L'aménagement de la grande Saône, en aval de sa confluence avec le Doubs, ne répond plus aux mêmes caractéristiques que les aménagements sur la petite Saône. Dans la 1ère moitié du 19e siècle, l'importance du trafic fluvial entre Chalon-sur-Saône et Lyon a d'office écarté les projets de barrages éclusés, de crainte qu'ils ne ralentissent les bateaux (Situation des Travaux) : "Le volume des eaux de la Saône, grossies de celles du Doubs, a paru suffisant pour alimenter un chenal fixe à eaux courantes". Laval confirme cet état de fait dans sa notice de 1845. Il évalue à 8 le nombre de barrages qu'il aurait fallu construire pour compenser la pente de 12 m entre Chalon et Lyon, ce qui, aussi bien économiquement que du point de vue du commerce fluvial, n'était pas envisageable. Les travaux portent alors sur des rétrécissements partiels formés par des digues submersibles qui dessinent un lit mineur dans lequel se concentre la totalité du volume des basses eaux, augmentant ainsi la hauteur du mouillage. Ce dispositif se complète par des dragages ponctuels. La construction de défenses de rives (perrés) en moellons à cette même période, est destinée à prévenir la dégradation des berges. Toutefois, ces rétrécissements partiels n'ont pas permis de maintenir un niveau d'eau suffisant en toutes saisons et dès le début des années 1860, il est projeté de construire des barrages pour porter le mouillage à 1,8 m. C'est ainsi que le barrage de Gigny sera construit et fonctionnera jusqu'à sa démolition à la fin des années 1970.
L'ancien barrage-écluse de Gigny, situé quelques kilomètres en amont, fermait donc le bief de Gigny-Ormes. Le passage à grand gabarit de la rivière a condamné l'ancien barrage à aiguilles au profit d'un barrage à clapets et d'une écluse à grand gabarit mis en service en janvier 1980 à Ormes et qui marquent dorénavant la fin de ce nouveau bief.
Le "retour d'Epervans" avec l'île Chaumette constitue un témoin de l'ancien tracé de la rivière sur ce bief. En effet, au tout début du 19e siècle, monsieur Chaumette a été autorisé à entreprendre des travaux pour ouvrir un chenal de navigation (1805) destiné à couper ce méandre en échange de la concession des terres ainsi dégagées (l'île artificielle ainsi créée portera plus tard son nom). Aujourd'hui, l'ancien lit de la rivière est en partie asséché et l'île est reliée à la commune d'Epervans par une route. C'est aussi dans cette partie de la rivière que beaucoup de recherches archéologiques ont été conduites et ont permis de mettre au jour plusieurs épaves de bateaux notamment (cf. L. Bonnamour).
Chargée de recherche au service Inventaire et Patrimoine - Région Bourgogne-Franche-Comté