Patrimoine en Bourgogne-Franche-Comté
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Lumière sur

Couvent de la Visitation

Plusieurs religieuses de la Visitation de Riom s'installent à Bourbon-Lancy au début de l'année 1648. La fondation d'un couvent est soutenue par la marquise de Coligny. Le 3 octobre 1649, les religieuses de la Visitation de Bourbon-Lancy acquièrent la "maison Robert" située à proximité des bains du faubourg Saint-Léger et ses terrains pour un montant de 10.500 livres (Arch. dép. Saône-et-Loire, H 1768). Berry (1895) indique que la construction du couvent est liée au legs de Pierre Burgat, greffier en chef du bailliage de Bourbon-Lancy. En 1677, les travaux des deux corps de bâtiment sont terminés. Laurent Lecomte (2013) attribue la maîtrise d’œuvre à la supérieure Louise-Françoise-Henriette de Brugier et précise que le couvent ne comprend ni église ni parloir. En 1720, le couvent abrite 31 sœurs de chœur et 6 sœurs converses. En 1791, elles sont 23 sœurs de chœur et 7 sœurs converses.

Les travaux lancés par les Visitandines sont difficiles à connaître avec précisions, puisque les plus anciens documents figurés conservés sont postérieurs à la transformation du couvent en hospice. Le plan du cadastre ancien dit napoléonien (1837) montre un bâtiment composé de deux ailes disposées perpendiculairement. L'emprise actuelle des bâtiments ainsi que les deux galeries en rez-de-chaussée doivent dater de cette campagne. Les plans-types de l'ordre, celui du coutumier de 1629 ou sa version actualisée en 1670, permettent d'imaginer ce qu'aurait bien pu être le couvent si l'église, le chœur et la cour des sœurs avaient été bâtis au sud. Selon toute vraisemblance, les chambres des religieuses devaient se situer à l'étage, au-dessus des galeries du cloître. La taille réduite des baies d'origine, telles que l'on peut les imaginer en comparant le couvent de Bourbon-Lancy avec ceux d'autres villes, expliquerait la nécessité d'en ouvrir de nouvelles lors de la transformation de l'édifice en hôtel dans les années 1860-1870.

Berry (1895) cite deux requêtes adressées par les Visitandines au roi en lien avec les bains situés à proximité (Arch. nat., Q 1008). En 1737, elles obtiennent le droit "de faire conduire à leurs frais dans l'intérieur de leur maison un pouce d'eau de cette fontaine [vraisemblablement le Lymbe] pour leur utilité particulière, le besoin de leur communauté, et pour leurs malades, seulement à condition de ne recevoir jamais dans leur maison des étrangers pour prendre les eaux, sous peine d'en être privées pour toujours". En 1759, elles reçoivent la permission "de faire ouvrir une porte dans un mur qui sert de clôture au bain, communément appelé le bain des pauvres, qui reçoit les eaux du bain ordinaire et qui est particulièrement réservé pour l'hôpital des eaux de la ville, aux offres par elles de n'entrer dans le bain que dans le temps où les pauvres n'en auront pas besoin". Dans les deux cas, les travaux ne sont pas documentés.

Hôpital

Le couvent est sécularisé à la Révolution. La commission de l'hospice civil de Bellevue (Bourbon-Lancy) adresse une demande au Conseil des Cinq-Cents pour obtenir les bâtiments de l'ancien couvent dès le 23 messidor an V (11 juillet 1797). La situation de l'édifice est jugée plus favorable que celle des bâtiments alors occupés ("La piété de nos pères avoient établis un monastère de filles dont les bâtiments, dans une exposition avantageuse et salubre, tiennent aux fontaines et semblent faits pour elles"). Le projet n'aboutit pas, et l'édifice appartient au début du 19e siècle au citoyen Goyard. L'article 108 de la loi du 16 ventôse an XII (7 mars 1804) qui transfert la propriété de l'établissement thermal à l'hôpital de Bourbon-Lancy a également des conséquences sur l'installation de ce dernier (Arch. dép. Saône-et-Loire, M 2027). La loi permet en effet à l'hôpital, d'une part d'acquérir l'ancien couvent de la Visitation, propriété de Goyard, contre le domaine des Anées à Chalmoux, d'autre part de vendre les bâtiments de l'ancien hospice. La transformation de l'ancien couvent en hôpital peut donc être datée de 1804 ou des années qui suivent immédiatement. L'édifice figure sur le plan (1837) du cadastre ancien dit napoléonien. Il abrite les pauvres malades jusqu'à l'achèvement des travaux de l'hôpital d'Aligre et sa mise en service progressive à partir de 1864. Il fait partie des biens que la Ville souhaite rétrocéder à l’État, dans la délibération du conseil municipal du 19 août 1862.

Grand Hôtel

L'histoire de l'édifice suit celle de l'établissement thermal à partir de 1864. L'un et l'autre sont concédés successivement à deux sociétés.

Les travaux exécutés après 1863

Par délibération du conseil municipal en date du 19 août 1862, la Ville demande la rétrocession de l'établissement thermal à l’État, qui lui apporte une réponse négative et définitive en novembre 1863. Dès le 2 décembre 1863, un premier traité de concession (acte sous seing privé) est signé avec Paul Duquaire et Victor Fassy, propriétaires et négociants à Lyon (Arch. dép. Saône-et-Loire, HDEP 2070). Il est approuvé par l'ingénieur en chef des mines le 4 février 1864 et converti en acte authentique le 11 février 1865. En échange d'une concession de 40 ans, les deux investisseurs, réunis en Société des Thermes de Bourbon-Lancy, s'engagent à dépenser 200.000 francs dont 100.000 francs dans la modernisation de l'établissement thermal avant le 15 mai 1867. La durée de la concession doit être prolongée de 50 ans si 300.000 francs supplémentaires sont dépensés. Malgré les conflits qui opposent rapidement les concessionnaires et l'hôpital, les obligations des premiers sont considérées comme remplies dans une décision du conseil de préfecture du 2 juillet 1869. Dans une transaction du 10 janvier 1872, les concessionnaires s'engagent à dépenser, dans les six mois, le reste de la somme qui aurait dû l'être avant le 15 mai 1867. Finalement, un arrêt de la préfecture du 10 juillet 1874 met fin à la concession.

Les travaux conduits par les concessionnaires Paul Duquaire et Victor Fassy portent avant tout sur le transformation de l'ancien couvent de la Visitation en hôtel pour les baigneurs (Arch. dép. Saône-et-Loire, HDEP 2097). Le projet de "transformation du vieil hôpital en un vaste et bel hôtel, comprenant logements à louer, restaurant, casino et autres" est explicitement mentionné dans le traité de 1863. Dès le 20 août 1864, un casino est inauguré au rez-de-chaussée de l'aile nord. Il est composé d'une salle à manger, d'un café, d'un billard séparé du grand salon par une antichambre. Les cuisines sont au sous-sol. Rossignol (1875) résume cette première intervention de 1864 : "La construction du casino avait été taillée dans une faible partie d'un vieux bâtiment, dont on avait percé des portes et des fenêtres." En octobre 1864, des plans sont présentés à la commission de l'hôpital qui les approuve. En février 1865, les travaux sont bien engagés ("tout le rez-de-chaussée de l'ancien hospice divisé et en partie agencé, toute la toiture enlevée, la moitié des fenêtres de l'étage remaniées, le vieil escalier démoli"). Les travaux sont connus grâce à un rapport d'expertise (5 novembre 1868) accompagnant la décision du conseil de préfecture de 1869 : "La façade du côté du jardin a été percée d'ouvertures régulières. Un soubassement formé d'assises couronnées d'un gros cordon est surmonté aux angles de chaînages à bossages saillants qui supportent une corniche mouluée. Le tout est en ciment ainsi que les entourages des fenêtres et des portes. Les fonds sont enduits au mortier rustic à la tyrolienne. Au-dessus de la corniche, des attiques cachent la toiture qui est à la mansard. Elle est recouverte d'ardoises et percée d’œils-de-bœuf. La toiture est couronnée par des poinçons en zinc d'une très grande hauteur [...]. Au-devant de la façade, un grand perron en pierre, avec balustres en pierre sur les côtés, met en communication le parc avec le rez-de-chaussée, où est installé le casino. La façade en retour du côté de la grille est aussi décorée d'un soubassement, de chaînages, de chambranles et corniche en ciment. Une porte monumentale indique l'entrée de l'hôtel. Au-dessus, des fenêtres jumelles sont destinées à éclairer l'escalier. Cette façade, dont un quart seulement est achevé, correspond à la partie du bâtiment qui a reçu un commencement de restauration. La façade postérieure, du côté du bois, est comme les deux autres décorée avec du ciment, mais plus simplement. Celle sur le square intérieur, que nous appellerons façade des galeries, a été percée d'ouvertures régulières, dont les dimensions correspondent avec celles faites sur les façades principales. Elle n'est point encore achevée. L'aile en retour n'a encore subi aucune modification."

Les travaux exécutés après 1879

Le 23 septembre 1879 est constituée à Mâcon la Société anonyme des Thermes de Bourbon-Lancy, au capital de 1 000 000 francs, par un "groupe de propriétaires de Saône-et-Loire" d'après le Guide aux eaux thermales (1880). Le président du conseil d'administration est Alphonse Michoud, propriétaire du château de Chazou à Hurigny près de Mâcon. Le vice-président est Luc Guillet-Brossette, négociant, place Bellecour à Lyon. Aymé Duquaire est membre du conseil d'administration. A. de Surigny est directeur-administrateur. La société détient une concession de l'établissement thermal ainsi que du Grand Hôtel d'une durée de 75 ans, soit jusqu'en 1954.

La campagne qui s'ouvre alors, consistant en l'achèvement des travaux de transformation de l'ancien hôpital en hôtel, est avant tout connue grâce à un dessin d'Adrien Pinchard daté du 24 octobre 1879 (Arch. dép. Saône-et-Loire, HDEP 2097). Les travaux doivent concerner l'aile est. Le dessin montre à la fois l'aile dans son état ancien (en noir) avec sa façade percée de petites baies et son toit à deux pans, et les transformations à apporter (en rouge) : régularisation des baies du deuxième niveau qui est conservé, reconstruction en revanche du troisième niveau surmonté d'un nouveau toit brisé. Le décor reprend celui de l'aile nord (chaînages, encadrements, moulures et corniche) et du toit brisé de l'aile nord. Il est possible que l'escalier date de cette époque, puisqu'il n'est pas encore construit au moment de l'expertise de 1868. Le Guide aux eaux thermales (1880) indique que l'hôtel comprend 68 appartements et une salle à manger de 100 couverts. La dernière intervention consiste en la construction d'une nouvelle salle à manger hors-œuvre contre la façade orientale de l'aile est. Il s'agit d'une structure métallique largement vitrée, sans doute construite autour de 1900. Le décor de brins de muguet est en vogue à cette époque. Le niveau inférieur, entièrement ouvert à l'origine, a été fermé à une date ultérieure.

Aile ouest, salle à manger.