par Marcel Aubert (1946), René Jullian (1965), Theodor Müller (1966) et plus récemment Jacques Baudouin (1996). La statue de la Vierge à l'Enfant est présentée dans les expositions consacrées à la sculpture bourguignonne du 14e au 16e siècle (1949) et au sculpteur Jean de La Huerta (1972) organisées par Pierre Quarré au Musée des Beaux-Arts de Dijon.
- opération ponctuelle
- (c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Bourgogne-Franche-Comté
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Commune
Rouvres-en-Plaine
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Adresse
1 rue de l' Église
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Cadastre
2020
0G
32
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Dénominationsstatue
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Titres
Les trois statues sont encore à leur emplacement d'origine, au-dessus de l'autel de la Vierge dans la chapelle ouvrant sur le bras nord du transept de l'église. Il s'agit précisément de la chapelle de la famille Mâchefoing. Les armoiries de la famille ("d'azur à trois molettes d'or au croissant de même en abîme") figurent sur l'écu de la console sur laquelle repose la statue de la Vierge à l'Enfant. Le groupe peut être rapproché d'un acte de fondation de messes dans la chapelle par Philippe Mâchefoing, châtelain de Rouvres et vicomte-maïeur de Dijon, daté du 14 mai 1448. Dans ce texte (voir annexes), le curé de l'église et ses successeurs sont "tenus de prier Dieu, la très glorieuse Vierge Marie, sa mère, monseigneur saint Jehan Baptiste, monseigneur saint Jean l’Évangéliste et tous les autres glorieux saints et saintes". La référence à la Vierge, saint Jean-Baptiste et saint Jean l’Évangéliste correspond bien en effet à l'iconographie des trois statues aujourd'hui en place dans la chapelle. Le même texte précise que les messes doivent être célébrées "en ladite église paroissiale dudit Rouvre à l'autel de la chapelle Nostre-Dame qu'il a fait faire de nouvel" ce qui permet de dater les travaux de l'autel autour de 1448. Il est enfin probable que les statues soient à l'origine de l'altercation entre Philippe Mâchefoing et Jehan de Drogues (Jean de La Huerta) survenue le 9 décembre 1448. Dans le récit de celle-ci (voir annexes), l'un des témoins rapporte que le sculpteur n'a pas achevé un "ouvraige" commandé par Philippe Mâchefoing. Ce dernier a versé un acompte de 12 francs, mais le sculpteur réclame le paiement de l'ensemble du travail, soit 24 francs.
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Période(s)
- Principale : 2e quart 15e siècle , daté par source
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Dates
- 1448, daté par source
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Stade de création
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Auteur(s)
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Personnalité :
Mâchefoing Philippecommanditaire attribution par source, attribution par travaux historiquesMâchefoing Philippe
Châtelain de Rouvres-en-Plaine et "vicomte maïeur" de Dijon.
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Auteur :
La Huerta Jean de , dit(e) Jehan de Droguessculpteur attribution par sourceLa Huerta Jean de
Jean de La Huerta, dit aussi Jehan de Drogues (1413-1462). Imagier, originaire de Daroca en Aragon (Espagne). Etabli à Dijon (Côte-d'Or) avant 1443, il exécuta quelques travaux en Franche-Comté.
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Personnalité :
Les trois statues sont en calcaire et mesurent environ 1m30 de hauteur. Elles reposent sur des consoles surmontant un cadre mouluré au-dessus de l'autel. L'association de trois saints rappelle celle que l'on trouvait dans les chapelles de l'église du couvent des chartreux de Champmol. On sait notamment qu'une Vierge à l'Enfant était encadrée par saint Jean-Baptiste et saint Antoine dans l'oratoire bas. Cette disposition devait également se retrouver dans la chapelle haute (dite "chapelle aux anges") où trois consoles sont posées en 1393. La différence de style entre, d'une part les statues de la Vierge et de saint Jean-Baptiste, et d'autre part celle de saint Jean l’Évangéliste, a souvent été soulignée depuis Paul Vitry. Pierre Quarré a montré que les deux premières sont directement inspirées des modèles de Champmol, et il n'a pas exclu que celle de saint Jean l’Évangéliste puisse ne pas être l’œuvre de Jean de La Huerta mais celle d'un autre sculpteur qui serait intervenu après l'altercation de 1448. Cette hypothèse n'est toutefois pas suivie par Jacques Baudouin qui attribue l'ensemble des trois statues à Jean de La Huerta.
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Catégoriessculpture
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Structures
- groupe non relié, juxtaposé, 3
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Matériaux
- calcaire
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Précision dimensions
Dimensions : h = 130 cm.
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Iconographies
- Vierge à l'Enfant
- saint Jean-Baptiste
- saint Jean l'Evangéliste
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Précision représentations
La statue de saint Jean-Baptiste a pu être considérée comme celle de Moïse ou d'Isaïe (en référence au Puits de Moïse de Champmol) ou de saint Antoine (en référence aux sculptures de l'oratoire de l'église de Champmol) avant l'étude de Paul Vitry (1928).
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Inscriptions & marques
- armoiries, sur socle indépendant
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Précision inscriptions
Écu armorié de la famille Mâchefoing ("d'azur à trois molettes d'or au croissant de même en abîme") sur la console portant la statue de la Vierge à l'Enfant.
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État de conservation
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Statut de la propriétépropriété de la commune
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Intérêt de l'œuvreÀ signaler
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Protectionsclassé au titre objet, 1908/12/05
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Référence MH
- (c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
- (c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
- (c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
Documents d'archives
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Archives départementales de la Côte-d'Or. G 4098. Clergé séculier. Paroisses, chapelles et confréries. Cure et fabrique de Rouvres-en-Plaine.
Acte de fondation de messes à l'autel de la Vierge de l'église de Rouvres-en-Plaine par Philippe Machefoing (19 mai 1448) -
Archives départementales de la Côte-d'Or. B II 360/3. Cours et juridictions. Justices communales. Justice criminelle, Ville de Dijon (1442-1448).
Récit d'une altercation à Dijon entre Philippe Machefoing et Jehan de Drogues (10 décembre 1448)
Bibliographie
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Vitry, Paul. Les sculptures de l'église de Rouvres. In : Congrès archéologique de France (91e session, 1928, Dijon). Paris : Picard, 1929. p. 441-449.
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David, Henri. Quelques artistes méridionaux en Bourgogne. In : Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, tome 47, n°188, 1935. p. 329-364.
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Aubert, Marcel. La Sculpture française du Moyen-Âge. Paris : Flammarion, 1946.
p. 384 -
[Exposition. Dijon, Musée des Beaux-Arts. 1949]. Chefs-d’œuvre de la sculpture bourguignonne. Dir. Pierre Quarré. Dijon : Musée de Dijon, Palais des Ducs de Bourgogne, 1949.
p. 20-21 -
Jullian, René. La Sculpture gothique. Paris : H. Laurence, 1965.
p. 226-227 -
Müller, Theodor. Sculpture in the Netherlands, Germany, France and Spain, 1400 to 1500. Baltimore : Penguin Books, 1966.
p. 49 -
[Exposition. Dijon, Musée des Beaux-Arts. 1972]. Jean de La Huerta et la sculpture bourguignonne. Dir. Pierre Quarré. Dijon : Musée de Dijon, Palais des Ducs de Bourgogne, 1972.
p. 13-15, 31-35, 45 -
Baudoin, Jacques. La sculpture flamboyante en Bourgogne et Franche-Comté. Nonette : Éditions Créer, 1996.
p. 162-163
Annexes
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Acte de fondation de messes à l'autel de la Vierge de l'église de Rouvres-en-Plaine par Philippe Machefoing (19 mai 1448)
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Récit d'une altercation à Dijon entre Philippe Machefoing et Jehan de Drogues (10 décembre 1448)
Fabien Dufoulon, chercheur. Région Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2018-
église paroissiale Saint-Jean-Baptiste
Lieu-dit : Le Village
Adresse :
Fabien Dufoulon, chercheur. Région Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2018-