Pierre-Marie Barbe-Richaud, photographe. Région Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2008-
- enquête thématique régionale, thermalisme en Bourgogne-Franche-Comté (le)
- (c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Bourgogne-Franche-Comté
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Commune
Saint-Parize-le-Châtel
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Adresse
22 rue des Fonts-Bouillants
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Cadastre
2020
0A
534
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Dénominationsusine de mise en bouteilles des eaux minérales
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Parties constituantes non étudiéesfontaine
Jean-Gabriel-Honoré Greppo (Études archéologiques sur les eaux thermales et minérales de la Gaule à l'époque romaine, 1846) et Louis Bonnard (Gaule thermale, 1906) indiquent la découverte d'une grille et de trois bassins en bois "en forme de baignoires" qui pourraient suggérer la présence de thermes gallo-romains à Saint-Parize-le-Châtel. Il est difficile d'en savoir davantage sur ces bains. La connaissance d'une source locale est avérée à la Renaissance, puisque Jean Pidoux et Jean Ban en font mention respectivement en 1584 et 1618. Le second précise d'ailleurs : "Elle marque avoir esté recherchée autresfois par l'adjencement qui y paroist encores" (ce qui confirme bien l'ancienneté de l'exploitation). À la fin du 18e siècle, les sources sont l'objet d'un intérêt renouvelé.
Exploitation de la source avant 1894
La première analyse de l'eau est l'objet du second mémoire de Jean-Henri Hassenfratz sur les eaux aérées, minérales et thermales publié dans les Annales de chimie (1789). L'eau est peu minéralisée en raison de la faible profondeur de la nappe. La source appartient à la commune jusqu'à la fin du 19e siècle. Elle y fait faire des travaux dans les années 1850 et 1860. L'exploitation des eaux est affermée à un entrepreneur privé, qui vend la bouteille 5 centimes aux habitants de la commune et 10 centimes aux étrangers. Dans le Guide pittoresque (1857) d'Élisa Chevalier, un passage est consacré à la source : "Saint-Parize possède des eaux minérales ayant les mêmes vertus que celles de Pougues, mais nullement fréquentées, et à peu près inconnues, hors de la localité." L'auteur évoque également la légende de sa translation depuis le village de Cougny : "Nous avons vu que cette onde bienfaisante s'envola de Cougny, parce qu'un meurtrier y avait lavé son arme sanglante, et qu'un pionnier de Saint-Parize l'arrêta au passage en la charmant."
Période 1894-1919
La source est vendue à Ferdinand-Charles Gélin, chef de division à la préfecture de la Nièvre, en 1894. Dans l'acte de vente, il est question de deux sources principales, et d'une troisième "petite source actuellement impropre à tout usage" située devant la première. Le paiement se fait sous la forme d'une rente annuelle de 400 francs à verser par l'acquéreur, qui s'engage par ailleurs à donner gratuitement à chaque foyer de la commune deux litres d'eau. L'acte de vente prévoit également que les habitants munis d'un certificat médical pourront accéder gratuitement aux douches et bains qui pourraient être créées par la suite, ce qui renseigne sur l'ambition du nouveau propriétaire de créer un véritable établissement thermal à l'image de ceux de Pougues-les-Eaux et Saint-Honoré-les-Bains. En 1896 est créée la Société anonyme des Eaux minérales de Saint-Parize-le-Châtel au capital de 325 000 francs constitué par soixante actionnaires. Le nombre des actionnaires augmente à la suite de l'augmentation du capital à 400 000 francs en 1902.
En 1895, l'exploitation de la source des Fonts-Bouillants est autorisée par l’État après avis favorable de l'Académie de Médecine. On apprend dans les années suivantes qu'elle correspond en réalité à deux sources, l'une captée à 13 mètres de profondeur, l'autre à 21 mètres. L'eau est bicarbonatée calcique, magnésienne et ferrugineuse, mais sa faible minéralisation conduit à la commercialiser sous la forme d'une eau de table que l'on peut mélanger au vin. L'eau, qui est très gazeuse en raison de sa forte concentration en acide carbonique, sert également à la fabrication d'une limonade ("La Parizette") à partir des environs de 1910. Un nouveau forage est pratiqué de l'autre côté de la rue par Gélin en 1895, et la nouvelle source captée à 12 mètres de profondeur ("source Gélin" ou "source des Vertus") est l'objet d'une autorisation d'exploitation en 1897. L'eau est du même type que celle des Fonts-Bouillants, mais avec une concentration importante en acide sulfurique. Pour cette raison, elle est vendue comme une eau médicamenteuse en pharmacie, notamment indiquée contre les maladies nerveuses de l'estomac et contre la goute. À partir de 1911, le gaz naturel des sources est utilisé pour surgazéifié les bouteilles, comme l'autorise la loi. Grâce à des campagnes publicitaires, l'eau de Saint-Parize connaît un véritable succès. Environ 600 000 bouteilles sont expédiées chaque année autour de 1905. Les bouteilles sont chargées dans des voitures à chevaux, puis dans un camion à partir de 1912, jusqu'au magasin (aujourd'hui détruit) que la société a fait construire à la gare de Mars-sur-Allier. Un dépôt ouvre à Paris, rue de Bercy, près de la Gare de Lyon, en 1911. Une trentaine d'ouvriers travaillent à l'usine de Saint-Parize-le-Châtel au début du 20e siècle.
Période 1919-1975
La propriété des sources passent à différents propriétaires à partir de 1919. Pendant l’Entre-deux-guerres, le nombre de bouteilles vendues reste inférieur à celui de la Belle Époque. À partir de 1953, Maurice Richon tente de relancer l'activité : création d'une nouvelle chaîne d'embouteillage automatisée, exploitation de nouvelles sources ("Chatelle" en 1963 et "Élisée" en 1973) et lancement du Sain-Pa, un soda aromatisé à l'orange ou au citron. L'usine est agrandie, côté ouest, et le captage de la source des Fonts-Bouillants entièrement refait. Les ventes de l'usine passent de 800 000 bouteilles environ en 1950 à 1 900 000 bouteilles en 1960, pour finalement atteindre le record de 2 900 000 de bouteilles en 1968.
Dans les années qui suivent, les bouteilles en verre de Saint-Parize-le-Châtel sont concurrencées par les bouteilles en plastique, et les ventes diminuent. La production s'arrête totalement en 1975. Les bâtiments, qui se situent à proximité du circuit automobile de Magny-Cours, sont loués par la Société civile et immobilière Saint-Parize au groupe Danielson (préparation de moteurs et de voitures de compétition) à la fin des années 1970. Cinq forages sont effectués entre 1991 et 1994, mais l'activité ne reprend pas. Le site est vendu à des particuliers en 2006.
La construction de l'usine de mise en bouteilles est liée à l'autorisation exploitation de la source (1895) et la création de la Société anonyme des Eaux minérales de Saint-Parize-le-Châtel (1896). L'architecte Charles Brazeau intervient de 1897 à 1906. Il fait par ailleurs un projet de hangar, non exécuté, en 1912.
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Période(s)
- Principale : 4e quart 19e siècle
- Principale : 1er quart 20e siècle
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Auteur(s)
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Auteur :
Brazeau CharlesBrazeau Charles
Brazeau, Charles (1858-1924). Né à Orléans en 1858. Architecte à Nevers (14 rue Saint-Gildard) de 1893 à 1924. Ses papiers personnels et professionnels sont conservés aux Archives départementales de la Nièvre (11 J 1-83).
(Source : Linsolas, Jean-Marie. La restauration du théâtre de Nevers à la fin du XIXe siècle. 2016.)
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Auteur :
L'accès à l'usine se faisait par un grand portail, qui subsiste encore aujourd'hui (piliers latéraux et grilles) à l'exception de l'enseigne. Les deux sources des Fonts-Bouillants, la première près de la rue, la second plus loin à l'arrière, étaient à l'origine couvertes d'un petit kiosque en fer. L'un des deux kiosques a disparu dès 1961, lorsque est refaite la source du Fonts-Bouillants n°1 et ses abords bétonnés. Sur la droite de l'entrée, le bureau qui permettait de surveiller les entrées et sorties de marchandises est conservé. Des canalisations conduisent l'eau jusqu'au bâtiment principal, qui subsiste aujourd'hui. Il semble être construit en moellon enduit. Il est composé de deux corps couverts de toits à deux pans en tuile mécanique. Les machines de rinçage, d'embouteillage, d'encapsulage et d’étiquetage se trouvaient au rez-de-chaussée. Plusieurs cartes postales anciennes permettent de connaître la disposition des différents postes de travail. On sait également qu'un puits ("Puits Émile") à l'intérieur du magasin fournissait l'eau du rinçage des bouteilles. L'étage du corps de bâtiment oriental correspondait au logement du directeur et à des pièces de réception. Derrière ce bâtiment, une cour était bordée par des hangars, construits en limite sud de parcelle. Ils servaient à la fabrication et au stockage des caisses en bois. Contre le mur ouest, la présence d'une écurie, d'une remise et d'un grenier à fourrage est attestée. À l'est de l'ensemble, un corps de bâtiment en béton correspond à l'agrandissement des années 1960 et 1970. Le bâtiment qui abritait la source Gélin, de l'autre côté de la rue, a été entièrement détruit. Sur la même parcelle se trouvait également un jardin et des logements pour les ouvriers.
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Murs
- pierre moellon enduit (incertitude)
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Toitstuile mécanique
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Plansplan rectangulaire régulier
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Étagesrez-de-chaussée, 1 étage carré
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Couvertures
- toit à longs pans pignon couvert
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Statut de la propriétépropriété privée
- (c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
- (c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
- (c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
- (c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
- (c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
- (c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
Documents d'archives
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Archives départementales de la Nièvre. 11 J 16. Fonds Charles Brazeau. Livres de comptes. Volume 1 (à partir de 1892). Volume 2 (à partir de 1902).
Vol. 1, p. 177, 182, vol. 2, p. 86, 128, 180.
Bibliographie
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Du Fouilloux, Antoine. Discours de l'origine des fontaines, ensemble quelques observations de la guarison de plusieurs grandes et difficiles maladies faicte par l'usaige de l'eau médicinale des fontaines de Pougues en Nivernoys. Nevers : Pierre Roussin, 1595. 121 p. Contient : Pidoux, Jean. Des Fontaines de Pouques en Nyvernois, de leur vertu, faculté et manière d'en user. [Paris] : [Nicolas Nivelle], [1584].
P. 78. -
Banc, Jean. Les Admirables Vertus des eaux naturelles de Pougues, Bourbon et autres renommées de France, en faveur des malades qui ont recours en leurs salutaires emplois, depuis peu descouvertes par I.B. Bourbonnois, docteur et professeur en médecine. Paris : L. Giffart, 1618. 140 p. Contient : Banc, Jean. De l'usage et employ des eaux naturelles contre les maladies. Paris : Pierre Sevestre, 1605. [constitue le livre 2 de l'édition de 1618]. Et : Banc, Jean. La Mémoire renouvelée des merveilles des eaux naturelles en faveur de nos nymphes françoises et des malades qui ont recours à leurs emplois salutaires. Paris : Pierre Sevestre, 1605. [constitue le livre 3 de l'édition de 1618].
P. 91-92. -
Hassenfratz, Jean-Henri. Deuxième mémoire sur les eaux aérées, minérales et thermales du Nivernois. Des eaux aérées de Saint-Parize. In : Annales de Chimie, 1789, p. 89-97.
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Greppo, Jean-Gabriel-Honoré. Études archéologiques sur les eaux thermales et minérales de la Gaule à l'époque romaine. Paris : Leleux, 1846.
P. 278-280. -
Chevalier, Élisa. Guide pittoresque dans la Nièvre et spécialement dans Nevers, aux eaux de Pougues et à l'établissement thermal de Saint-Honoré-les-Bains. Nevers : P. Bégat, 1857.
P. 338-340. -
Bonnard, Louis. La Gaule thermale. Sources et stations thermales et minérales de la Gaule à l'époque gallo-romaine. Paris : Librairie Plon, 1908. 521 p.
P. 451-452. -
Bigeard, Hélène. La Nièvre. Paris : Académie des inscriptions et belles lettres : Ministère de la culture : Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche : Fondation maison des sciences de l'homme, 1996. Carte archéologique de la Gaule. 300 p. ISBN 2-87754-045-6.
P. 236-237. -
Surmely, Frédéric. Les sources oubliées du Massif Central. Olliergues : Éd. de La Montmarie, 2004. 343 p. ISBN 2-9520316-9-X.
P. 305-309. -
Gonzalez, Julien. En Bourgogne, les villes d’eaux oubliées : Pougues-les-Eaux, Fourchambault-Garchizy, Saint-Parize-le-Châtel, Decize-Saint-Aré, Maizières, Saint-Christophe-en-Brionnais. Nevers : Éditions Loire et Nièvre, 2005. 157 p. ISBN 2-9524476-0-8.
P. 107-120. -
Gonzalez, Julien. Histoires d'eaux minérales oubliées en Nivernais : Anthien, Decize-Saint-Aré, Garchizy, Saint-Parize-le-Châtel. [Varennes-Vauzelles] : Julien Gonzalez, 2008. 86 p. ISBN 978-2-9531297-1-7.
P. 4-52.
Documents figurés
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Eaux minérales de Saint-Parize-le-Châtel. Sources des Fonts-Bouillants. Vue générale / [auteur inconnu]. [S.l.] : [s.n.], [début du 20e siècle]. Carte postale.
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Saint-Parize-le-Châtel. La Source des Fonds-Bouillants / [auteur inconnu]. [S.l.] : [s.n.], [début du 20e siècle]. Carte postale.
Fabien Dufoulon, chercheur. Région Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2018-
Fabien Dufoulon, chercheur. Région Bourgogne-Franche-Comté, Service Inventaire et Patrimoine, 2018-