Dossier thématique IA25001320 | Réalisé par
Poupard Laurent (Contributeur)
Poupard Laurent

Poupard, Laurent. Chercheur au service Inventaire et Patrimoine de la Région Bourgogne-Franche-Comté, 1987-

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  • patrimoine industriel, patrimoine industriel du Doubs
l'horlogerie à Charquemont
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  • (c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aires d'études
    Pays horloger (le), Maîche

L'industrie horlogère charquemontoise au 19e siècle

L'industrie horlogère est représentée à Charquemont dès la fin du 18e siècle ou le début du 19e siècle : à la fois paysans et horlogers, ses habitants travaillent en sous-traitance pour la Suisse voisine, à laquelle ils livrent des éléments d'échappement (verges, axes de balanciers, etc.). Indispensable pour la fabrication des montres, l'échappement (ici à roue de rencontre ou à verge) sert à entretenir les oscillations de l'organe régulateur (un balancier dans le cas présent).

Le succès de la production des Charquemontois contribue à l'essor de la commune, qui passe de 692 habitants en 1821 à 1 029 dix ans plus tard, 1 398 en 1851, 1 785 en 1861 et 1 930 en 1866. Cet essor inquiète d'ailleurs le clergé comme en témoigne, par exemple, en 1850 ces notes du curé des Ecorces, l'abbé Guinard : "Ceux qui ne s'occupent pas à l'agriculture se livrent à l'industrie de l'horlogerie : roues de montres, cylindres, verges, etc. Cette industrie florissante dans le pays, procure de grands avantages matériels aux pauvres gens. Elle finira par amener la dépravation, si on n'y prend garde, à cause de l'argent qu'elle procure aux jeunes gens et du nombre de personnes qu'elle attire dans le pays dont la conduite est souvent aussi irréligieuse qu'immorale." En 1841, un recensement totalise 71 horlogers et horlogères : 38 au village, 6 aux Esserts, 8 au Pré Roussel, 4 à la Combe-Saint-Pierre, 4 aux Erauges et 11 au Creux de Charquemont. Dans les années 1860, Charquemont aurait compté 138 ateliers réunissant 500 personnes (ces chiffres s'appliquent-ils à l'ensemble de la commune ? prennent-ils en compte les fermes ?) et en 1868 (1861 ?), ce sont 749 personnes qui vivent de l'horlogerie.

Les horlogers les plus importants (installés sur la place de l'Hôtel de Ville) participent à l'exposition universelle de 1867 : les frères Binétruy y présentent des verges et des assortiments à ancre (l'un des types d'échappement), Auguste Chatelain et Xavier Barbier des cylindres et roues de cylindre (éléments essentiels de l'échappement à cylindre). Le Haut-Doubs détient alors un quasi-monopole dans la fabrication des échappements à cylindre, situation qui perdurera de 1850 à 1950 environ (quand celui à ancre deviendra prépondérant). Dans le quatrième quart du 19e siècle, certains deviennent établisseurs tels Arsène Chatelain, Alcime Binétruy et son neveu Ernest (par ailleurs gros propriétaires dans la commune), les frères Maillot, etc. Ils fabriquent des montres entières, achetant les ébauches à l'usine de la Rasse (Fournet-Blancheroche) - qui fournit aussi des ressorts issus de la manufacture Wyss puis Arnoux (par la suite installée à Besançon au 5 rue du Funiculaire) -, les boîtes à Damprichard (chez Henri Bourgeois ou Aurèle Racine) ou Charmauvillers (François-Marcel Jeambrun, les frères Nappey, Berthet) voire à Charquemont même (Joseph Brischoux), les aiguilles au bourg chez Neukomm et Struchen, les autres fournitures dans le village ou ceux alentours.

La première moitié du 20e siècle

L'industrie reçoit une impulsion décisive avec l'arrivée précoce, en 1895-1896, de l'électricité fournie par la société suisse des Forces électriques de la Goule puis avec la desserte par le "tacot" (ligne Morteau-Maîche, ouverte en 1905). L'électrification favorise la création d'ateliers et d'usines, tels ceux d'Aster Frésard ou de Joseph Guillaume qui attirent nombre d'ouvriers : en 1930 chez le premier 60 personnes plus une trentaine travaillant chez elles, en 1927 chez le second 80 et autant à domicile. La population passe de 1 860 habitants en 1901 (elle avait baissé suite au démembrement aboutissant en 1874 à la création de la commune de Fournet-Blancheroche) à 2 040 en 1911 et le bourg se transforme en ville. Les constructions se multiplient, réunissant fabrication et habitation au sein des bâtiments voire des logements, le travail à domicile restant important. L'industrie domine dans le quartier qui se constitue autour de la gare du tacot, réalisé suivant le cahier des charges de l'ingénieur de la compagnie ferroviaire Ludot : toutes les maisons de la Rue Neuve sont liées à l'horlogerie, un certain nombre d'entre elles étant dues aux investissements importants de Paul Loichot et de sa femme Elisa Fallot.

De nouvelles entreprises apparaissent : Emile Walcker rue de l'Eglise (l'une des plus importantes avant la première guerre mondiale avec une quarantaine d'ouvriers, produisant des roues de cylindre mais faisant aussi du montage pour la maison Deleule de Morteau), Wasner au 7 Rue Neuve, au n° 3 de la même rue l’Union ouvrière de Loichot (qui vend sa production par correspondance en démarchant le personnel communal : maires et adjoints, garde-champêtres, etc.) et au 5 les frères Froidevaux, rue de la Gare Alphonse Pagès qui fabrique des boîtes de montre puis s'oriente vers le décolletage et l'emboutissage (une trentaine d'ouvriers), etc. Les industries dérivées se développent : le Suisse Albert Haenni, doreur à Morteau ou Villers-le-Lac, s'établit à Charquemont au tout début du 20e siècle et fait bâtir en 1913 rue Victor Hugo sa maison dotée d'un atelier de galvanoplastie ; vers 1915, Léon Perrot-Audet fait construire au 18 Rue Neuve son habitation incluant un atelier de traitement thermique des métaux et de polissage des pièces d'horlogerie. Des comptoirs se créent aussi après la première guerre mondiale. Ainsi en 1911 celui de vente de montres (au 11 rue de l'Eglise) dirigé par Francis Demangelle et dépendant de la maison Fernand Pierre de Morteau (auparavant Emile Wetzel et Cie) : Demangelle distribue aux entreprises charquemontoises et aux horlogers travaillant à domicile les ébauches et autres fournitures envoyées par Pierre afin de faire réaliser le traitement de surface, le montage et la finition des montres, dont le réglage s'effectue au comptoir qui en livre au commerce près de 2 000 chaque mois. Autre comptoir : Cyrax (acronyme formé à partir des mots cylindres, roues et axes), fondé en 1932 par Gaston Maillot et Auguste Chatelain, qui reçoit au 6 rue Cuvier les commandes de montres et composants de montres, les répartit entre la dizaine de sociétés associées et s'occupe des expéditions dans le monde entier.

La première guerre puis la crise de 1929 et ses soubresauts marquent un coup d'arrêt au développement de l'horlogerie (en 1934, les horlogers en sont réduits à réaliser les travaux d'adduction d'eau de la commune), mais cette industrie repart de plus belle ensuite, bénéficiant d'un marché protégé : celui des colonies. Des dynasties d'horlogers se constituent : les Vigezzi, Erard, etc. La plus importante est la famille Frésard : à Aster Frésard ont succédé en 1911 ses enfants (Constant, Victorin et Joseph, plus leur beau-frère Paul Bessot) réunis dans la société Frésard Frères et Bessot. Dans les années 1930, ses dirigeants décident de se séparer pour fonder chacun sa propre société : Victorin dès 1932 (Victorin Frésard et Enfants, rue du Château), Constant (Constant Frésard et Cie, sur place au 9 Grande Rue et rue des Lilas), Joseph (Frésard-Vadam, rue Cuvier) et Paul Bessot (Bessot-Frésard, dans l'usine Guillaume au 15 Grande Rue) en 1937. Les générations suivantes reprendront certains ateliers ou en créeront d'autres : dans la lignée de Joseph son fils Pierre (Frésard-Panneton rue Cuvier, transférée en 2002 rue Pierre Frésard dans une usine devenue Frésard Composants), dans celle de Victorin Jean-Louis Frésard (puis son fils Fabrice) au 13 rue Jean Moulin, son frère Jacques (21 rue Victor Hugo puis rue du Château) puis son fils Thierry (SA Saint-Honoré Paris, avec nouvelle usine en 1992 au Grand Crôt).

C'est le temps des Chapuis, Courtet, Déchaux, Fallet, Feuvrier, Froidevaux, Monnin, Morel, Renaud, Stadelmann, Tirolle, Vuillemin-Régnier, Wasner et autres, qui sont fabricants de composants pour la montre ou fabricants de montres entières, travaillent seuls, en atelier ou à la tête d'usines. La production reste cependant "horizontale" et il n'y a pas de manufacture concentrant en un même lieu l'ensemble des métiers mobilisés pour réaliser une montre. Le travail à domicile est encore répandu et les nouveaux quartiers en témoignent, avec leurs maison dotées d'atelier : celui des Cités bâti en 1929 par l'Office public d'Habitations à bon Marché du Doubs, celui de la rue du Général Leclerc voire même, après la deuxième guerre mondial, celui des "Castors" à la sortie du village en direction de Damprichard. Toutefois un changement technique s'amorce : l'échappement à cylindre est concurrencé par celui à ancre, dont les Suisses maîtrisent la fabrication. Certaines entreprises se convertissent alors soit à cette nouvelle production, soit à une autre activité telle le décolletage : Pagès, Struchen, etc.

Un nouvel essor après la deuxième guerre mondiale puis la crise

Les installations reprennent de plus belles et, dans un environnement caractérisé par la société de consommation, chacun crée sa propre marque de montres. C'est d'autant plus facile que Charquemont fournit les échappements, les boîtiers et les bracelets (aussi tirés de Damprichard, notamment de la SBBM), les cadrans (Elector), les verres (Schroter), les ébauches étant achetées à Maîche (Joseph Jeambrun, Maire et Perrier) ou Villers-le-Lac (Cupillard, Parrenin), les aiguilles à Morteau (La Pratique), etc. Les rubis sont usinés sur place : Louis Prétot, qui avait commencé cette fabrication dès 1941, fait construire en 1950-1951 rue de Besançon une usine dédiée, exploitée par la société Rubis-Précis qui y emploie un maximum de 180 personnes durant cette même décennie ; au milieu du siècle, les frères Brossard sont installés au 19 rue de l'Eglise et la société Macabrey est active une quinzaine d'années rue du Chalet. En 1955, Charquemont compte 14 usines de pièces détachées ("dont une fabrique d'assortiments avec 180 ouvriers"), pour un total de 500 personnes, et 66 de terminaison des montres, employant 200 personnes (une autre source mentionne 80 patrons horlogers et 300 ouvriers). Les chiffres de la population témoignent de ce succès : si le nombre d'habitants avait stagné entre les deux guerres aux environs de 1 800 personnes, il passe à 2 161 en 1954, 2 329 en 1961 puis 2 485 en 1975. Rien d'étonnant donc à la hausse vertigineuse de la production : les entreprises charquemontoises fabriquent 296 237 montres en 1955, 1 700 000 en 1972.

Les décennies 1960 et 1970 voient l'horlogerie française se briser faute de savoir répondre à un changement technologique majeur : l'apparition des montres à quartz. Face aux nouveaux concurrents issus de l'Asie du sud-est, qui investissent en masse ce créneau, et contrairement aux Suisses, les Français réagissent en ordre dispersé. Des plus modestes aux plus importantes, les sociétés disparaissent les unes après les autres. Certains regroupement sont tentés : les enfants de Georges Monnin s'unissent avec Herbelin et les établissements Parent et Marguet de Villers-le-Lac au sein de la société France Montres pour fabriquer en commun leurs mouvements (la production est mécanisée et 12 personnes peuvent réaliser 500 mouvements automatiques par jour là où, dans la fabrication traditionnelle, il en aurait fallu 20). Réaction trop tardive. Autre tentative par les enfants de Roger Monnin (le frère de Georges) dont la société Clyda fusionne en 1997 avec la SA Léon-Georges Petit avant d'être intégrée au groupe TWC, qui la transporte aux Fins dix ans plus tard. Les fabricants de composants, eux aussi touchés, tentent de réagir : la société Haenni ouvre ainsi en 1991 une filiale à l'île Maurice et élargit sa production à l'industrie du luxe (fermoirs de sacs et autres articles en laiton décoré notamment) ; elle est intégrée en 2008-2009 au groupe Imi (Industries micromécaniques internationales), qui en transfère l'activité de l'autre côté de la frontière, au Locle.

En 2014

En 2014, le constat est simple. Il ne subsiste plus à Charquemont que cinq entreprises en lien avec l'industrie horlogère, qui pour certaines ont d'ailleurs un pied en Suisse : trois fabricants de montres (Herbelin, Jean-Louis Frésard et Saint-Honoré Paris) et deux fabricants de composants (Frésard Composants, racheté en 1991 par le groupe helvétique Nivarox-Far, et Perrenoud). Cinq sociétés qui ont aussi en commun d'être établies dans des bâtiments récents et adaptés : l'usine la plus ancienne date de 1976, la plus récente de 2002.

En 2014, l'horlogerie charquemontoise représente donc un peu moins de 300 personnes dans une commune dont la population est restée stable (2 491 habitants en 2011). Cette stabilité est due aux travailleurs frontaliers qui, employés par les usines horlogères suisses, résident en France. D'où la reconversion massive et rapide des sites industriels désaffectés en logements. D'où le développement important des lotissements formés par les habitations de ces frontaliers, conservant d'une certaine manière à Charquemont sa spécificité horlogère.

L'industrie horlogère est représentée à Charquemont dès la fin du 18e siècle ou le début du 19e siècle : à la fois paysans et horlogers, ses habitants travaillent en sous-traitance pour la Suisse voisine, à laquelle ils livrent des éléments d'échappement (servant à entretenir les oscillations de l'organe régulateur). Le succès de sa production contribue à l'essor de la commune, qui passe de 692 habitants en 1821 à 1 930 en 1866. Dans les années 1860, Charquemont aurait compté 138 ateliers réunissant 500 personnes (ces chiffres prennent-ils aussi en compte les fermes ?). Les horlogers les plus importants (installés sur la place de l'Hôtel de Ville) participent à l'exposition universelle de 1867 : les frères Binétruy, Auguste Chatelain et Xavier Barbier. Le Haut-Doubs détient alors un quasi-monopole dans la fabrication des échappements à cylindre, situation qui perdurera de 1850 à 1950 environ (quand celui à ancre deviendra prépondérant). Dans le quatrième quart du 19e siècle, certains deviennent établisseurs tels Arsène Chatelain, Alcime Binétruy et son neveu Ernest, les frères Maillot, etc.

L'industrie reçoit une impulsion décisive avec l'arrivée précoce, en 1895-1896, de l'électricité fournie par la société suisse des Forces électriques de la Goule puis avec la desserte par le "tacot" (ligne Morteau-Maîche, ouverte en 1905). L'électrification favorise la création d'ateliers et d'usines, tels ceux d'Aster Frésard ou de Joseph Guillaume qui attirent nombre d'ouvriers. Le bourg se transforme en ville et les constructions se multiplient, réunissant fabrication et habitation au sein des bâtiments voire des logements, le travail à domicile restant important. De nouvelles entreprises apparaissent : Emile Walcker, Wasner, l’Union ouvrière (qui vend sa production par correspondance en démarchant le personnel communal), etc. Les industries dérivées se développent : galvanoplastie avec le Suisse Albert Haenni, atelier de traitement thermique des métaux avec Léon Perrot-Audet, etc. Deux comptoirs se créent aussi après la première guerre mondiale : celui de Francis Demangelle (dépendant de la maison Fernand Pierre de Morteau) et Cyrax. Après la première guerre puis la crise de 1929, l'horlogerie repart de plus belle. Des dynasties d'horlogers se constituent, dont la plus importante est la famille Frésard : à Aster Frésard ont succédé en 1911 ses enfants et son gendre, qui se séparent dans les années 1930 pour fonder chacun sa propre société - Victorin Frésard et Enfants, Constant Frésard et Cie, Frésard-Vadam et Bessot-Frésard - auxquelles succéderont celles des générations suivantes - Frésard-Panneton, Frésard Composants, Jean-Louis Frésard, Jacques Frésard, Saint-Honoré Paris. Les horlogers sont fabricants de composants pour la montre ou de montres entières, travaillent seuls, en atelier ou à la tête d'usines, mais la production reste "horizontale" : il n'y a pas de manufacture concentrant en un même lieu l'ensemble des métiers mobilisés pour fabriquer une montre. Le travail à domicile est encore répandu et les nouveaux quartiers en témoignent, avec leurs maison dotées d'atelier. Toutefois un changement technique s'amorce : l'échappement à cylindre est concurrencé par celui à ancre, dont les Suisses maîtrisent la fabrication.

Après la deuxième guerre mondiale, les installations reprennent de plus belles et chacun crée sa propre marque de montres, trouvant l'ensemble des composants nécessaires sur place ou dans les communes voisines. En 1955, Charquemont compte 14 usines de pièces détachées, pour un total de 500 personnes, et 66 de terminaison des montres, employant 200 personnes. Rien d'étonnant donc à la hausse vertigineuse de la production : 296 237 montres en 1955, 1 700 000 en 1972. Toutefois les décennies 1960 et 1970 voient l'horlogerie française se briser faute de savoir répondre à un changement technologique majeur - l'apparition des montres à quartz - et à la concurrence de l'Asie du Sud-Est.

En 2014, il ne subsiste plus à Charquemont que cinq entreprises en lien avec l'industrie horlogère, qui pour certaines ont d'ailleurs un pied en Suisse : trois fabricants de montres (Herbelin, Jean-Louis Frésard et Saint-Honoré Paris) et deux fabricants de composants (Frésard Composants et Perrenoud). L'horlogerie représente un peu moins de 300 personnes, dans une commune dont la population est restée stable (2 491 habitants en 2011) grâce aux travailleurs frontaliers qui, employés par les usines horlogères suisses, résident en France. D'où la reconversion massive et rapide des sites industriels désaffectés en logements. D'où le développement important des lotissements formés par les habitations de ces frontaliers, conservant d'une certaine manière à Charquemont sa spécificité horlogère.

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 19e siècle, 4e quart 19e siècle, 1er quart 20e siècle, 2e quart 20e siècle, 3e quart 20e siècle, 4e quart 20e siècle, 1er quart 21e siècle

Ateliers et usines d'horlogerie se déclinent en dimensions variables à Charquemont, comme dans l'ensemble du Haut-Doubs. L'atelier peut se réduire à un établi installé dans l'embrasure d'une fenêtre (on travaille "sur la fenêtre"), dans une pièce chauffée du logement de l'horloger (maison ou ferme). Il peut occuper la pièce entière ou un niveau d'un bâtiment servant à toute autre chose, mais il peut aussi prendre place dans un bâtiment dédié voire dans un ensemble de bâtiments dédiés. Toutes les déclinaisons sont possibles d'où l'hétérogénéité du bâti horloger. Prédomine toutefois l'imbrication entre lieu de vie et lieu de production (l'atelier intégré à l'habitation, discret et peu visible) alors que les bâtiments dédiés sont minoritaires. Le grand souci, pour cette activité minutieuse mettant en oeuvre de petits composants, reste l'éclairage. La gestion de la lumière peut donc fournir un indice (non une preuve) de la présence actuelle ou passée d'un atelier dans une maison ou une ferme. Elle se manifeste par l'existence de baies spécifiques : fenêtres horlogères (jumelées et d’un module standard) appelées localement "pile double", fenêtres multiples (plus de deux fenêtres jumelées) dites "fenestrage" ou fenêtres d'ateliers (d'un module plus large).

Les bâtiments sont, au 19e siècle et durant la première moitié du 20e siècle, construits avec les matériaux locaux. La pierre calcaire est extraite sur le territoire communal et donne du sable (une fois concassée par les établissements Delastre), des moellons calcaires et des pierres de taille (une fois retravaillée par les tailleurs de pierre que sont les Pepino et les Glanzmann) ; les bois sont fournis par la scierie (Mougin puis Taillard). Le matériau de couverture est cependant importé : il n'y a pas de tuilerie à Charquemont. Le 20e siècle voit, après la deuxième guerre mondiale, l'utilisation du béton devenir prédominante (sous forme de pan de béton armé, de parpaings de béton, etc.) tandis que les dernières décennies font abondamment appel au pan de fer essenté de tôles. La construction est réalisée par les entrepreneurs locaux (tels Joseph Parini au début du 20e siècle ou la société Lacoste de Maîche par la suite) qui, éventuellement, suivent les plans fournis par des architectes (français mais aussi suisses). Les bâtiments sont généralement peu élevés : les deux tiers n'ont que trois niveaux (rez-de-chaussée, étage carré et étage en surcroît), un seul (Rubis-Précis) en a quatre.

  • Donzé, Jacques. Ancien horloger, historien de Charquemont.

    2012-2015
  • Frésard, Jean-Louis. Fondateur de la société éponyme. Charquemont.

    2013-2014

Documents d'archives

  • Archives départementales du Doubs : 50 J Syndicat des fabricants d’horlogerie de Besançon, 1789-1984.

    Archives départementales du Doubs, Besançon : 50 J
  • Archives départementales du Doubs : 3 P 128 Cadastre de la commune de Charquemont, 1812-1963.

    - 3 P 128/1 : Registre des états de sections (1812).

    - 3 P 128/2-3 : Matrices cadastrales des propriétés bâties et non bâties [1823-1906].

    - 3 P 128/5 : Matrice cadastrale des propriétés bâties (1882-1910).

    - 3 P 128/8-9 : Matrice cadastrale des propriétés bâties (1911-1963).

    Archives départementales du Doubs, Besançon : 3 P 128
  • Archives départementales du Doubs : W Etablissements classés, 19e et 20e siècles.

    Archives départementales du Doubs, Besançon : W
  • Catalogue officiel des pièces d'origine pour le rhabillage des montres suisses. - Bienne : P. Ruch-Daulte, 1955. 2 t. en 1 vol. (classeur) : ill. ; 22 cm. (Les Fabricants suisses d'horlogerie).

  • Jobin, A.-F. La classification horlogère des calibres de montres et des fournitures d’horlogerie suisses. 3e vol., édition 1949. – Genève : La Classification horlogère suisse, 1949. 336 p. : tout en ill. ; 27,5 cm. 1ère éd. en 1936, 2e en 1939. Reproduction grandeur nature des calibres de montres suisses, avec mention de la numérotation maison pour les pièces composant le mouvement.

    Collection particulière : Jacques Donzé, Charquemont
  • Papier à en-tête de la fabrique de boîtes de montres Villemain Frères, à Charquemont, décennie 1880.

    Collection particulière : Jean-Marie Bessot, Maîche
  • Papier à en-tête de la fabrique d'horlogerie Binétruy Frères, limite 19e siècle 20e siècle. Surchargé par la mention Joseph Guillaume successeur et utilisé le 11 septembre 1923.

    Collection particulière : Christian Patois, Frambouhans
  • Papier à en-tête de la Manufacture de ressorts d'horlogerie Léon Arnoux, à Charquemont, 16 mai 1914.

    Collection particulière : Henri Leiser, Morteau
  • Papier à en-tête de la Manufacture de ressorts d'horlogerie Léon Arnoux, à Charquemont, 17 juin 1915.

    Collection particulière : Henri Leiser, Morteau
  • Mandat de la Manufacture de ressorts d'horlogerie Léon Arnoux, à Besançon, 20 septembre 1922.

    Collection particulière : Henri Leiser, Morteau
  • Papier à en-tête de la manufacture de roues d'ancre et roues Roskopf Joseph Guillaume, 9 mars 1923.

    Collection particulière : Christian Patois, Frambouhans
  • Papier à en-tête de la fabrique d'assortiments roues et cylindres Veuve Léonat Guyot, 5 juin 1926.

    Collection particulière : Christian Patois, Frambouhans
  • Fabrique de Boîtes de Montres Henri Jeambrun, carte de visite, s.d. [2e quart 20e siècle, entre 1926 et 1932].

    Collection particulière : Michel Cheval, Charquemont

Bibliographie

  • Annuaire Paris-Bijoux, publiant dans un seul volume toutes les adresses de Paris et de la province (Suisse en partie). - Paris : Paris Bijoux.

    1957, 53e année ; 1960, 56e année ; 1978, 73e année.
  • Belmont, Henry-Louis. L'échappement à cylindre (1720-1950) : le Haut-Doubs, centre mondial au 19e siècle. - Besançon : Technicmédia, 1984. 328 p. : ill. ; 28 cm.

    P. 34.
  • Boyer, Jacques. Les rouages d'une montre moderne. Le Mois littéraire et pittoresque, n° 139, juillet 1910, p. 86-100 : ill.

  • Caboco, Laëtitia. Recensement du patrimoine horloger du Pays horloger, 2009-2010.

    Pays horloger, Le Bélieu
  • Courtieu, Jean (dir.). Dictionnaire des communes du département du Doubs. - Besançon : Cêtre, 1982-1987. 6 t., 3566 p. : ill. ; 24 cm.

    T. 2, 1983, p. 695.
  • Donzé, Jacques. Charquemont. Comment ? Pourquoi ? 1339-2010.- S.l. [Charquemont] : s.n. [l’auteur], 2010. 209 p. : ill. ; 30 cm.

  • Monnet, Bruno ; Sichler, Guy. Charquemont, Fournet-Blancheroche, 1770-1890. - [S.l.] : Association Pages d'histoire, 2012. 435 p. : ill. ; 30 cm.

    P. 344, 373-382.
  • Pourchet, Gilbert. Le Haut-Doubs horloger. - S.l. [Villers-le-Lac] : s.n., 1956. 54 p. dactyl. : ill. (carte, graphiques) , 27 cm.

  • Simonin, Michel. L'horlogerie au fil du temps et son évolution en Franche-Montagne, sur le plateau de Maîche. - Maîche : M. Simonin, 2007. 143 p. : ill. ; 30 cm.

  • Vuillet, Bernard. Entre Doubs et Dessoubre. Tome III. Autour de Charquemont et Damprichard, d'après la collection de cartes postales de Georges Caille. - Les Gras : B. Vuillet, Villers-le-Lac : G. Caille, 1991. 243 p. : cartes postales ; 31 cm.

Documents figurés

  • Fabrication d'horlogerie Félix Feuvrier, carte publicitaire, s.n., s.d. [2e quart 20e siècle].

    Collection particulière : Michel Cheval, Charquemont
  • [Le personnel de la maison Binétruy], photographie, par Charles Falkenstein, s.d. [limite 19e siècle 20e siècle].

    Collection particulière : Jacques Donzé, Charquemont
  • Charquemont (Doubs) - Fabrique A. Tirolle et Rue du Près Rousselle, carte postale coloriée, s.n., s.d. [limite 19e siècle 20e siècle, avant 1909], Bauer Marchet et Cie éd. à Dijon. Publiée dans : Simonin Michel. L'horlogerie au fil du temps et son évolution en Franche-Montagne, sur le plateau de Maîche, 2007, p. 27.

    Le monogramme BM figurant au recto a été utilisé par l'éditeur de 1904 à 1909, puis remplacé de 1909 à 1916 par le tampon rond Bauer Marchet et Cie Dijon (source : http://dijon1900.blogspot.fr/2013/02/bauer-marchet-et-cie.html)

    Collection particulière : Jacques Donzé, Charquemont
  • Charquemont (Doubs) - Usine Walker (vue extérieure), carte postale coloriée, s.n., s.d. [début 20e siècle, entre 1904 et 1907], Bauer et Marchet éd. à Dijon. Porte la date 14 mars 1907 (tampon au recto) ; logo Bauer et Marchet (BM) utilisé de 1904 à 1909. Publiée dans : Vuillet, Bernard. Entre Doubs et Dessoubre. Tome III. Autour de Charquemont et Damprichard. - 1991, p. 124. Egalement dans : Simonin, Michel. L'horlogerie au fil du temps et son évolution en Franche-Montagne, sur le plateau de Maîche. - 2007, p. 26.

    Collection particulière : Jacques Donzé, Charquemont
  • Charquemont (Doubs) - Usine Walker (vue intérieure), carte postale, s.n., s.d. [début 20e siècle, entre 1904 et 1907], Bauer et Marchet éd. à Dijon. Publiée dans : Vuillet, Bernard. Entre Doubs et Dessoubre. Tome III. Autour de Charquemont et Damprichard. - 1991, p. 124. Egalement dans : Simonin, Michel. L'horlogerie au fil du temps et son évolution en Franche-Montagne, sur le plateau de Maîche. - 2007, p. 26.

    Collection particulière : Michel Cheval, Charquemont
  • Grève des ouvriers horlogers de Charquemont. Le repas communiste au préau de l'école des filles, carte postale, par Francis Grux peintre-photographe à Maîche, s.d. [janvier 1908]. Publiée dans : Vuillet, Bernard. Entre Doubs et Dessoubre. Tome III. Autour de Charquemont et Damprichard. - Les Gras : B. Vuillet, Villers-le-Lac : G. Caille, 1991, p. 113.

    Collection particulière : Henri Ethalon, Les Ecorces
  • Famille Chatelain-Allemand. Ouvrier horloger. Fabricant de montres garanties, carte postale, s.n., s.d. [entre mai 1908 et mai 1912].

    Collection particulière : Jacques Donzé, Charquemont
  • Famille Chatelain-Allemand. Ouvrier horloger. Fabricant de montres garanties, carte postale, s.n., s.d. [décennie 1910].

    Collection particulière : Jean-Marie Bessot, Maîche
  • Charquemont (Doubs) - Fabrique d'horlogerie de M. Guillaume, carte postale, s.n., 1912. Publiée dans : Simonin Michel. L'horlogerie au fil du temps et son évolution en Franche-Montagne, sur le plateau de Maîche. - Maîche : M. Simonin, 2007, p. 27.

    Collection particulière : Michel Cheval, Charquemont
  • [Une partie du personnel de l'usine Guillaume, devant l'escalier sud-ouest de l'atelier], photographie, s.n., s.d. [décennie 1910 ?]. Sont distinguées par une croix Stéphanie Cheval (en haut), soeur du père de Louis Cheval (Aimé), et Marthe Perrière, soeur de sa mère.

    Collection particulière : Michel Cheval, Charquemont
  • 519. Charquemont - Place centrale, carte postale, par Ch. Simon, s.d. [limite 19e siècle 20e siècle, avant 1908 ?], Ch. Simon éd. à Maîche.

    Collection particulière : Henri Ethalon, Les Ecorces
  • 840. Charquemont - Place centrale, carte postale, par Ch. Simon, s.d. [1er quart 20e siècle, avant 1917], Ch. Simon éd. à Maîche et à Ornans. Date 4 novembre 1917 (manuscrite) au verso (coll. Michel Cheval, Charquemont). Publiée dans : Vuillet, Bernard. Entre Doubs et Dessoubre. Tome III. Autour de Charquemont et Damprichard. -1991, p. 92.

    Collection particulière : Jacques Donzé, Charquemont
  • Charquemont - Quartier Neuf, carte postale, s.n., s.d. [entre 1903 et 1918 ?], Francis Grux peintre-éditeur à Maîche.

    Collection particulière : Jacques Donzé, Charquemont
  • Charquemont - Rue Neuve, carte postale, s.n., s.d. [1916 ou 1917], Francis Grux peintre-éditeur à Maîche. La carte porte un tampon daté de mai 1917.

    Collection particulière : Jacques Donzé, Charquemont
  • 42. - Charquemont. - Rue Neuve [depuis le carrefour avec la rue Pasteur], carte postale, par la Veuve Sandoz, s.d. [décennie 1900, avant 1908], Veuve Sandoz éd. à Charquemont. Porte la date 29 septembre 1908 (tampon) au verso.

    Collection particulière : Henri Ethalon, Les Ecorces
  • 1084. Charquemont - Quartier Neuf, carte postale, par Ch. Simon, s.d. [1er quart 20e siècle], Simon éd. à Maîche et Ornans. Aussi publiée dans : Vuillet, Bernard. Entre Doubs et Dessoubre. Tome III. Autour de Charquemont et Damprichard. - Les Gras : B. Vuillet, Villers-le-Lac : G. Caille, 1991, p. 140.

    Collection particulière : Jacques Donzé, Charquemont
  • [Procession pour l'inauguration de la chapelle Sainte-Thérèse passant devant le 45 Grande Rue, le 3 juin 1929], carte photo, par Jean Louvet, J. Louvet éd. à Maîche. Publiée dans : Donzé, Jacques. Charquemont. Comment ? Pourquoi ? 1339-2010.- S.l. [Charquemont] : s.n. [l’auteur], 2010, p. 158.

    Collection particulière : Michel Cheval, Charquemont
  • Prises de vues aériennes de l'IGN (20e siècle). Consultables en ligne via le site du Géoportail (www.geoportail.gouv.fr).

  • Charquemont (Doubs). 11059 - Vue aérienne [depuis l'ouest], carte postale, s.n., s.d. [entre 1950 et 1955], Éditions aériennes Cim, Combier impr. à Macon.

    Collection particulière : Jacques Donzé, Charquemont
  • En avion au-dessus de... 1. Charquemont (Doubs). La Grande Rue [le bas du village vu du sud], carte postale, par Lapie Service aérien, s.d. [3e quart 20e siècle], Edition Lapie à Saint-Maur.

    Collection particulière : Jacques Donzé, Charquemont
  • En avion au-dessus de... 7. Charquemont (Doubs) [vue aérienne des rues de la Gare, Victor Hugo et des Villas depuis le sud], carte postale (tirage photographique), s.n., s.d. [3e quart 20e siècle, entre 1958 et 1967], Lapie éd. à Saint-Maur.

    Collection particulière : Jacques Donzé, Charquemont
  • Charquemont (Doubs). Vue aérienne [quartier de la gare, de la Rue Neuve et des Cités, vu depuis le sud], carte postale en couleur, s.n., s.d. [entre 1968 et 1975], Combier Imprimeur à Macon.

    Collection particulière : Jacques Donzé, Charquemont
  • [Jacques Donzé et son frère dans leur atelier d'horlogerie], photographie, s.n., juin 1979.

    Collection particulière : Jacques Donzé, Charquemont

Annexes

  • La montre et ses composants
  • Boyer, Jacques. Les rouages d'une montre moderne, 1910
  • Le contingentement des fournitures horlogères suisses au milieu du 20e siècle
  • Ordonnance 232.119 réglant l’utilisation du nom « Suisse » pour les montres
Date(s) d'enquête : 2013; Date(s) de rédaction : 2014
(c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
Poupard Laurent
Poupard Laurent

Poupard, Laurent. Chercheur au service Inventaire et Patrimoine de la Région Bourgogne-Franche-Comté, 1987-

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