Dossier d’œuvre architecture IA25001118 | Réalisé par
Poupard Laurent (Rédacteur)
Poupard Laurent

Poupard, Laurent. Chercheur au service Inventaire et Patrimoine de la Région Bourgogne-Franche-Comté, 1987-

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • patrimoine industriel, patrimoine industriel du Doubs
centrale hydroélectrique du Refrain
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays horloger (le) - Maîche
  • Hydrographies dérivation du Doubs
  • Commune Charquemont
  • Lieu-dit Mortier
  • Cadastre 2012 H 121, 122, 125-129, 133, 134, 280, 347, 391-395
  • Précisions
  • Dénominations
    centrale hydroélectrique
  • Appellations
    centrale du Refrain
  • Parties constituantes étudiées
  • Parties constituantes non étudiées
    bureau, galerie maçonnée, salle des machines, atelier de réparation, conduite forcée, vanne, transformateur, machine énergétique, garage, école, chapelle, poste de commande

La construction initiale

Le 16 mai 1905, Séverin Châtelain, propriétaire de la rive gauche du Doubs au Refrain sur plusieurs kilomètres, sollicite l'autorisation d'aménager deux chutes d'eau pour créer deux centrales hydrauliques : la première (avec une chute de 48 m) doit remplacer sa scierie du moulin du Refrain et la seconde (chute de 14 m) être établie en aval des ruines du moulin de la Mort. Une demande similaire avait été présentée le 1er avril précédent par les industriels Jules et Gaston Japy, qui escomptaient pouvoir acheter son établissement. Celui-ci est un ancien moulin attesté (avec deux roues hydrauliques) sur le plan cadastral de 1811 de la commune de Fournet-Blancheroche puis transformé en scierie avant 1882. Châtelain retire sa demande (nécessitant des capitaux trop importants) le 14 octobre 1905.

La place laissée libre est immédiatement occupée par la Société des Forces motrices du Refrain. Créée en 1906 avec siège social à Montbéliard, cette dernière a pour objet la construction et l'exploitation d'une centrale hydroélectrique sur la commune de Charquemont. Elle réunit divers industriels, ingénieurs et administrateurs de sociétés, dont la Société des Forces électriques de la Goule (37 % des actions) qui exploite la centrale du même nom établie en 1893 en aval du Refrain sur la rive droite du Doubs (dans la commune du Noirmont, Suisse). Sont présents au conseil d'administration des Français - Jules Japy (à Beaucourt, président du conseil), Gaston Japy (Lafeschotte, commune de Dampierre-les-Bois), Robert Peugeot (Valentigney), Samuel Marti (Montbéliard) et Léon Sahler (Audincourt) - et des Suisses - Jean Aeschlimann (Saint-Imier), Hugues Bovy (Genève), François Geneux (Saint-Imier, administrateur délégué) et Peter-Emil Huber (Zurich).

Gaston Japy avait initié une première étude, sommaire ; la Société des Forces motrices du Refrain en fait réaliser une plus approfondie à l'ingénieur Kursteiner, de Saint-Gall (Suisse). Le projet prévoit d'établir une prise d'eau au moulin du Refrain (commune de Fournet-Blancheroche), attesté en 1811 et propriété de Séverin Châtelain, dont le barrage doit être réutilisé pour alimenter à l'aide d'une galerie souterraine la centrale établie en aval, au lieu-dit les Iles (actuellement Mortier). La société acquiert donc l'ancien moulin (transformé en scierie avant 1882), celui de la Mort (appartenant à la société de la Goule) et, pour éviter toute contestation en matière de régime des eaux, également les usines de la Rasse, en amont (qui seront conservées et louées à la condition que l’usinier n’utilisera l’eau que lorsque la centrale n’en aura pas besoin). Elle dispose donc des deux rives de l'ensemble de la retenue dite de Biaufond ou de Maison Monsieur, longue d'environ 8 km. Commandant aussi des études complémentaires, elle demande à MM Wyssling, professeur d’électricité à l’École polytechnique de Zurich, et Émile Brilinsky, directeur de la société Le Triphasé à Paris et membre de la Commission supérieure d’électricité de France, de sélectionner les matériels électriques. Ces derniers préconisent des appareils de la Société alsacienne de Constructions mécaniques (SACM), à Belfort, pour la centrale et de la Société française Oerlikon, à Paris, pour les sous-stations. Les études relatives à l'installation de ce matériel sont réalisées par l'ingénieur maison, J. Poyeton.

Les ouvrages sont autorisés par l'arrêté préfectoral du 8 janvier 1907 et exécutés de 1906 à 1909 : barrage et prise d'eau en 1906, tunnel (long de 2 746 m) de janvier 1907 à novembre 1908, chambre de mise en charge (4 300 m3), conduite forcée double (due à la SACM) et usine (1 050 m2). Percé à l’aide d’appareils à air comprimé mus par l’électricité fournie par la centrale de la Goule, le tunnel est l’œuvre des entrepreneurs Munck et Billard (de Morteau). Les autres ouvrages sont réalisés par les entrepreneurs Oeschger et L’Hardy, de Saint-Imier (Suisse) ; la famille Louvet, de Charquemont, aurait participé à cette construction. Outre une route de 4 km, des dépendances sont aussi bâties : grande habitation de cinq logements (20 x 11,50 m), écuries, etc. Sans oublier un "chalet-restaurant" en bois (20,30 x 8 m), à 100 m en amont du site, que la société loue à partir d'avril 1910 "après l'avoir convenablement meublé de manière que les touristes puissent y trouver non seulement à manger mais aussi le confort nécessaire pour y séjourner quelques temps" (il abritera cinq appartements et une salle de classe après la première guerre mondiale).

L'usine est inaugurée à la fin août 1909. Elle dispose de trois groupes associant turbine Picard, Pictet et Cie (Genève), de 2 250 ch, et alternateur SACM de 2 000 kVA. Sont de plus matérialisés les emplacements de deux autres groupes, l'un pas encore commandé et l'autre devant servir de groupe de réserve en cas de panne (ils seront installés en 1910). Deux petits groupes (un opérationnel et l'autre en réserve) sont dédiés à l'excitation et à l'éclairage du site : turbine de 180 ch et excitatrice de 150 kW en 110 V. Le courant de 5 200 volts est élevé sur place (dans un corps de bâtiment jouxtant la centrale au sud et comportant cinq niveaux) à une tension de 30 000 ou 52 000 volts puis envoyé aux sous-stations de la société établies dans la région de Montbéliard (à Bethoncourt, Étupes, Fesches-le-Châtel et Héricourt) et à celle de la Société des Houillères de Ronchamp, située sur la route d'Essert à l’entrée de Belfort et jouant le rôle de centrale de secours (la tension de 30 000 V est prévue pour être compatible avec elle). La société, qui emploie en moyenne 55 personnes entre ses différents sites, distribue en 1912 l'énergie dans 21 communes dans le Doubs (12), la Haute-Saône (3) et le Territoire de Belfort (6).

Le développement de l'entre-deux-guerres

En 1914, Jules Japy écrit : "Actuellement, la société du Refrain, outre les 8000 chevaux qu'elle distribue à la grande industrie, alimente 22.000 lampes et fournit l'énergie à environ 200 moteurs placés chez des agriculteurs ou de petits patrons travaillant à domicile. La force électrique pouvant se distribuer à peu près partout, est un grand élément de moralisation puisqu'elle permet de développer le travail familial, et supplée avantageusement, dans une certaine mesure, à la main-d’œuvre manquant à l'agriculture, cette énergie lui étant vendue à des conditions très basses, surtout aux heures de repos de la grande industrie." La production était insuffisante dès 1912 si bien qu'une nouvelle interconnexion a été créée en 1915 avec le réseau des Entreprises électriques fribourgeoises (Fribourg, Suisse). La production est encore sécurisée en 1917-1918 avec l'installation de trois moteurs diesel Sulzer dans la sous-station d'Étupes et la participation de la société aux travaux d'aménagement du lac de Saint-Point. De nouvelles sous-stations sont bâties (à Bourogne par exemple).

L'installation d'un nouveau groupe, permettant éventuellement de suppléer à deux des autres, est décidée en 1914 et les travaux de maçonnerie sont réalisés par l'entrepreneur Bussy (Le Noirmont, Suisse). Ce groupe (qui se substitue au n° 3) n'est mis en service que le 10 janvier 1918 : turbine Escher-Wyss (Zurich, Suisse) de 4 500 ch, alternateur de la Société alsacienne de Constructions mécaniques (Belfort) avec excitatrice en bout d’arbre, transformateur Oerlikon. En 1923, l'équipement se compose donc de cinq groupes : quatre de 2 250 ch et le cinquième de 4 500 ch. La centrale a alors une capacité de 12 000 KVA et produit 25 à 30 millions de kWh par an. Sa production pour l'exercice 1922-1923 est de 23,6 millions de kWh sur un total de 45,6 millions commercialisés par la société, incluant 19 millions achetés et 3 millions générés par l'usine de secours d'Étupes. L'importance de l'achat d'énergie s'explique parce que la centrale a été arrêtée du 7 mai au 13 août 1923, période nécessaire aux ingénieurs conseil bernois Rothpletz et Lienhardt pour la réfection du tunnel, dont le mauvais état avait un temps fait craindre de devoir transférer ailleurs le barrage et la centrale. Pour l'exercice 1925-1926, la production est de 38,6 millions de kWh sur 67 millions commercialisés. Au 30 juin 1926, la société compte parmi ses clients 52 communes (32 dans lesquelles elle assure la distribution d'électricité et 20 qui ont financé leur propre réseau), 7 346 abonnés à l'éclairage (soit 56 685 lampes ou 1 219 394 bougies), 507 abonnés à la force motrice (environ 25 500 ch installés), 2 003 abonnés à l'utilisation de fers à repasser et appareils divers, soit un total de 8 177 compteurs en service.

Acquéreur d'un certain nombre d'actions de la Société des Forces motrices du Refrain, le groupe l’Énergie industrielle est bientôt en mesure de contrôler son développement. Il la conduit à porter son capital de 3 millions F en 1912 à 8 millions puis à 14,5 millions pour pouvoir absorber plusieurs sociétés concurrentes, par signature en décembre 1928 de contrats de fusion. Est ainsi intégrée la Société Électrique de Belchamp, fondée en 1895 et devenue SA en 1901, qui apporte la centrale hydroélectrique du Châtelot (2250 ch) à La Prétière, celle de Belchamp (600 ch) à Voujeaucourt, une usine thermique de 4 000 ch à Montbéliard, des droits d’eau sur le Dessoubre, 750 km de lignes, plus de 130 communes desservies dans le Doubs et 23 en Haute-Saône. Sont aussi concernées la Société électrique de Montjoie, créée en 1901 et cantonnée à la distribution d'énergie depuis la vente de sa centrale en 1924 (apport : plus de 130 km de lignes et une vingtaine de communes), et la Compagnie Électrique de L’Isle-sur-le-Doubs, née en 1905 (apport : la centrale hydro-électrique de la Goulisse - commune de Rang - et la centrale thermique de Sancey-le-Grand, 90 km de lignes et une trentaine de communes). En septembre 1929, Pierre Durand, administrateur de l’Énergie industrielle, prend la présidence de la société du Refrain et transfère son siège social à Paris. Il consacre en 1934 sa fusion avec la Société motrice de la Loue (qui dépend elle-aussi de l’Énergie industrielle) pour donner naissance à la Société des Forces motrices de l'Est, incorporée à Électricité de France (EDF) en 1946. Si la Société des Forces motrices du Refrain comptait 50 personnes en 1912, 13 seulement travaillent à la centrale dans les années 1930 : le chef, un sous-chef, huit ouvriers répartis en binômes (machiniste et tableautiste), le barragiste (vivant à la prise d'eau dans une maison en bois de 14,50 x 4,90 m), un ouvrier commissionnaire (chargé de l'approvisionnement du site) et la maîtresse d'école. À la salle de classe initiale succède en effet, vers 1938, une école aménagée dans le bâtiment situé juste en aval du "chalet" et servant d'écurie et de grange pour le commissionnaire (11,50 x 10,50 m). L'institutrice y est logée à l'étage.

Les modifications de la 2e moitié du 20e siècle

Après une première reconstruction (réparation ?) en 1940, le barrage est de nouveau reconstruit en 1956-1957 pour s'adapter aux modifications du régime de l'eau découlant de l'entrée en service en 1953 de la centrale franco-suisse du Châtelot, située en amont (un règlement d'eau coordonnera d'ailleurs en 1969 le fonctionnement par éclusée des deux usines). Les nouvelles installations sont validées par le décret du 31 août 1962 concédant à EDF (jusqu'au 31 décembre 2032) l’aménagement et l’exploitation de la chute du Refrain : le déplacement du barrage à 150 m en aval de son emplacement initial et son rehaussement de 2,89 m (il passe à la cote 609,50) portent la hauteur de chute à 65,10 m et la puissance maximum brute totale à 14 700 kW environ (soit une puissance maximum disponible de 10 300 kW). L'équipement a été modifié, permettant une productibilité de 62 GWh en 1961 : le groupe Escher-Wyss - SACM de 4 500 ch, conservé, a été complété par deux nouveaux groupes associant chacun une turbine Francis double des ateliers grenoblois Neyret-Beylier et Piccard-Pictet, fabriquée en 1939 et d'une puissance de 6 280 ch, à un alternateur de 7 300 kVA sorti des ateliers de Givors de la Compagnie de Fives-Lille (c'est encore la composition actuelle).

Une chapelle en bois est bâtie en 1959, les messes ayant jusque-là été dites dans la grande maison. Avec l'automatisation de l'usine, de 1968 à 1980, le site se dépeuple. Se succèdent alors désaffectations et démolitions : le "chalet" est démoli en 1968, l'école ferme en 1971, le bâtiment d'habitation est désaffecté en 1980 au départ du dernier agent puis détruit en 1995. La centrale elle-même perd, dans cette deuxième moitié du 20e siècle, le corps de bâtiment le plus élevé (au sud), abritant les transformateurs.

Le début du 21e siècle

Un programme international d'études visant à l'amélioration de l'écosystème du Doubs, lancé dans les années 1980-1990, aboutit en 2003 à la signature d'un accord cadre franco-suisse. Ce dernier fixe à 3 m3/s (au lieu de 665 l/s) le débit minimal de restitution que le barrage doit laisser passer et augmente la progressivité du prélèvement ou de la libération de l'eau (il fallait auparavant moins d'une demi-heure pour que l'installation atteigne sa pleine puissance contre deux heures et demi actuellement). De grands travaux de modernisation ont donc lieu en 2009-2010 : les ouvrages de prise d'eau sont rebâtis et une micro-centrale de 200 kW installée au barrage afin de turbiner le débit de restitution (mise en service à l'été 2009) ; d'avril 2009 à février 2010, la galerie d'amenée (qui avait déjà fait l'objet de travaux en 1981 puis 1996), les conduites, les vannes de pieds et les groupes sont rénovés, les vannes de tête remplacées. L'équipement se compose actuellement de trois groupes, pour une puissance totale de 12 MW, produisant une électricité dont la tension est élevée par un transformateur de 5 500 à 63 000 volts. L'ensemble est commandé à distance depuis la centrale de Liebvillers, siège du Groupement Doubs du Groupe d'Exploitation hydraulique Jura-Bourgogne - UP Est.

Le moulin du Refrain, attesté en 1811 sur le plan cadastral de la commune de Fournet-Blancheroche, est transformé en scierie avant 1882. Il est acheté par la Société des Forces motrices du Refrain, créée en 1906, qui fait établir un projet de centrale par l'ingénieur Kursteiner, de Saint-Gall. Les ouvrages autorisés par l'arrêté du 8 janvier 1907 sont exécutés de 1906 à 1909 : barrage et prise d'eau en 1906, tunnel (long de 2 746 m) de janvier 1907 à novembre 1908, chambre de mise en charge (4 300 m3), conduite forcée double due à la Société alsacienne de Constructions mécaniques (SACM, Belfort) et usine au lieu-dit les Iles (actuellement Mortier). Le tunnel est l’oeuvre des entrepreneurs Munck et Billard (de Morteau), les autres ouvrages sont réalisés par les entrepreneurs Oeschger et L’Hardy (de Saint-Imier). Des dépendances sont bâties : habitation de cinq logements, écuries, "chalet-restaurant", etc. L'usine est inaugurée à la fin août 1909. Elle dispose de trois groupes associant turbine Picard, Pictet et Cie (Genève), de 2 250 ch, et alternateur de la SACM, de 2 000 kVA. Sont de plus matérialisés les emplacements de deux autres groupes, installés en 1910. Le courant de 5 200 volts est élevé sur place (dans un bâtiment de cinq niveaux jouxtant la centrale au sud) à une tension de 30 000 ou 52 000 volts puis envoyé aux sous-stations de la société établies dans la région de Montbéliard (à Bethoncourt, Étupes, Fesches-le-Châtel et Héricourt) et à celle de la Société des Houillères de Ronchamp, située à l’entrée de Belfort. L'entreprise emploie en moyenne 55 personnes entre ses différents sites. Le groupe 3 est remplacé en 1918 par un autre associant turbine Escher-Wyss (Zurich) de 4 500 ch, alternateur de la SACM et transformateur Oerlikon. En 1923, l'équipement se compose donc de cinq groupes : quatre de 2 250 ch et le cinquième de 4 500 ch ; la centrale a alors une capacité de 12 000 KVA et produit 25 à 30 millions de kWh par an.

Le groupe l’Énergie industrielle prend la direction de la société, qui absorbe en 1928 plusieurs concurrents : la Société Électrique de Belchamp, fondée en 1895 (apport : la centrale hydroélectrique du Châtelot à La Prétière, celle de Belchamp à Voujeaucourt, une usine thermique à Montbéliard) ; la Société électrique de Montjoie, créée en 1901 et cantonnée à la distribution d'énergie depuis la vente de sa centrale en 1924 ; la Compagnie Électrique de L’Isle-sur-le-Doubs, née en 1905 (apport : la centrale hydro-électrique de la Goulisse, commune de Rang, et la centrale thermique de Sancey-le-Grand). En 1934, la Société des Forces motrices du Refrain fusionne avec la Société motrice de la Loue pour donner naissance à la Société des Forces motrices de l'Est (incorporée à Électricité de France en 1946). 13 personnes travaillent sur le site du Refrain dans les années 1930, dont une maîtresse d'école (une école sera aménagée vers 1938 dans le bâtiment en aval du "chalet" et une chapelle bâtie en 1959). Le barrage est reconstruit en 1956-1957, le décret du 31 août 1962 concédant à EDF l’aménagement et l’exploitation de la chute du Refrain, dont la hauteur augmente. L'équipement est modifié, permettant une productibilité de 62 GWh en 1961 : le groupe Escher-Wyss - SACM de 4 500 ch, conservé, a été complété par deux nouveaux groupes associant chacun une turbine Francis double des ateliers grenoblois Neyret-Beylier et Piccard-Pictet, fabriquée en 1939 et d'une puissance de 6 280 ch, à un alternateur de 7 300 kVA sorti des ateliers de Givors de la Compagnie de Fives-Lille (c'est encore la composition actuelle). Des travaux de modernisation ont lieu à la suite de la signature en 2003 d'un accord cadre franco-suisse : les ouvrages de prise d'eau sont rebâtis et une micro-centrale de 200 kW installée au barrage (mise en service à l'été 2009) ; d'avril 2009 à février 2010, la galerie d'amenée (qui avait déjà fait l'objet de travaux en 1981 puis 1996), les conduites, les vannes de pieds et les groupes sont rénovés, les vannes de tête remplacées. L'équipement se compose actuellement de trois groupes, pour une puissance totale de 12 MW, produisant une électricité dont la tension est élevée de 5 500 à 63 000 volts. L'ensemble est commandé à distance depuis la centrale de Liebvillers, siège du Groupement Doubs du Groupe d'Exploitation hydraulique Jura-Bourgogne - UP Est.

En 2012, la centrale du Refrain, en dérivation et fonctionnant par éclusée, dispose d'une hauteur de chute de 66,50 m. Elle a un débit de 23 m3/s, une puissance de 12 MW et un productible annuel de 60 GWh. Le bâtiment de la centrale, haut de 12,75 m, est construit en béton armé. Il compte un étage de soubassement abritant, au niveau de la salle des machines, le collecteur métallique d'arrivée d'eau (surplombant le canal de fuite). Cette salle, percée de baies en arc plein cintre, forme un vaisseau alors que la partie sud, où se trouve l'atelier de réparation, comporte un étage. L'ensemble est couvert d'une terrasse en béton supportée par une charpente également en béton. Le tunnel, revêtu de béton, est long de 2 690 m et offre une section de 7,5 m2. Il s'achève par une chambre d'eau (puits vertical de 13,50 m de hauteur et 7,45 m de diamètre) dotée de deux galeries latérales de 40 m de long et 1 200 m3 chacune (pour l'amortissement des coups de bélier) puis une chambre de mise en charge (l = 7,50 m, la = 6,70 m, h = 11,50 m). Les deux conduites forcées, en tôle d'acier de 8 à 12 mm d'épaisseur, ont 100 m de long et 2 m de diamètre. Les garages (partiellement transformés en salle ouverte pour la restauration des randonneurs) associent béton armé et parpaings de béton enduits ; l'ancienne école (dotée d'un étage carré) semble avoir des murs en moellons calcaire enduits ; la chapelle désaffectée, en rez-de-chaussée sur un socle en maçonnerie, est bâtie en bois. Ces bâtiments sont coiffés de toits à longs pans et tuiles mécaniques.

  • Murs
    • béton béton armé
    • béton parpaing de béton enduit
    • bois pan de bois
  • Toits
    béton en couverture, tuile mécanique
  • Étages
    étage de soubassement, 1 vaisseau, 1 étage carré
  • Couvrements
    • dalle de béton
    • charpente en béton armé apparente
  • Couvertures
    • terrasse
    • toit à longs pans pignon couvert
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour en maçonnerie
  • Énergies
    • turbine hydraulique
  • Statut de la propriété
    propriété publique
  • Référence Patriarche
    présent sur POP
  • Garigues Gérard. Chef du Groupement d'Usines Doubs. Liebvillers.

Documents d'archives

  • Archives départementales du Doubs : 3 P 257/1-6 Cadastre de la commune de Fournet-Blancheroche (1812-1969).

    - 3 P 257/1 Registre des états de section (1812).

    - 3 P 257/2 : Matrice cadastrale des propriétés bâties et non bâties (1823-1877).

    - 3 P 257/3 : Matrice cadastrale des propriétés bâties et non bâties (1877-1914).

    - 3 P 257/4 Matrice cadastrale des propriétés bâties (1882-1910).

    - 3 P 257/6 Matrice cadastrale des propriétés bâties (1911-1969).

    Archives départementales du Doubs, Besançon : 3 P 257/1-6
  • Archives départementales du Doubs : Sp 82 Fonds des Ponts et Chaussées. Distribution d'énergie électrique. Société des Forces motrices du Refrain (1908-1932).

    Archives départementales du Doubs, Besançon : Sp 82
    13 rapports du conseil d'administration (1908-1927).
  • Archives départementales du Doubs : Sp 82 Japy, Jules. Rapport présenté à la réunion générale des actionnaires de la Société des Forces motrices du Refrain, le 10 septembre 1908. - S.l. [Montbéliard] : s.n. [L’Imprimerie montbéliardaise], 1908. 8 p.

    Archives départementales du Doubs, Besançon : Sp 82
    P. 1-7.
  • Archives départementales du Doubs : Sp 764 Fonds des Ponts et Chaussées. Usines hydrauliques. Réglementation, autorisation de travaux, renseignements divers (1836-1913).

    Archives départementales du Doubs, Besançon : Sp 764
    Dossier Fournet-Blancheroche (1877-1905).
  • Archives départementales du Doubs : 1975 W 42 Police de l'eau. Barrages et usines hydroélectriques sur le Doubs (1936-1982).

    Archives départementales du Doubs, Besançon : 1975 W 42
    Dossier du Refrain (1951-1981).

Bibliographie

  • Chevalier, Michel. Tableau industriel de la Franche-Comté (1960-1961). Paris : les Belles lettres, 1961. 101 p. : cartes ; 24 cm. (Annales littéraires de l’Université de Besançon. Cahiers de géographie de Besançon ; 9).

    P. 22-23.
  • Electricité de France. Unité de Production Est - GEH Jura-Bourgogne. Les aménagements hydroélectriques de la vallée du Doubs. - S.l. : Electricité de France, 2010. 4 p. : ill. ; 30 cm.

  • Electricité de France. Le Refrain (Doubs) : inauguration de la centrale hydroélectrique rénovée. - S.l. : Electricité de France, 2010. 10 p. : ill. ; 30. cm. Dossier de presse du 19 juin 2010.

  • [Exposition sur la centrale hydroélectrique du Refrain], 1999-2000. Panneaux établis en collaboration avec la classe de CM1 de l'école Sous la Chaux à Montbéliard, le centre de Nature et Plein air Armand Bermont à Charquemont, la section des Sentiers du Doubs de Charquemont, le personnel EDF du Groupement d'usines Doubs (GEH Jura-Bourgogne - UP Est).

  • J. P. Société des Forces motrices du Refrain. Le département du Doubs. - [S.l.] : [s.n.], 1923, p. 19-22 : ill. N° spécial de « L’Illustration économique et financière », supplément du 4 août 1923.

    P. 19-22.
  • Japy, Jules. Le Refrain. Mémoires de la Société d’Émulation de Montbéliard, 1914, 43e volume, p. 23-34.

  • Syndicat professionnel des Usines d'Electricité. Annuaire 1914 (dix-neuvième année). - Lille : Impr. Lefebvre-Ducrocq, 1914. LII-710 p. : ill. ; 27 cm.

    P. 436-437, 626-627.
  • Vuillermot, Catherine. L'électrification dans le département du Doubs (1894-1946). - Besançon : Université de Franche-Comté, 1985. 182 f. : cartes. ; 30 cm. Mém. maîtrise : Hist. : Université de Franche-Comté : 1985.

  • Vuillet, Bernard. Entre Doubs et Dessoubre. Tome III. Autour de Charquemont et Damprichard, d'après la collection de cartes postales de Georges Caille. - Les Gras : B. Vuillet, Villers-le-Lac : G. Caille, 1991. 243 p. : cartes postales ; 31 cm.

    P. 38-42 : ill.
  • Wencker, Jean. Du nouveau sur le Doubs franco-Suisse : elle tourne, la turbine... La Lettre Eau, n° 36, septembre 2006, p. 8-13 : ill.

Documents figurés

  • Plan cadastral parcellaire de la commune de Fournet [...] terminé sur le terrain le 29 juillet 1811 [...] par M Toubin géomètre du cadastre.

    - Section A du Refrain en une feuille. Levée par Mr Clavel géomètre, échelle 1/5 000.

    - Section B du Fournet en une feuille. Levée par Mr Jullien géomètre, échelle 1/5 000.

    Archives départementales du Doubs, Besançon : 3 P 257
  • Société des Forces du Refrain. Disposition de l'Usine. Plan fondation [et] Coupe A-B, dessin (plume, lavis), par la Société des Forces motrices de l'Est - Direction de Montbéliard, 1908, 48 x 105 cm, échelle 1/100. Plan n° 6261.

    EDF - UP Est - Groupement du Doubs, Liebvillers
  • Forces motrices du Refrain. Usine [plan du soubassement, coupes transversales et élévation orientale], dessin (plume, lavis), par la Société des Forces motrices de l'Est - Direction de Montbéliard, 1908, 62 x 146 cm, échelle 1/100. Plan n° 6262.

    EDF - UP Est - Groupement du Doubs, Liebvillers
  • Forces motrices du Refrain. Usine [plan au rez-de-chaussée et coupes longitudinale et transversales], dessin (plume, lavis), par la Société des Forces motrices de l'Est - direction de Montbéliard, 1908, 75 x 117 cm, échelle 1/100. Plan n° 6269.

    EDF - UP Est - Groupement du Doubs, Liebvillers
  • Société des Forces motrices du Refrain. Plan d'exécution. Chambre de mise en charge [plan et coupes], dessin (plume, lavis), par la Société des Forces motrices de l'Est - Direction de Montbéliard, 1908, 89 x 132 cm, échelle 1/100. Plan n° 6270.

    EDF - UP Est - Groupement du Doubs, Liebvillers
  • Conduite forcée [plan, coupes et élévation], dessin (plume, lavis), par la Société des Forces motrices de l'Est - Direction de Montbéliard, 1908, 107 x 136 cm, échelle 1/100. Plan n° 6265.

    EDF - UP Est - Groupement du Doubs, Liebvillers
  • Photographies montrant la construction du barrage et de la centrale du Refrain, s.n., s.d. [1906-1909].

    Collection particulière : Benoît Duquet, Le Russey
  • Nombreuses cartes postales montrant la construction du site, par C. Simon (phot. et éd. à Maîche), s.d. [1906-1909].

  • Entrée du tunnel du Refrain. Les deux chefs de chantiers. Longueur 2800 mètres, carte photo, s.n., 8 juin 1908. Inscription au verso : "photo prise le 8 juin 1908".

    Collection particulière : Jacques Donzé, Charquemont
  • 674. Travaux du Refrain. Les Chantiers à la sortie du Tunnel, carte postale, par Ch. Simon, s.d. [1909]. Publiée dans : Vuillet, Bernard. Entre Doubs et Dessoubre. Tome III. Autour de Charquemont et Damprichard. - Les Gras : B. Vuillet, Villers-le-Lac : G. Caille, 1991, p. 39.

  • 1178. Frontière Franco-Suisse. Usine du Refrain [logements et centrale depuis le sud (amont)], carte postale, par Ch. Simon, s.d. [décennies 1910-1920, avant 1917], Ch. Simon éd. à Maîche et Ornans. Porte la date 26 novembre 1917 (manuscrite au verso).

    Collection particulière : Michel Cheval, Charquemont
  • 1179. Frontière Franco-Suisse. Usine Électrique du Refrain [logements et centrale depuis le sud (amont)], carte postale, par Ch. Simon, s.d. [décennies 1910-1920].

    Archives départementales du Doubs, Besançon : 10 Fi 4
  • 99. Frontière Franco-Suisse. Au Refrain - La Conduite d'Eau, carte postale, par C. Simon (phot. et éd. à Maîche), s.d. [décennies 1910-1920].

  • 1048. - Frontière Franco-Suisse. Gorges du Doubs. - Usine Électrique du Refrain [vue plongeante sur la centrale depuis le nord-est (aval)], carte postale, s.n., s.d. [décennies 1910-1920], C. Lardier éd. à Besançon.

    Archives départementales du Doubs, Besançon : 10 Fi 35
  • 752. Frontière Franco-Suisse - Usine Électrique du Refrain [centrale depuis le nord (aval)], carte postale, par Ch. Simon, s.d. [décennies 1910-1920].

    Archives départementales du Doubs, Besançon : 10 Fi 294
  • 1013. Usine électrique du Refrain - Salle des machines, carte postale, par Ch. Simon, s.d. [décennies 1910-1920, avant 1917], Ch. Simon éd. à Maîche et à Ornans. Porte la date 23 novembre 1917 (manuscrite au verso). La carte présente les cinq groupes producteurs et les deux groupes excitateurs.

    Collection particulière : Michel Cheval, Charquemont
  • 114. Frontière Franco-Suisse. Le Chalet du Refrain, carte postale, par Ch. Simon, s.d. [décennies 1910-1920, avant 1917], Ch. Simon éd. à Maîche et à Ornans. Date 23 novembre 1917 (manuscrite) portée au verso de l'exemplaire de Michel Cheval.

    Archives départementales du Doubs, Besançon : 10 Fi 11
  • 365 - Frontière Franco-Suisse. Les Gorges du Doubs - Le Chalet du Refrain aux Échelles de la Mort, carte postale, s.n., s.d. [décennies 1910-1920], L. Gaillard-Prêtre éd. à Besançon.

    Collection particulière : Jacques Donzé, Charquemont
  • 25 Le Doubs pittoresque. Usine électrique du Refrain [logements et centrale, depuis le sud], carte postale, s.n., s.d. [milieu 20e siècle], Voisard-Vermot éd. à Biaufond. Au verso : Famille Voisard-Vermot - Biaufond (Doubs).

    Collection particulière : Jacques Donzé, Charquemont

Annexes

  • Rapport présenté par Jules Japy à l'assemblée générale des actionnaires de la Société des Forces motrices du Refrain, 10 septembre 1908.
  • Centrale du Refrain. Fiche technique récapitulative en 2013.
Date(s) d'enquête : 2012; Date(s) de rédaction : 2012
(c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
Poupard Laurent
Poupard Laurent

Poupard, Laurent. Chercheur au service Inventaire et Patrimoine de la Région Bourgogne-Franche-Comté, 1987-

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.