Dossier d’œuvre architecture IA25001211 | Réalisé par
Poupard Laurent (Rédacteur)
Poupard Laurent

Poupard, Laurent. Chercheur au service Inventaire et Patrimoine de la Région Bourgogne-Franche-Comté, 1987-

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  • patrimoine industriel, patrimoine industriel du Doubs
maison de maître et atelier Chatelain-Corneille puis Beaumann et Chatelain, usine d'horlogerie (usine de montres) Charles Brulard Frères puis Montres Rexa
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays horloger (le) - Maîche
  • Commune Charquemont
  • Adresse 28 Grande Rue
  • Cadastre 2014 AI 90, 95, 96
  • Dénominations
    maison, atelier, usine d'horlogerie
  • Genre
    de maître
  • Précision dénomination
    atelier d'horlogerie, usine de fournitures pour l’horlogerie, usine de montres
  • Appellations
    A. Chatelain et Héritiers, Chatelain-Corneille , Chatelain Frères, Beaumann et Chatelain, Charles Brulard Frères, Montres Rexa
  • Parties constituantes non étudiées
    logement, atelier de fabrication, bureau, logement, garage

La demeure appelée le "Château" a été bâtie en 1886 pour Arsène Chatelain (1849 ou 1851-1895), fils du fabricant de cylindres et roues de cylindre Auguste Chatelain (marié à une demoiselle Etevenard), dont l'affaire est réputée fondée en 1848. Installé à proximité (actuels n° 3 et 3 bis rue du Général Leclerc), ce dernier a obtenu en 1867 une récompense à l'Exposition universelle de Paris. Arsène a épousé en 1880 Cécile Maillot (1860-1946) et le couple va avoir trois enfants, dont deux fils : Auguste (1884-1945) et René (1887-1958). Associé à MM Gigon, Bulle (de Rosureux) et Louis Mougin, Arsène achète en 1890 à Léon Joubert le site de la Rasse, véritable usine alors composée de moulin, forge et atelier d'horlogerie, d'où sortent ébauches, finissages (rouages) et remontoirs de montre. Il est l'un des plus riches horlogers de Charquemont, propriétaire du "Château" (disposant d'ateliers d'horlogerie au rez-de-chaussée et employant de nombreuses personnes à domicile) mais aussi de l'hôtel du Lion d'Or et d'une autre maison dans le bas du village (au 49 Grande Rue, futur atelier Choffat). Il disparaît prématurément à 44 ans. Sa veuve se remarie le 11 juillet 1898 avec Ermand Corneille (1871-1927), maître d'école aux Bréseux, qui prend la tête de l'affaire renommée Chatelain-Corneille (elle était auparavant exploitée par la société A. Chatelain et Héritiers). En 1905, Ermand (qui va être maire du village de 1908 à 1912, remplacé à cette date par Auguste), en laisse la direction à Auguste (marié en 1912 à Jeanne Emilie Wolf, de Montbéliard) et René (marié à Marthe Edmée Cécile Rey, Suisse). Ceux-ci cèdent en 1909 le site de la Rasse, en déclin et mis en vente dès 1901, à la Société des Forces motrices du Refrain (qui inaugure sa centrale hydroélectrique à la fin du mois d'août). Au début des années 1920, René quitte la société Chatelain Frères pour fonder sa propre entreprise en Savoie, à Annemasse (où il sera rejoint par un certain nombre d'ouvriers de Charquemont tels Louis Grayzeli, Charles Brossard, etc.).

De son côté, Auguste s'associe en 1923 au sein de la société Beaumann et Chatelain avec le Franco-Suisse Henri Beaumann, dont le père Lydic (1848-1931), originaire de Damprichard, et la mère Marie Quenot (1855-1937), de Charquemont, se sont installés en Suisse en 1896 et aux Bois (canton du Jura) en 1906. Lydic, puis Henri y travaillent chez Huot, un établissement fondé en 1853 par Emile Huot (1829-1911) et produisant des assortiments à ancre et à cylindre. Il est alimenté en "écorces" (paroi du cylindre) et roues de cylindre par les horlogers français (la livraison en est un temps faite par Jules Patois, de Frambouhans). Henri devient responsable de l'atelier des assortiments à cylindre. Huot se spécialise en 1923 dans les assortiments à ancre et Henri poursuit à son compte celle des assortiments à cylindre. Avec six employés, il débute au rez-de-chaussée de son habitation le terminage des composants produits par Chatelain à Charquemont. L’usine construite aux Bois en 1925 emploie une quarantaine de personnes en 1926, sans compter une dizaine d'ouvriers à domicile, tandis que Chatelain occupe à Charquemont 120 personnes, dont le tiers pour l'assortiment à cylindre. Ce dernier continue de produire roues et écorces de cylindre (peut-être dans le bâtiment associant atelier et garage édifié vers 1929 derrière sa demeure), pièces ensuite transférées aux Bois où s'effectuent pivotage et terminaison. La société se développe et lorsqu'Auguste s'en retire, elle donne naissance en 1931, côté Suisse, à la maison H. Beaumann et Cie. Côté France, Auguste la fait entrer dans le comptoir de vente Cyrax, organisé et dirigé par Gaston Maillot (demeurant au 6 rue Cuvier). Il préside cet organisme fort d'une dizaine de sociétés qui, jusqu'à sa disparition en 1945, favorise les exportations pour ses membres.

En 1933, le site est acquis conjointement par deux frères Brulard : Valbert (né en 1899), marié à Denise Frésard (fille de Victorin Frésard), et Alexandre (né en 1904), époux de Madeleine Frésard (fille de Constant Frésard). Ce dernier sera d'ailleurs associé à son beau-père au sein de la société Constant Frésard et Cie de 1937 à la deuxième guerre mondiale. Valbert et Alexandre sont rejoints par deux autres frères, Edmond (né en 1896) et Charles (né en 1902), les initiales des quatre associés donnant le nom d'une de leurs marques : Veca. Plus connue, l'autre marque, Rexa, était renommée pour sa qualité.

Les Brulard s'installent dans les lieux pour y produire jusqu'à la fin du 20e siècle des montres sous ces deux marques, Rexa et Veca. C'est la Sarl Charles Brulard et ses Fils (au capital de 2 000 F) qui s'en charge. Fondée le 1er septembre 1928, elle est dirigée par Charles Brulard père (marié cette même année à Marie Petit), maire en 1933. Elle change ensuite de raison sociale pour devenir Charles Brulard Frères (Sarl au capital de 14 000 000 F au début des années 1950), réunissant Charles fils (marié à Andrée Anguenot, petite-fille d'Ulysse Anguenot de Villers-le-Lac) et Alexandre. Elle devient le 12 juillet 1954 SA Montres Rexa (au capital de 20 millions de francs), inscrivant sur son papier à en-tête : "Maison fondée en 1899". Elle ouvre un établissement à Annecy (Haute-Savoie), au 9 bis rue du Président-Favre puis au 16 rue Guillaume Fichet (la société y deviendra Brulard SA le 1er février 1959). A Charquemont, l'atelier est agrandi vers 1947 par ajout de deux garages au sud et rehaussement d'un étage : ces travaux sont réalisés par un entrepreneur du village qui crée des fenêtres horlogères au rez-de-chaussée.

L'entreprise a une grosse production, comme en témoignent ses achats d'ébauches françaises : 8 400 en 1954 (2 800 Cupillard et 400 Parrenin à Villers-le-Lac, 1 500 Jeambrun à Maîche, 3 700 Horlogerie de Savoie à Annemasse), 12 900 (dont 1 700 avec trotteuse centrale) en 1955 (3 500 Cupillard et 600 Parrenin, 2 200 Jeambrun et 100 Maire et Perrier à Maîche, 6 500 Horlogerie de Savoie), 9 500 en 1956 (3 800 Cupillard et 400 Parrenin, 1 900 Jeambrun, 3 400 Horlogerie de Savoie), 11 500 en 1957 (4 800 Cupillard et 400 Parrenin, 2 100 Jeambrun, 4 000 Horlogerie de Savoie et 200 Femga ou Fabrique d'Ebauches de Montres du Genevois à Annemasse), 8 700 en 1958 (3 600 Cupillard et 500 Parrenin, 1 800 Jeambrun, 2 000 Horlogerie de Savoie et 800 Femga), 10 100 en 1959 (3 300 Cupillard et 100 Parrenin, 2 100 Jeambrun, 2 000 Horlogerie de Savoie et 2 600 Femga). Elle ferme entre 1975 et 1980.

Georges Burdet, le gendre d'Alexandre Brulard, établit sur le site pour sa fabrique de bijoux fantaisie un comptoir commercial créé en association : les établissements Diam'Or. Burdet est à la tête de la Société des Boîtes et Bracelets-Montres Burdet (SBBM Burdet SA), produisant à Damprichard des boîtes et bracelets de montres, des articles de bijouterie (boutons de manchettes, épingles de cravates, médailles, etc.), des porte-clés, etc. L'affaire est importante : en 1970, réalisée dans plusieurs sites par environ 450 personnes, cette production se monte à 3 326 500 boîtes de montre et 102 319 bracelets, sans compter la bijouterie. Burdet confie à André Faivre (auparavant installé dans l'atelier Girard, au 7 rue du Château) la direction de la succursale de Charquemont, qui disparaît en même temps ou peu après sa maison mère, fermée en 1980 (une première unité est cependant attestée au village, au 39 Grande Rue, dès 1958 puisqu'à cette date, la SBBM employait, outre ses 180 ouvriers de Damprichard, 25 personnes à Charquemont, Charmauvillers et Goumois).

Lui succède l'entreprise de Jacques Frésard, jusque-là établie dans sa demeure du 21 rue Victor Hugo. Frésard y fabrique des montres sous les marques Sarlux et Jacques Frésard, devenues Saint-Honoré Paris en 1985 lorsque son fils Thierry reprend l'affaire, qu'il transfère en 1992 dans une usine qu'il vient de faire bâtir au Grand Crôt. Depuis, le "Château" et l'usine accueillent des logements.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 19e siècle , daté par travaux historiques
    • Secondaire : 2e quart 20e siècle , daté par source

Les bâtiments ont des murs en moellons calcaires enduits. La maison comporte un sous-sol à demi enterré, un rez-de-chaussée surélevé (accessible depuis l'est par un escalier extérieur droit en maçonnerie), un étage carré et un étage en surcroît, desservis par un escalier dans-oeuvre. Elle est coiffée de toits à longs pans brisés, avec croupes et pignons couverts, égout retroussé, couverture de tuiles plates mécaniques et acier (terrasson). Eclairé par des baies horlogères, multiples et d'atelier, l'usine est composée de deux corps. Celui au sud a deux étages carrés et une toiture en pavillon avec tuiles plates mécaniques, celui au nord un seul étage carré, un toit à longs pans et croupe recouvert de tuiles mécaniques.

  • Murs
    • calcaire moellon enduit
  • Toits
    tuile plate mécanique, tuile mécanique, acier en couverture
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, étage en surcroît
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans brisés croupe
    • pignon couvert
    • noue
    • toit à longs pans croupe
    • toit en pavillon
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre
    • escalier de distribution extérieur : escalier droit en maçonnerie
  • Énergies
    • énergie électrique achetée
  • Typologies
    baie horlogère ; baie multiple ; baie d'atelier
  • État de conservation
    établissement industriel désaffecté
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Donzé Jacques, ancien horloger, historien de Charquemont

    2012-2014

Documents d'archives

  • 3 P 128 Cadastre de la commune de Charquemont, 1812-1963

    - 3 P 128/1 : Registre des états de sections (1812)

    - 3 P 128/2-3 : Matrices cadastrales des propriétés bâties et non bâties [1823-1906]

    - 3 P 128/5 : Matrice cadastrale des propriétés bâties (1882-1910)

    - 3 P 128/8-9 : Matrice cadastrale des propriétés bâties (1911-1963)

    Archives départementales du Doubs, Besançon : 3 P 128
    3 P 128/2-3, 5, 8-9
  • 50 J 22 Syndicat de fabricants d'horlogerie de Besançon. Correspondance avec les fabricants, 1948-1967

    Archives départementales du Doubs, Besançon : 50 J 22
    Dossier Brulard, à Annecy (Haute-Savoie), 1955-1961
  • 50 J 40 Syndicat de fabricants d'horlogerie de Besançon. Correspondance avec les fabricants, 1948-1966

    Archives départementales du Doubs, Besançon : 50 J 40
    Dossier Rexa S.A. (anciennement Brulard Frères), à Charquemont, 1955-1962
  • Papier à en-tête de la société Châtelain frères, 10 mars 1928

    Collection particulière : Jean-Marie Bessot, Maîche
  • Papier à en-tête de la fabrique d'assortiments Beaumann et Chatelain, aux Bois (Suisse), 14 janvier 1930

    Collection particulière : Jean-Marie Bessot, Maîche

Bibliographie

  • Belmont, Henry-Louis. L'échappement à cylindre (1720-1950) : le Haut-Doubs, centre mondial au 19e siècle. - Besançon : Technicmédia, 1984. 328 p. : ill. ; 28 cm.

    p. 207-212, 268-270 : ill.
  • Benoît, Maurice ; Gauthier, Jean [et al.]. La vie économique de Franche-Comté et du Territoire de Belfort. - Besançon : Impr. de l'Est, 1958.

    vol. 2, p. 103
  • Monnet, Bruno ; Sichler, Guy. Charquemont, Fournet-Blancheroche, 1770-1890. - [S.l.] : Association Pages d'histoire, 2012. 435 p. : ill. ; 30 cm.

    p. 381-382
  • Simonin, Michel. L'horlogerie au fil du temps et son évolution en Franche-Montagne, sur le plateau de Maîche. - Maîche : M. Simonin, 2007. 143 p. : ill. ; 30 cm.

  • Sornay, Lionel. Prosopographie des entreprises horlogères et de leurs financeurs sur le plateau de Maîche 1925-1973. - Besançon : Université de Franche-Comté, 2003. 56 p. : ill. ; 30 cm. Mém DEA : histoire industrielle : Besançon : 2003 ; 51.

    p. 39
  • Vuillet, Bernard. Entre Doubs et Dessoubre. Tome III. Autour de Charquemont et Damprichard, d'après la collection de cartes postales de Georges Caille. - Les Gras : B. Vuillet, Villers-le-Lac : G. Caille, 1991. 243 p. : cartes postales ; 31 cm.

    p. 114-115, 125-126 : ill.

Documents figurés

  • Extrait du plan des lieux du chemin de grande communication n° 10 de Besançon à la Chaux-de-Fonds. Partie comprise dans la traverse de Charquemont à joindre double au rapport en date de ce jour sur la demande en autorisation d'établir une conduite d'eau présentée par Monsieur le Maire au nom de la Commune de Charquemont [la Grande Rue entre la place de l'Hôtel de Ville et la rue de la Vierge], dessin sur calque (plume, lavis), par le géomètre Bourquin, Maîche le 21 septembre 1896, 18 x 75 cm, échelle 1/1000

    Archives municipales, Charquemont
    Plan-masse et de situation du " château "
  • Aliénation et échange d'immeubles communaux [rue du Château], dessin sur calque (plume, lavis), par le géomètre Bourquin, Maîche le 12 juin 1898, 31 x 41 cm, échelle 1/1000

    Archives municipales, Charquemont
    Plan-masse et de situation du " château "
  • Charquemont. Rue centrale [la Grande Rue au niveau du "Château" et du Lion d'Or], carte postale, par Charles Simon, [4e quart 19e siècle, avant 1902], Ch. Simon éd. à Maîche. Porte la date 18 octobre 1902 (tampon) au verso.

    Collection particulière : Henri Ethalon, Les Ecorces
  • 3. - Charquemont. - Le Château, carte postale, par la veuve Sandoz, s.d. [1er quart 20e siècle, avant 1908], Veuve Sandoz éd. à Charquemont. Porte la date 6 mars 1908 au verso.

    Collection particulière : Henri Ethalon, Les Ecorces
  • Charquemont. Route du Pré-Roussel [rue du Château], carte postale, s.n., s.d. [1er quart 20e siècle], Cl. Simon éd. à Maîche. Publiée dans : Vuillet, Bernard. Entre Doubs et Dessoubre. Tome III. Autour de Charquemont et Damprichard. - 1991, p. 126.

    Collection particulière : Michel Cheval, Charquemont
  • 843. Charquemont - Rue Principale [la Grande Rue au niveau du "Château" et du Lion d'Or], carte postale, par Ch. Simon, s.d. [1er quart 20e siècle, avant 1917], Ch. Simon éd. à Maîche et à Ornans. Porte la date 22 septembre 1917 (manuscrite au verso)

    Collection particulière : Michel Cheval, Charquemont
  • Charquemont (Doubs) - Le Château, carte postale, par Combier, s.d. [3e quart 20e siècle], Combier (Cim) éd. à Mâcon

    Collection particulière : Jacques Donzé, Charquemont

Documents multimédia

  • Bailly, Reynald. Charquemont. Les Chatelain une famille horlogère. - 2000. Document accessible en ligne sur le site de Rémy Démoly : http://www.demolyremy.fr/bailly_chatelain_genealogie.html

Date(s) d'enquête : 2013; Date(s) de rédaction : 2014
(c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
Poupard Laurent
Poupard Laurent

Poupard, Laurent. Chercheur au service Inventaire et Patrimoine de la Région Bourgogne-Franche-Comté, 1987-

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