L'horloger suisse Frédéric Rotschi (1832-1887), originaire de Rosières (ou Welschenrohr, canton de Soleure), s'établit à Charquemont au milieu du 19e siècle (vraisemblablement en 1850, date de fondation avancée par sa société). Il y fait construire vers 1866 une ferme abritant par la suite la fabrique de montres Jacquot puis englobée dans l'usine de cadrans et galvanoplastie Haenni. Son fils Henri (1862-1941) naît à Charquemont et y ouvre son propre atelier, qu'il transporte ensuite aux Bréseux, où il est signalé en 1888. Il s'est marié en 1887 avec Marie-Rose-Zoé Purguy (1863-1905), avec laquelle il aura quatre enfants : Georgette-Léontine (1888-1981), Léon (1889-1946), Marcel (1891-1971) - qui épousera Madeleine Mauvais, fille de l'industriel Louis Mauvais (et soeur de Lucien et Henry) - et Maurice (1896-1915).
Pour profiter de l'électricité, Henri déménage de nouveau dans les années 1890 et installe son atelier à Maîche, au 28 place de l'Eglise (bâtiment cadastré 2015 AI 15). Il acquiert vers 1894 ou 1897 une maison bâtie vers 1875 Sous Montjoie par Alexandre Boibessot. Son association temporaire avec un horloger maîchois, Victor Delavelle, lui apporte les capitaux nécessaires à la construction, dans la période 1899-1906, d'une usine d'assortiments (échappements) à cylindre à côté de son habitation. Il fonde aussi en 1905 ou 1906 la Société d'Horlogerie de Maîche et embauche un nombre important d'ouvriers, dont une part notable vient de Suisse alémanique. Pour les loger, il crée en 1909 la Société immobilière de Maîche, qui acquiert des maisons en ville et en fait bâtir d'autres, notamment au cours de la décennie 1910 deux cités, l'une avenue du Maréchal Leclerc (rue des Cités) et l'autre rue Montjoie. Le parc comptera au total 12 maisons et environ 40 logements. Son affaire emploie 200 ouvriers en 1920, sans compter ceux à domicile (une enquête de 1912 fait état d'un total de 500 personnes). Elle se dote aussi d'une deuxième usine à Villars-sous-Dampjoux, active de 1908 à 1914 puis reprise par René Amstutz, où une cinquantaine de personnes fabrique des échappements.
Henri est rejoint par Léon et Marcel, qui ont étudié au Technicum du Locle, mais l'entreprise connaît de grosses difficultés après la première guerre mondiale. Rotschi tente de diversifier sa production, l'élargissant à d'autres types d'échappements (à ancre et Roskopf) et aux forets pour horloger (sous la marque à l'Hirondelle). L'affaire, qui bénéficie du soutien financier de la société immobilière, est toutefois très endettée. Henri la laisse vers 1925 à ses fils mais Marcel s'en retire rapidement et Léon doit la vendre vers 1928 à Jean Wertz (son principal créancier ?), industriel mulhousien, tandis que le département Forets est cédé à Louis Mauvais. L'entreprise, qui ne compte plus que 135 ouvriers en 1930, en occupe moins d'une centaine à sa fermeture en 1936.
L'usine passe à l'issue de la deuxième guerre mondiale à Charles Perrot-Audet, de Charquemont, mais l'activité s'y arrête assez vite. Elle est ensuite louée, en 1956, à la société Magister de Villers-le-Lac, qui y demeure jusqu'au début des années 1960. Lui succède de 1964-1965 à 1976 la fabrique de montres Relliac (du nom de son créateur - Charles Cailler - en verlan). Maisons et logements des cités ont été vendus à différentes dates, notamment dans les années 1950 à Hubert Gaume qui, à la tête de la Grande Scierie mécanique de Maîche, les rétrocède à ses ouvriers ; certains ont été détruits tels ceux de la rue de la Fin Yotte (cadastrés 2015 AI 121), dépendant à l'origine de la scierie Thidric et démolis en 2000 pour céder la place à une extension de l'école primaire Louis Pasteur.
Poupard, Laurent. Chercheur au service Inventaire et Patrimoine de la Région Bourgogne-Franche-Comté, 1987-