Le 1er juin 1906, Louis Ravel, ingénieur et constructeur automobile auparavant établi à Neuilly-sur-Seine, et Emile Amstoutz, ingénieur motoriste à Besançon, s’associent pour former la société en nom collectif "Amstoutz-Ravel et Cie". E. Amstoutz apporte à la société son fonds de commerce (27 quai de Strasbourg), d’une valeur évaluée à 50 000 francs, et Louis Ravel fait apport d’une somme de 100 000 francs.
Une parcelle de 20 ares, située avenue Fontaine-Argent, est louée en 1906 à Paul-Charles Minelle pour un loyer mensuel de 1200 francs, avec promesse de vente (bail de 10 ans). Une usine de 1200 m2 est construite en 1907 sur ce terrain, comprenant "une maison d’habitation et des bâtiments industriels d’une surface de 1171 m2, dont les murs sont construits en maçonnerie de moellons avec charpente de fer en forme de scheeds [sic], et un hangar adossé au bâtiment". L’usine fabrique des véhicules équipés de moteurs de 8 ou 15 ch, à un puis quatre cylindres, vendues sous la marque Rav ou Amstoutz-Ravel.
En décembre 1907, Louis Ravel rachète les parts d’Amstoutz, ce dernier prenant la direction de l’usine pour trois ans. Louis Ravel commercialise ses véhicules sous la marque Zénith, qui est aussi le nom donné à un nouveau carburateur (dépôt au greffe du tribunal de commerce le 12 mars 1909).
Le 16 juin 1910, Louis Ravel s’associe à Théodore Schneider pour fonder la société en commandite par actions "Automobiles Th. Schneider". Entre 1896 et 1907, Théodore Schneider avait exploité avec Edouard Rochet la Société lyonnaise de Vélocipèdes et Automobiles Rochet-Schneider. Théodore Schneider apporte "son industrie, son nom commercial et 75 000 francs", et Louis Ravel apporte son établissement industriel et commercial, le matériel, et la marque Zénith. De plus, la société utilise trois brevets déposés en 1910 par Antoine Jaubert et Louis Ravel, concernant un embrayage à cône de friction, un joint de cardan à bain d’huile et un dispositif d’accouplement d’essieu arrière. La société sort son premier modèle en 1910, qui sera présenté l’année suivante au Salon de l’Automobile.
En octobre 1910, la société dépose une demande pour agrandir l'usine. L'extension prévoit la construction d'un bâtiment donnant sur l'avenue, frappé de l'inscription "Atelier de construction pour automobiles Schneider et Cie", prolongé vers l'est d'ateliers couverts de sheds métalliques. Ils sont construits en 1911-1912 sur les plans de l’architecte bisontin Maurice Forien. L’usine emploie alors 220 ouvriers et produit des châssis de 4 et 6 cylindres, de 10 à 35 ch, équipés d’une boîte à quatre vitesses.
En 1913, la société acquiert les locaux aéronautiques Robert Esnault-Pelterie à Boulogne-sur-Seine, dans lesquels elle étend sa production automobile (ces bâtiments seront vendus en 1918). La société Schneider passe en société anonyme en 1914, avec un capital de 4,5 millions de francs. A cette date, elle emploie 500 personnes sur les deux sites et fabrique annuellement entre 250 et 300 voitures. Pendant la Première Guerre, l’usine fabrique de l’armement (obus) et des camions, camionnettes et ambulances pour l’Armée. En juillet 1916, la société décide d’agrandir l’usine bisontine et de prolonger l’atelier "par une construction importante avec façade sur la rue des Docks".
La société est mise en faillite en 1921, mais elle poursuit son activité après une liquidation judiciaire. Elle augmente son capital à diverses reprises et Robert Poirier, directeur de la concession lilloise Paris-Nord-Automobile, devient son actionnaire majoritaire. Louis Ravel quitte la société en 1922 pour fonder la société des Automobiles Ravel, qui s’établit rue de l’Eglise (IA25001747). L’usine continue à proposer une gamme de voitures rapides allant de 10 ch (quatre cylindres) à 35 ch (six cylindres).
Connaissant des difficultés, la société des Automobiles Schneider loue en mai 1928 son usine à la Société anonyme d’Instruments de Motoculture (SADIM), laquelle se lance dans la fabrication d'engins agricoles motorisés (motoculteurs à chenilles). En 1930, l’effectif atteint 136 ouvriers. A la liquidation de la société Schneider en juillet 1931, les actifs sont repris par la SADIM qui poursuit la fabrication de tracteurs chenillés, dont certains pour la viticulture, jusqu’en 1937.
Peu après, le site est acheté par la société civile Saint-Joseph, qui fait construire en 1938-1939 par l'architecte René Tournier un collège privé au nord de la parcelle. La partie nord des bâtiments industriels est démolie. Les ateliers couverts de sheds, au sud, sont conservés et convertis en 1939 pour les besoins de l’enseignement. Le site accueille aujourd’hui le collège Saint-Joseph et le lycée professionnel Saint-Paul.
Raphaël Favereaux, chercheur. Région Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 1995-